Le Monde de Kalamaï
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Ils sont enfin de retour... A Eryope. Clémentine et Pryscille à pied devant, visiblement attachées à l'étalon blanc qu'elles tirent aux moyens des rennes entre leur mains nonchalantes , Syv derrière et rarement aussi rayonnant, main dans la main avec Méhe dont les mains ont cessé de saigner grâce aux soins mineurs de la barde. Tous, le regard affectueux et le souffle haletant peuvent désormais contempler, non sans ravissement le petit bourg, magnifique, si attendrissant, encore endormi en dessous de l'orée du levant aux couleurs vermeille, s'étendre à perte de vue devant leur yeux rieurs, éperdus d'admiration. Ils sont arrivés, se tenant là incontinent, devant leur destination attendue, impatiente de les accueillir et qui pointe chaleureusement à l'horizon au loin, derrière une pancarte signfiiant l'entrée dans le royaume, à côté de laquelle veillent plusieurs gardes.
 
Eryope. Ainsi,voici venu la fin de notre périple. Méhe, bienvenue chez toi.
Annonçe Syv d'un ton plutôt soucieux qui prestamment se tourne vers ses compagnons, évaluant chacun de son regard d'ébène, perçant l'espace et la chair de manière si affûtée. Un froncement de sourcil vient également accompagner ce soudain changement de ton. Le jeune homme voit pourtant son rêve se réaliser, tel que se perdre dans l'immensité et la beauté de la terre de son aimée, y respirer son air et sa joie de vivre, à ses côtés, main dans la main. Mais il sait qu'un point manque à son bonheur complet et que les témoins que fussenr Clémentine et Pryscille, des personnes à présent devenues chers à ses yeux, ont jusque là empêché dans un voyage sinistre il est vrai peu favorable à quelques attentions intimes.

Et la suite des évènements ne préfigure certainement pas d'une possiblité de se rattraper rapidement de ce manque d'opportunités. En homme, en seigneur d'expérience, le jeune ténébreux sait que sa princesse va se voir enlevée à son insu dès son arrivée, dès lors qu'on verra pointer le bout de son nez, immédiatement cajolée, questionnée, étouffée de toute part, et par ses proches, et par son peuple et sa garde. En permanence, de manière incessante, sans aucune considération pour ses états d'âmes. Perspective peu enchante pour Syv qui désire plus que tout profiter de ces retrouvailles heureuses afin de se révéler. Sa décision étantfinalement prise à la suite d'une réflexion intense et rapide, sa réaction est immédiate, admirable, comme en reflet à l'audace futur et sa présente détermination. Sa main chaude presse la main de Méhe en signe de crispation de ses pensées, d'inquiétude manifeste au vu de ce qu'il s'aprête à dire, et il hèle Clémentine et Pryscille à l'avant d'un ton devenu rauque.

Veuillez nous excuser un instant les filles. J'ai quelques mots à signifier à Méhe avant d'aller plus loin.
Et sans attendre une réponse de leur part, mais devinant leur pensées secrètes et leur sourire à son dos, il attire Méhe de manière décidée à sa suite et leur pas empressés, les menènt tout droit derrière un grand chêne vigoureux et centenaire, à l'abri des regards indiscrets. Le silence est maître tandis qu'ils s'arrêtent et s'attendent l'un l'autre. Le souffle de Syv s'accélère et se mêle de peur, d'appréhension et de joie d'en finir une fois pour toute avec ce qui lui pèse depuis si longtemps qu'il a rencontré cette jeune femme. L'intimité tant requise est là, les conditions optimales. Alors ses yeux s'emplissent de fièvre et de passion, perdus qu'ils sont dans ceux, candides, de l'élue de son coeur. Il la contemple et la contemple encore et encore. Contemplation pouvant durer une éternité sans que rien ne l'en empêche, ne l'arrête, ni le temps ni la mortalité. Puis un frisson électrise ses épaules, son dos et son cou, pendant que s'affaire son esprit irradié. Elle se tient là devant lui à présent, attentive à ce qui va surgir de ses lèvres pleines. Il l'a retrouvée, son étoile dans l'obscurité, son point d'équilibre. La femme de sa vie.

N'ayant plus rien à perdre, il s'aprête ainsi à jouer le tout pour le tout. D'une évidence brutale, des vagues d'émotions déferlent en lui. Tant impétueux, telllement fier et pourtant si vulnérable à cet instant. Quel surprise que la sienne. Et quel est ce sentiment si étrange qu'il sent, surgi des profondeur de son être remonter si puissamment en lui. Devant l'ancienne palatine et à présent représentante de l'Outre-Mer, parée de ses naturels atours innocents, inconsciente du pouvoir en sa possession, il décide de se mettre à nu, de se soumettre à regard, à son jugement ert à celui de son coeur, comme jamais il ne l'a fait auparavant. Ce qu'il a à lui signifier ? Manière très simple, et sans préambule, de lui clamer enfin.

Méhe, je t'aime.

Comme enhardi par ces simples mots, Syv ses mains toujours dans les siennes, l'attire doucement à lui et son visage s'abaisse vers le sien. Et apposant ses lèvres sur les siennes, de façon tendre et passionné il lui témoigne l'étendu de tout ce qu'il ressent à son égard et qu'il ne peut plus contrôler, restreindre, s'attelant de même manière d'une fougue non feinte à lui transmettre la vision de cette force apocalyptique qui agit tant sur ses sens. Et l'âtre finalement apaisé, il s'écarte d'un souffle et la serre très fort dans ses bras.

Les mots ne sortent plus, il n'y peut s'y résoudre. .. Pauvreté dérisoire d'un langage oratoire quand celui du corps, exigeant, passionné a déjà parlé. L'amour clandestin, Syv n'en peut plus, n'en veut plus, n'a plus la force de le supporter, avide qu'il est de révélations diverses, de sentiments partagés, de connaissance mutuelles, d'approfondissement amoureux de contacts. Et conscient qu'il doit faire face, il croise à nouveau le regard de Méhe. Désormais elle est de retour chez elle, il est de retour chez elle. Son séjour là-bas allait se voir décider de ce moment d'intimité.

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L'elfe en avait assez entendu. Il n'était resté que trois jours dans cette auberge, et il avait déja marre de toute cette agitation, de tout ces cris, de tout ces hommes soûls. Il poussa un soupir en songeant à la tranquillité de sa forêt, paya ce qu'il devait au gros aubergiste, et s'en alla. Il savait maintenant grâce à son écoute la quasi-totalité des évenements importants qui s'était déroulés pendant son absence. En sortant, il inspira profondement, il ne supportait pas être confiné dans une pièce. Irkos siffla brièvement, et ses deux faucons revinrent en poussant de petits cris. Le troisième de ses rapaces devait être sur le chemin du retour maintenant.

