Le Monde de Kalamaï
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Le voyage d'Eryope à Roc-le-Chastel se fit sans encombres à une vitesse relativement soutenue, ce que regretta Hélèna. Les paysages vus à l'aller ne purent être qu'aperçus durant ce voyage de retour.
Mais le message de De Jolett ne laissait aucune ambiguïté: une guerre se profilait à l'horizon. Et cela n'augurait rien de bon pour une délégation diplomatique, surtout impériale au coeur du territoire Outre-îlien.
C'est à bride abattue que le petit groupe pénétra dans la capitale de l'Outre-mer, Naal et Babka en tête.
Les cavaliers se faufilèrent aisément en direction du port, passant de rues en rues, dans le but de rejoindre leur navire. Ce dernier devait, si son capitaine avait suivit ses propres ordres, être sur le point d'appareiller. Les navires de l'escorte navale devaient déjà être en attente d'un retour à dans la formation de la frégate consulaire.
La délégation se trouvait maintenant sur une place pour ainsi dire noire de monde. Une telle concentration de citadins ne put manquer d'étonner la comtesse. Alors que ses camarades s'orientaient vers une rue quittant la place pour les quartiers portuaires, la jeune femme prit une direction opposée et alla vers le grand bâtiment surplombant le vaste espace dégagé finement décoré et bondé de monde.
Sautant à bas de sa jument, Hélèna demanda à l'un des hommes les plus proches d'elle composant la foule la raison de l'attroupement. Ce dernier lui répondit:
-Il s'agit du Grand Conclave des Seigneurs de toute notre grande Outre-mer! Comment se fait-il que vous l'ignoriez?
Un peu surprise de la question, la comtesse lui répondit:
-J'étais en déplacement depuis un moment... Merci à vous.

Sur ces entrefaites, ses compagnons la rejoignirent péniblement, à pied à côté de leur monture respective. Le visage de Naal exprimait une certaine colère à l'encontre de sa protégée. La voir se soustraire -même pour un court délai- à sa protection ne le rassurait pas du tout.
Les autres Sabres restaient vigilants, rien de plus. Babka tourna légèrement la tête vers l'ambassadrice et y lu sur son visage le germe d'une idée dans son esprit...
Et sans laisser de temps au chef des Sabres, la jeune femme se retourna et partit de sa démarche élégante en direction du grand bâtiment où se déroulait actuellement le Conclave.
-Mais qu'est-ce que...
Le brouhaha noya la fin des paroles du Sabre, l'obligeant à penser sa phrase à l'attention de sa supérieure:
¤Qu'est-ce que vous faites? Le port est de l'autre côté!¤
¤Inutile de crier, Naal. Je suis venue en Outre-mer pour négocier la paix. Je ne partirais une fois ma tâche accomplie. Mais pas avant.¤
¤Mais c'est de la folie! Et le message de De Jolett? Le danger qu'il y décrit?¤
¤Calme toi. Si ces menaces frappent des intérêts Outre-îliens et si -comme je le crois- l'Empire est étranger à ces dernières, soit sûr que nous serons tout aussi en sécurité ici qu'à bord de la Hylvië. Au détail près qu'ici, il m'est toujours possible d'agir pour éviter une guerre.¤
Le Sabre finit par céder face à la détermination de la jeune femme. Il ferait son devoir, quoiqu'il arrive. Et si la comtesse en avait décidée ainsi, alors n'avait-il tout au plus que le choix de sa démarche pour la suivre. Vaincu, il fait signe à ses hommes de le suivre en protégeant le palatin de Maon.
Ce dernier commençait à connaitre un peu Hélèna. Et le fin sourire qui étirait ses lèvres était de bon augure. Il lui fit confiance une fois de plus...

Après s'être frayée un chemin à travers la foule, exercice qui se révéla ardu tant cette dernière se trouvait être compacte, Hélèna, Babka et leur escorte atteignirent l'escalier d'accès au Conclave. Alors que la délégation allait le gravir, Hélèna fit signe d'attendre. Elle monta les premières marches seules, en direction de celui qui semblait être le chef des gardes protégeant l'entrée.
Elle fut interceptée par un des gardes en faction avant d'avoir pu le rejoindre. Mais en insistant un peu, le garde lui permit de poursuivre son chemin pour parler à son chef. Elle acheva néanmoins les quelques marches la séparant de l'officier sous son escorte.
Alors que la jeune femme venait de saluer le soldat Outre-îlien comme le veut le protocole, ce dernier lui dit:
-Alors, vous, vous êtes membre de la famille de l'un des seigneurs et vous voulez entrer, c'est ça?
-Euh...non. Répondit Hélèna un peu étonnée.
-Laissez moi deviner: vous représentez un royaume et vous êtes en retard pour le Conclave?
-Non plus. La comtesse trouvait la situation un brin amusante.
-A votre habillement, vous ne venez pas ici pour servir qui que ce soit...
-C'est exact.
-Vous espérez que je vous laisse passer pour pouvoir suivre en direct le Conclave?
-Pas exactement, mais ce pourrait être intéressant, en effet.
Commençant à perdre patience, le garde finit par demander:
-Alors, qui êtes-vous exactement?
-Je suis la comtesse Hélèna Ianoss d'Ald'Rhune, en mission diplomatique pour le compte de l'Empire de Kalamaï. Je cherche le nouveau représentant de l'Outre-mer afin de mener à bien les négociations d'un traité de paix.
Le garde resta bouche-bée un moment avant de transmettre l'information à l'intérieur. Et se retournant vers la jeune femme, il ajouta:
-J'espère pour vous que ce n'est pas un canular. Il pourrait vous couter cher...
-Vous ne serez pas déçu. Je suis celle que je prétend être.

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Hum hum....

Onomatopée, éclair d'un sourire vinrent sonner l'annonce d'une prise de parole, l'annonce de celui qu'ils attendaient tous. Certains se retournèrent, et l'aperçurent enfin. Il se tenait tout sourire non loin, adossé à une colonne, les bras croisés sur sa poitrine, ses yeux illuminés porteur de témoignage du vif intérêt qui était le sien. Arakasï avait longuement observé , dévisager avec un minutieux intérêt la dite délégation de l'Empire de Kalamaï. Et le rôdeur perdu dans la contemplation de leur armures, de leur physique, de leur manières, comme hypnotisé par l'aura étrangère à cette terre ancestrale qui les entourait si noblement, y avait concentré toute son attention, consacré chacune de ses fibres un long moment. Il y avait cette femme d'abord. Elégante, surprenante d'assurance et d'espièglerie qui attendait, attardait son regard sur un peu près tout. Hélèna Ianoss, ainsi c'était elle, il l'apercevait enfin. Son charme semblait égale à sa réputation de bienveillance, ne manquait plus qu'à le certifier bientôt dans les faits. De toute évidence, il s'agissait de la cheffe de la délégation saisit-il rapidement, d'elle dépendrait nombre de choses dans les négociations. Un point agréable à savoir. Aussi Arakasï n'avait pas manqué de noter sa position relativement à l'avant de la délégation, sa façon de conduire la troupe comme si elle la conduisait, et les hommes qui l'entouraient avec insistance. Non, effectivement ça ne pouvait tromper. La teinte de son visage dans sa vision elfique aigue, loin d’être uniforme en couleur, changeait selon les endroits, allant du plus obscur au plus clair. Etrange. L'Elfe sentait bien qu'il y avait quelque chose chez elle qui sortait de l'ordinaire, mais il ne sut quoi exactement.

