Croisade Impériale contre l'Argostole ( Partie III )

Les navires impériaux arrivèrent le lendemain matin, trop dangereux d'accoster la nuit. Étant décidé qu'ils n'accosteraient pas dans un port pour éviter d'être aperçu par l'ennemi. La totalité de l'armée fut débarquée sur une plage pleine de galet qui déchiraient les pieds. On avait fait débarquer les Chevaliers de la Lance Impériale le plus près possible du bastion du Prtotectorat Impérial, Fort Zurçyr, impossible de s'approcher davantage, un maëlstrom faisait rage.

- Ah, voilà donc les fameux volcans d'Argostole ... Gare aux coulées de lave mes amis.

Un campement fut établit. Les troupes aériennes devaient se reposer de leur pénible traversée et la majorité des troupes terrestres avaient encore des nausées dues au mal de mer. Ce mal était courant sur la mer du Catégorien, on la disait maudite, malgré son calme apparent.

- Nous attendrons le Seigneur Enguerrand ici, nous ne pouvons allez plus loin sans sa connaissance du terrain et je ne connais point l'emplacement de Fort Zurçyr, je n'ai pas encore mis au point mon sortilège de localisation.

Le Seigneur de Zirconie fit une pause.

- Qu'en pensez-vous Général Asturiel ?

Sans vraiment attendre une réponse il devint mélancolique. On lui avait annoncé la nuit dernière la défaite de son alliance face au Brasamical. Il deviendrait le Palatin de la Scitopole Orientale malgré cette cuisante défaite

Le Général Asturiel semblait quelques peu nerveux.

Oui effectivement, il ne serait pas sage de partir sans l'attendre... Nous ne connaissons pas vraiment la région et il ne faudrait quand même pas se jetter ainsi dans l'immense groupe qu'est l'Argostole.
En tout cas, pour le voyage j'ai déjà connu mieux...

Le Chef de l'Armée Impériakl regarda l'horizon et le volcan pour le moins... massif. Aprés l'avoir longuement considéré, il se retourna pour inspecter du regard le débarquement des troupes et du matériel ainsi que des vivres.

Arianthe avait mis pour un temps sa peine de côté, elle était à nouveau fière et avenante.
Les troupes avaient clairement besoin de garder le moral, chose hasardeuse dans une région où tout semble être extrait des anciennes gravures représentant l'Enfer que l'on trouvait sur les frontons des plus anciens temples interdits...

L'air lui-même semblait plus difficile à respirer, formant des volutes noirâtres à chaque expiration plus profonde qu'à l'accoutumée. Le sol semblait vibrer, de telle sorte qu'aucun soldat ne se sentait le bienvenu. L'éruption était la cause de ce troubles, mais comment relativiser quand chacun connaissait les contes que les bardes coleportaient sur l'île maudite?

La Première Dame d'Opselimbe avait appris à ne pas craindre les manifestations du mal, mais à espérer en la purification. Elle passait à travers les rangs avec ses mages et ses suivantes, la blancheur de leurs tenues diaphane, immaculées et épargnées par les cendres semblait irréelle. Les mages, qui ne connaissait pas que des sorts d'apparat, dissipèrent les fumées malignes autour du camp en usant d'autres sorts mineurs. Les suivantes servaient un bon verre de vin à chaque homme et restaient souriantes. Arianthe s'était mêlée à elles et aux hommes, plaisantant avec les uns, et réconfortant les autres. Quelques parties de dés s'improvisèrent et une animation typique des camps de guerriers s'installa. Les rires simples succèdérent aux frissons : Arianthe, utilisant tous ses charmes et son expérience du coeur des hommes, était satisfaite, car ceci était sa véritable mission, celle d'apporter l'espoir au coeur des ténèbres...

Elle s'approcha de son lige, Fardall :

"Monseigneur, ces hommes sont valeureux, et ont confiance en leurs généraux... Ils devraient trouver le sommeil cette nuit, et après n'auront plus à craindre les fourberies de ces terres impies.
Peut-être pourront-nous apporter à cette terre un peu de la purification que nous n'avons pas encore su donner à notre Sainte Province...
Mais vos hommes ont pour l'instant besoin de votre présence, joignez-vous à eux. Les gardes veillent, et à mon plus humble avis votre coeur aussi a besoin de sentir leur courage, leur fidélité et à quel point ils croient en vous. Comme nous tous. "

Le regard pétillant, elle pris respectueusement Fardall par le bras, lui indiquant un feu de camp où un soldat vétéran, à qui il manquait une main et un oeil, racontait en gesticulant une histoire incroyable, mais réconfortante.
Un instant simple.