Il devait maintenant se rendre chez Mehe, pour lui annoncer la triste nouvelle. Il retourna auparavant dans sa forêt, pour récuperer sa monture, Caranian, un magnifique pur-sang. Il comptait rester une heure dans les bois, mais il y resta finalement une journée et dormit chez lui. Après avoir vérifié que son cheval était en pleine forme, il le fit galoper dans sa forêt, puis dans le chemin menant à Roc le Chastel. La bête n'avait rien perdu de sa superbe, et l'elfe en fut agréablement surpris. Il rentra dans la capitale au petit trot, et demandait à qui le savait où se trouvait le royaume d'Eryope. En effet, la Reyne Mehe ne siégeait jamais au palais d'après les dires des Natifs.

Après une appréciable ballade à cheval, ponctué par les cris et les piaillements de ses faucons, Irkos arriva enfin à destination. Enfin, il était juste au panneau indiquant qu'il se situait à Eryope. A côté de celui-ci se trouvait une fillette, une jeune femme, et plusieurs gardes. Il sauta habilement de sa monture, et se dirigea vers un des garde. Celui-ci regardait tantôt le visage impassible de l'elfe, tantôt les deux épées qu'il portait à la taille. Irkos finit par se presenter:

- Bien le bonjour, garde. Je suis le Centurion Irkos, et je viens en cette jolie contrée pour rencontrer la Reyne Mehe, dans l'intention de lui transmettre une information importante. Auriez-vous l'obligeance de me conduite jusqu'à elle?

L'elfe avait adopté un ton poli et aimable au début, mais avait fini sa demande par une petite pointe d'arrogance. Il ésperait que l'homme ne lui causerait pas de soucis.

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La princesse Méhe était de retour chez elle. De retour dans son village natal, le village qui l’avait vu grandir et devenir l’adolescente qu’elle était encore malgré les responsabilités qui la firent mûrir plus rapidement qu’elle ne l’aurait souhaité. Eryope, ce nom pourtant banal sonnait comme une magnifique mélodie à ses oreilles. Voir au loin les humbles bâtisses qui se dessinaient dans la brume matinale lui fit venir quelques larmes et un sourire radieux. Eryope, Eryope, Eryope, enfin…

Quand elle aperçut l’entrée du royaume, elle voulut courir pour retrouver au plus vite ses proches mais elle fut retenue dans son élan par Syv qui lui serra la main un peu plus fort. Il semblait nerveux et mal à l’aise. Cette attitude n’était pas ce qu’il dégageait habituellement, lui qui semblait si sûr de lui et si déterminé. Un peu surprise, elle se laissa tout de même emmenée à l’écart du groupe. Le jeune homme l’entraîna derrière un grand chêne, à l’abri du regard des deux jeunes filles Pryscille et Clémentine.

Les deux jeunes gens muets restèrent de longs moments à s’observer, à guetter un geste, un regard confiant, capable de donner un peu de courage pour la suite des événements. C’est finalement Syv qui se lança.
« Méhe, je t'aime. » La princesse n’eut pas le temps de répondre quoi que ce soit qu’il l’attira à lui et l’embrassa pour lui signifier tous ses sentiments. Surprise mais soulagée de ne pas avoir eu à faire le premier pas, elle se laissa envahir par le plaisir de cet instant partagé. Le baiser qui lui sembla trop court l’emplit pourtant de bonheur et cet état extatique se poursuivit quand il l’enlaça et la serra tout contre lui. Un peu maladroite et peu habituée à ce genre d’effusion, elle apprécia tout de même cette étreinte passionnée. Bientôt, bien trop tôt à son goût, ils se séparèrent. Il était temps de retrouver le petit groupe de voyageurs et de rentrer au bercail pour retrouver ses proches et en particulier sa mère qui lui avait tant manqué. Le regard de Syv croisa celui de Méhe, un regard attentif mais également attentiste d’une réponse de la jeune fille. Celle-ci sentait bien qu’il attendait un retour, quelques mots, trois mots. « Je, je t’… Nous devrions retourner là-bas… », fit-elle finalement. Elle ne put se résoudre à dire les mots qu’il attendait mais elle espérait tout de même qu’il avait compris.

Main dans la main, les deux jeunes gens retournèrent là où ils avaient laissé le petit groupe. Ils furent accueillis par les deux jeunes filles qui arboraient de larges sourires approbateurs. Mais un autre individu était également là, un elfe qui semblait deviser avec le garde qui veillait sur l’entrée du royaume d’Eryope.
« Princesse, princesse, voici le Centurion Irkos qui… » Et il n’eut pas le temps de répondre que Méhe se précipita vers le nouveau venu. « Irkos, Irkos, mon frère d’armes, enfin nous nous rencontrons. Quelle joie ! », fit-elle effectivement très émue. « Quelle joie et quelle heureuse surprise ! Que me vaut cette visite si inattendue mais si joyeuse ? Non, ne répondez pas tout de suite. Entrons plutôt dans le village et allons nous restaurer et discutailler autour d’un bon repas, j’ai une faim de louve ! » Elle laissa le Centurion confier ses armes au garde puisque, par tradition, les armes sont interdites dans les murs d’Eryope. Elle prit la tête de la troupe et guida ses hôtes dans son royaume retrouvé.

La nouvelle du retour de la princesse Méhe avait vite fait le tour de la petite bourgade et, spontanément, les jeunes, les vieux, les pauvres, les riches, tout Eryope sortit des maisonnettes malgré l’heure très matinale et forma comme une haie d’honneur. Ainsi la marche vers la bâtisse royale fut plus longue que prévue. Au bout du chemin, le petit groupe aperçut une présence différente, moins excessive dans ses acclamations, mais bien plus heureuse de retrouver Méhe. Cette présence n’était autre que Mélopée. Comme à son habitude, la reine-mère semblait impassible et ne fit qu’un petit geste de la tête à sa fille quand celle-ci fut à quelques pas d’elle.
« Bon retour princesse, bon retour ma fille… » Elle devait se montrer digne de son rang et c’est pourquoi elle restait impassible. Mais à l’intérieur d’elle-même, elle mourrait d’envie de briser ce cérémonial et de se jeter dans les bras de sa fille chérie et de l’embrasser, de la serrer fort. Elle attendait avec impatience le moment où elle pourrait se trouver seule avec elle et se laisser aller à des gestes significatifs de joie et d’amour maternel.

