La chevauchée n’avait été que pur plaisir. Les cheveux au vent, évoluant dans un environnement vert et tranquille, en osmose avec la Nature, Irkos savourait chaque moment de leur fuite. Les rôdeurs, composant principalement l’escorte, vérifiaient soigneusement si il n’y avait aucun ennemi à l’horizon, et lors des pauses prenaient soin d’effacer les traces de pas à l’aide du druide. Il fallait rendre la tâche malaisée à ces maudits pirates, même si ces derniers les retrouveraient certainement un jour ou l’autre. Mais les traqueurs verraient bien assez tôt qui était la proie.
Ils arrivèrent un soir au fameux Delta du Trident. En temps qu’ancien membre de l’Oracle, l’Elfe s’y était rendu quelques fois, mais l’endroit ne cessait de l’émerveiller par sa beauté. Tout était si pur, la Nature avait une place dominante sur ce terrain, et seul la forteresse indiquait la présence d’une forme de vie belliqueuse et humaine.
Il leur restait quelques kilomètres avant d’atteindre les portes de la citadelle. Il ne fallait pas que les pirates soit derrière eux, sous peine de subir leurs attaques sans pouvoir s’en protéger. Le Roi Arakasï s’élança en premier, à brides abattues, et le reste du groupe suivit. Par chance, la vue des rôdeurs ne les avait pas trompé, et ils n’eurent pas la mauvaise surprise de la venue des pirates. Une fois arrivés devant l’imposante entrée, une voix se fit entendre derrière la grille :
- Qui va là ?
- Je me nomme Jund Arakasï, et je viens accompagné d’un groupe de rebelle. Ouvrez les portes à vos alliés, frères !
Plusieurs imperceptibles chuchotements se firent entendre, puis un petit portail s’ouvrit dans un des pans du mur.
- Êtes-vous bien le Roi de l’Outre-Mer ? Et vous, n’êtes vous pas le Chevalier-Dragon Irkos ? Quel plaisir de vous voir ici, nous craignions qu’il ne reste plus de braves gens encore en vie après cette damnée attaque à Roc-le-Chastel !
L’Elfe frémit à l’évocation de l’ancien grade qu’il occupait au sein de l’Oracle Alen’ien. Tant de souvenirs rejaillirent, mais ce n’était pas le moment de céder à la nostalgie. Malgré cela, les images du passé revenaient le hanter, mais Arakasï coupa court à ses songes mélancoliques.
- L’heure n’est pas encore aux présentations, frère Natif. Nous devons rencontrer le Chevalier Capitaine Talon Ker Wann, est-il en mesure de nous recevoir ?
Le garde répondit par la positive, et ils furent tous conviés dans une grande salle où se tenait multiples mets. Succulents n’aurait pas été le bon terme pour définir la nourriture, mais elle demeurait excellente de par sa simplicité et sa fraîcheur. Pas de froufrous, de pièces montés, seulement le strict nécessaire à une période de guerre. Néanmoins, ce repas sembla contenter tout le monde.
Le Chevalier Capitaine, maître des lieux, fit enfin son arrivée et salua chaque personne, qu’elle fasse partie de l’escorte ou de l’ambassade. Ses salutations furent néanmoins plus appuyées avec Irkos, mais moins avec le Roi Arakasï, ce qui étonna les hôtes.
- Je faisais autrefois partie d’une organisation nommée l’Oracle d’Alen’ia, expliqua-t-il à voix basse à l’Elfe. C’est pour cela que Ker Wann montre plus de sympathie envers moi que vous, mais ne vous en faites pas, même si vous ne faisiez pas partie de notre groupe et que certains ont été réticent à votre accession au pouvoir, vous avez tout de même la confiance des Natifs ici. Seulement, si vous le permettez, j’aimerai parler en notre nom, cela facilitera les présentations.
Arakasï acquiesa en silence, tout en lançant un regard empli de fierté envers Irkos, dû à la découverte de cette nouvelle facette. Le Natif se leva, et prit la parole :
- Chevalier Capitaine Ker Wann, c’est pour nous un honneur que d’être vos invités en cette imprenable forteresse. Nous espérons tout de même devenir bien plus que vos hôtes.
- Le plaisir de vous compter parmi nos rangs est réciproque, Chevalier Dragon Irkos. Présentez-moi donc vos compagnons, et expliquez-moi les raisons de votre présence.