Le volcanisme étant très actif sur l'île, cela rendait le sable blanc des somptueuses plages d'Argostole presque enflammées. Le fin gravier entrait entre les doigts de pieds du seigneur Sirias alors qu'il avait enlevé ses bottes pour les faire sécher au soleil, ces dernières étant imbibées de l’eau marin. Peu à peu, on déchargeait sur le rivage les bagages et caisses, des membres de l'infanterie s'en avaient chargés avec perplexité. Déjà, les deux navires brillaient assez distant dans l'horizon, le soleil s'élevait dans le ciel.

Alors que tous vidaient les cartons à la recherche de leurs équipements, un sourd bruit inquiéta la foule. Tout le monde, têtes en direction du volcan, remarqua une épaisse fumée grise s'échappait de l'amas rocheux. Le Général Asturiel était aux côtés du seigneur Sirias à cette découverte.

- Général. Cette éruption ne figure pas un danger pour nous, n'est-ce pas?

Ce dernier ne pus répondre que déjà Sirias était parti sonder le territoire.

Fardall entendit tristement la parole du Chevalier Arianthe.

- Vous avez raison chère Arianthe, ces hommes se battent pour moi et je leur tourne le dos. J'avais jadis promis de rester accessible à eux et je n'ai su tenir cette promesse. Sachez, Dame Arianthe, que vous êtes ma plus précieuse conseillère, je ne sais point si je vous mérite. Suis-je vraiment un bon seigneur ?

Lorsque la Dame d'Opselimbe lui montra un homme, un vétéran atrophié qui racontait une histoire vibrante de passion aux jeunes soldats zirconiens, une larme coula sur sa joue. ces hommes avaient fait main sacrifice pour lui et sa cause, jamais il ne les avait vraiment remerciés, le seul réconfort qu’ils obtenaient était leur solde de soldats. Ils avaient quitté leur famille pour accomplir un rêve de paix et de justice qui était l’objectif de leur seigneur. Cet homme ayant perdu sa main et tous les hommes, pas seulement les Zirconiens, tous, étaient de vrai héros. D’autres larmes humidifièrent son visage plein de tension.

- Merci de tout cœur ma dame de m’avoir ouvert les yeux, dit-il, tentant tant bien de mal de cacher ses larmes. Les portes de Zircondal vous seront éternellement ouvertes.

Lui serrant le bras, il la lâcha et parti vers le vétéran.

- Holà l’ami, que racontes-tu là ?
- Mon seigneur, dit l’homme en s’inclinant.
- Pas de ça avec moi. Comment t’appelles-tu ?
- Irk, Irk Hort.
- Et bien Irk, que racontais-tu là ? Ça semblait passionnant.- Oh, et bien mon seign … euh Fardall, je leur contais la perte de ma main et mon œil.
- Allez vas-y mon ami.
- Et bien c’était à la bataille de Fort Iltess mon seigneur, j’y ai combattu sous vos ordres. Je me battais avec un rebelle de deux mètres quand il m’a tranché le bras et crevé l’œil d’un coup d’épée. Gort m’a sauvé et l’a massacré. J’ai repris courage et j’ai foncé, j’en ai abattu quelques-uns là-bas.

- Tu es un héros Irk, vous êtes tous des héros! L’honneur et la gloire ne se mérite pas simplement en combattant, mais en servant une cause juste. Vous l’avez fait, et pour cela vous êtes de vrai héros.

Le Seigneur de Zirconie fit une pose puis posa la question qui lui brûlait les lèvres.

- Mais pourquoi avez-vous quitté vos familles ? Pourquoi me suivez-vous avec une confiance aveugle alors que ne suis qu’un ingrat qui ne vous récompense pas ?
- Parce que nous croyons en vous monseigneur, dirent les autres.
- Oui, dit Irk, nous croyons en vous. Et nous vous aimons.

Troublé par cette réponse inattendue et émouvante, il se replia sous sa tente après les avoir tous serré et remercié, tout cela sous le regard attentif d'Arianthe.

Faraël observa d'un oeil attentif la tentative de son père pour se rapprocher de ses hommes. C'était la première fois qu'il voyait son père agir de la sorte. Être proche de ses hommes était primordial pour un meneur d'homme. L'observation silencieuse de son père lui confirma ce dont il se doutait déjà, ses hommes l'aimaient, c'était lui qui leur tournait le dos. Mais avec cette tentative, Fardall avait déjà franchit un pas énorme. Il était fier de son paternel. Faraël savait que Fardall était capable de faire preuve de beaucoup d'humilité, mais il ne voyait rarement les occasions qui s'offrait à lui. Lorsque le Seigneur de Zirconie entra dans sa tente, le paladin échangea un clin d'oeil avec la Première Dame d'Opselimbe.