Après cet accueil chaleureux, la troupe fut invitée à rejoindre la salle à manger pour partager un copieux repas. Mélopée, Clémentine, Pryscille, Syv, Irkos et Méhe… sans oublier le timide Ga’al qui était fou de joie de retrouver sa protégée.


« Cher Irkos, quelle est l’importante nouvelle qui vous a fait quitter votre forêt ? J’espère que ce n’est rien de grave… »

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A peine eut-il énoncé sa requête au garde, qu'une jeune femme, certainement Mehe, arriva main dans la main avec un inconnu. Celui-ci lui rappelait étrangement quelqu'un, mais Irkos n'eut pas le temps de se souvenir que Méhe se précipita vers lui, visiblement émue de le voir pour la première fois. Elle semblait si heureuse, si épanoui, qu'Irkos n'osa pas aborder la raison de sa venue. De toute manière, elle ne lui laissa pas le temps d'en placer une. Enfin, lorsqu'elle eut fini, il répondit respectueusement:

- Je suis aussi enchanté de vous voir enfin, Reyne Mehe. Vous rencontrer me procure une grande joie et un immense honneur.

Il voulut ajouter 'sœur d'armes', mais il se souvint que d'après les dires, la jeune femme était plutôt pacifiste. Et il ne trouva rien d'autre à dire, car malgré la joie qu'il avait de la rencontrer, le but de sa visite continuait de le hanter, mais il ne jugea pas utile d'en parler pour le moment, il trouverait une autre occasion. Il déposa ses précieuse lames, attacha sa monture vers un endroit couvert d'herbe, et fit signe à ses rapaces de la suivre. Puis Mehe les conduit dans les murs de sa cité, lui, l'homme qui devait être son compagnon, et les deux jeunes filles qui étaient déjà présente à son arrivée. Une foule de gens acclamait leur princesse, et cette masse de personnes qui les collaient déstabilisait Irkos, qui étant sorti depuis peu d'un long exil dans sa forêt n'était plus habitué à tout ça. Puis vint le moment où une femme se démarqua des autre habitants. Il s'agissait de la mère de Méhe, mais vu le peu de chaleur avec lequel elle accueillit sa fille, on pouvait en douter. Leur retrouvaille était d'une froideur, digne de retrouvaille elfique pensa Irkos. Mais il pouvait sentir chez les deux femmes une bouillante envie de se donner des signes d'amour supplémentaire, mais un motif qui échappait à l'elfe les empêchaient. Ceci le ramena au souvenir amer de sa jeunesse, il se demandait comment sa mère l'accueillerait dans de pareilles circonstances, ou si son père était fier de lui là où il se trouve maintenant... Le reste du trajet jusqu'au palais passa rapidement, l'elfe étant perdu dans de sombres pensées. Il sortit néanmoins de sa torpeur en voyant ses faucons voler gaiement autour de lui.
Ils arrivèrent enfin dans une grande salle, où était disposée sur une table plusieurs plats qui devaient être succulent. Tout les convives s'attablèrent dans la bonne humeur, même l'elfe arborait un sourire de façade. Les mets proposés avaient certes l'air délicieux, mais l'elfe n'avait pas l'appétit, surtout pour de la viande. Il en donna discrètement à ses rapaces, puis se servit une assiette de fruits, pour la forme. Tout le monde parlaient gaiement et échangeai des propos joyeux, jusqu'à ce que Méhe lui pose la question fatidique:

« Cher Irkos, quelle est l’importante nouvelle qui vous a fait quitter votre forêt ? J’espère que ce n’est rien de grave… »

L'attention se reporta sur lui, les invités s'intéressant eux aussi à la raison de son inattendue venue. Irkos se leva, prit une grande bouffée d'air, puis se lança:

- Je crains que je vais gâcher votre retour dans votre royaume, Méhe... Je ne sais pas comment m'y prendre, tant ce que je dois vous annoncer est terrible. Par conséquent, je n'irais pas par quatre chemins: Tilk Nosferan m'est apparu en songe, il y a moins d'une semaine. Ce jour là, il me parla d'une chose que je ne pouvais croire, il était mort. Empoisonné je crois, je ne sais plus bien, mon esprit était confus. Mais avant de partir définitivement, il me transmit un message à remettre à chacun de ses Centurions. Et à toi aussi. Je ne pourrai te résumer ce qu'il voulait te dire, aussi je vais te redire les mots exacts qu'il a prononcé:
A Méhe ma favorite, ma petite princesse si insouciante qui de sa seule présence a su m'épargner les plus grands doutes et qui de son soutien a su m'apporter force et vérité, rapporte lui toute mon affection.

Moment de silence. L'elfe termina sur cette phrase. Il s'était exprimé d'une voix neutre, bien loin de l'attitude explosive qu'il avait eu lors de la connaissance de cette même nouvelle. Tilk Nosferan avait été pour lui un guide, il lui avait permis d'accéder à une nouvelle vie. Comme lors de la mort de sa famille et de Guedric, il avait été ébranlé. Et en y réfléchissant, l'elfe ne pensait pas pouvoir éprouvé pareil sentiment à la mort de n'importe quelle personne, pas même Méhe... Il guettait une réaction, et le silence qu'il avait imposé le gênait, aussi fixa-t-il quand même tout les regards qui semblait lui signifier qu'il mentait, que ce n'était pas possible.


Dernière édition par Irkos le Ven 16 Oct 2009 - 8:16, édité 1 fois

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« Je, je t’… Nous devrions retourner là-bas… »,

Le visage de Syv se fend d'un sourire amusé, désabusé. Un sourcil un brin provocateur vient lentement s'ériger sur son front, subtile reflet à l'expression cinglante auréolant fièrement ses traits finement dessinés. Le jeune homme guilleret ne dit mot, ils sont inutiles malgré la réponse confuse, ô combien révélatrice de toute l'ambiguité que représente le comportement énigmatique de l'adolescente. Devait-il s'attendre à autre chose venant d'elle ? Depuis le temps qu'il la connait et qu'avec patience il s'est évertué à percer les tréfonds et les fondements de sa personnalité singulière, tout sauf unie à la simplicité des plus communs... Non, la réponse était évidemment non. Méhe était Méhe... Elle ne changerait pas, quoi qu'on dise, quoi qu' il fasse...

