Gaur Onauhar
Chef d’Eredort
«Il y a de bonnes lois là où il y a de bonnes armes.»
Chef d’Eredort
«Il y a de bonnes lois là où il y a de bonnes armes.»
PRELUDE
Les elfes étaient là depuis deux millénaires, ainsi que les nains et d’autres races magiques minoritaires. Les orques eux aussi étaient là, la tache de boue sur le linceul blanc d’un monde parfait… Après tout, même dans les plus naïfs des contes pour enfants gnomes, il y avait des méchants… Dans l’histoire, la vraie, les orques étaient les premières créatures mal intentionnées à déclarer ouvertement la guerre aux autres races magiques de Kalamaï. En des temps ou l’homme n’avait pas encore posé son pied inquisiteur sur le monde.
Cinq siècles après l’apparition des elfes sur Kalamaï (c’est sur cette date que nous nous baserons : l’apparition des premiers elfes). Donc cinq longs siècles de guerre éternelle avaient déjà balafré la surface de Kalamaï lorsque du côté de l’orque, les premiers stratèges firent leurs apparition : des alliances se fondèrent, des tribus se regroupèrent, tout ceci jusqu'à former des « Clans », tous plus ou moins ennemis, mais tous faisant cause commune pour la domination de Kalamaï ou tout du moins l’annihilation des elfes.
Pour Gaur, tout commença à cette sombre époque teintée de conflits...
Dans les Clans orques, à la mort du chef, la désignation du nouveau dirigeant se faisait par le shaman le plus vieux –donc normalement le plus sage – du Clan. Eredort (en langue commune « La montagne crochue ») fort principal du Clan Maeghras (En langue commune « La corne perçante ») avait perdu son chef dans le dernier assaut lancé contre une forteresse elfique qui s’était soldé par une déroute générale. Quelques orques avaient couvert la fuite de l’ost, dont Gaur Onauhar. Il avait combattu le premier et le dernier, il était capitaine de l’armée qui avait prit d’assaut les hautes murailles blanches de la forteresse nommée Cathlyn. Ce renom lui valut bien son poste de chef du Clan Maeghras, bien que le Clan digérât mal la défaite dont il était responsable, après la mort d’Ambroo, l’ancien chef.
Gaur mena maintes batailles dont nombreuses ô combien héroïques. Il ravagea si bien la région qu’Hassar dieu de la guerre le prit en affection, car on sait très bien qu’en cette époque Hassar s’intéressait de près à ce qui se passait en Kalamaï. Il proposa à Gaur un marché, l’immortalité pendant deux vies d’elfes et la valeur de la moitié de sa force contre la seule et unique promesse de ne jamais s’en donner trop de fierté tout en lui restant fidèle. L’orque attiré comme n’importe qui par la force et le pouvoir n’hésita pas un seul instant et accepta le soi-disant présent.
C’est ainsi que Gaur, aveuglé sur l’instant pas la cupidité ne mesura pas l’ampleur de ce qu’il acquerrait. Et sous le poids du fardeau des centaines années qu’il passât il sombra peu à peu dans la folie et le désespoir. Il ne fut sauvé que quinze ans plus tard par un livre qui décupla les facultés de son esprit, donnant ainsi à l’orque qu’il était le savoir, la sagesse et l’intelligence suffisante pour se remettre peu à peu de la malédiction qui pesait sur lui et reprendre les rennes de son Clan, désormais animé par ferveur vengeance et soif de conquête.
CHAPITRE PREMIER
Sur un chemin de poussière, un âne avançait lentement. Il suivait chaque courbe de la route, avec résignation. Rien ne venait à bout de son obstination. Ni l’air brûlant qu’il respirait. Ni les rocailles pointues sur lesquelles ses sabots s’abîmaient… Ni les deux flèches fichées à son côté droit… Son cavalier semblait une ombre condamnée à un châtiment antique. L’homme ne bougeait pas. Lentement, mètre après mètre, sans avoir la force de presser le pas, l’âne engloutissait les kilomètres. Le cavalier murmurait entre ses dents des mots qui s’évaporaient dans la chaleur.