En se dirigeant vers elle pour discuter, il murmura pour lui-même :

- Bon, il ne reste que Rafaël a faire réagir, marmonna-t-il, en souriant.

Arianthe n'avait jamais été présentée à Farael lors d'un évènement officiel, mais elle le connaissait de nom. Un nom qui déjà résonnait dans les chants de guerre des soldats... Et se murmurait à la cour dans les boudoirs des courtisanes.
Elle envisageat le jeune seigneur, jaugeant à son habitude à la fois l'homme, le chef et l'amant qu'il promettait de devenir pour une dame de la cour. Il semblait fier sans céder à l'orgueil, près de ses hommes... et vigoureux.
Elle sourit : Il commettrait plus d'erreurs que son père, mais pouvait aussi un jour le dépasser. Son coeur avait la force de l'esprit de son père...

Il faudrait attendre Enguerrand, Arianthe ne voulait rester seule et il y avait de plus mauvaises compagnies pour passer le temps que celle de cet agréable jeune homme...
Ne cachant rien de son inspection bien féminine et appuyée, elle engagea la conversation de sa voix la plus enchanteresse :

Seigneur Farael, je suis honorée... et heureuse de faire enfin votre connaissance.
Votre courage m'impressionne, et à en croire mes guerrières, je ne suis pas la seule à admirer votre hardiesse!

Elle lui adresse un clin d'oeil mutin, passant sa main dans ses cheveux d'or.

Votre jeunesse ne fait qu'ajouter à votre légende naissante... Quels sont donc vos projets? Qu'est-ce qui vous donne cette si inébranlable volonté?

Arianthe ne semblait pas beaucoup plus agée que Farael, mais niait souvent sa propre jeunesse gâchée par trop d'épreuves. Et elle voulait en savoir plus sur ce jeune homme qui avait su se détacher de l'ombre de son si prestigieux Père.

Voyant que le Chevalier Arianthe de Bise engageait la conversation, il l'entendit le complimenter.

- Je suis honoré de faire votre connaissance mademoiselle, mais ne me complimenter pas ainsi, vous me faite rougir et je tiens à rester humble.

Il vit Arianthe de passer la main dans ses magnifiques cheveux, et lui adresser un clin d'oeil pour le moins subtil, mais qui comportait un message. Il ne put s'empêcher d'admirer la belle dame et de penser à toute ses qualités et ses exploits qui la rendait si fière.

- Je serais plus jeune si mon père ne m'avais pas vieilli avec ses pouvoirs, au risque de mourir. Et je n'ai pas de projet, sinon gouverner mon peuple avec la candeur et la sagesse que doit posséder tout bon dirigeant.

Faraël entendit le dernier commentaire d'Arianthe et soupira:

- Sachez que personne n'a une volonté inébranlable, même le plus courageux des hommes, sauf peut-être mon père dévoué corps et âme à l'Empire, il en oublie parfois son royaume..... Mais il est vrai que j'ai une forte volonté que je tiens de ma mère, Dame Hadawen, Reine de Zirconie.

L'héritier du trône de Zirconie, l'invita à s'asseoir près d'un feu qui ne réchauffait plus personne, il remit deux bûches dans les flammes scintillantes, éprouvant une chaleur comme celle de son coeur lorsqu'il avait croisé le regard de la Première Dame d'Opselimbe. Ils étaient seul maintenant.

Le paladin demanda alors à sa si charmante interlocutrice:

- Mais j'ai tellement entendu parler de vous, parlez-moi un peu de vous, dame Arianthe, je vous prie.

Il appuya ses coudes sur ses genoux, près à boire la moindre de ses paroles.

Elle s'amusa autant qu'elle fut impressionée de la candeur du jeune seigneur. Mais il est des forces insoupçonnées et un parler simple ne peux que mener à la confidence ou à la fuite.
Moi, je ne fuis pas... pensa Arianthe

Elle prit le temps de goûter à la chaleur du feu.

Si mon Père avait pu me faire grandir par magie, j'aurais peut-être echappé à bien des tourments...
Voyez-vous, je n'ai pas votre illustre lignage, toute la noblesse dont je peux me vanter est celle de mon Epoux, décédé il y a peu... Le Duc de Bise, Prince-Marchand d'Opselimbe était mon aîné de près de trente années mais je l'aimais.
Il a fait comme si mon passé n'avait pas été si... inaproprié et avillissant. Et il a fait de moi une véritable Dame envers et contre sa propre famille.