La brise tiède s'essoufle, et les mèches brunes cessent de voleter comme pour souligner l'immobilité du regard d'ébène plongé dans celui de la jeune femme, et l'affligeant de son intensité, du brûlot des sentiments divers qui le traversent. Le silence s'installe suite à cette prise de parole indécise et qui n'est heureusement qu'apparence, traduisant paradoxalement la promesse complice et muette par les seules témoignages du coeur et des corps, que n'ont pu achevé de sussurer les lèvres à demi-closes par les mots. Le message est passé, Syv a compris, et les doigts s'entrelacent à nouveau, les esprits définitivement unis, promis l'un à l'autre. Syv et Méhe côte à côte sont enfin de retour auprès de leur amies Clémentine et Prycille, leur démarche harmonieuse couronnée d'un seul et même symbole, d'un et même chant, celui de l'amour naissant et perdurant. Eryope... Syv le déchu, le déshérité, sans plus ni terre ni royaume, peut désormais la contempler comme dans ses rêves, comme si il y a toujours vécu, comme s'il s'y est toujours senti chez lui.

Et c'est là que par le plus grand des hasards, un jeune garde agité, tout heureux de retrouver sa princesse saine et sauve surgit à leur côtés, accompagné d'un individu à cheval, duquel émane grâce et force, ses origines elfiques incontestable de par le caractère de ses traits fins, la longueur de ses oreilles effilées et pointues, le perçant acéré de ses yeux curieux à leur encontre. Immédiatement, l'oeil du jeune homme tique et son visage rayonnant se transforme petit à petit, plissé, devenu songeur et pour le moins intrigué. Syv, en tant que missionnaire secret, Exécuteur de Tilk Nosferan a fait foi il y a longtemps de ne jamais oublier un visage, si banal soit-il au court d'une rencontre hasardeuse, pour le bien de son maître paranoïaque et sa sécurité. Et cet Elfe il l'a déjà aperçu, il en est certain... Oui, à la fête de l'indépendance alors qu'en ce temps là, il était tourmenté par bien des pensées qui l'empêchait de s'attarder précisément sur son cas. La rencontre est chaleureuse, hasardeuse, surprenante.

« Irkos, Irkos, mon frère d’armes, enfin nous nous rencontrons. Quelle joie ! »,

Je suis aussi enchanté de vous voir enfin, Reyne Mehe. Vous rencontrer me procure une grande joie et un immense honneur.

Le contraste est frappant. La première est épanouie, rayonnante, transpire de bonheur. Le second est plus terre à terre, loin des chaleureuses embrassades qu'on attendrait de son frère d'armes. Imperceptiblement le regard noir et calculateur de l'humain croise le regard émeraude de l'elfe, échange distant, poli, avec pudeur et prudence, et nul mots échangés sinon à travers un bref hochement de tête respectueux que l'un se fait à l'autre. Et pourtant à présent qu'il peut coller un nom à ce visage, et qu'il sait à qui il a faire, Syv n'en reste pas moins discret, l'oeil terne, déserté de lumière et la voix morne de l'elfe n'échappant pas à sa minutieuse observation. Le centurion Irkos, l'un de ceux qui a servi à Kharnas et sous ses ordres de surcroît. Que venait-il faire par ici ? Avait-il eu vent lui aussi de la disparition la princesse ? Peu probable en si peu de temps et à voir son aterrement... Mais alors ?

Finalement Syv met cette désagréable impression dans un coin de sa tête tandis que tous ensemble, comme des joyeux lurons, ils font route d'une démarche rythmée, au coeur de la bourgade bruyante, joyeuse d'Eryope, laquelle à chacune de ses rues se voit emplie de monde, chacun s'acharnant à obstruer le chemin des aventuriers pour accueillir chaleureusementla princesse tant aimée, et surtout lui exprimer tout son soulagement et toute sa joie de la retrouver. Syv lâche la main de Méhe entourée d'un mur infranchissable et s'en retrouve finalement séparé car peine perdue constate t-il un sourire aux lèvres et la laissant le devancer largement, poussée qu'elle est par une foule en délire. La route s'achève enfin, en la personne d'une femme de grande allure, d'un maintien princier et qui... a les traits si familiers de celles pour qui bat son coeur. Mélopée, la mère de Méhe. D'aussi loin qu'il se trouve des deux femmes côte à côte, il ressent l'intensité et la puissance du lien qui les unit et ce malgré l'accueil distant et froid que la mère réserve à sa fille, ne doutant pas un instant qu'à l'abri des regards, les comportements seraient tout autre.

L'aventure se termine dans la chaleur de la salle à manger, dans la délicieuse odeur de cuisine, et le chant des cris et des éclats de rire. Syv au sommet de sa forme, d'un côté s'amuse à titiller le gnome et à échanger une joute verbale avec Prycille, laquelle se montre fort aisée à ce jeu et lui frottant parfois les cheveux pour la taquiner. Pour parachever ce sentiment de vivre ce moment en famille, il pense à son maître Tilk Nosferan, qui a une place particulière dans son coeur et son âme. Méhe s'adresse finalement au jeune Irkos qui a gardé un air peu adapté aux moments de fête toute la soirée pour lui poser la question que tous attendaient avec impatience. Ainsi le silence devient maître et les regards se concentrent sur un seule point : l'elfe qui se lève affectionnant un air des plus graves, frappant de tristesse et d'accablement. Ses lèvres murmurent des choses qui transpercent Syv figé sur sa chaise, devenu plus immobile qu'une statue, un feu roulant dans ses yeux accrochés sur ceux de l'elfe. Et sans que son esprit n'ait décidé de quoi que ce soit, il se lève en face de l'elfe, le teint pâle, rembruni, le regard plus dangereux qu'une panthère sur le point d'attaquer sa proie.
 
Allons donc, Tilk Nosferan, mon maître, mort Empoisonné ? Quelles sont ces paroles que vous persiflez là, Seigneur ?
clame t -il dans le silence inquietant, d'une voix plus tranchante et plus froide qu'une lame, des piques hérisées tailladant son coeur d'une douleur montante, irréprésible, alors qu'il constate avec horreur l'apparente sincèrité qu'affectionne l'elfe devant lui. Le sentiment de bonheur est évincée... Comme par le passé, à son summum, le cauchemar commence ou recommence...

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Irkos fixait toute l'assistance, il avait réussi à faire baisser tout les regards inquisiteurs. Sauf un, l'homme qui l'intriguait depuis le début de leur rencontre. L'inconnu se leva d'un bond, visiblement coléreux, son regard planté dans le sien, avant de s'écrier:

Allons donc, Tilk Nosferan, mon maître, mort Empoisonné ? Quelles sont ces paroles que vous persiflez là, Seigneur ?