Il y avait cet homme ensuite, un Elfe. La complicité avec la jeune femme qu'il avait lu dans son regard et son sourire ne faisait état d'aucune hésitation, Babka Irvin de Maon, probablement selon ce qu'en avait indiqué les rapports. Un ancien ennemi de l'Outre-Mer, et aujourd'hui l'un des plus conciliants. Merveilleuse nature, évolution que celle des êtres vivants. A présent au fait des inconnus qui s'établissaient devant lui, sans qu'on ait eu à les lui présenter le moins du monde, ce fut le coeur léger, encouragé par un brin de folie qu' il s'était ainsi dirigé à l'entrée du Chastel,, à la vue de tous en haut des escaliers, balayant intensément de ses yeux nâcres glacées et perçants l'auguste assemblée en armure, surtout omnibulé par ceux qui auraient tout pouvoir de négocier au nom de leur souverain. D'apparence ils ne ressemblaient pas à des monstres, bien au contraire. C'était déjà ça. Arakasï après avoir descendu les escaliers, vint s'incliner auprès d'eux.


Soyez les bienvenus au Chastel de Synodar, sous son regard bienveillant, Ambassadeurs. Mais avant tout, soyez les bienvenus à Roc le Chastel, soyez les bienvenus en Outre-Mer. Reine Arc-en ciel, Sire Babka Irvin, émissaires de l'Empire lointain de Kalamai.

Arakasï pour vous accueillir et vous servir, récemment élu par le peuple, nouveau dirigeant de la Nation d'Outre-Mer, celui que vous attendiez.
Le Palatin malgré l'insistance sur ce dernier mot, gardait un ton tout à fait chaleureux, un sourire rayonnant, un visage amical. Il semblait sincèrement ravi de les voir débarquer de manière impromptue. Une belle surprise au milieu de tant d'affaires stressantes. Je serai cependant très honoré si vous acceptiez de m'appeler par mon nom usuel, Jund. Réjouissez vous de la portée de votre annonce, les Natifs seront très honorés de votre venue en ce lieux symbolique, siège politique et centrale de notre empire, fondement même de notre histoire, héritage d'une fière époque, édifice témoin de ce tout qui a fait ce que nous sommes devenus.

Dîtes moi, est-ce ainsi que l'on procède à Kalamaï, ? S'ateler à prendre au dépourvu les dirigeants étrangers ?
finit-il en riant.
Heureusement que je possédais en ce jour historique de rassemblement des seigneurs de notre contrée, de quoi me mettre. De quoi aurais-je eu l'air devant des étrangers, moi, qui suis censé représenter la magnificence de mon peuple ? Suite à ces propos, les prunelles d'eaux glacées de l'Elfe, flamboyantes, ou se lisait une infinie passion, une profonde sympathie se posèrent intensément, fixement sur la comtesse. Longuement, sans que rien ne le fasse détourner son regard, à la manière des rôdeurs.

Hélèna Ianoss d'Ald'Rhune.
Il prononça doucement ces quelques mots comme s'il avait une certaine signification, pleine et entière, résonnant à répétition dans le présent. Un long silence dont il habituait souvent les siens, suivit, puis il reprit d'un ton plus que sérieux, presque atteint de gravité. Vous avez beaucoup fait parler de vous, ici en Outre-Mer. J'ai eu vent de votre réputation, et de l'admiration de certains pour votre activisme au nom de valeurs qui me sont personnellement chers également. Je ne vous le cache pas, vous avez su redonner une meilleur image à votre pays auprès des miens et je vous en sait gré quand on connait leur caractère difficile. Il n'est pas facile de les convaincre et il y a encore beaucoup de travail.

Quoiqu'il en soit, c'est un honneur en tant qu'homme, en tant que Rôdeur et Représentant d'Outre-Mer de vous retrouver en chair et en os à mes côtés pour discuter, enfin je l'espère, de paix et de quiétude heureuse pour nos deux peuples. Des rêves d'amours et de sollicitude pour nos enfants, et les enfants de nos enfants, Kalamiens et Natifs. Mais... déjà faudra t-il que nous passions le stade de l'entente... La tâche sera ardue, compliquée, si j'en crois les affaires délicates qui nous attendent.
Mais je crois que vous vous y attendez, n'est-il pas Messire, Madame ?


Des lueurs amusées étincelèrent dans le regard de l'Elfe, venu seul à leur encontre, et surveillé par les gardes en faction. Il avait pensé que les accueillir et les escorter lui-même, ferait meilleur office, sachant qu'ils préféraient sûrement garder leur escorte avec eux, tout du moins jusqu'à destination de son bureau. Ce qu'il ne pouvait leur reprocher.

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Cette chère Comtesse avait pris de court le dénommé Naal qui essayait tant bien que mal de conduire la demoiselle d'Ald'Rhune en lieu sûr. Je regardai la scène, sourire aux lèvres, y reconnaissant le côté espiègle d'Hélèna. Sans mot dire, je suivis ses pas et attendis au bas des marches de l'édifice, lui laissant toute la préséance qu'elle méritait. Le garde ayant subi la bonne humeur de la dame, il se rendit ensuite prévenir de notre présence à qui de droit afin que nous soyons reçu et ainsi être en mesure de nous mettre à table pour entamer les négociations.

Autour de nous, la foule était dense mais démontrait une impressionnante fluidité pour ceux et celles qui désiraient circuler dans cette mer de citoyen. Seul un petit îlot en demi cercle composé des Sabres ne bougeait pas, debout bien droit derrière moi et surveillait celle à qui il ne devait rien arriver.

C'est alors qu'arriva celui qui s'identifia comme le représentant de la Nation, le tout nouveau dirigeant de cette contrée. Alors qu'il entama les présentations et brèves explications, je me rapprocha afin de me permettre d'interagir avec l'elfe qui nous accueillait. Lorsqu'il eut terminé, j'emboîtai aussitôt.


Nous sommes heureux de faire votre rencontre messire Jund et constatons avec plaisir que la voie du dialogue est bel et bien ouverte afin de mettre un terme au conflit qui oppose votre Nation et Kalamaï. Veuillez excuser la promptitude et la surprise que notre arrivé vous apporte, je dois avouer que la Reine Arc-en-ciel m'a démontré une fois de plus son côté espiègle et imprévisible qui fait son charme.

Je constate que je n'ai point besoin de me présenter et que ma réputation a précédé ma présence. Nous sommes ici pour négocier, d'égal à égal pour le bien des peuples afin que la paix règne plus aisément. Certes nous sommes conscient que ce ne sera pas une affaire aisé que de trouver un terrain d'entente mais la volonté saura en venir à bout.

À force de parole, j'avais lentement pris place au côtés d'Hélèna, quoi que légèrement en retrait d'une marche plus basse que celle où elle se tenait. Regardant autour de moi puis redirigeant mon regards vers mon hôte, je continua.

Avant que nous n'entrions, pourriez-vous m'indiquez à quel endroit dois-je me délester de mes armes ? Ni voyez là aucune menace, il s'agit simplement de mon équipement de défense quotidien. Ce matériel ne me quittes pratiquement jamais en temps normal mais aujourd'hui le respect que je vous portes m'exige de m'en défaire le temps de mon séjour dans les murs du Chastel de Synodar.

Je tendis vers un des gardes de la porte, un rouleau de cuir duquel dépassait la pointe d'une lame. Ce dernier ne savait comment réagir, attendant sûrement les consignes d'Arakasï.