Par ma naissance, je me dois de louer le sang qui coule dans de purs seugneurs tel que vous, Farael. Par devoir envers Mon époux disparu, je me dois de ne jamais fléchir.

Le regard de la Dame était redevenu celui d'une jeune fille, embué par des souvenirs inexplicables et douloureux. Elle se mordit la lèvre inférieure en secouant doucement la tête.

Ne voyez donc pas en moi un Seigneur, mais juste une femme de Bien, une suivante dévouée de Folaniss essayant de propager l'espoir sur tout Kalamaï. Le titre de chevalier que je porte, je ne le dois qu'à la mensuétude de mon Lige, votre père.
Mes talents à l'épée sont en effet bien limités, entre autre par le fait que je déteste verser le sang... et j'accepte à peine que mes sujets en fasse de même.
Heureusement, les Princes-Marchands d'Opselimbes sont fabuleusement riches, et nos armées sont constituées presque exclusivement de femmes appartenant au clergé, parées des meilleures armes et secondées des mages et artisans les plus chers du marché.

Elle remis en place les plis de sa robe dont la blancheur diaphane laissait deviner le rosé de sa peau face à la lumière du feu de camp.
Soulagée de se sentir écoutée, elle sentis un poids se lever de ses épaules, la Dame de Bise redevenait Arianthe...

Personnellement, je préfère les arts, et surtout la danse : cela apaise le coeur et détends le corps!
Savez-vous danser?

Elle regarda vivement autour d'elle : personne n'observait les deux seigneurs. Et repris plus bas, en se rapprochant presque à hauteur de son oreille :

Ou alors, je vous apprends quelques pas? Cela ne nous empèche pas de discuter...

Faraël répondit:

- Le sang n'est rien, sinon une occasion de se vanter des seigneurs ingrats qui se croient supérieurs. Le lignage ne sert qu'à montrer les ancêtres qui jadis on sacrifiés bien des choses pour que les générations futures puissent vivre. N'aillez pas peur de votre passé et tournez-vous vers l'avenir plein de promesses. Ne nous prenez pas pour supérieur ma dame, nous sommes égaux et des êtres humains comme les autres, nous n'avons ni plus ni moins de droits que tout autres.

Le paladin fit une pause et chuchota:

- Moi non plus je n'aime pas verser le sang, mais je le dois, pour défendre mes terres et mon peuple. Parfois le devoir aussi le commande, comme protéger l'Empire et son peuple de l'envahisseur. Sachez que ne pas verser le sang est au contraire une qualité. Ne regrettez rien, votre vie est une réussite, à mes yeux en tout cas, dit-il lisant la tristesse dans ses yeux ensorcellants.

Faraël regardait avec fascination les cheveux dorés d'Arianthe se balancer au vent, reflétant la lumière du feu. Sa beauté éblouissante le passionnait et lorsqu'il entendit qu'elle savait danser, il en fut comme étourdit.

- Moi aussi je me consacre aux arts, lorsque j'ai le temps, c'est à dire rarement, et j'aime la nature. Oui, j'apprécierais apprendre quelques pas mademoiselle. Ma mère et ma soeur ont toujours voulu me l'apprendre mais je m'enfuyais toujours gamin, prononça-t-il avec un sourire tendre.

Arianthe rit comme une enfant à l'idée de voir le guerrier fuir devant sa soeur et sa mère...
Un rire cristalin et franc comme elle ne s'attendait pas à vivre en de tels moments. Elle plissa les yeux pour observer le jeune homme de plus près, le scrutant comme un objet curieux et nouveau:

Ne fuyez pas, alors, ou cette fois ce sont mes hommes qui vous donnerons la chasse...

Elle saisit avec douceur la main de Farael et l'invita à se lever. Elle connaissait les pas simples qui, gravés dans la civilisation depuis des lustres, viendraient naturellement au jeune seigneur... en suivant le mouvement de ses déplacements langoureux.

Suivez mes gestes sans forcer : la danse c'est la coopération. Si vous me suivez pas à pas...

Arianthe planta son regard bleu azur dans celui de Farael, sa voix devenant hypnotique, lui faisant oublier le monde... le camp... la guerre...

... alors bientôt vous commencerez à deviner mes mouvements à venir. Nous devons couvrir tout l'espace qui nous sépare et ressentir les intentions de l'autre. A travers les entrelacements de nos chaleurs. Suivez mon rythme, je suivrais le vôtre... et nos coeurs batteront ce tempo à l'unisson.