L'elfe regretta aussitôt de n'avoir pas fait cette déclaration en tête à tête avec Méhe. Il aurait dû se douter qu'une quelconque personne aurait mis sa parole en doute. Toute l'attention des invités était concentré sur eux deux maintenant, sur lui qui fixait d'un regard méprisant l'individu le regardant avec des yeux noirs. Irkos décida finalement de rompre ce silence pesant:

- Qui êtes vous pour mettre en doute la parole d'un Centurion de l'Oracle d'Alen'ia? De plus, où serez mon intérêt à prétendre une telle chose tel que sa mort, ne pensez-vous pas que j'ai mieux à faire que d'aller gâcher les retrouvailles de Méhe avec son peuple, ses amis, sa famille?

Mais Irkos arrêta de suite son discours. Premièrement, il eut honte d'utiliser le prétexte de son statut comme preuve de sa bonne foi, lui même n'accordant que peu de crédit à ceux qui le faisait. Et deuxièment, il ressentait chez l'individu un immense chagrin, la tristesse ayant submergé la colère. Les mots qu'avait prononcé l'inconnu devait être sorti sur le coup de l'étonnement et de l'effroi. Mais était-ce vraiment un inconnu pour Irkos? Le ton de sa voix avait quelque chose de familier, et les grandes oreilles de l'elfe lui affirmaient l'avoir déjà entendu. De plus, l'individu avait parlé de Tilk Nosferan comme son 'maître'. Mais qui était donc cette personne? Il jugea que le moment n'était pas opportun pour demander quelconques renseignements, aussi s'abstint-il de tout commentaires, il pourrait toujours demander à Méhe par la suite. Maintenant que tout le monde les regardait comme on regarde deux coqs qui s'affrontent en duel, l'elfe se sentit bête, alors il reprit d'un ton plus doux que tout à l'heure:

- Je met vos paroles sur le compte de la tristesse et de la colère, j'aurai certainement eu la même réaction que vous. Et je ne sais comment je pourrai vous convaincre de la triste véracité de mes propos. Vous seul avait le pouvoir de croire en mes dires, ou non.

Il resta debout, et arrêta de regarder le pauvre jeune homme qui semblait plus bouleversé que n'importe qui ici. Mais qui était-il donc pour ressentir pareil peine à l'égard de la mort de Tilk Nosferan? La simple question 'qui êtes-vous' brûlait les lèvres de l'elfe, qui ne put s'empêcher de reporter un regard interrogateur sur l'intriguant personnage.

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Les ténèbres grandissent autour de lui, épaisses, aveuglantes, étouffantes. Avec pour seul point de chute, cette voix chaude, attendrie, qui est celle de l'Elfe, son vis à vis, son frère d'arme, désarmé qu'il est devant tant de cruauté par la sincérité de ses paroles, de ses traits plein de compassion, de son regard attristé. Un compatriote qui a servi à Kharnas, prouvé sa loyauté et sa valeur, lequel ne peut avoir d'intérêt à colporter cette nouvelle foudroyante et macabre. Malgré tout, Syv continue inlassablement à se battre contre le délitement de ses pensées, frénétiquement. Tilk, son maître, n'est pas mort, c'est impossible. L'obstination, le ressentiment et le besoin amer de vérité par les faits, est devenue la force motrice de cette nouvelle énergie...

Qui êtes vous pour mettre en doute la parole d'un Centurion de l'Oracle d'Alen'ia ?

Les mots proférés à brûle point fusent dans toute la salle et résonnent à répétition entre les murs, comme en écho à leur puissance. Parure affichée d'un symbole comme on le ferait d'un joyau de la part du Centurion Irkos, collier de syllabes victime d'un sentiment de force et de loyauté inébranlable. Imperceptiblement Syv trésaille à l'encontre de cette féroce vocifération. L'Alen'ien ne la regrette pas, au contraire, elle anime en lui une nouvelle envie, un renouveau de vie, prenant conscience de tout ce qu'il possède et l'unit ainsi à cet Elfe. La colère et la dureté diminuent, mais sa poitrine se gonfle impertubablement, redressant les courbures de son dos fièrement fiché devant l'assemblée. Car l'incrédulité persistante s'obstine, seule recours au déversement des larmes et des inévitables tourments de l'esprit qui les accompagneraient. Sa voix se chargeant de toutes les plaies qu'il a si durement réussi à panser il y a peu encore et soudain réouvertes, il clame avec une fierté non feinte :
 
Qui je suis ? Je me le demande aussi quotidiennement, eu égard à ma vie et à la réminescence de mon passé. Mais puisque vous me le demandez gentiment, je satisferai donc primairement à votre question. Syv, serviteur de Tilk Nosferan, autrement connu sous le nom d'Eknad Rad, Stratégor Alen'ien de l'Oracle, chef de la précédente expédition contre Kharnas. Votre supérieur en soit, s'entend Centurion Irkos ! Mais revenons à mon maître que vous prétendez mort empoisonné, si vous n'en voyez pas d'inconvénient mon frère.

Le glas de Syv sonne à nouveau, son souffle se marbre de soubresauts, constelé d'une agonie de souffrance du coeur. Une lente atrophie que seule peut empêcher la révolte contre cette obscure vérité surgie de nulle part. Dans la salle le silence, évocateur d'une surchauffe conséquente des esprits tourmentés régne en maître , entrecoupé seulement par le frémissement de l'air. Toutes les réactions se côtoient au final, de la paralysie en mesure protectrice à l’évitement, jusqu'au simple refus. Il en est même qui restent cloués sur place attendant on ne sait quel dénouement, leurs yeux fixes semblant ne rien voir, ceux-ci muets et immobiles.

Je ne remets pas en cause la sincérité de vos propos mais leur étrangeté. Un songe ? Et par quel miracle ? Nul n'est plus proche de Tilk Nosferan que son dévoué serviteur qui se tient séant devant vous. Quelle raison aurait-il eu de s'adresser à votre personne plutôt qu'à la mienne ?


Bon sang, il s'agit du chef de l'Oracle, Irkos ! Avez vous seulement conscience de ce que peut impliquer un tel songe, si elle se révélait proche de la réalité ? Les mots sont dérisoires, impuissants dans cette question théorique ô combien cruelle, pour dépeindre cet évènement, cette impression de désastre qui découlerait de cette situation singulière et cataclysmique. Et Syv s'en rend compte, tous ici présent en ont conscience. Ici et là, des regards baissés, des débats tues incertains, comme si la crainte d'être surveillé les frigorifie tous. Le jeune homme, soudain las, regarde par une fenêtre aux verres agréable qui lui offre l’obscure vision d’un paysage quotidiennement changeant en apparence, mais si immuable en réalité.