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Ainsi l'Outre-mer avait bel et bien élu un nouveau dirigeant. La surprise, bien qu'invisible sur le visage demeuré impassible de la comtesse, s'insinua en un éclair en elle, avant de la quitter comme elle était venue.
De l'individu qui se présenta à eux émanait une certaine noblesse, dans les traits comme dans le maintien, le tout ré-haussé par sa tenue, émanant selon toute vraisemblance de quelques grands virtuoses outre-îliens. L'armure d'un alliage étranger aux impériaux reflétait partiellement les rayons solaires, lançant en toutes directions des reflets argentés. Les gravures et entrelacs de métal sur le plastron trahissaient en tout cas une parfaite maitrise des arts de la forge.
L'homme, ou plutôt l'elfe, malgré son apparente aisance à évoluer en ces lieux, marquait toutefois une certaine dissonance à y être. Un bâtiment tel que celui dans lequel se trouvait maintenant la délégation et où se trouvait paraissait-il le Conclave, ne semblait guère être un endroit où l'on pouvait avoir l'habitude de le rencontrer. Non pas que le dirigeant de l'Outre-mer ne soit pas à sa place à cet endroit, loin de là. Mais Hélèna sentit à ses gestes, sa démarche, ses expressions que murs de pierre et carrelages richement décorés ne lui convenait pas totalement. Une part infime de lui même demandait à être ailleurs.
Et c'est cette fois-ci son regard qui le trahit et livra à la comtesse la localisation de cet "ailleurs". Dans ses yeux -fort jolis et au pouvoir presque hypnotique-, l'Ald'Rhunais y vit la présence d'une farouche liberté, soif de grands espaces, de nouveaux horizons et d'aventures. Un aventurier. Mais étant de race elfique, Hélèna pencha plus pour un rôdeur.
Néanmoins, une forte présence, doublée d'une grande volonté émanait de sa personne. La comtesse le "sentait" sans avoir même à se concentrer. Elle lui brouillait presque sa "vue" mentale, au point qu'elle du se concentrer pour y faire abstraction. Et en cela, il lui plu...
La comtesse nota mentalement que son hôte la détaillait -lui aussi de son côté- avec une précision d'orfèvre égale à la sienne...

Hélèna ne fut pas surprise qu'Arakasï -Jund, avait-il demandé à ce qu'on le nomme- en sache autant sur les membres composant cette délégation. Toutefois, ce qui éveilla en elle sa curiosité fut cette impression que Jund en savait bien long sur sa personne...
Les premières paroles de Jund confirmèrent les premières impressions de la comtesse et en amenèrent d'autres. Il s'avéra un hôte charmant, démontrant des qualités en terme d'accueil chaleureux et amical. Et maniant les mots avec une aisance intéressante, plaisante à l'instant, mais qui risquait peut être de l'être un peu moins lors des négociations à venir...
Un très léger frétillement de sourcil -pour ainsi dire imperceptible ou peu s'en fallait- de l'Ald'Rhunaise souligna les mots qu'employa Jund pour lui souhaiter la bienvenue. "Reine Arc-en-Ciel"? Peut être un terme outre-îlien pour nommer un ou en l'occurrence, une diplomate...
En tout cas, il maniait le verbe et lui mariait l'humour avec brio à l'occasion. Mais au delà du plaisir qu'il semblait prendre à les accueillir -plaisir qui pouvait augurer de graves discussions sur des sujets tout aussi graves à l'intérieur du Conclave- il émit ses inquiétudes quant au déroulement et attentes de cette entrevue diplomatique...

Babka fut plus prompt qu'Hélèna à répondre à Jund. L'habile maitre de Maon parla en fait pour deux, expliquant avec tact à l'elfe outre-îlien que la présence des impériaux ici même n'étaient due qu'à l'une des intuitions étranges germant parfois dans l'esprit complexe de la comtesse. En d'autres termes, un heureux hasard, mêlé probablement à un peu de chance et à quelques coïncidences, toutes aussi heureuses autant qu'étrangement favorables...
L'elfe de Maon proposa de se délester de son armement de voyage, en signe de respect envers le lieu et surtout envers son principal locataire.

Hélèna n'ayant aucune arme sur elle, ne pouvait point proposer de s'en défaire. Elle s'inclina légèrement en signe de respect et de remerciement pour l'accueil qu'elle avait appréciée avant de prendre à son tour la parole, à la suite de son camarade impérial:
-C'est un honneur autant qu'un plaisir que de vous rencontrer, Jund. J'oserais vous demander de me nommer par mon prénom, à l'instar de votre demande. Un sourire éclaira le visage serein de la comtesse.
-Les hommes qui nous escorte sont les membres de l'escouade Delta des Sabres Ald'Rhunais. Voici Naal Aldrinn, leur officier. D'un ample geste de la main, elle indiqua l'homme qui se tenait en retrait, l'oeil vif. Il adressa un court salut militaire au dirigeant outre-îlien avant de reprendre son rôle de protecteur.
-Je vous prie de bien vouloir excuser notre arrivée impromptue. Cela n'est pas, rassurez-vous, une coutume kalamaïenne. Dans un monde parfait, les voyages se dérouleraient toujours comme prévu, n'est-ce pas? Un doux sourire appuyé par un regard de miel vint souligner ces propos.
-Mais les imprévus ont ce quelque chose qui rend les voyages poétiques... Ils sont le lot de tout voyageur, pour son plus grand plaisir, comme en cet instant.
Hélèna marqua une courte pause avant de reprendre sur un ton enjoué:
-Cher Jund, je m'en remet à vous pour les modalités liées au déroulement de notre entrevue. Nous vous suivons donc. Un doux mais rayonnant regard illumina le visage de la comtesse au point de presque éclipser la beauté de son fin visage d'albâtre...

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Le regard perçant azuré, en même temps contemplatif et silencieux, se posa fixement sur l'émissaire de Maon, comme s'il se voulait transmis d'homme à homme, au delà des origines diverses qui les séparait, transcendant les intérêts divergents de leur nations respectives, les muscles jouant subtilement sous la peau albe du visage du Natif à la blancheur volée aux cygnes. A vrai dire les seuls signes évidents de son appréciation devant les propos tenus par le Kalamien pendant qu'il remettait respectueusement ses armes au garde un peu décontenancé par sa réaction. Le dirigeant d'Outre-Mer qui derrière une parfaite immobilité dissimulait les moindres tressaillements déconcertés des courbures raidis de son corps, était réellement touché par cette confiance et les paroles émises qui allaient de pair en noblesse à cette démarche surprenante.

Vous faîtes là preuve d'une noblesse d'âme et de coeur étonnante Sire Babka, égards qui ne seront pas perdus. Je vous remercie pour ces considérations qui embellissent le thème de cette rencontre, éblouissent cet édifice, et me font également beaucoup d'honneur. Je suis réellement touché, et malheureusement les mots que je vous témoigne à cet instant ne sauraient concevoir la profondeur et la portée de ce sentiment qui m'envahit allègrement. Il va de soi que vos armes seront soigneusement gardées, et jamais bien loin de votre personne, je vous en fait le serment. Elles seront entreposées dans la salle des coffres jouxtant la notre, lors des discussions. Vous pourrez les récupérer à la fin de notre entretien.
 
Arakasï saisi, avait grandement apprécié la première prise de parole de son charmant confrère de race, le premier pas vers la confiance paraissait positivement s'engager. Ses yeux glacées traversés d'un éclair d'estime, déclinèrent un panel d'émois, variant de l’approbation confiante à la reconnaissance émue, accompagné d'un bref hochement de tête respectueux, et ce sans un regard pour le garde qui entrevit pourtant l'injonction discrète du Vice-Roi dans sa voix et s'empressa alors, avec précaution de saisir les armes tendues vers lui, puis de partir immédiatement à l'avant de sa relative et nouvelle mission. Jund, observant le seigneur Babka retourner à sa place, - à un pas reculé de la position de la reine-arc-en ciel, jugeant les entames achevées manifestement entre eux, se tourna ensuite vers la splendide femme qui lui faisait face et qu'il dominait de son entier à une hauteur supérieur des marches de l'escalier alors que celle-ci fort entourée prenait allègrement la parole à son tour. Une voix apaisante, transparaissant à l'exemple de son élégante apparence tel un pâle rayon d'un magnifique crépuscule au coeur de l'obscurité, d'assurance, de vivacité d'esprit, de douceur, d'espièglerie. Un véritable chant de l'aube aux intonations colorées.

-C'est un honneur autant qu'un plaisir que de vous rencontrer, Jund. J'oserais vous demander de me nommer par mon prénom, à l'instar de votre demande.

D’instinct, il ne lui répondit pas même s'il se plierait dorénavant à son injonction, se contentant de lui rendre son sourire rayonnant, presque intimidant tant il promettait de grâce, de beauté et de faculté à charmer même la plus terrible des bêtes. Un instant amusé, le Natif se demanda si l'Empire de Kalamaï possédait véritablement toute une panoplie de diplomates aguerries, une véritable machine efficace et rodée dans ce domaine, ou si ceux-ci étaient des perles qu'elle avait su entrevoir hasardeusement, au bon moment, à travers leur éclats.

