La mort est l’ennemi le plus impitoyable. Celui qui peut frapper n’importe qui, à n’importe quel moment. La raison lui importe peu. Elle se tapis dans l’ombre de la vie, prête à faire sa prochaine victime. Imprévisible comme un serpent, elle se montre patiente et méthodique, choisissant le moment opportun. Lorsqu’elle mord, elle ne laisse aucune chance à sa victime. Il est impossible pour un être vivant d’apprendre à la dompter ou à l’anticiper puisqu’aucun n’avait pu l’étudier en pleine suffisance. On ne rencontre jamais la mort à deux reprises. Il en va de même pour nous, la Main de la Mort. On ne croise jamais une Main à deux reprises.
- Voile Tranchant
* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *
Une étoile dans la nuit
La nappe céleste enveloppait le Kalamai de son voile ténébreux, les étoiles scintillantes veillant sur l’Empire endormi comme des millions d’yeux bienveillants. Une fraîche brise nocturne balayait la campagne de Samothrace, au cœur du Naxopole, berçant les habitants des chaumières dispersées, plongés dans un sommeil récupérateur à la suite d’une autre dure journée de labeur. Mais tous ne dormaient pas. Au-dessus d’une masure au toit de chaume, une étoile brillait davantage que les autres.
Symbole superstitieux ou signe de la divine Providence, Joséphine naquit lors de cette nuit de printemps, à la lueur vacillante d’un feu mourant. Peu importait si l’astre ardent supervisait la naissance de l’enfant, sa venue n’apporta pas la joie escomptée au sein de sa famille qui ne comptait qu’un seul garçon pour quatre filles. Pour gagner son pain dans un environnement aussi rigoureux que celui des campagnes du Naxopole, une main d’œuvre physique était nécessaire pour effectuer les éreintantes tâches agricoles du quotidien. Pour l’épauler dans ses lourdes corvées, la famille avait prié pour la venue d’un garçon. Mais la mère accoucha d’une fille. La gifle fut magistrale, odieuse insulte à une honnête famille paysanne qui trimait dur pour payer les lourds impôts, qui ne cessaient d'augmenter, et mettre quelque chose à manger sur la table. Dans le ciel, l’étoile continuait d’étinceler, proclamant un évènement réjouissant. Pourtant, dans la petite masure, l’éclat dans tous les regards avait cessé de pétiller.
Symbole superstitieux ou signe de la divine Providence, Joséphine naquit lors de cette nuit de printemps, à la lueur vacillante d’un feu mourant. Peu importait si l’astre ardent supervisait la naissance de l’enfant, sa venue n’apporta pas la joie escomptée au sein de sa famille qui ne comptait qu’un seul garçon pour quatre filles. Pour gagner son pain dans un environnement aussi rigoureux que celui des campagnes du Naxopole, une main d’œuvre physique était nécessaire pour effectuer les éreintantes tâches agricoles du quotidien. Pour l’épauler dans ses lourdes corvées, la famille avait prié pour la venue d’un garçon. Mais la mère accoucha d’une fille. La gifle fut magistrale, odieuse insulte à une honnête famille paysanne qui trimait dur pour payer les lourds impôts, qui ne cessaient d'augmenter, et mettre quelque chose à manger sur la table. Dans le ciel, l’étoile continuait d’étinceler, proclamant un évènement réjouissant. Pourtant, dans la petite masure, l’éclat dans tous les regards avait cessé de pétiller.
L’héritage
Malgré le désappointement avoué d’avoir engendré une fille, les parents ne remirent pas en question l’existence de leur enfant. Bien qu’elle n’eut droit à aucun traitement de faveur particulier, Joséphine grandit indifféremment de ses sœurs, recevant les mêmes égards que celles-ci. Elle participa activement aux tâches ménagères et, en dépit de leur maigres possessions, ne manqua de rien Toutefois, chaque fois qu’un membre de sa famille posait un regard sur elle, la cadette pouvait sentir peser sur elle une vague de déception. Au fond d’elle-même, Joséphine comprit très tôt qu’elle ne représentait pas ce qu’on souhaitait d’elle. Elle se savait la mauvaise personne au mauvais endroit et au mauvais moment. Ils prétendaient l’aimer et pourtant, elle ne correspondait pas à leurs attentes. La famille avait besoin d’un autre garçon dans les champs et/ou s’occuper des quelques moutons. Au lieu d’une telle richesse, ils se retrouvaient avec une cinquième ménagère qui ne leur rapportait rien. Cette épée de Damoclès planant constamment au-dessus de sa tête, Joséphine devint une petite fille timide, réservée et constamment en quête d’assurance.
Son père, Albriecht, était un paysan costaud et imposant, au visage sévère. Un seul regard autoritaire suffisait à ramener l’ordre et la discipline dans la masure. Les séances de correction se faisaient donc plutôt rare. Il s’agissait d’un homme travailleur, prêt à tout pour subvenir aux besoins de sa famille. Il était celui qui semblait regretter le plus la venue au monde de sa cadette. Sa mère se nommait Cassandre, une femme bien plus jeune que son époux mais tout aussi dévouée. Cassandre témoignait beaucoup d’attention envers tous ses enfants, Joséphine n’y faisant pas exception. Cependant, elle ne cessait de lui rappeler que « si elle avait été un garçon… ».