Ses muscles fléchissent lentement, son esprit luttant toujours contre la voie de la divagation dans lequel inéxcorablement il se sentait inéxorablement attiré, l’esprit vagabondant dans ses souvenirs, les yeux dans le vague. Puis à nouveau, il jette un rapide coups d'oeil à l'assemblée de ses yeux ternis, et ses traits miroitant la noirceur de ses pensées tout comme la décision nouvelle surgie des tréfonds de son pragmatisme de retour après la tempête, il se tourne résolument vers Irkos. Syv a réussi à dissiper ses sentiments blessés, à renier ce qu'il ressent présentement de souffrance. Il est prêt à entendre, à écouter.

Allons mon ami, n'effarouchons plus outre ces jeunes filles avec cette fable effrayante nullement inhérente à leur âge ou infus à leur caractère insouciant. Nous avons fort à discuter vous et moi. Que dîtes vous de nous isoler, d'échouer à l'extérieur, à l'abris des regards innocents, aux abords de cette demeurre, afin de parler sans ambages de la noirceur de la réalité qui nous encombre et nous entoure.

Le jeune homme n'en peut plus de cette atmosphère oppressante, sans sourciller et sans plus un mot, de sa démarche assurée et souple, il entreprend ses premiers pas, se dirigeant le premier vers la sortie.

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Au fur et à mesure que l'homme parlait, Irkos comprit de plus en plus pourquoi il était si profondément meurtri par cette nouvelle. Malgré toute la joie, la colère, l'étonnement que lui avait donné le discours de l'humain, l'elfe n'en montra pas moins à l'individu. Ainsi se tenait devant lui Syv, celui que Tilk Nosferan considérait comme son fils. Syv, alias Eknad Rad, le chef de leur attaque à Kharnas. Le 'stratégor', selon ses mots, et ainsi son supérieur. L'elfe n'appréciait pas beaucoup quand on lui jetait sa supériorité à la figure, mais il n'en tint pas rigueur. Et Syv était avant tout un frère d'arme, un compagnon qu'il avait traité avec suffisance et orgueil. Malgré les apparences, l'humain semblait s'être adouci, il ne remettait plus en cause la véracité de ses propos, mais s'interrogeait sur leur origine trouble. Et il continuait de ne pas croire en sa version, ou il se refusait à la croire. Lorsqu'il lui proposa de s'isoler afin de parler calmement, l'elfe se sentit soulagé, et sortit de la salle sans un mot, juste avec un signe de compassion à l'égard de Méhe, qui avait gardé le silence. Irkos guida le jeune homme en dehors de la salle à manger. L'après midi était ensoleillé, aussi se dirigèrent-ils à l'ombre d'un platane, dans un parc situé à proximité d'où il venait. Irkos choisit soigneusement les mots qu'il allait prononcé, car il fallait qu'il convainc l'homme:

- J'espère que le lieu vous convient, et que serez mieux à l'aise pour accepter la terrible vérité que je m'évertue à vous faire entendre. Alors, vous êtes donc le fameux Eknad Rad, l'opportuniste qui nous a mené à la prise de Kharnas. Mais vous êtes avant tout Syv, une des personnes comptant le plus pour feu Nosferan. Comme je l'ai fais pour Méhe, je vais vous énoncer les mots exacts qu'a prononcé Tilk à votre égard: '
A Syv, celui que je considère comme mon propre fils, dis lui que je l'aime'.

Il laissa les mots s'infiltrés dans la tête de l'humain, peut-être y aurait-il une réaction. Irkos reprit la parole après cette courte période de réflexion:

- Et je vais répondre à votre interrogation concernant le choix de notre défunt maître quand à la personne choisie pour le songe. A l'époque, j'étais encor dans ma forêt, me préparant à revenir servir avec la même loyauté et la même ferveur l'Outre-Mer. Comme vous le savez, nous autres elfes, race pure et sans failles, sommes beaucoup plus sensible aux évènements de ce monde, nous pouvons ressentir les émotions chez les animaux, et même chez les humains. Tout cela pour vous dire que le choix de Tilk Nosferan a été on ne peut plus logique: ma forêt est un endroit calme, éloigné des perturbations des cités et des villes, et je suis plus sensible que vous, par conséquent j'ai été la personne la mieux placé pour capter efficacement sa nouvelle. En tant que frère d'arme et membre de l'Oracle, je jure sur mon honneur et ma vie que je vous dis la stricte vérité, Stratégor.

L'elfe ne voyait vraiment pas comment convaincre autrement l'humain qui se trouvait devant lui. Soit il acceptait la vérité, et il pourrait ensuite avancer dans le débat et entreprendre de grandes choses, soit il refuserait de le croire malgré sa parole donnée, et Irkos aviserait le moment venu. L'ambiance étant bien moins tendu qu'il y a une demi heure, le silence pesant de la salle à manger ayant été remplacé par les délicieux bruits de la nature, l'elfe avait bonne espoir de pouvoir construire quelque chose avec ce nouveau compagnon.

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Après la déclaration d’amour de Syv et la rencontre, enfin, avec l’elfe Irkos, Méhe était comme sur un nuage. Toutes les idées noires et les interrogations qui l’avaient poussée à s’exiler loin d’Eryope et de ses responsabilités s’en étaient allées en quelques instants. Elle pensait qu’elle pourrait enfin affronter de façon sereine la suite des événements et la réception de l’ambassadrice de Kalamai, la Comtesse Hélèna Ianoss. Tout sourire et rayonnante, elle apparaissait à nouveau comme la reine Mélopée l’avait connue pendant son enfance. Une fillette qui avait grandi mais qui avait gardé un peu de son insouciance, voilà telle qu’elle l’aimait.