A chaque mot succédait un pas ou un geste lent ou rapide. Farael ne se rendit pas tout de suite compte que déjà il dansait, tenant entre ses mains un tourbillon de chaleur blanche qui s'abandonnait à la valse.
Il valsait à l'endroit le plus incongru, au moment le plus inopporun peut-être. Mais durant un instant le monde et les guerres devaient attendre, admirer.

Faraël avait depuis longtemps perdu toute notion de guerre et même de paroles, il était hypnotisé par le regard pétillant en ensorcellant de Dame Arianthe et se surpris a danser avec elle. Pour lui, leurs corps ne faisait qu'un, et il se demanda tout à coup pourquoi il avait refusé d'apprendre cet art des plus magique. Les flammes crépitantes du feu brillaient dans les yeux de la magnifique jeune femme et sa chevelure lui descendait sur les épaules.

Une émotion si forte envahie son corps comme une grande chaleur et Faraël ne put la décrire. Son coeur battait de plus en plus fort, au même rythme que celui de la Première Dame d'Opselimbe. Il se laissait dominer par cette émotion et s'y abandonna totalement.

C'est alors qu'il murmura:

- Je ne peux vraiement définir mes sentiments, mademoiselle, mais je crois que je vous aime.

Le paladin réalisa alors la portée de ses mots, pourquoi avait-il fallut qu'il dise cela? Elle était en deuil et la mort du Chevalier Artorius... il ne devait pas faire honte à sa mémoire et briser le coeur de celle qu'il aimait.
Leurs corps étaient enlacés, et leurs visages se touchaient presque, mais il s'éloigna de peur de lui faire encore plus de peine. Il s'assit près du feu, ôta son casque et se prit la tête dans les mains. Le Zirconien pensa à l'émotion si forte qui l'avait submerger lorsqu'ils avaient dansés ensemble. Elle ne devait pas l'aimer, elle voulait simplement se réconforter, il ne voulait pas abuser d'une femme si pure qui éprouvait du chagrin. Il se perdit dans ses pensées, ses yeux embués de larmes qu'il tentat de cacher entre ses doigts.

Arianthe était surprise par la réaction du chevalier, mais ne s'en étonna pas plus qu'elle ne le devait.
Son passé trouble lui avait appris à aimer le flirt et le jeu de la séduction mutuelle pour ce qu'ils sont, à s'en ennivrer sans arrière pensée, oublier qu'il y aurait un lendemain. A une époque, cela avait même été une question de survie : susciter les plus vives émotions pour nier les siennes.
Certains hommes hommes s'en contentaient... les autres étaient habités d'une pureté qu'elle admirait.

Farael, je ne sais pas ce que je ressents pour toi. Je ne veux pas le savoir d'ailleurs, car je suis impulsive et torturée... plus encore depuis quelques jours... depuis qu'il est... parti.
Mon propre coeur a été brisé une fois de trop et je ne veux pas que tu subisse le même sort. Si je me lie à un homme de bien, je le blesserais.
Mon amour est une arme plus effilée que la meilleure lame de ce monde, il attire à lui la lumière et fait verser le sang. Je le sais, et en quelque sorte, on m'a déjà obligée à m'en servir ainsi...

Une tristesse évidente teintait ces derniers mots.

Ne le brigue donc pas, de peur qu'il ne te soit accordé...

Elle plongea son regard plus intensément dans celui du jeune et lui posa un baiser sur la joue.

... En dansant avec moi, c'est toutes les femmes que tu as aimées, pas juste moi. Imagines que tu ne m'aimes pas, pas comme dans les grandes histoires ou les contes de barde : je ne mériterais jamais autant.
Mais pour moi, ce que tu peux faire ce soir, c'est me protéger, empécher mes mauvais démons de violer mon sommeil, et me prendre dans tes bras en regardant les étoiles.

Elle se glissa entre les bras puissants du jeune homme, posant son dos gracile contre le torse de Farael. Elle enserra ensuite les mains du jeune seigneur dans les siennes et tourna son visage vers le ciel : sous cette épaisse couverture de nuages, il n'y avait d'étoile que pour ceux qui savaient les imaginer. Et elles étaient belles...

Demain, nous seront à nouveau nous-même...

Une larme coula sur la joue d'Arianthe, bercée par la chaleur protectrice du chevalier. Etre une personne de bien était douloureux.

- Jamais je ne pourrai vous oubliez Dame Arianthe, ma mémoire ne peut chassez une idée si pure que vous, et même si cela était possible, ce serait un crime de vouloir vous oubliez.

Faraël serra la belle dame de Bise dans ses bras, des larmes coulant toujours sur ses joues, la tristesse encore dans son âme. La nuit était belle et les étoiles scintillaient comme des feux ardents dans le firmament.