C’est alors qu’ils virent Anthavar. Le village s’offrait à la vue dans sa totalité. Un petit village blanc, de maisons serrées les unes aux autres, sur un haut promontoire qui dominait le calme profond des eaux du Golfe de l’entre déserts. Cette présence humaine, dans un paysage si désertique, dut sembler bien comique à l’âne, mais il ne rit pas, il s’effondra sous le poids d’un troisième projectile. Le cavalier tombé à terre se débattait dans la poussière, le cadavre boursouflé de l’âne pesait sur sa jambe gauche. Le front de l’homme était couvert de sueur, sur laquelle la poussière du sol argileux avait collé. Il parvint à se défaire du poids de l’âne et se redressa en titubant. Il se tourna et regarda derrière lui, paniqué. Le soleil lui obstruait la vue et laissait un halo de chaleur au niveau du sol. L’homme parvint à distinguer une traînée de poussière. Une autre flèche vînt heurter le sol de terre dure à moins d’un mètre de lui. Il mit ses mains en visière devant ses yeux et discerna plus précisément la source de cette traînée poussiéreuse. Un cavalier. Il l’avait confondu avec un reflet, un tour que le soleil, cynique, lui jouait depuis le matin. Son poursuivant était bardé d’acier, tout comme sa monture, et il brandissait un grand arc. Bandé. Une autre flèche se brisa devant lui alors qu’elle touchait violemment le sol. L’homme ne bougea pas. Son poursuivant stoppa sa monture à une dizaine de mètres et s’égosilla :
« Mon maître arrive, il vous tuera tous ! Hassar reconnaîtra les siens ! »
Un cor sonna. L’homme regarda plus loin derrière le cavalier et eu le temps d’apercevoir un nuage de poussière, soulevé au rythme d’une cadence sourde et lasse. Une armée en marche.
Une voix inconnue venant de nulle part susurra à l’oreille de l’homme :
« Cours !»
L’homme se détourna de l’ost funèbre et détala aussi vite qu’il le pouvait, trébuchant à chaque pierre, tombant la tête la première dans la poussière.
Le cavalier retourna sur ses pas et rejoignit l’avant-garde. Parvenue au niveau d’une énorme masse de ferraille montée sur un solide destrier bardé de fer, le cavalier lança joyeusement :
« Maître, un village à moins d’une lieue ! »
La gigantesque armure marmonna en guise de réponse :
« Rasez-le, mais vite. »
Le sourire du cavalier s’effaça une seconde puis redevint encore plus large. Il ajouta :
« Très bien maître Onauhar. Lieutenant ! Ramène ton cul boueux, j’ai besoin de toi »
Un homme en haubert recouvert d’un surcot noir et rouge s’avança et après une petite courbette répliqua :
« Mouais ?»
Le cavalier désigna d’un geste négligeant un petit régiment et ajouta :
« Prends ce tercio et suis-moi, on à un bourg à piller. »
Le lieutenant releva la visière de son armet, tout sourire :
« Chouette »
Il se retourna vers le tercio concerné et hurla :
« Allez les gars ! On va se dégourdir la lame ! »
Les hommes levèrent leurs armes en hurlant belliqueusement en un cri rauque. Et sur l’ordre du lieutenant, ils partirent au petit trot en direction du village, entonnant la cadence : à chaque pas un petit « hoy ! ».
L’homme était presque arrivé au niveau du village quand il se retourna encre une fois pour voir la progression de l’armée. Un détachement descendait à présent le chemin poussiéreux en direction du village, mené par un cavalier. Son poursuivant.
*
* *
* *
Le tercio descendait joyeusement vers le village, les hommes étaient on ne peut plus heureux de pouvoir piller un bourg a eux seuls. Tous pensaient à ce que le destin leur offrirait lorsque le lieutenant les stoppa net.
« Halte ! »
Il renifla l’air et sentit une odeur âcre. Elle piquait au fond de la gorge comme du souffre.
Fumée de poudre.