Le regard acéré croisa alors les yeux bleus pâles, traînant et se confondant dans les siens, magie, intense, poignante, des premières seconde où l'Elfe exposé à la clairvoyance minutieuse des prunelles de l'humaine, se sentit mis à nu, comme passer au crible et découvert par le ravage d'un examen omniscient, précis. Malgré tout, devant une telle impression, tout aussi vertigineuse qu'étonnante, il ne se sentait ni surpris, ni effrayé mais au contraire prêt à aborder, arpenter les chemins de la confiance. Comme s’ils s’étaient donné rendez vous, il y a bien longtemps. Un échange muet, par le contact des yeux s'était ainsi entamé, non comme une épreuve de force, mais un ardent désir de recherche, de profondeur dans la connaissance mutuelle. Cet échange muet semblait se poursuivre perpétuellement entre eux, sans jamais se défaire tandis que la reine-arc en ciel s'élançait de nouveau habillement dans le dialogue. Pendant ce temps, une sensibilité unique s'installait, une empathie puissante et inexpliquée, comme si elle leur permettait de se comprendre et se "connaître" l'un l'autre - sans pourtant que ce soit le moins du monde - le cas, jusque dans l'intangible, l'immatériel...Là ou partager avec autrui n'était plus que de l'ordre du sensitif...Un échange, un dialogue fait de regards et de ressentis spirituels.


Cependant l'Elfe ne se laissa pas détourner de la pensée calculatrice que l'ambassadrice qui restait remarquablement maître d'elle -même, ne disait rien de ses intentions concernant l'Outre-Mer, n'avançait nul témoignage, n'évoquait aucun signe qui puisse lui témoigner, signifier ne serait-ce qu'un peu ce qu'elle pensait dans le moment présent, outre une splendide présentation, et une courtoisie sans faille, sans compter cette apparente personnalité cordiale, déconcertante, et il fallait l'avouer, redoutablement agréable à ses yeux, et qui le faisait frémir aux premiers abords. Heureusement, les intérêts de l'Outre-Mer étaient tout pour lui, rien ne le ferait dévier. Non, cette femme à l'aura mystérieuse tout autant que déterminée, ne baissait pas la garde, professionnelle, au fait de ce qu'elle devait accomplir, une aura de mystère se déversait d'elle tout autant que de détermination.


Mettant de côté tous ces détails dans un coin de sa tête, Jund répondit respectueusement aux salutations de l'officier Naal, chef de l'escorte de la comtesse, et réagit en conséquence.

Des hommes de valeurs que cette escouade, j'en suis convaincu rien qu'à les observer. répondit malicieusement Arakasï qui élargissait les bras comme pour les accueillir chaleureusement. Mais je crains Hélèna , ma chère amie, que la salle dans laquelle nous allons joyeusement converser ne peut accueillir autant d'hommes, ils devront attendre à l'extérieur. Je puis cependant aisément comprendre les inquiétudes de votre officier et ses objectifs de mission , alors s'il en éprouve le désir, il pourra éventuellement assister à la réunion à vos côtés pour garder un oeil sur vous.
 
Cher Jund, je m'en remet à vous pour les modalités liées au déroulement de notre entrevue. Nous vous suivons donc. Suite à ces mots enjoués, Arakasï s'inclina volontiers devant son hôtesse, et d'un tour de main la pria de passer devant. Alors qu'elle passait devant lui, il s'approcha et vint murmurer très amicalement :
J'aime beaucoup votre interprétation de l'imprévu, Hélèna. Le palatin ne regrettait pas d'avoir différé sa réunion du conseil, au contraire. Cette rencontre fortune animait en lui une nouvelle envie, un renouveau d'ardeur, prenant conscience de tout ce qu'ils allaient entreprendre.

Après avoir monté les dernières marches, arrivés avec l'aurore à l'entrée du Chastel, et les battants de la grande porte cliquetant lourdement, ils entrèrent avec la lumière hiémale qui les entourait. Délégation kalamienne, dirigeants natifs, ensemble , confiants dans la pensée et les actes, ils s'avancèrent sans un grain d'inquiétude dans le palier, les couloirs et les galeries souterraines. Partout, s'avisaient nombre de magnifiques tapisseries, des gardes en manteau rouge à chaque recoin. Non loin, la grande salle en rotomontade qui acceuillait tous les seigneurs et citoyens présents, surmonté de gradins en hauteurs ou s'y étaient installés nombre de gens sous des voutes célestes à ciel ouvert, tout au fond sur le bas côté, un grand bureau accueillant scribes et prêtres.

Le conclave réunissant les Seigneurs d'Outre-Mer. annonça Arakasï pour satisfaire la curiosité de ses visiteurs devant le spectacle sous leur yeux de tant de monde réuni dans la salle, et déambulant également nombreux dans les couloirs. Comme vous pouvez le constater, nous sommes en pleine mutation politique aujourd'hui et vous tombez à un moment crucial de notre histoire, ou se joue en partie l'avenir de nos politiques et de notre empire. Je vous prie déjà de m'excuser pour les inconvénients et nombreuses interruptions qui pourraient être occasionnés ou intervenir abruptement lors de notre discussion. dit-il en jetant un regard à ses côtés, aux émissaires, l'escorte les entourant. L'elfe dignement accompagné, marchait fièrement et de manière souple. Des gens, notamment des citoyens qui les croisaient, s'attardaient à envisager l'attroupement autour du vice-roi, se demandant qui pouvait bien être ces gens. Sans doute certains avaient-ils devinés. Bref, l'information ne tarderait pas à faire son chemin, c'était évident.

Nous arrivons bientôt. Dîtes moi ma chère Hélèna, très cher Babka, simple curiosité. Le voyage jusqu'en Outre-Mer mais également à l'intérieur de nos terre, s'est-il bien déroulé ? Rien d'étonnant à ce voyage imprévu ? Les yeux de l'Elfe accusant à présent le sérieux, poursuivant de sa démarche sereine, finirent par se poser sur l'officier Naal qui ne les quittait pas tandis qu'ils approchaient enfin de la salle ciblée. Peut être pourrait-il apprendre quelque chose d'eux à propos d'attaques contre l'Outre-Mer. En réalité l'Elfe désirait savoir si les ambassadeurs étaient par hasard au courant d'attaques perpétrés conte eux...

Il était évident qu'il ne souhaitait pas qu'ils soient mis au courant, cela pourrait les encourager à faire monter les enchères, et leur faire entrevoir des calculs pour le moins risqué, érroné surtout... Même si l'Elfe ne croyait pas à cette thèse après sa rencontre avec la délégation. Il ne voulait cependant pas que d'obscures évènements encore inconnus viennent entacher la discussion et compromettre les chances d'accord optimales. Sans aucun doute gérer cette rencontre et les problèmes de sécurité urgent en même temps feraient augmenter la pression et surtout la tension s'ils ne s'entendaient pas.