Malheureusement la gentille colombe Irkos se transforma au cours du repas en un oiseau de mauvais augure. Il n’était pas venu participer aux festivités du retour de la princesse parmi les siens mais plutôt pour annoncer une sombre nouvelle. En effet, il venait faire part à Méhe et Syv par la même occasion de la mort inattendue et horrible du chef de l’Oracle, le gnome marchand au cœur généreux mais aux mains plus avares, Tilk Nosferan. Syv en fut très affecté et la princesse n’en fut pas surprise. Maintes fois il lui avait conté combien ce personnage pittoresque avait été très important dans sa vie. Et elle avait bien compris qu’il existait un lien bien plus fort que la simple relation de maître à serviteur. Elle comprenait sa colère qui semblait masquer son chagrin. Quant à elle, elle resta sans voix. Elle ne savait pas quoi dire. Elle était bien sûr triste de cette nouvelle mais il était également compréhensible qu’elle n’était pas aussi affectée que Syv par ce coup du destin. Mais, le petit nuage sur lequel elle était installée se désagrégea d’un seul coup et elle se retrouva violemment mise au sol, non pas anéantie mais quelque peu assommée. Ce qu’elle ressentait vraiment, ce n’était pas de la tristesse à propos de la disparition de Tilk mais plutôt de la colère également contre celui qui avait osé briser l’équilibre qui commençait à s’installer : son retour, Syv, l’Indépendance, Syv, une certaine forme de bonheur. Ce funeste événement venait gâcher tout ça et cela l’irritait copieusement. Mais elle n’était pas sûre que cet état s’esprit aurait plu à Syv, lui qui venait de perdre un être aussi cher, un père ? Perdre le sien il y a de cela à peine une année avait été douloureux pour Méhe et quelques larmes dissimulées lui vinrent, un mélange de nostalgie et de tristesse actuelle.

Comme le débat s’enflammait entre l’elfe et le jeune homme, ce dernier ne semblant pas prêt à accepter cette nouvelle, Syv entraîna Irkos au dehors. La fête qui se préparait s’en trouvait gâchée.


« Je crois malheureusement que ce repas est terminé. Je crois que chacun peut sortir de table et faire ce qu’il a à faire. Méhe, je sais que tu veux les rejoindre alors ne te gêne pas, ma fille. Chère Clémentine, je suis désolée que vous tombiez à un moment aussi inopportun. Pryscille, veux-tu bien t’occuper de notre invitée pendant que j’emmène avec moi Maître Ga’al pour quelques dispositions à mettre en place ? », dit la reine Mélopée aux personnes encore présentes autour de la table qui aurait dû être festive et non pas aussi morne.

Méhe ne se fit pas prier et rejoignit ses compagnons à quelques pas de là, sous un platane qui les abritait du soleil de plomb.


« Qu’allons-nous faire ? Ne pensez-vous pas qu’il est mort à cause de sa prise de position en faveur de l’Indépendance de l’Outre-Mer ? Serait-ce un vil assassin à la solde d’une quelconque organisation qui veut faire échouer les pourparlers de paix entre Kalamai et l’Outre-Mer ? », dit Méhe, surexcitée, et qui avait retrouvé sa voix.

Quelques instants plus tard, un garde les interrompit pour présenter un jeune homme qui venait d'arriver et qui voulait rencontrer la princesse.

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Les ténèbres, elles l'engloutissaient, résigné qu'il était devenu devant les paroles de son confrère. Dans le silence de la nuit tombante résonnait inlassablement le souvenir des derniers rires de son défunt maître ... Peut être s'offrait-il à lui, la réalité fantasque se frottant une dernière fois à ses rêves nostalgiques égarés , comme de la magie qu'on aurait cru instillé par cet endroit paisible et serein. Le vent balayait les dernières lueurs d’espoir de voir le soleil reparaître si tôt en Eryope, déjà bien trop noyé dans l'obscurité par les nouvelles de mauvaises augure des corbeaux de tempêtes. Les arbres ployaient, et, peu à peu, le monde se laissa engloutir par la nuit implacable, bien trop omniprésente pour être niée. A l’air frais et nocturne du soir se mêla l’odeur doucâtre de l’âtre du foyer de Méhe, l'odeur délicieuse de metzs, le repas qui devait sûrement continuer sans eux d'ailleurs, Irkos et lui; mais plus profond encore, une senteur de thym et de romarin, de lavande et de camomille survolait le jardin. Eryope paraissait regorger de ressources immenses pour apaiser les âmes qui cherchaient à se relever des lascérations de leur effroyables tourments.


Syv un instant courbé, vieilli par l'acceptation de la vérité, incontestable, se redressa finalement, refoulant les larmes brûlantes qui affleuraient à ses yeux, une expression de résolution fièrement auréolée sur son visage. Irkos l'avait appelé Stratégor, lui avait rappelé son devoir et son titre, on comptait donc sur lui, il devait se reprendre. L'heure bien trop grave ne se prêtait pas aux lamentations mais à l'action si on voulait relever l'Oracle du désastre. Toujours serait-il possible de pleurer son maître une fois tout ceci résolu. Au vu de sa position, se permettre tant de faiblesse était considéré comme trahison à la grande cause et au peuple d'Outre-Mer, comme le hurlait sa conscience, toujours exigeante et rigoureuse lorsqu'il s'agissait de défendre la terre sacrée des nobles ancêtres natifs.

Syv jeta un regard triste à son confrère elfe, tandis qu'il reprenait la parole de façon assez confuse.

Tilk... m'a toujours considéré comme un fils, et... moi comme un père, mais jamais nous n'en montrions le moindre signe apparent en public, par souci professionnel. Nul n'avait connaissance de.... Je... par les dieux vous... avez alors réellement... communiqué avec lui... Je ne sais qu'ajouter, sinon que vos paroles sont sages et sincères même si elles me font l'effet d'un coups de poignard entre les omoplates.


Je vous crois mon ami. De tout temps en effet, les elfes furent connus pour leur perception affûtée, notamment en ce qui concerne les esprits, don particulièrement sensible dans un environnement pur, vivant et non corrompu par l'homme, source d'énergie et de repos pour les âmes défuntes. Puisse mon maître, s'il s'encontre toujours là-bas y trouver la paix éternelle. Je... merci.

acheva t-il d'un souffle inspiré d'accablement, qui était loin de démontrer qu'il se remettrait rapidement malgré son redressement. Il semblait tout de même soulager de voir son confrère éprouver une compréhension et une compassion apparente à son égard. Il le voyait bien, lui aussi avait aimé Tilk.

La silhouette d'une jeune femme, menue et petite se découpa dans le paysage et vint à leur encontre. Il s'agissait de Méhe. Au vu de la légère irritation marquée sur son délicat visage, il se douta immédiatement que la fin du repas n'avait pas dû être gaie. Pauvre Méhe. Pour son retour au bercail, il aurait souhaité mieux et beaucoup plus pour elle. Mais toute aussi concernée, toute aussi inquiète bien que moins atteinte que lui à son soulagement, alors qu'elle s'ingérait légitimement dans la conversation, il lui fut reconnaissant de se pencher sérieusement à la question de résoudre l'affaire de son maître. Elle posait là des questions censées. Syv après un temps de réflexion lui répondit.