L’Elfe commença par présenter chaque membre de l’escorte, et finit par les gens de plus haute importance, comme le voulait une des anciennes lois tribales de l’Outre-Mer :
- … Le Général de la Nation, Volkmar, qui malgré son jeune âge fait preuve d’un talent précoce pour commander. Se tient ici l’Elfe Babka, et à ses côtés Hélèna, respectivement Palatin de Maon et Preveze. Les gardes présents aux quatre coins lancèrent des regards plus qu’hostiles envers les ambassadeurs. Ils sont nos alliés, venus de Kalamai pour nous aider à sortir de cette désastreuse situation. Je me porte garant de leur fidélité, n’ayez crainte. Enfin à mes côtés se tient le Roi Arakasï…
Un des soldats d’Hélèna eut le malheur de rectifier ’Roi Arakasï’ par ‘Palatin Arakasï’. Wer Kann abattit son poing sur la table, faisant trembler les verres et couverts :
- Je ne tolérai pas cette attitude une fois de plus entre mes murs, jeune inconscient ! L’Outre-Mer est une Nation libre, dégagé de l’emprise malsaine de votre Empire. Désormais, notre dirigeant se fera appelé Roi, comme à l’époque de Taleonor, et non Vice-Roi ou Palatin, ou je ne sais quelle bêtise ! Quiconque manquera aux règles régissant la vie à l’intérieur du Trident sera banni et sa langue coupée ! Ai-je été clair ?
Un silence de plomb s’abattit dans la salle, pendant lequel Irkos regretta de ne pas avoir prévenu ses compagnons. Le Chevalier Capitaine se rassit, et l’Elfe continua :
- Je disais donc… le Roi Arakasï, qui a œuvré ces derniers mois à redonner un second souffle à l’Outre-Mer.
Le but de notre présence en ces lieux est simple : nous voulons vous aider à préparer un plan, le plan qui nous permettra de libérer Roc-le-Chastel. Et il n’y a nul autre lieu pour répondre à ce besoin.
- Ne bougez pas, je reviens.
L’homme repartit, soulageant l’atmosphère. L’Elfe en profita pour prévenir ses camarades :
- Cette citadelle est majoritairement composée d’anciens membres de l’Oracle d’Alen’ia, organisation dont je faisais partie. Nous étions des militants pour l’indépendance de l’Outre-Mer, faites donc attention à vos paroles. Nous sommes maintenant une Nation indépendante comme l’a souligné le maître des lieux, ne faites pas offense à notre nouveau statut et tout ira bien. Je me suis porté garant de vous, ne bafouez pas mon honneur.
Le Chevalier Capitaine revint avec une tonne de papiers, de cartes.
- Voilà tout ce qui concerne notre fort. Le nombre de personnes présentes, les cartes géographiques, notre situation économique, tout est condensé dans cette pile de paperasse. Je vous invite à en prendre connaissance.
Ce que firent pendant plusieurs heures les hôtes. Irkos fut rassuré par le nombre impressionnant de soldats prêt à défendre la Nation, et encore, d’autres armées pouvaient arriver. La situation financière était au beau fixe, grâce aux entreprises de feu Tilk Nosferan. Etait-ce suffisant pour mener une rébellion digne de ce nom face aux pirates ? Il ne saurait le dire, seul l’avenir le dira.
- Maintenant que tout le monde connaît notre situation, avez des questions ? Est-il prévu que Kalamai envoie d’autres troupes ? Si tel est le cas, mieux vaut nous prévenir, cela nous éviterait des effusions de sang inutiles.
Ils arrivèrent un soir au fameux Delta du Trident. En temps qu’ancien membre de l’Oracle, l’Elfe s’y était rendu quelques fois, mais l’endroit ne cessait de l’émerveiller par sa beauté. Tout était si pur, la Nature avait une place dominante sur ce terrain, et seul la forteresse indiquait la présence d’une forme de vie belliqueuse et humaine.
Il leur restait quelques kilomètres avant d’atteindre les portes de la citadelle. Il ne fallait pas que les pirates soit derrière eux, sous peine de subir leurs attaques sans pouvoir s’en protéger. Le Roi Arakasï s’élança en premier, à brides abattues, et le reste du groupe suivit. Par chance, la vue des rôdeurs ne les avait pas trompé, et ils n’eurent pas la mauvaise surprise de la venue des pirates. Une fois arrivés devant l’imposante entrée, une voix se fit entendre derrière la grille :
- Qui va là ?
- Je me nomme Jund Arakasï, et je viens accompagné d’un groupe de rebelle. Ouvrez les portes à vos alliés, frères !
Plusieurs imperceptibles chuchotements se firent entendre, puis un petit portail s’ouvrit dans un des pans du mur.
- Êtes-vous bien le Roi de l’Outre-Mer ? Et vous, n’êtes vous pas le Chevalier-Dragon Irkos ? Quel plaisir de vous voir ici, nous craignions qu’il ne reste plus de braves gens encore en vie après cette damnée attaque à Roc-le-Chastel !
L’Elfe frémit à l’évocation de l’ancien grade qu’il occupait au sein de l’Oracle Alen’ien. Tant de souvenirs rejaillirent, mais ce n’était pas le moment de céder à la nostalgie. Malgré cela, les images du passé revenaient le hanter, mais Arakasï coupa court à ses songes mélancoliques.
- L’heure n’est pas encore aux présentations, frère Natif. Nous devons rencontrer le Chevalier Capitaine Talon Ker Wann, est-il en mesure de nous recevoir ?
Le garde répondit par la positive, et ils furent tous conviés dans une grande salle où se tenait multiples mets. Succulents n’aurait pas été le bon terme pour définir la nourriture, mais elle demeurait excellente de par sa simplicité et sa fraîcheur. Pas de froufrous, de pièces montés, seulement le strict nécessaire à une période de guerre. Néanmoins, ce repas sembla contenter tout le monde.