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Les questions de Jund quant au déroulement du voyage n'interpelèrent personnes d'autre qu'Hélèna. Elle sentit soudain émanant de l'elfe d'Outre-mer une certaine anxiété, mêlée à une once de curiosité toute naturelle. La comtesse compris très vite la véritable raison de ces questions. Au delà du fait de savoir s'ils avaient fait bon voyage sur les terres qui se trouvaient désormais sous son administration, la véritable question était de savoir si oui ou non les kalamaïens savaient quoi que ce soit d'autre. Comme les troubles mentionnés par De Jolett dans son message, par exemple...
Le sympathique maitre de l'Outre-mer laissa son regard dériver vers le visage sérieux et concentré de Naal.
L'espace d'un instant, Hélèna se demanda comment un outre-îlien pouvait voir un soldat d'élite tel que Naal. Un homme entrainé à tuer par n'importe quel moyen, rompu à toutes -ou presque- les techniques de combat du continent, portant sur lui une armure et des armes non conventionnelles fabriquées spécialement pour le corps auquel il appartenait par les meilleurs forgerons et ingénieurs d'une cité qui malgré sa relativement récente ouverture sur le monde, conservait une part de mystère. Néanmoins, certains signes ne trompaient pas: la posture de Naal, sa démarche, le positionnement de ses mains dans l'espace autour de son corps, tout cela trahissait un rigoureux et solide entrainement militaire. Du moins, pour qui aurait une connaissance et un regard aussi affutés que la comtesse...
Cette pensée ne fit que traverser l'esprit d'Hélèna. Comme le voulait sa charge, son visage n'en avait absolument rien divulgué. Et même si cela l'avait été, la fraction de seconde durant laquelle on aurait pu lire en elle comme dans un livre se serait révélée trop ardue à capter pour le commun des mortels...

-Notre voyage s'est fait sans encombre aucun, Jund. La traversée a été douce, chose somme toute normale en cette saison. Quant au trajet sur les chemins et routes d'Outre-mer, il a été un ravissement pour les yeux.
Un sourire espiègle se dessina sur le visage de la jeune femme. Elle voulait montrer à son hôte qu'elle avait parfaitement saisie le cheminement des ses réflexions:
-Nous avons tout de même reçu un message du capitaine de ma frégate. Peu encourageant serait faible pour le décrire: il faisait état de menaces à l'encontre d'intérêts Outre-îliens. Il recommandait que l'on quitte au plus vite ces terres pour chercher la sécurité en haute mer. Et c'est en ne suivant pas son conseil que nous sommes en votre présence en ce moment même...

Une longue plainte sonore et vibrante déchira l'air.
Le silence se fit instantanément. Même les oiseaux semblaient hésiter à chanter à la suite de ce son lourd de menaces.
Et à la stupéfaction générale, un nombre indéterminable de sons similaires au premier résonnèrent à leur tour avant se taire.

Naal porta instinctivement ses mains à ses armes tout en se mettant dos à dos avec la délégation. Bien que ne dégainant pas, le moindre geste hostile à l'encontre de lui ou des personnes à protéger serait fatal pour celui l'exécutant.

Une trompe d'alarme vibra à son tour, suivie de quelques autres, répondant à l'appel des trompes de guerre. La réponse un peu tardive des gardes de la ville, sans doute pris au dépourvu.
Une attaque contre Roc-Le-Chastel! Qui pouvait bien avoir une telle audace?
Ce ne pouvait définitivement pas être l'Empire: attaquer une place forte d'un telle envergure aurait demandé des navires et des troupes entrainées à cette opération en quantité suffisante. Et la présence de la délégation impériale au coeur même de la citadelle se trouvait être un argument de poids en faveur de cette thèse...
Hélèna fut assez prompte à réagir: par contact mental, elle appela à elle le reste de l'escouade qui attendait encore dans le hall. Il lui suffit juste de contacter le second de Naal, à qui ce dernier avait donné le commandement de l'escouade en son absence, ce qui fut chose aisée ce dernier ayant lui aussi l'habitude des contacts mentaux.
Cela fait, elle en averti Naal par le même procédé. Un léger sourire ajouté à un hochement de tête de l'officier confirma sa compréhension du message.
Puis focalisant ses pensées sur la suite des évènements, elle passa en revue toutes ses possibilités en l'état actuel des choses pour finalement en déduire que le mieux à faire était de s'en remettre là aussi à Jund. Il se trouvait chez lui, pour ainsi dire. L'elfe outre-îlien "jouait" sur son terrain, en connaissant sans doute suffisamment sur ce dernier pour vaincre l'ennemi de la vice-royauté.

-Finalement, De Jolett avait peut être raison... Je l'avais toujours cru peureux, pourtant...
Hélèna foudroya le Sabre des yeux. Son capitaine ne s'était jamais dérobé à son devoir. Et il naviguait pour elle depuis si longtemps...
Lorsqu'elle se retourna brusquement vers Jund dans un balais de tissu blanc, sa toge voletant autour d'elle, ce n'était plus de l'espièglerie ou de la douceur que l'on pouvait lire sur son fin et pâle visage. Ses yeux semblaient avoir gagnés en intensité, pétillant d'intelligence et d'astuce. Ses traits ne marquait plus qu'un calme à peine croyable mêlé à une détermination sans limite.
-Jund, je crois que vous avez la meilleure des réponses que l'on puisse avoir à votre question.

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Jund, je crois que vous avez la meilleure des réponses que l'on puisse avoir à votre question.

L'Elfe silencieux, ailleurs, en perdition, dévisagea la jeune femme longuement, fixement, d'une manière étrange, comme s'il avait perdu le fil, comme s'il n'était plus. Les secondes défilèrent, défilèrent, défilèrent. Il ne réagissait plus, ne parlait plus, n'existait plus, ses traits devenus presques transparents sous la soudaine pâleur effrayante, les couleurs de ces mêmes traits figés aspirés ainsi qu'il arrivait tristement à la mort d'âme d'un corps funestement abandonné, une expression d'incrédulité éternellement fichée sur le visage de l'Elfe. Que nul parmi tous ceux qui assistaient à cette scène ne pourrait jamais oublier. La marque de la trahison, on en reconnaissait toujours ses effets dramatiques sur le comportement humain. La figure d'un homme convaincu, idéaliste, qui avait cru, qui avait espéré, qu'on avait frappé d'un poignard dans le dos, qu'on avait trahi, lui, ceux qu'ils aimaient, et ses idéaux. Immobile, pétrifié, l'esprit au pied du mur, le représentant d'Outre-Mer sombrait comme mortellement atteint.

Au dehors, à l'intérieur, ici et là, dans les salles et couloirs, partout. Nul n'y échappait, le vacarme était terrible, assourdissant. Les appels déchaînés de trompes de la capitale, étaient aussi rauques et dépressifs que les hurlements d'une bête sauvage à l'agonie qui exigeait qu'on l'abatte. Mais le Palatin était peut être le seul qui ne les entendait plus. Cette bête à l'agonie ? Se pouvait-il qu'il s'agisse de l'Outre-Mer ? Une attaque majeur ? Ici à Roc le Chastel, au coeur de leur patrie ? Leur cité insultée, souillée, envahie, sur laquelle des mécréants crachaient impunément ? Il avait promis la paix et la prospérité pourtant. Torture de l'esprit, réminescences douloureuses de promesses envers et pour le peuple. Le doute l'envahit, l'amertume, le remord insinuèrent dans sa bouche un goût de désespoir, d'envie de tout abandonner, de haine. Une voix dans le coeur lui murmurait comme au temps jadis : " Il est des choses que les convictions les plus sincères ne changeront jamais. Et la meurtrissure et la haine entre les hommes en font partie. " Arakasï égaré dans le lointain de ses songes malheureux, entrevit une vision elfique tragique, l'étendard d'Outre-Mer entaché, rougi, entrain de flotter dans un brumeux ciel de cauchemar survolant des montagnes de monceaux de chairs et de squelettes empilés les uns sur les autres. Enfin, imperceptiblement, il reprit vie, tressaillit à l'encontre de cette féroce encontre avec un petit clin d'oeil du futur. Aucun signe ne pouvant cependant déterminer la victoire ou la défaite, la survie ou la mort, seulement entr'apercevoir les effets mortels de son déroulement, affirmer une certitude de tragédies infinies et successives, de haines accumulés.

Le néant, lugubre et désolé, intense fumée envahissante, résidait encore dans l'esprit du malheureux palatin même si le décor se voyait lentement matérialiser devant ses yeux neigeux d'ou provenaient soudain des étincelles d'émotions. Arakasï, transi jusqu'à la moelle des os par la destruction de ses projets, de ses rêves, et la volonté de meurtrissure contre les siens, semblait à cet instant dévoré d'une passion inhabituelle. Etait-ce l'effroi ? Oui probablement. Les songes auxquels il était brutalement livré lui dévoilait des visions terrifiantes pour l'avenir.