Une série de détonations plus tard, le lieutenant et quatre de ses hommes se firent faucher violemment par des projectiles d’arquebuse. Les balles de fer transperçaient la peau, les cuirasses, brisaient les pavois et les os.
Le cavalier resta un moment interloqué en regardant sans le voir le lieutenant qui rampait et gémissait au milieu des bouts de chair et des maillons de hauberts, transpercé par trois fois. Lorsqu’il s’effondra dans son propre sang, le cavalier sortit de sa rêverie et hurla :
« A l’attaque ! »
Les hommes chargèrent dans un hurlement rauque vers une petite ruelle : seule entrée du village qui n’était pas obstruée par des charrettes et des barricades de fortune. Des villageois épaulaient la milice urbaine, ils étaient plus équipés d’outils que de vraies armes : faux, fourches, certains même utilisaient leurs instruments de travail : maillet, fléau… Le combat fut des plus faciles, les miliciens, des soldats conscrits ou semi professionnels, ne savaient manier que l’arquebuse et le coutelas, quand aux paysans, ils se faisaient plus souvent toucher dans le dos que sur la poitrine.
Les soldats bien entraînés – armée de grands boucliers ronds en fer, d’espontons, d’épées et portaient une demi armure sur une soutane en soie blanche – se battaient en quinconce et distribuaient des coups à volonté. Le sol était couvert de sang et de cadavres, des armes éparses sur le sol faisaient trébucher les fuyards et le sang faisait glisser les bottes et leurs propriétaires.
Malgré la couardise de leurs ennemis, les soldats du tercio avaient perdu sept de leurs camarades, dont deux dans la mêlée. Ils se ruèrent sur la place où les attendaient le reste du contingent urbain et quelques paysans téméraires… Qui tombèrent très vite les armes. Le village pacifié, les soldats entreprirent un pillage méthodique destiné à nourrir l'armée qu'ils précédaient. L’armée qui allait marcher le surlendemain sur ce qui serait la future capitale de Tol Gauroth : Eredort.
INTERLUDE
Gaur a traversé bien des épreuves et gagné maintes batailles depuis ce jour, devenu chef des armées de l’Exehal, son armée s’agrandit de plusieurs centaines de milliers d’hommes et il livra bataille aux ennemis d’Igoumen ainsi que plus tard aux seigneurs d’Outre-Mer…
Un soir alors qu’il allait farfouiller dans la Grande Bibliothèque de la Guilde du Mana au sein de la capitale impériale, Gaur fut poussé dans la traque d’un espion au service des Seigneurs D’Outre-Mer en possession d’un grimoire d’une puissance inimaginable. Cette traque entraina la mort de l’intrigant d’une demi-douzaine de miliciens et de Gaur lui-même, alors même que ses hommes combattaient bravement l’armée de campagne d’Outre-Mer en route vers Etimnon.
CHAPITRE SECOND
/!\ contexte (du post du PNJ au post de Gaur Onauhar /!\
Mort. Gaur ne l’était pas, non. Mais malgré tout il sentait qu’une partie de lui-même s’en était allée. Il en éprouvait presque un soulagement… La poussière et le sang collait à sa cuirasse et… A son visage. Son visage qui n’avait vu la lumière depuis de si longues années, il le sentait de nouveau, signe que toutes ces années d’attente avaient peut-être servit a quelque chose. Son harnois lui paraissait plus lourd qu’il ne l’avait jamais été. Comment avait-il fait pour tenir ça sur le dos depuis si longtemps ? Alors qu’auparavant il ne le sentait pas plus qu’un simple pagne, il le supporte désormais comme la barde d’un énorme destrier.
Gaur tenta à plusieurs reprises de se redresser, et, après maintes tentatives infructueuses, il parvint à se hisser sur ses genoux et contempla la ruelle : Le sable et le sang formaient une texture pâteuse et malodorante, les charognards étaient déjà au travail sur les corps des miliciens morts quelques heures plus tôt. Le voleur était étendu à deux pas de lui, un carreau dépassant aux deux extrémités de son cou. Le livre n’était plus là.
Dernière édition par le Lun 8 Oct 2007 - 21:46, édité 3 fois