Méhe, à dire vrai, je ne sais pas quoi penser. Une action isolée ? Difficile à croire même si les pistes à suivre peuvent être nombreuses. Sans aucun doute, il va nous falloir les élucider une à une avec patience et passion pour déceler la réponse à nos questions qui taraudent à nos esprits embrûmés.

L'entendement voudrait qu'on pointe immédiatement Kalamaï du doigt. Mais en même temps, que de non sens que voilà. s'exclama Syv en tapant son poing droit dans sa paume gauche d'une façon contrite, les sourcils froncés, son esprit semblant s'echauffer à mesure qu'il s'étendait.


Je croyais l'Empereur Fardall soucieux de paix, et surtout des émissaires ont été envoyés à notre contrée pour entamer les négociations. S'il nous était si hostile, pourquoi ne pas simplement déclarer la guerre à l'Outre-Mer ? Mais ne soyons pas hâtif dans notre jugement, pour le moins logique, certes. Il n'est pas à écarter la déraison, la secrète fourberie dissimulée par une fausse béninignité apparente ou encore une erreur tactique de la part des impies, surtout lorsqu'il se mêle des relents de fierté blessée.

J'en crois, Fardall a pu être blessé par nos actions passées à Kharnas et a pu vouloir nous faire payer cher le prix de cette victoire, par l'assassinat du Chef de l'Oracle, - diminuant par là notre cohésion, et nos capacités de réactions pour les temps à venir - tout en souhaitant sincèrement négocier.

Dans tous les cas, je vous rassure immédiatement, l'Oracle n'a rien perdu de sa force, le Conseil Alen'ien est toujours là, à l'abris des coups tordus qui pourraient se déverser de tout part. Ils réagiront promptement lorsque leur sera apprise la nouvelle. Un nouveau chef compétent sera nommé dans les plus brefs délais.

Pour en revenir à l'empoisonnement de mon maître, oui Méhe, une organisation quelconque, obscure, nébuleuse, cachée à la vue de nos yeux méfiants, a pu en être à l'origine afin de faire échouer les négociations. Rappelons le, il ne se trouvait pas en Outre-Mer. Mais pourquoi ? Alala. Syv soupira, tout en se massant le front. Nul doute, l'affaire serait complexe, difficile et surtout harassante. Mais quoi qu'il lui en coûte, il résoudrait cette affaire. Des flammes ardentes luisaient dans son regard devenur dur et dangereux. Le désir de vengeance dévôrant planait dans ses pupilles malgré son calme apparent.

Vous l'aurez compris, ce ne sera pas simple, nous ne trouverons pas la réponse sans une enquête minutieuse mené personnellement par nos soins. Méhe, Irkos, ensemble nous allons percer l'obscurité et faire justice. Je vais voir à mobiliser toute la puissance et les ressources de l'Oracle à cette fin, pour nous aider, au moment venu. Dans un premier temps nous resterons relativement discrets et oeuvront à trouver les réponses sans être gênés par des considérations extérieurs.

Syv se tourna vers Irkos, un regard forgé de respect et de sympathie lancé à son adresse.

Irkos, mon frère vous, qui êtes à l'origine de tout et m'avez l'air des plus fervents au vu de l'efficacité mené au service de votre mission, allez m'accompagner. Notre priorité sera de nous rendre au sanctuaire afin d'aviser le conseil alen'ien des funestes nouvelles qui survolent nos contrées. Je gage que je glisserai quelques mots à l'eur encontre vous concernant. Je vais rappeler aussi Kaamos en outre-Mer. Nous aurons besoin de sa force.


Syv reporta son attention vers Méhe, et lui caressa doucement le bras. Méhe, ma douce et chère représentante d'Outre-Mer, malheureusement ta place est ici et je crois deviner à ton regard que tu le sais déjà. Accablée par les nombreuses responsabilités qui ne manqueront pas, j'en suis certain, tu ne pourras te montrer aussi mobiles que nous autres. De plus la reine Arc en ciel ne tardera pas, tu ne peux t'en détourner. J'aurai tant aimé te voir nous accompagner. Nous te tiendrons formellement au courant de ce qui se trame et de ce que nous apprendrons, je te le promets.

Puis inquiet, les sourcils froncés, il se laissa aller à la prendre dans ses bras et la serrer fort contre lui, glissant ainsi ; Fais juste attention à toi. J'ai déjà perdu un être cher, je ne souhaite pas en perdre un autre. Et ne m'oublie pas si vite une fois débarassé de ma personne. Moi ne t'en fais pas, j'ai de quoi ne pas t'oublier et penser à toi. ajouta-t-il d'un ton soudain malicieux, le visage goguenard et taquin en repensant au morceau d'étoffe finement confinée dans sa poche, le sous vêtement qu'il avait reçu du gnome pour la retrouver. Il le considérerait toujours comme l'artefact de sa chance, de son bonheur présent, et de l'amour qu'il portait à son aimée. De sa main libre, il farfouilla dans sa vêture afin de s'assurer qu'il y était, et toucha, palapa délicatement le tissu comme pour y trouver du réconfort.

Dans les yeux sombres du jeune homme, une étrange lueur se mit à briller alors qu’un mince sourire venait effleurer son visage. Un sourire qui, après tant de malheurs, n’avait pas eu de raison d’être esquissé. Le sourire de quelqu’un sachant pouvoir tourner la page s'y on l'y aidait. Un rire cristallin, le sien ne fit qu’attiser le feu brûlant au fond de ses prunelles puis prenant le visage sur son aimée, il pressa ses lèvres contre les siennes, et l'embrassa longuement, comme un adieu pour un long voyage. Il était complètement indifférent au public qui l'entourait, nullement incommodé. Syv sûr et confiant comme jamais en ses capacités et en sa personne, était tout le contraire d'un être timide et mal à l'aise.

L'heure n'est malheureusement plus à la frivolité. lui murmura t-il doucement en s 'écartant du visage de son ange, plongeant une dernière fois son regard dans le sien. Puis il se détourna vers irkos, et ajouta plus résolument, avec force : Mais à l'effervescence, n'est-il pas mon frère.

Mais je nous ai que trop retardé, la route nous attend, les chevaux également. Allons-y. Sachez que je suis ravi d'avoir pour compagnon quelqu'un qui s'est montré si loyale et si efficace à transmettre les dernières paroles et volontés de mon maître. Je vous en serai éternellement reconnaissant.

déclarait-il tandis que Méhe semblait déjà plongé, concentré dans ses devoirs alors qu'un garde venait l'interpeller tandis qu'il lui faisait un dernier signe.

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