Ses muscles fléchirent lentement, son esprit luttant désormais contre la voie de la divagation dans lequel inexorablement, tel un précipice mouvant, il était attiré s'il ne se reprenait, les yeux elfiques dans le vague devenus brutalement acérées, transperçant ses invités de toute part. A nouveau alors, éveillé d'outre-tombe il jeta un rapide coups d'oeil à l'assemblée de ses yeux ternis par une sombre humeur, mais éclatant d'une flamboyance nouvelle surgi des tréfonds de son impérieuse volonté, ayant réussi à dissiper ses sentiments blessés. Après quelques minutes, il disserta enfin.

Sa voix, lointaine et blanche, chargée de toutes les plaies saignantes qu'il avait sur le coeur, il clama à l'adresse de la comtesse :
Hélèna. Pardonnez moi. Pardonnez nous. L'Elfe était intimement convaincu qu'il ne pouvait s'agir de Kalamaï leur ennemi, non seulement ses ambassadeurs étaient entre leur main, mais surtout, les flots du nord avaient été surveillés.La capitale avait sûrement été attaqué d'une autre direction. Il plongea son regard dans celui de la jeune femme, intensément, comme s'il pensait mieux lui faire ressentir ce qu'il souhaitait lui transmettre par ce moyen. Vous voici maintenant exposer au danger, vous, ambassadeurs de Kalamaï, étrangers à nos moeurs, à cette terre et ses affaires, mêlés à un chaos imprescriptible ici en Outre-Mer . [/b]Sachez que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour veiller à votre sécurité, même si je crois que votre escorte s'en tirera très bien sans notre aide, jusqu'à ce que vous puissiez fuir ce pays qui semble être définitivement en état de guerre. Pour le moment j'ai peur qu'il soit vous difficile de quitter l'Outre-Mer dans l'immédiat. Ceux qui vous ont amené par les flôts ont certainement dû avoir quelques problèmes. Et Roc-Le Chastel envahi, la traversée dans les rues sera des plus ardues.

Paupières closes après une courte pause, Arakasï repensa à tous ces cauchemars qui allaient devenir leur quotidien, à l'enfer qu'ils allaient vivre de manière indéterminée. Un colère sourde, s'insinuant en lui, de plus en plus forte, né d' une expression d' amour infinie, intangible pour son peuple, voilà ce qui le sauva du délitement nouveau de ses pensées, qui l'empêcha d'être englouti par les pleurs quant à la perte de la paix qui lui était si chère. Un instant courbé, vieilli par l'acceptation de la vérité, incontestable, résigné au pire, les courbures de son dos finirent par se redresser avec fierté, le palatin refoulant les larmes brûlantes qui affleuraient à ses yeux, une expression de résolution étendu sur son visage. L'heure bien trop grave ne se prêtait pas ou plus aux lamentations mais à l'action S'il voulait protéger l'Outre-Mer, la relever, et l'engager de nouveau dans le combat malgré ses épris de paix; les griffes cette fois-ci sortis non plus contre les anciens tyrans, mais ceux qui avaient marqué à jamais ce jour du sceau de la traîtrise infâme. L'esprit du rôdeur, faisait enfin son chemin dans son esprit, remplacé par celui du pacifiste vaincu.

A cette seule pensée que son peuple encore une fois aurait à souffrir, à se battre pour sa survie, une colérique pulsasion s'empara de Jund, ses jointures à ses mains soudain serrées dangereusement devenus blanches. La haine, furieuse, palpable, déforma quelque instants et pleinement sa figure avant de disparaître immédiatement. Ils paieraient, en temps et en heure. Cette menace qui avait frappé avait réveillé un monstre endormi, leur seule chance était de l'achever pendant qu'il était encore à genoux. Mais il comptait bien ne pas leur laisser cette occasion.

Son visage durci, une froideur s'étant emparé de son visage doux et lisse, un seul de ses sourcils se souleva quand il interpella le garde qui les précédait, et portait également les armes du seigneur Babka :


Garde, rendez immédiatement les armes au seigneur Babka Irvin. Il se pourrait qu'il en ait besoin.
Déterminée, sans concession, l'ordre exigeait une rapidité d'exécution, que le soldat s'empressa d'obéir, en s'approchant à grand pas de l'autre elfe de kalamaï, en lui tendant ses armes, puis en s'inclinant. Arakasï revint sur ses deux interlocuteurs. Mes amis, qu'importe cette guerre et le futur qu'elle nous réserve. Je le jure, l'Outre-Mer, est, sera ! Ethel yana lenaël ! Je vous enjoins maintenant à me suivre, je m'en vais retrouver mes Généraux et Conseillers au plus vite. Notre rencontre sera celui du frémissement de notre futur embrasement au grand malheur de nos ennemis inconnus. Le Palatin, son aura devenu orageuse, avait cessé toute volonté de discussion et s'engageait déjà à grand pas dans un chemin dont seul lui connaissait la destination.

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C'est le regard d'un homme blessé qui fixa celui décidé de la comtesse. Un homme profondément blessé, dans son coeur comme dans son âme. Le contact mental se fit par inadvertance, sans qu'Hélèna ne le perçoive, alors qu'il continuait de la dévisager avec insistance. Et ce qu'elle vit alors lui glaça le sang. Ou du moins l'aurait dut s'il n'avait déjà était de glace. Tout ce que l'esprit déchiré de l'elfe d'Outre-mer ressenti, tout ce qu'il vit ou entendit, tout cela Hélèna le perçu aussi, à peine atténué...
La vision de l'étendard sur l'empilement de cadavres, le froid l'envahissant comme si la vie le quittait prématurément...

C'est alors que l'ald'rhunaise vit ce que cachait le palatin d'Outre-mer au plus profond de son coeur. Ce qui l'avait motivé à se présenter aux élections, ce qui l'avait incité à se mettre au service de son pays, au delà de son propre peuple. La raison pour laquelle les chemins de ce monde ne résonnaient plus de ses pas.
Il s'agissait de la même chose que ce qui l'avait poussée elle même à se présenter au palatinat de Méthone.
L'ardent désir de voir restaurée la splendeur, la puissance et la magnificence de son pays en assurant le bien être et la sécurité de ses habitants. Se sacrifier pour le bien commun. Un dévouement sans failles le liait à son peuple. S'il pouvait mourir pour l'empêcher de connaitre une fois de plus les affres de la guerre, il l'aurait fait sur l'instant. Et c'est de sa propre main encore qu'il serait passé de vie à trépas...
Hélèna ne comprenait que trop bien ce sentiment de trahison qu'éprouvait son homologue outre-îlien en cet instant précis. Et elle savait aussi que si cela se produisait à Ald'Rhune ou en Prévèze, elle n'aurait de cesse que de massacrer les instigateurs d'une telle infamie jusqu'au dernier. Même si pour ce faire elle devait endurer mille morts...

Puis,soudain, contre toute attente, la douleur de Jund laissa place à...autre chose. De la haine, de la colère... Hélèna ne put discerner avec précision ce dont il pouvait s'agir. Mais c'était bon signe: l'outre-îlien reprenait le dessus, un moment malmené par l'explosion de ses convictions et l'effondrement temporaire de sa volonté.
Et tout aussi soudainement, il reprit conscience du monde l'entourant.

Lorsque Jund se tourna vers celle qu'il avait jusque là considérée comme une adversaire de taille dans les futures négociations entre l'Empire et l'Outre-mer, c'est avec une intensité, une telle profondeur du regard qu'il la fixa. Hélèna sentit son esprit se rapprocher encore de celui de l'elfe, frôlant ses blessures de si près qu'elle les sentait à son tour. Elle cru entrapercevoir l'espace d'un instant l'essence même de son âme, avant qu'elle ne disparaisse dans le maelström incessant qu'était devenu l'esprit de l'elfe outre-îlien. Le flot d'émotions d'une telle puissance faillit la submerger à son tour, si elle n'avait levée ses barrières à temps...