Jamais il n'avait éprouvé une si forte émotion que l'amour, car c'était bien de l'amour qu'il ressentait pour cette femme de bien. Le paladin sortit une rose de sa poche de soldat, elle n'était pas frippée et elle resplendissait d'une lumière divine comme le Chevalier Arianthe. Avec la fleur , il caressa doucement la joue de la femme qu'il aimait, avec autant d'attention que s'il tenait un fragile bibelot.

Puis, leurs visages se retrouvèrent de nouveau, leurs nez s'effleuraient mutuellement. C'est alors qu'il l'embrassa langoureusement et avec une passion enflammée telle qu'il n'en avait jamais eu, ce moment magique resterait à jamais gravé dans sa mémoire de mortel. Il espéra seulement qu'elle ne le repousse pas pour son geste, qui causé par l'émotion lui procurait le plus intense bonheur.

Les étoiles tournaient autour d'eux et le temps semblait suspendu, alors, on entendit un phoenix qui chantait dans la nuit, une nuit qui était la plus belle de la vie du jeune zirconien. Il espérait que ce moment continuerait éternellement, serrant tendrement sa belle dans ses bras musclés. Faraël dut se résoudre à l'idée que se beau geste prendrait fin. Mais il profita pleinement du baiser qui les unissait.

Arianthe s'abandonna totalement à ce baiser et ne repoussa pas Farael. Il dura longtemps.
Aucune pensée ne vint troubler ce moment.

Arianthe repris doucement ses esprits mais restait ensorcellée par ce moment enchanteur. Elle détacha ses lèvres de celles de Farael et lui offrit un sourire franc, presque rieur.

Je ne t'oublierais pas non plus, jeune seigneur. Ce soir, j'ai l'impression d'avoir frôlé ton âme... Et elle a réchauffé la mienne.
Je ne pourrais oublier un moment si fort!

Elle se blottit à nouveau dans ses bras, évitant son regard en portant ses yeux vers les cieux d'Argostole.

Mais mon coeur n'est pas encore à prendre. Je ne peux pas savoir ce qu'il veut car il est encore endolori, meurtri. Mais ce soir j'ai eu la preuve qu'il existe encore des choses belles et pures, malgré la douleur et le sang.

Le poids des responsabilités s'imposait à nouveau à Arianthe, brisant la magie du moment sans en remettre en cause l'importance : il fallait sauvegarder la pureté du jeune Farael et ne pas troubler plus son coeur avant un combat.
Arianthe avait d'abord songer à oublier ses tourments auprès des combattants... Elle avait trouvé bien plus...
Et il y avait aussi ces terres hostiles : les éclaireurs n'avaient rien remarqué, et même le puissant Sirias n'était apparement pas encore revenu de son exploration.

Elle s'abandonna encore un moment dans les bras du guerrier, puis se releva avec grâce. Elle lui tint la main en la caressant quelques secondes... puis fit quelques pas en arrière.
Regardant alentours, elle s'apperçut du calme qui régnait sur le camp...

Farael... Je ne suis pas aussi rompue que cela aux marches militaires. Mais les terres d'Argostole sont hostiles et le Seigneur Sirias n'est pas encore revenu : Ce camp n'est-il pas trop calme?

La jeune femme était redevenue une Dame soucieuse de ses gens, son regard restait tendre lorsqu'elle s'adressait à Farael mais son attitude était à nouveau déterminée. Sa robe légère n'était certes pas l'armure dorée qui la protégeait il y a quelques heures, mais ses muscles tendus étaient prêts à réagir au moindre signe d'hostilité.

La nuit était fraîche, quelques torches, incessamment éteintes par le vent glacial des côtés, gardaient les portes des tentes. On pouvait voir de la lumière à l'intérieur de ces dernières, des membres de l'expédition qui écrivaient des lettres à des proches, torchère à la main, plume dans l'autre. Malgré la présence de quelques personnages, le camp lui semblait quasi déserté par la totalité de ses occupants. Il était fort probable que la majorité d'entre eux étaient partis rejoindre le seigneur Sirias aller explorer les environs. Si c'était le cas, exprimait un soldier zirconnien à un autre, ils devront sûrement établir un campement afin d'y passer la nuit, la route menant à la plage étant impraticable à la noirceur. Enfin, c'est ce qu'ils suggéraient car, bientôt on aperçut le levée timide du soleil et la plage était toujours aussi inoccupée.