Lydianne, l’aînée de la famille, faisait figure d’autorité chez ses sœurs. Lorsque leur mère s’absentait et que les hommes travaillaient aux champs, les rênes de la maison lui appartenait. À l’approche de ses 14 ans, les parents tâchaient de lui trouver un époux convenable. Elle se montrait froide vis-à-vis Joséphine, mais reconnaissait néanmoins sa place au sein de la famille. Dereck, le second et seul garçon de la famille, n’entretenait que peu de liens avec sa sœur cadette. Il passait toutes ses journées à l’extérieur, travaillant d’arrache-pied aux côtés de son père. Joséphine passait le plus clair de son temps avec ses trois autres sœurs, soit Arielle, Élaine et Serena. De quatre ans son aînée, Arielle était de loin la plus bienveillante à son égard, la seule n’ayant exprimé aucune déception lors de sa naissance. Animée d’un sentiment protecteur, Arielle veillait sur sa cadette comme un trésor, bien consciente des difficultés qu’elle doit traverser. Elle lui transmit inconsciemment des valeurs de compassion qui jamais ne la quittèrent. Aux yeux de Joséphine, Arielle représentait plus qu’une sœur complice. Elle était sa bonne étoile, celle en qui elle pouvait s’en remettre lors des pires moments.
Physiquement, Joséphine a hérité de la flamboyante chevelure rousse de sa mère. Ses yeux noisettes, perçants et calculateurs, proviennent du côté paternel. Sa peau laiteuse, typique des femmes de son pays, trahissent ses origines Naxopolitaines. Son nez aquilin, identique à celui de ses quatre sœurs, lui confère une élégance faciale digne d’un aigle.
Son père, Albriecht, était un paysan costaud et imposant, au visage sévère. Un seul regard autoritaire suffisait à ramener l’ordre et la discipline dans la masure. Les séances de correction se faisaient donc plutôt rare. Il s’agissait d’un homme travailleur, prêt à tout pour subvenir aux besoins de sa famille. Il était celui qui semblait regretter le plus la venue au monde de sa cadette. Sa mère se nommait Cassandre, une femme bien plus jeune que son époux mais tout aussi dévouée. Cassandre témoignait beaucoup d’attention envers tous ses enfants, Joséphine n’y faisant pas exception. Cependant, elle ne cessait de lui rappeler que « si elle avait été un garçon… ».
Lydianne, l’aînée de la famille, faisait figure d’autorité chez ses sœurs. Lorsque leur mère s’absentait et que les hommes travaillaient aux champs, les rênes de la maison lui appartenait. À l’approche de ses 14 ans, les parents tâchaient de lui trouver un époux convenable. Elle se montrait froide vis-à-vis Joséphine, mais reconnaissait néanmoins sa place au sein de la famille. Dereck, le second et seul garçon de la famille, n’entretenait que peu de liens avec sa sœur cadette. Il passait toutes ses journées à l’extérieur, travaillant d’arrache-pied aux côtés de son père. Joséphine passait le plus clair de son temps avec ses trois autres sœurs, soit Arielle, Élaine et Serena. De quatre ans son aînée, Arielle était de loin la plus bienveillante à son égard, la seule n’ayant exprimé aucune déception lors de sa naissance. Animée d’un sentiment protecteur, Arielle veillait sur sa cadette comme un trésor, bien consciente des difficultés qu’elle doit traverser. Elle lui transmit inconsciemment des valeurs de compassion qui jamais ne la quittèrent. Aux yeux de Joséphine, Arielle représentait plus qu’une sœur complice. Elle était sa bonne étoile, celle en qui elle pouvait s’en remettre lors des pires moments.
Physiquement, Joséphine a hérité de la flamboyante chevelure rousse de sa mère. Ses yeux noisettes, perçants et calculateurs, proviennent du côté paternel. Sa peau laiteuse, typique des femmes de son pays, trahissent ses origines Naxopolitaines. Son nez aquilin, identique à celui de ses quatre sœurs, lui confère une élégance faciale digne d’un aigle.
La séparation
Joséphine menait jusque-là une vie tranquille en compagnie de sa famille. Elle accomplissait ce que l’on exigeait d’elle sans jamais rouspéter ou remettre en question l’ordre établi. En s’investissant ainsi volontairement dans ses travaux ménagers et se voulant aussi docile, elle cherchait à plaire à ses parents, à son frère et à ses sœurs. Il s’agissait en quelque sorte de sa façon d’excuser sa condition féminine. Lorsqu’elle disposait de temps libres, elle se contentait de suivre Arielle. Lorsque cette dernière n’était pas disponible, elle préférait rester seule. Cette routine bascula complètement au cours de l’automne de ses six ans.
