Unique bâtiment à même le sol, le Conseil est paradoxalement la plus haute instance dans la hiérarchie d’Hépistèm. Les anciens tiennent à cœur leur hiérarchie fondée non pas sur la témérité de la jeunesse ou la richesse des puissants, mais sur l’expérience et la sagesse des aînés. La magie y a un rôle central. Architecturalement parlant, le Conseil n’a rien des impressionnantes œuvres naines ou même des prouesses elfiques. D’aucun pourrait qualifier la bâtisse de « grande hutte ». Toutefois le détail de l’édifice permettait de constater qu’il n’était en rien anodin. La « hutte » était le produit d’un façonnage arcanique édifiant qui avait la puissance de courber la nature et de lui donner les formes que ces êtres désiraient. Les troncs des arbres semblaient avoir été emporté dans une danse convergente, faisant s’entrelacer leur corps et leur tige, donnant forme à l’habitat. Légèrement surélevé, les anciens avaient aménagé un petit escalier qu’ils n’utilisaient pas de toute évidence. Il datait de l’époque ou les anciens avaient encore des relations avec les autres espèces de Kalamaï. Pièce centrale du puzzle éparpillé que constituait Hépistèm, la forêt même semblait s’assagir autour du Conseil. Les arbres prenaient des allures moins rebelles, et c’est autour d’eux que les habitations s’échelonnaient sur deux étages*. Les anciens aimaient dire que de chaque maison le Conseil pouvait être vu. Cela était très proche de la vérité. Les maisons perches en haut des arbres formaient un cercle autour du lieu et s’éparpillaient ensuite plus loin entre les arbres. Mais le constat était que la majorité des maisons entourait le Conseil à quelques mètres au dessus de celui-ci.
Le Conseil n’était pas habité et ne servait que pour ses fonctions administratives. Le reste du temps, les anciens ne s’y aventuraient pas car ils n’aimaient guère se retrouver si proches du sol. Lorsqu’un événement d’importance venait se produire, comme récemment la nomination du conseiller Ethosem, les citoyens pouvaient du haut de leur huttes en observer le déroulement. Ils n’avaient aucun rôle hormis ceux de spectateur, le véritable pouvoir appartenant aux cinq membres du Conseil*.
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Les trois émissaires de Xanis arrivèrent assez vite en vu du Conseil. Leurs deux « anges gardiens » avaient promptement disparu, les laissant apparemment sans surveillance, mais dans une atmosphère pesante qui elle-même inspirait la méfiance. La forêt veillait. Au seuil du Conseil se trouvait trois anciens qui semblaient au crépuscule de leur vie. Plus petits et plus frêles que les trois guerriers, ces derniers auraient pu les mettre en pièces à main nues sans aucune difficulté. Celui qui semblait le plus âges, au vu de la longueur des poils verts habillant son corps, fit un pas en direction des étrangers. Il ne portait aucun vêtement hormis un frêle morceau de tissu couvrant ses hanches et pendant jusqu’au haut des cuisses. Signe distinctif puisque les autres anciens étaient totalement dénudés, ce qui permit aux voyageurs de constater, avec plus ou moins de surprise, l’absence de parties génitales et donc l’impossibilité de distinguer les males des femelles. Fixant les nouveaux arrivant des ses yeux dorés, l’ancien doté d'une "tenue" brisa le silence.
Sachez que nul humain n’a foulé les pieds de notre foret depuis des siècles et que cela fut un grand bien pour notre peuple. Revoir de l’acier en ces lieux ravive des souvenirs douloureux pour beaucoup de mes êtres.
Les anciens s’identifiaient comme un tout homogène. Chaque membre de la communauté faisait partie de l’être communautaire. Aussi était-il courant pour eux de se référer en tant qu’êtres, les uns des autres.
Si la forêt ne vous a pas arrêté, c’est que vous êtes soit dangereux soit pacifiques. Si vous connaissez Ethosem, c’est que vous êtes puissant car la connaissance d’un tel être qui a vécu reclus pendant tant d’années est exceptionnelle. Si vous venez de la part de Xanis, c’est que cet homme pense pouvoir s’attribuer une ile qui n’est pas la sienne.
Continuant d’une voix sifflante, l’ancien en vint à la question qui le tracassait :
Mon nom est Onllondo, Conseiller suprême et représentant des druides. Je vais vous poser une question étrangers, et de votre réponse dépendra votre vie.
Que feraient des humains chez des anciens si ce n’est piller nos richesses, détruire nos maisons et nous forcer à l’exil au nom de soi disantes intentions pacifiques ?
Les anciens fixaient les humains. Une légère bise parvint à percer la dense végétation du lieu et s’infiltrait dans le village, faisant se courber les poils des habitants et traversant leur cœur. La forêt écoutait. Du Conseil jusque dans les maisons les plus élevées, la communauté blessée attendait la réponse des visiteurs.