Dame Arianthe avait bien remarqué que la situation devenait de plus en plus étrange, mais elle devait savoir que le seigneur Sirias était un homme très audacieux et il savait bien se débrouiller quand un problème surgissait. Cette dernière, ayant passée une chaude nuit avec le fils du seigneur de Zirconie, avait les idées à autres choses mais gardait un oeil ouvert sur l'état du campement.

Enguerrand IV d'Exalon était dans la Maison des Guérisons lorsqu'il se téléporta.
Au campement du port en Argostole, un nuage gris apparut avec les premières lueurs du soleil. Lorsqu'il s'évapora, une forme tomba juste en dessous. Et en dessous se trouvaient une tente. Cette dernière s'écroula puis un cri et de nombreuses protestations s'en levèrent. La masse qui était tombée et qui semblait être de forme humaine se dressa puis sauta, laissant échapper une excuse distante.
Alors qu'elle se déplacaient vers les tentes des Chefs de guerre, l'on pouvait reconnaître le visage sombre et les vêtements richement ornées du Seigneur Enguerrand. Le bruit sourd et régulier de son bâton magique était rythmé par celui de ses pas.

C'était l'heure de partir malgré que le Palatin d'Igoumen avait le coeur emplit de tristesse par la mort de son vieux confrère et ami...

Faraël sentit Arianthe se détacher de lui, il n'en était pas fâché, car il la comprenait et sentait sa tristesse inassèchée. Le paladin appréciait se moment, le plus beau d'entre tous. Il serra chaleureusement Arianthe dans ses bras puis la laissa partir. Le fils de Fardall vit qu'elle était encore habité par sa peine, mais il s'imaginait bien se qu'il ressentirait s'il perdait un être cher comme sa soeur, Hadawen. Lorsqu'elle lui demanda si le camp n'était pas trop calme, il s'aperçu du silence qui régnait sur le camp, Faraël lui répondit que selon lui c'était normal à cette heure matinale.

L'héritier du trône de Zirconie, qui avait le coeur chaud et plein de bonheur assista au transplanage catastrophique du Palatin Enguerrand sur la tente voisine. Les cris lui parvinrent aux tympans et il sourit.

- N'est-ce pas déja mieux ? dit-il au Chevalier de Bise en souriant.Bon, éloignons-nous si nous ne voulons pas être surpris par mon père.

Faraël s'éloigna de la Première Dame d'Opselimbe, un peu à contrecoeur, mais une femme ne doit jamais se sentir prisonnière, sinon la liberté n'existe plus. Au même moment, la toile de la tente de Fardall s'écarta pour laisser passage à son paternel.

Fardall sortit de sa tente lorsqu'il entendit des cris provenant de l'extérieur. Il avait son casque sous le bras et son armure quincacentenaire brillait avec les premiers rayons du soleil. Esperedor au fourreau, le père de Faraël écartait la toile de son abri lorsqu'il aperçu son fils près du jeune Chevalier Arianthe de Bise, sur le coup, le seigneur n'y fit pas attention. Se dirigeant vers les tentes voisines, il aperçu le Seigneur Enguerrand IV d'Exalon. Celui-ci encore un peu étourdit par son arrivée en catastrophe semblait près à repartir sur le champ.

Le Chef du Protectorat Impérial semblait encoreattristé par la mort de son vieil ami. Bien qu'il ne l'ait pas vu mourir, Fardall ressentait quand même un pincement au coeur pour cet homme qui, comme lui avait oeuvré toute sa vie pour la sauvegarde de l'Empire.

- Alors quand partons-nous chef ? Voilà des jours que nous sommes prêts, Fort Zurçyr nous attend.

Subtilement, il fit un clin d'oeil à son fils, car ce qu'il avait vu avait germer dans son brillant esprit tout en parlant au Palatin.

Le Chef du Conseil du Protectorat Impérial était face à Fardall de Zicornie. Pendant que ce dernier lui parlait, Enguerrand époussetait ses habits rouges et noirs.

Sire Fardall, notre ami Garlon est mort et c'est vraiment dommage qu'il ne puisse assiter à ma... à notre victoire.
Et euh... Si vous êtes prêt à partir faites donc sonner du cor et levons le camp. Nous allons vers Fort Zurcyr et nous vaincrons l'Ennemi !

Enguerrand fit quelques pas en direction de la montagne avec un rictus et des yeux emplit de malice. Il constata avec attention le volcan et regarda autour de lui en faisant un tour complet sur lui même.

- Oui bien entendu.

Le Seigneur Fardall s'inclina, étouffant un sourire à la remarque étouffée du patriarche concernant sa victoire personnelle. Songeant à cet homme ambitieux pour trois, il alla vers la tente qui abritait le porteur du cor, remettant son casque orné de gravure anciennes. Le Protecteur Impérial écarta la toile qui obstruait l'entrée.

