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- Que voilà une jeune et jolie fille... Comment t’appelles-tu, damoiselle ?
L’homme lui barrant la route esquissait un sourire mauvais. Elle n’avait pas marché tout ce temps pour être importunée quelques lieues avant son arrivée... Eh puis, comment savait-il qu’elle était « jolie » ? Le ciel était noir comme de l’encre, la nuit était tombée depuis qu’elle avait dépassé la dernière forêt. De plus, la cape qu’elle portait faisait de l’ombre à la pâle lumière de la Lune, cachant ainsi la moitié de son visage. Fatiguée par son trajet et l’intérêt inutile que lui accordait le rôdeur, la jeune femme soupira :
- Je suis pressée. Veuillez vous écarter.
- Mais, certainement ! répondit-il, s’exécutant au passage.
Lorsque le chemin fut dégagé, elle reprit la marche ; fit quelques pas, fut poussée à terre. Le sol parut froid sous ses doigts, et alors que l’homme la maintenait fermement, il se mit à hurler. Un hurlement déchirant la nuit et effrayant la faune nocturne. A peine l’air entrait-il dans ses poumons qu’il devait ressortir, maltraitant ses cordes vocales une fois de plus. Il finit par lâcher prise, roulant aux côtés du corps fragile de la damoiselle. Tandis qu’il se tordait de douleur, elle se releva lentement. Le dominant à présent de toute sa hauteur, la jeune femme retira sa capuche, lui dévoilant du même geste le visage aux traits fins de la belle. Une bouche suave, des lèvres sensuelles et roses. Des yeux de biche, légèrement en amande, surplombés de sourcils bien dessinés. Un nez fin, aquilin, ainsi qu’une chevelure brune et relevée à l’arrière. Le reste de son corps était dissimulé par la cape : svelte, élancé et révélant son probable jeune âge.
- Je disais... Je suis pressée.
Puis elle reprit son chemin, laissant là l’homme recroquevillé sur lui-même. Elle n’était pas fille de Psioniste pour rien...
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Faelyna venait d’une contrée reculée de l’Empire, à l’abri de tout danger et de toute curiosité. Durant sa jeunesse, elle apprit le combat aux côtés de son père, et l’art mental avec sa mère. Avide de connaissances, de découvertes et d’apprentissage, la jeune fille avait grandi en élève très assidue. Sa douceur n’avait d’égal que ses caprices d’enfant, une jolie poupée qui ne demandait qu’à grandir... Son paternel en avait fait une princesse, choyée et aimée, mais déjà enfant elle rêvait d’aventure, de conquête et de richesse.
Lorsque l’adolescence arriva, elle s’arma du tempérament de sa mère pour affronter la « surveillance » de ses géniteurs. La douce jeune fille se fit femme bien trop tôt : forte de caractère, elle tenait tête à quiconque la défiait, se moquant bien des conséquences. Sauf, bien sûr, à ses parents, qu’elle estimait plus que n’importe qui. Sa ruse lui permettait pourtant d’obtenir le moindre de ses désirs, par le biais de ses charmes ou de son mental d’acier. Une sorte de sirène pouvant à tout moment vous faire perdre pied… A la fois admirée et redoutée des serviteurs du Royaume, la Psioniste se délectait de cette position des plus réjouissante. Ils étaient son moyen de détente favori, avec le combat. Elle se battait, se démenait comme un homme et gagnait plus rapidement chaque jour. Eduquée dans ce sens par un professeur plus que qualifié, la demoiselle ne tarda pas à savoir manier tant l’épée que l’arbalète. Elle était un peu moins douée pour le corps à corps, mais n’oublions pas qu’une Psioniste n’est jamais totalement désarmé.
Puissante, maligne, séduisante : la guerrière qu’elle était devenue ne put s’empêcher de quitter la tranquillité de son refuge dès qu’elle put le faire. Elle partit donc à la recherche de ce qui lui manquait le plus, à savoir l’aventure... Libre de ses choix, de sa destination et de la durée de son voyage, elle prit la route après une nuit de sommeil réparateur. Après avoir salué ses géniteurs, Faelyna prit sa cape, ses quelques vêtements de rechanges, son épée fétiche et tourna le dos une bonne fois pour toutes à la demeure de sa jeunesse.
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Un parent Humain, l’autre Vampire : c’est pourquoi la Seigneure est immortelle, dans la longévité de sa vie, s’entend. Votre lame peut très bien la couper, la faire saigner ou même la tuer... Si tant est qu’elle l’atteigne. Humaine, elle ne craint ni l’eau bénite ni l’Astre du jour. Rangez vos pieux en bois, mais gardez l’esprit bien fermé. Elle n’hésiterait pas un seul instant à s’immiscer au milieu de vos secrets, de vos désirs, et de vos peurs...
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« Irisandre : plante grimpante et sauvage, s’adaptant à n’importe quel climat. Elle pousse à une vitesse vertigineuse, même si elle est extrêmement rare. Lorsqu’elle trouve sa place, l’endroit est envahi de ses racines, feuilles et autres lianes, procurant un abri sûr à celui qui la fait grandir. Aussi appelée l’Etrangleuse, la carnivore nourrit ses urnes (ou ascidies) d’insectes ou de petits animaux. Garde à celui qui ne serait pas assez méfiant, il pourrait lui en coûter la vie… »
Source : Le rôdeur malin, auteur disparu.