-Hélèna. Pardonnez moi. Pardonnez nous...

Le contact mental se desserra lorsque les paroles de Jund s'asséchèrent sur ses lèvres.
La jeune femme ne dit mot, restant comme hypnotisée par cette expérience aussi vivante qu'incroyablement intense. Ce n'est qu'au bout d'une paire de minutes qu'elle prit conscience de la situation.
Cet elfe qu'elle ne connaissait que depuis moins d'une heure lui avait ouvert son âme. Accidentellement ou non, cela n'avait pas d'importance...
Et c'est ce qui la décida à dévoiler l'un de ses plus grands secrets à cet être encore inconnu et pourtant maintenant si familier.
Jund venait de l'enjoindre à le suivre dans le but de rejoindre les principaux dignitaires de la Vice-Royauté. Le moment paraissait propice.

Rassemblant sa puissance mentale, Hélèna renforça le lien les unissant encore. Et se concentrant, elle fit défiler dans son esprit une série de visions pleines d'espoir.
Des troupes en rangs parfaits avançant l'arme haute vers leurs ennemis dans un soleil éclatant se réfléchissant sur leurs armures étincelantes. La bannière d'Outre-mer flottait au vent du mâtin, auréolé de cet or céleste.
Des sons de corps clairs résonnant sur Roc-le-Chastel alors que les couleurs de la Vice-Royauté flottaient, sous l'action de quelques porte-étendards agitant leurs oriflammes sur les toits de la capitale.
Des navires en formation coulant inlassablement leurs ennemis aux voiles noires, les écrasant d'une multitude de traits de toutes sortes et de toutes tailles. Ces navires, d'une beauté sans pareil, passaient pour invincibles aux pirates battant en retraite devant une telle armada. Les couleurs de la Flotte Ald'Rhunaise surplombaient cette puissante escadre, aux côtés du drapeau outre-îlien...

A travers toutes ces images, Hélèna exprima mieux que les mots ne peuvent le faire la force de l'empathie qu'elle éprouvait à son encontre. Elle y instilla tout son soutien, toute sa douceur, imprimant de ses sentiments les plus sincères chaque fraction de seconde que durèrent ces visions.
L'elfe parut surpris de cette intrusion pourtant d'une délicatesse infinie.
Il le fut encore plus lorsqu'il prit conscience de ce qui lui arrivait vraiment, balayant d'un vent d'espoir et de confiance ses sombres pensées.
¤Vous savez, dorénavant. Je vous en prie, gardez ce savoir pour vous...¤
La voix d'Hélèna résonna un moment dans sa tête, empreinte de tendresse et de sérénité, rassurante. Aussi sereine qu'elle pouvait être, l'elfe pu y sentir de la fragilité, derrière la puissante muraille de la volonté de la jeune femme...

-Vous n'êtes pas seul, Jund.
La voix émanait cette fois de la bouche de sa propriétaire. Mais elle ne s'était pas départie pour autant de sa gentillesse et de son calme. Toutefois, ce qui aurait pu être pris pour une faiblesse lors du contact mental n'eut pas sa place dans les propos audibles de la comtesse. La muraille de sa volonté ne laissa rien filtrer...

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Les soldats de l'escouade Delta débouchèrent du détour d'un couloir, rejoignant le groupe en courant, leurs mains sur le(s) manche(s) de leurs armes respectives. Un geste complexe -quoique fort court- de la main de Naal suffit à les mettre en position défensive autour du petit lot de hauts dignitaires.
Nul doute que ces soldats pouvaient prouver leur valeur dans ce genre de situation où la quantité s'effondre face à la qualité et à la furtivité.
A présent réunie, la délégation et son escorte pouvait suivre le maitre de l'Outre-mer là où il jugerait leur sécurité le moins en péril...

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Tout ce passa si vite, en quelques instants, alors que nous étions sur le point de prendre part à des discussion concernant l'avenir de nos deux nations, les choses changèrent.

Des cris d'alarmes, un vacarme étonnant ... le son de la guerre, de la destruction, de la souffrance. Un son que je connaissais que trop bien et que je ne voulais pas entendre de sitôt. Avant même que je n'ai compris exactement ce qui se passait, Arakasï demandait à ce que mes armes me soient rendu. Prenant entre mes mains l'étui en cuir contenant les quatre dagues, je ressenti une sensation étrange, comme si les lames reconnaissaient la nature de l'envahisseur. Me rappelant ainsi qu'un infernal en avait été le donateur, personnage que je n'avais jamais revu et ne me permettant pas d'obtenir la cinquième lame complétant l'ensemble. L'heure n'était pas au regret mais à l'acte.

Les Sabres prirent en charge notre sécurité tandis que Jund nous guidais parmi les couloirs afin de nous mettre en lieu sûr. Me déplaçant à la droite de la Comtesse, je lui glissa quelques mots en toute sérénité qu'entendrait sûrement Arakasï mais cela importait peu car l'instant n'était pas au cachoteries mais bien à l'entraide et la survie.


Hélèna, je n'ai nul doute que vos navires ont pris le large à temps vu leurs capacités de déplacements. Si nous pouvions les contacter, il serait primordial de transmettre une missive à nos intendant en Prévèze et Maon. Tout d'abord pour affirmer que nous sommes en vie avant que l'Empire ne s'émoustille si des fausses rumeurs venaient qu'à circuler jusqu'à l'Empereur sur la situation ici mais aussi pour préparer l'offensive grâce à nos armées respectives. Nous savons tout les deux que nous représentons à nous seul une bonne part de la puissance de Kalamaï si l'on fait abstraction de ce qui reste de la milice impériale.

Sommes-nous en mesure de leur créer le même effets de surprise ? Vos navires rapides et la précision de l'élite archère d'Helcar serait sans nul doute une combinaison profitable. Vos ingénieurs n'aurait qu'à indiquer les points faibles des navires adversaires pour que mes elfes effectuent les dégâts. Je sais que nous ne pouvons faire cela à l'aveugle sans rien savoir de ce qui se trouve dehors, bien qu'un doute me vient à l'esprit sur leur nature, mais il nous faut déjà penser à nos possibilités.


Les couloirs se succédaient, comme tout grand bâtiment, il était pourvu de zones multiples, chacune dévouées à une fonction particulière. Un véritable labyrinthe pour le novice des lieux mais un atout précieux pour celui qui le connait. Allions-nous vers une sortie ou vers une pièce ? Nous le saurions bientôt.

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Babka avait puissamment résonné.
Si jamais l'Empire apprenait la situation en Outre-mer -et il l'apprendrait tôt ou tard-, il était tout à fait possible qu'il bouge ciel et terre pour ramener en sécurité les deux éminents personnages qu'ils étaient.
Et comme il venait de lui glisser, Prévèze et Maon concentraient à l'heure actuelle une bonne part de la puissance impériale... L'Empereur ne prendrait pas le risque de voir disparaitre deux de ses plus importants et fidèles collaborateurs...
Aussi remuerait-il ciel et terre pour les faire revenir sains et saufs en Kalamaï, soupçonnant probablement les Outre-Îliens. Ce qui risquerait de dégrader encore les relations entre les deux puissantes nations, au profit des vrais ennemis, les pirates. Il fallait rendre compte de la situation réelle avant que cela ne soit déjà fait. Mais quel serait le meilleur moyen d'envoyer un message à Kalamaï? Un pigeon voyageur, ou un albatros domestiqué, sans aucun doute. Mais il faudrait pour ça qu'il existe une volière encore sous contrôle outre-îlien.
La situation était somme toute très simple: si De Jolett avait réussi à échapper à ce guêpier, il avait très surement envoyé un rapport à Ald'Rhune. Et ce rapport serait ensuite transmis à la capitale impériale, où tous apprendrait la situation en Outre-mer officiellement. Mais comment connaitre la réaction de l'Empereur lorsqu'il apprendra que Babka et elle se trouvaient coincés sur un territoire somme toute hostile à Kalamaï?
La réaction serait rapide, assurément, et consisterait en l'envoi de troupes pour la sécurité des deux ambassadeurs, chose qu'il fallait éviter à tout prix.
Les troupes de secours, s'il devait y en avoir, ne devaient avoir pour mission l'extraction des ambassadeurs et autres ressortissants Kalamaïens. Cela reviendrait à définitivement condamner l'Outre-mer. Et si cela était le but de l'Empereur et du Sénat, alors la comtesse s'y opposerait.

