De nombreux bruits ainsi que la lumière d'un soleil matinal tirèrent l'homme de son sommeil. Il se leva d'une paillasse toute simple, puis récupéra un haut de tunique richement décorée d'un insigne impérial qui trainait sur le sol non loin. Il s'habilla rapidement et quitta la grande tente du commandeur qu'il occupait temporairement en son absence. Il n'aimait pas tellement l'endroit, trop grand et luxueux pour lui, mais il n'avait pas tellement le choix puisque son grade honorifique ne lui permettait pas de dormir dans une tente semblable à celle de simples soldats.

En sortant de la tente, il commença à se rendre vers les réserves d'eau, salué au passage par les hommes qui le connaissait. Il n'avait pas une aussi grande réputation que son seigneur, mais il la méritait amplement. Il saluait ses hommes aussi chaleureusement qu'eux, leur tapant amicalement dans le dos ou leur sortant un commentaire les faisant sourire. Plus loin, il s'arrêta pour donner un coup de main à une des nouvelles recrues à monter sa tente, qui s'excusa en rougissant de l'avoir dérangé pour si peu. En continuant son chemin, il remarqua un cavalier portant le même blason que lui suivi par une troupe d'hommes, qu'il interpella:

Hé! Gus! Tu nous en rapporte combien aujourd'hui?

Trois douzaines, maitre. Ils sont des villageois des environs qui voulaient rejoindre le groupe, alors je leur ai montré le chemin!

Bien fait! Installe les près du campement de Tarente, il est une assez bonne inspiration pour les nouveaux.

Après qu'ils se furent salués encore, il grimpa la colline ou se trouvait les provisions et les réserves, passant au coté de plusieurs gardes en fonction. Cet endroit était le mieux protégé des environs, car une armée pouvait continuer à la mort de son chef, mais était irrésistiblement stoppée si les soldats n'avait rien à manger ni a boire. Des dizaines de tonneaux était rassemblés à cet endroit, contenant victuailles et plus encore d'eau. Non loin on entendait le bruit incessant d'ouvriers qui construisait assez de chariots pour pouvoir tout transporter. À son arrivée, le responsable vint lui faire son rapport comme à l'habitude, et les réserves augmentaient de manière régulière. La fortune de son maitre allait y passer, mais son armée allait avoir quelque chose à se mettre sous la dent le long de la campagne.

L'inspection quotidienne terminée, il prit un temps pour regarder le campement en contrebas. Avec son expérience, il pouvait facilement distinguer ou s'était amassées chacune des différentes formations de la future armée. Il voyait très bien les tentes parfaitement alignées et entourée d'un fossé des anciens membres de la compagnie Ardente, les tentes rassemblées aux alentours d'une plus grande étaient la marque des différents petits nobles qui, en temps que bons vassaux, entrainait leurs troupes à leur suite pour répondre à l'appel de leur souverain, et les nombreuses tentes éparpillées étaient celles des volontaires. Le plus grand groupe de volontaires qui s'était joint à eux était des bucherons qui avait été un jour dans le besoin et qui venait repayer leur dettes. Ces grandes charpentes d'hommes n'avaient rien à envier à l'imposante musculature des barbares, et ils maniaient la hache comme personne.

Plus loin, il le savait, se trouvait un campement plus sombre, plus isolé. Placé stratégiquement au loin des autres, le campement des vampires n'inspirait pas tellement l'intendant. Son maitre avait assez d'influence pour tenir les deux groupes en respect et en accord mutuel, mais il en était personnellement incapable. C'était probablement pour cela qu'il n'était pas le seigneur, lui, mais par Kanderak, ces créatures se nourrissent d'humains, comment les tenir en respect devant autant de bon gibier? Pour l'instant il n'y avait eu aucun cas, mais il savait que le risque augmenterait à chaque jour.

Il descendit de la colline pour continuer les préparatifs, passant de campement en campement s'enquérir des problèmes de tous et réduisant le plus possible les risque de frictions entre factions, et en profita pour rechercher parmi tous ces hommes ceux qui avaient assez d'expérience pour pouvoir l'aider à former rapidement la quantité d'hommes en une armée de campagne soudée, unie et sachant le moindrement se battre. Il avait déjà choisi Stiltern pour former la cavalerie lourde, puisqu'il occupait cette fonction depuis une dizaine d'année et qu'il était assez ouvert et patient pour former n'importe qui, Bjorn le fort car il était le seigneur les suivant avec la meilleure force d'infanterie, et Kreg, le chef des bucherons, puisqu'il était le genre d'homme dur qui affrontait n'importe quelle tempête sans frémir, qui cracherait au visage de la mort elle-même lorsqu'elle viendrait la chercher, et il espérait que sa volonté de fer déteindrait sur ses hommes.

Lorsque le soleil commença à descendre sur les collines Scitopoliennes, il alla voir le groupe de soldats qui avait pour mission l'horrible tâche de comptabiliser chacun des hommes qui se trouvait dans le camp et de prendre leurs noms, puis leur demanda le décompte de la journée.

Aujourd'hui, 247 hommes sont arrivés ici, 153 sous la direction du seigneur Dervel, 26 hommes du nord amis des bucherons, et les autres de par le bouche à oreille. Il faudra bientot prévoir à aggrandir le camp, mon seigneur.

Alors nous sommes combien, maintenant?

Les seigneurs ont totalisé 2359 hommes, les bucherons et les recrues en sont à 868, et en comptant nos 635 hommes au départ et les milles hommes promis par les monstres, on arrive à 4862... Plus que nos renseignements avaient prévus, pas vrai maitre Ignak?

Exactement... Si on compte une certaine marge pour les retardataires et les volontaires, on arrivera facilement aux 5000 lames demandés. Pour une fois que l'on remplit nos objectifs, j'en connais quelques uns qui vont être contents... Bon, vous pouvez aller rejoindre vos divisions pour la soirée, et passez le mot que c'est le dernier soir de plaisir, demain on commence les choses sérieuses.

Après une dernière salutation, Ignak se dirigea vers le feu de camp ou les seigneurs passaient leurs soirées pour leur annoncer la nouvelle. Il allait les regarder s'enivrer, conter leurs plus grands faits d'armes, la plupart des racontars agrandis des centaines de fois par leurs bardes et par leur orgueil, puis allait les regarder sombrer dans un sommeil pas trop réparateur. Il aimait faire cela, car il ces images d'hommes en pleine gueule de bois pendant ses entrainements étaient encore plus risibles une fois que l'on les avait vu dans toute leurs splendeurs le soir précédant.