- Debout, heu ... Gasha, habilles-toi vite et sors ton cor, nous partons vers Fort Zurçyr.

- Hmmm ... levez-vous vous autres, vous avez entendu Sire Fardall... marmonna le dénommé Gasha aux autres occupants de la tente. Parmis eux, se trouvait Irk, il avait hérité de l'important poste de porte-étendard qui convenait mieux à ses blessures.

Le père de Faraël était déjà sortit et observait les pages qui attelaient les chariots de vivres et de matériel. Pensant aux rudes combats qu'ils allaient mener, il se félicita d'avoir emmener un forgeron avec la troupe. Le chevalier de la Lance Impériale avait trouvé cet artisan prévèzien dans la ville impériale et l'avait engagé pour aiguiser ou remplacer les épées et casques endommagés par les affrontements.

Bientôt, le cor résonna sur la plage et tous furent prêts et en rangs, le camp démonté, attendant de se mettre en marche vers leur destination. Le Sire Fardall ressentit un accès de fierté de commander une telle armée qui allait purifier Kalamaï, son plus cher désir.

Alors que les troupes de la Légion de Natémia, dirigées par le Minotaure Vorlk et le gnome de l'unité du génie ainsi que les armées Impériales dirigées par le Général Asturiel et constituées d'Elfes et de Nains de Vénopole et du fameux régiment de Paladins à cheval, l'élite de Sa Majesté l'Impératrice.

Enguerrand récuperra son cheval d'apparat, se posta entre le Général de l'Empire et le Chef de la Garde Divine. Une nouvelle fois un son de cor retentit sur la plage avant que l'on entende son écho. Les troupes pédestres comme aériennes se mirent en route pour For Zurcyr.

Aprés avoir beaucoup discuté avec Tanguy de Nothaume, son frère, et le Sire Volk, le Patriarche Enguerrand mena les troupes à Fort Zurcyr.

Les armées arrivantes ce mélangèrent à celle qui se trouvait déjà là dans un vallon. Depuis le haut d'une falaise, devant le Fort Zurcyr, se trouvaient les Seigneurs: le Général Asturiel, Enguerrand, Tanguy, Fardall, Faraël, Sirias, Arianthe,...
Le chef Vorlk ainsi que celui envoyé par Arion d'Orbie était descendu avec leurs hommes.
Toutes les créatures, les plus diverses qui soient, massés dans cette vallée à l'apparence désertique attendait le discours des grands personnages postés en haut de la montagne et surtout du Général Asturiel.
Enguerrand se trouvait entre Fardall et Asturiel et son serviteur Tanguy se trouvaient derrière lui.

Fardall talonna son étalon pur-sang acheté dans la capitale et s'approcha au trot du Patriarche Enguerrand. Il observait cette vallée désertique qui était couverte de pierres tranchantes et acérées.

- Sire Palatin, dites-moi que ce n'est pas ici que doit se trouver Fort Zurçyr, nous ne pouvons être au bon endroit, murmura le Seigneur de Zirconie, ses yeux remplits de surprise sillonant la vallée déserte ou se trouvait, au loin, quelques planches de bois encore fumantes.
Impossible ..... une garnison impériale ne peut ainsi disparaître en cendres, à moins ....à moins qu'ils soient revenus .....
Ces paroles sortirent à peine entre les dents du père de Faraël.

Sirias semblait lui aussi abassourdi devant un tel spectacle. Aucune arme connue ne pouvait faire autant de dégâts en une nuit. La veille en effet, on avait même envoyé des messagers au fort et ils n'avaient signalé aucun problème. Les trouples consternés attendaient toujours un discours ou une parole rassurante pour leur expliquer ce qui c'était passé à cet endroit, qui, plutôt, était leur destination.

Le Général de l'Empire, héro Scitopolien dénommé Asturiel demanda à Enguerrand un sort pour emplifier sa voix. Ce dernier le fit.

Voyez donc, ce que les habitants d'ici sont capables ! Ils sont tous du côté de l'Empire d'Outre-Mer et nous devons les détruire ! Rasons tout, villages, paysans, châteaux... Ce sera la seule solution pour mettre fin à la menace ! Ceci est un ordre de l'Impératrice.

En avant, pour la Victoire !!!

Il dégaina son énorme épée et la leva vers le ciel en criant, un cri que la foule de soldats reprit en écho. Il regarda alors vers Enguerrand et Fardall avec un air supérieur de fierté et d'orgueil.