Non, les troupes de secours ne devaient venir que pour appuyer les anciens ennemis de l'Empire. "Parfois, les pires ennemis font les meilleurs alliés", avait dit un jour un jardinier à une jeune fille, voila bientôt 55 années, dans les luxuriants jardins du Palais d'Ald'Rhune. Un fugace élan de nostalgie traversa Hélèna, passant tel un souffle de vent. Elle avait bien appris la leçon, depuis. Et le jardinier se faisait vieux alors que le temps n'avait plus d'emprise sur elle depuis longtemps...

Viendrait ensuite la question de savoir comment répartir les troupes. Ce serait le travail des stratèges, pas d'une ambassadrice. Mais une chose était sûre: les navires de guerre seraient une clef de la victoire. Et actuellement, peu de flottes pouvaient espérer vaincre une armada comme celle qui s'était abattue sur l'infortunée pays. Mais les navires de la Flotte d'Ald'Rhune répondraient présent. Il ne faisait aucun doute que ses concitoyens n'hésiteraient pas une seconde à venir la chercher.
Le Basileus ne le lui avait pas dit clairement lors de leur départ, mais le ton employé indiquait une importance accrue de sa personne, pour une raison qu'elle ignorait. Cela ne l'avait pas marquée de prime abord. Mais maintenant qu'elle y pensait...
Elle aurait sa réponse de retour à Ald'Rhune.

-Vous avez raison, Babka, il nous faut contacter l'Empire par n'importe quel moyen. Je propose que l'on envoi un message en direction des nos navires et un autre vers Kalamaï. Méthone saura faire remonter le tout vers qui de droit. Il nous manque juste les messagers capables de faire le trajet Outre-mer/Kalamaï et retrouver trois navires qui doivent se trouver au large, quelque part derrière l'horizon, hors de portée de nos agresseurs.
Je propose que nous demandions à notre hôte si de tels serviteurs ailés sont disponibles pour remplir ces tâches lorsque nous atteindrons la salle du Conclave.

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Hrp : J'avais prévu de faire basculer mon elfe dans le côté obscur, mais il a malheureusement été sauvé ! Tanpis ! Retour à Roc-le-Chastel Icon_biggrin

Une rencontre dans les ténèbres, un entretien dans le chaos de son esprit, ces yeux pâles appartenaient à ceux d'une jeune femme inconnue. Elle s'appelait Hélena. Le nom, la provenance n'avaient plus d'importance car à ce moment ils n'étaient plus qu'un au sein d'un même corps, à la tangente d'une âme en perdition. En ce jour noir pour l'Outre-Mer connu de funeste mémoire, de ces mêmes yeux compatissants, la lumière jaillit et l'elfe qui sombrait, égaré sur le chemin de l'obscurité, guidé à merveille par cette présence impromptue, sut retrouver la voie de l'espoir. Alors les flammes de sa volonté durant cette guerre totale s'embrasèrent pour ne plus jamais s'atténuer.


Frisson d'étonnement, bref éclair de saisissement. Le temps s'était comme suspendu. Une sensation merveilleuse, absolue, une présence extérieure enserrait l'elfe, protégeait son esprit, enveloppait son coeur meurtri. Le contact féminin, rassurant, doux et tendre fit parcourir en lui et sur sa peau devenu brûlante un frisson extraordinaire. Son coeur se mit à battre la chamade, son cerveau atteint par le désenchantement, le désespoir, vint à lui réclamer, affamé, une étreinte de plus en plus forte, à lui exiger qu'elle le réconforte éternellement, le sauve de cette souffrance insupportable, presque mortelle qui l'assaillait. Soulevé par cette promixuité intérieure, spirituelle et mentale, l'elfe hagard, complètement liquéfié par cette expérience unique, brutale, tourna son regard chargé d'un torrent d'émotions bouleversées, sur la comtesse d'Ald'hune pendant qu'ils empruntaient côte à côte une voie qui n'avait plus d'importance à cet instant. Tout avait disparu, il n'y avait plus qu'eux et cette sensibilité presque irréelle, une empathie puissante, inexpliquée, qui leur permit de se voir, et savoir, au delà d'une profondeur connue, jamais atteinte au coeur des âmes, jusque dans l'intangible, jusque dans l'immatériel..
.

Vous n'êtes pas seul, Jund.
finit telle, ces derniers mots hors de la pensée cette fois, s'étouffant sur le sourire de ses lèvres attendris. Estomaqué, effaré l'Elfe ne dit mot... Puis il sourit de la manière dont cette femme stupéfiante, étonnante était apparu aussi brusquement qu'une tornade dans la noirceur envahissante de ses pensées, et l'avait arraché aux ténèbres dans un tourbillon d'image réconfortantes, poussée par une force d'élan solidaire, inébranlable à son égard, indifférente à leur premier contact. Comme s'ils étaient familiers, avaient été proches. La force et l'intensité avec laquelle elle n'avait pas hésité à frapper, en était la preuve certaine. Jamais il n'oublierait. Un silence songeur domina les alentours pendant que pourtant pendant ce temps les esprits en contact se frôlaient et se touchaient encore, s'apprivoisant petit à petit dans leur exaltante découverte. Par ces seules paroles prononcés, Arakasï lui fit état de son entière confiance et la réitéra d'innombrables fois au contact mentale qui lui parlait, lui murmurait des choses, lui montrait des images. Jund considéra désormais Hélèna Ianoss comme une des leurs, mesurant aussi l'attrait qu'elle exerçait depuis le début sur lui depuis leur première approche, devenu intense à présent.

Pour la première fois depuis plusieurs dizaines d'années de sa vie d'immortelle, Arakasï sentit son coeur et son âme rougir de plaisir et prendre une teinte de timidité même si heureusement son visage demeurait de marbre. Seuls ses yeux emplis d'une fièvre incandescente, d'une ardeur inexpunable parlaient, brûlaient d'un feu attisé par le réveil de l'esprit. Les lèvres de l'elfe closes, ce fut son coeur qui répondit allègrement dans la pensée :


* Non je ne suis plus seul en effet. Car un joli papillon couleur arc-en-ciel est venu frappé au verre de ma fenêtre close, mon être enfermé dans la noirceur de mes pensées, appelé désormais à l'ivresse de sa compagnie au coeur de ses tourments devenus sans effets. J'aime la façon surprenante que vous avez, de prodiguer soins et réconfort, Hélèna. Grâce à vous, d'exquises images de victoires, nos armées côte à côte sur le champs de bataille, couvrent mes songes. Nous ne perdrons pas cette guerre. Le doute n'est plus, les regrets se sont évanouis, les idéaux préservées, lesquelles sans vous auraient peut être été corrompues. Merci Hélèna, vous êtes l'astre de lumière qui aura dispersé les ténèbres insinués dans mon esprit fragilisé aujourd'hui. Mon rayon de soleil au coeur de la nuit. Votre secret ne sera jamais trahi, je vous le jure. Andèunë fëa mellessë
. *


Suite à ces mots sincères, il affectionna sans plus hésiter un air reconnaissant, presque rieur, les prunelles de ses yeux traversés d'un éclair de volonté intarissable tandis qu'il s'avançait avec bien plus d'énergie qu'auparavant sans même qu'il ne se rende vraiment compte. Plus loin, le couloir final apparaissait enfin, de nombreux gardes en faction.

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