Le Chevalier Capitaine, maître des lieux, fit enfin son arrivée et salua chaque personne, qu’elle fasse partie de l’escorte ou de l’ambassade. Ses salutations furent néanmoins plus appuyées avec Irkos, mais moins avec le Roi Arakasï, ce qui étonna les hôtes.
- Je faisais autrefois partie d’une organisation nommée l’Oracle d’Alen’ia, expliqua-t-il à voix basse à l’Elfe. C’est pour cela que Ker Wann montre plus de sympathie envers moi que vous, mais ne vous en faites pas, même si vous ne faisiez pas partie de notre groupe et que certains ont été réticent à votre accession au pouvoir, vous avez tout de même la confiance des Natifs ici. Seulement, si vous le permettez, j’aimerai parler en notre nom, cela facilitera les présentations.
Arakasï acquiesa en silence, tout en lançant un regard empli de fierté envers Irkos, dû à la découverte de cette nouvelle facette. Le Natif se leva, et prit la parole :
- Chevalier Capitaine Ker Wann, c’est pour nous un honneur que d’être vos invités en cette imprenable forteresse. Nous espérons tout de même devenir bien plus que vos hôtes.
- Le plaisir de vous compter parmi nos rangs est réciproque, Chevalier Dragon Irkos. Présentez-moi donc vos compagnons, et expliquez-moi les raisons de votre présence.
L’Elfe commença par présenter chaque membre de l’escorte, et finit par les gens de plus haute importance, comme le voulait une des anciennes lois tribales de l’Outre-Mer :
- … Le Général de la Nation, Volkmar, qui malgré son jeune âge fait preuve d’un talent précoce pour commander. Se tient ici l’Elfe Babka, et à ses côtés Hélèna, respectivement Palatin de Maon et Preveze. Les gardes présents aux quatre coins lancèrent des regards plus qu’hostiles envers les ambassadeurs. Ils sont nos alliés, venus de Kalamai pour nous aider à sortir de cette désastreuse situation. Je me porte garant de leur fidélité, n’ayez crainte. Enfin à mes côtés se tient le Roi Arakasï…
Un des soldats d’Hélèna eut le malheur de rectifier ’Roi Arakasï’ par ‘Palatin Arakasï’. Wer Kann abattit son poing sur la table, faisant trembler les verres et couverts :
- Je ne tolérai pas cette attitude une fois de plus entre mes murs, jeune inconscient ! L’Outre-Mer est une Nation libre, dégagé de l’emprise malsaine de votre Empire. Désormais, notre dirigeant se fera appelé Roi, comme à l’époque de Taleonor, et non Vice-Roi ou Palatin, ou je ne sais quelle bêtise ! Quiconque manquera aux règles régissant la vie à l’intérieur du Trident sera banni et sa langue coupée ! Ai-je été clair ?
Un silence de plomb s’abattit dans la salle, pendant lequel Irkos regretta de ne pas avoir prévenu ses compagnons. Le Chevalier Capitaine se rassit, et l’Elfe continua :
- Je disais donc… le Roi Arakasï, qui a œuvré ces derniers mois à redonner un second souffle à l’Outre-Mer.
Le but de notre présence en ces lieux est simple : nous voulons vous aider à préparer un plan, le plan qui nous permettra de libérer Roc-le-Chastel. Et il n’y a nul autre lieu pour répondre à ce besoin.
- Ne bougez pas, je reviens.
L’homme repartit, soulageant l’atmosphère. L’Elfe en profita pour prévenir ses camarades :
- Cette citadelle est majoritairement composée d’anciens membres de l’Oracle d’Alen’ia, organisation dont je faisais partie. Nous étions des militants pour l’indépendance de l’Outre-Mer, faites donc attention à vos paroles. Nous sommes maintenant une Nation indépendante comme l’a souligné le maître des lieux, ne faites pas offense à notre nouveau statut et tout ira bien. Je me suis porté garant de vous, ne bafouez pas mon honneur.
Le Chevalier Capitaine revint avec une tonne de papiers, de cartes.
- Voilà tout ce qui concerne notre fort. Le nombre de personnes présentes, les cartes géographiques, notre situation économique, tout est condensé dans cette pile de paperasse. Je vous invite à en prendre connaissance.
Ce que firent pendant plusieurs heures les hôtes. Irkos fut rassuré par le nombre impressionnant de soldats prêt à défendre la Nation, et encore, d’autres armées pouvaient arriver. La situation financière était au beau fixe, grâce aux entreprises de feu Tilk Nosferan. Etait-ce suffisant pour mener une rébellion digne de ce nom face aux pirates ? Il ne saurait le dire, seul l’avenir le dira.
- Maintenant que tout le monde connaît notre situation, avez des questions ? Est-il prévu que Kalamai envoie d’autres troupes ? Si tel est le cas, mieux vaut nous prévenir, cela nous éviterait des effusions de sang inutiles.