En raison d’un été écrasé par une sécheresse, les récoltes furent catastrophiques. L’argent obtenu de la vente des céréales était dérisoire. Lorsque les collecteurs d’impôts passèrent à la petite ferme familiale, ils constatèrent qu’Albriecht ne possédait pas la moitié de la somme suffisante pour payer les impôts. Les collecteurs balayèrent du revers de la main l’excuse de la température, prétendant qu’il était du devoir d’un serf de prévoir et prévenir les caprices de la nature. Ils s’apprêtèrent à emporter un nombre important de moutons en guise de paiement, mais Albriecht s’opposa, justifiant que la laine de mouton leur servait de revenus supplémentaires, indispensables à sa famille. Il proposa une autre solution, une solution déchirante : leur vendre sa fille cadette comme esclave.
Âgée de seulement six ans, Joséphine eut du mal à suivre le fil de la conversation. Lorsqu’elle entendit des clameurs s’élever parmi le reste de sa famille et remarqua leurs visages livides, elle sut que quelque chose n’allait pas. Les collecteurs d’impôts acceptèrent l’offre d’Albriecht et rapidement, des soldats s’emparèrent de la gamine et lui intimèrent l’ordre de ne pas se débattre. Terrorisée, Joséphine commençait à comprendre ce qui se produisait. Elle ne reverrait plus sa famille. Ces gens l’arrachaient à ceux avec qui elle avait passé toute sa vie, avec l’approbation de ceux-ci. Aucun ne les en empêchait, sauf Arielle qui se jeta contre les soldats, en proie à une rage meurtrière. La jeune fille fut facilement maîtrisée par les hommes armés, puis punie du fouet devant toute la famille. Chancelante, Joséphine aurait tombé sans le support solide des soldats qui la retenaient. Ses forces la quittaient, son esprit complètement vaincu par la peur. Tout autour d’elle devenait flou. Elle n’entendait que les échos des voix, des cris et des pleurs des gens autour d’elle. La dernière image qu’elle aperçue avant de sombrer dans l’inconscience furent les yeux d’Arielle, inondés de larmes, qui ne pouvait détacher son regard du sien…
À leur retour à Samothrace, les collecteurs d’impôts vendirent Joséphine à un marchand d’esclaves répondant au nom de Krellan. Trois jours plus tard, Krellan organisa une grande vente d’esclaves sur la place publique de la cité. Joséphine se trouva en première loge pour assister à sa première vente d’esclaves. Le commerce humain n'avait rien de plaisant et les réactions du public la troublaient profondément. Plus dérangeant encore, elle n’oublierait jamais le regard de deux maigrichons petits garçons sur l'estrade, peut-être de son âge, lorsqu'un gros homme barbu offrit la meilleure enchère. Le plus jeune ferma les yeux, une larme naissant dans ses yeux et qui vint mourir sur ses lèvres, tandis que l'aîné l’enlaça de ses bras pour le réconforter, cherchant à rester aussi forts qu'unis. Tout deux savaient qu'en plus d'avoir probablement perdu leur famille, on leur enlevait ce qu'ils possédaient de plus cher: la liberté. Le tour de la jeune fille vint alors.
Elle fut vendue en lot, avec un garçon et une fille, tous les deux sensiblement de son âge. L’acheteur se présenta à eux comme le maître d’une organisation secrète et qu’à partir de maintenant, ils seraient tous les trois entraînés à travailler pour lui. Voile Tranchant, tel était son nom.
En raison d’un été écrasé par une sécheresse, les récoltes furent catastrophiques. L’argent obtenu de la vente des céréales était dérisoire. Lorsque les collecteurs d’impôts passèrent à la petite ferme familiale, ils constatèrent qu’Albriecht ne possédait pas la moitié de la somme suffisante pour payer les impôts. Les collecteurs balayèrent du revers de la main l’excuse de la température, prétendant qu’il était du devoir d’un serf de prévoir et prévenir les caprices de la nature. Ils s’apprêtèrent à emporter un nombre important de moutons en guise de paiement, mais Albriecht s’opposa, justifiant que la laine de mouton leur servait de revenus supplémentaires, indispensables à sa famille. Il proposa une autre solution, une solution déchirante : leur vendre sa fille cadette comme esclave.
Âgée de seulement six ans, Joséphine eut du mal à suivre le fil de la conversation. Lorsqu’elle entendit des clameurs s’élever parmi le reste de sa famille et remarqua leurs visages livides, elle sut que quelque chose n’allait pas. Les collecteurs d’impôts acceptèrent l’offre d’Albriecht et rapidement, des soldats s’emparèrent de la gamine et lui intimèrent l’ordre de ne pas se débattre. Terrorisée, Joséphine commençait à comprendre ce qui se produisait. Elle ne reverrait plus sa famille. Ces gens l’arrachaient à ceux avec qui elle avait passé toute sa vie, avec l’approbation de ceux-ci. Aucun ne les en empêchait, sauf Arielle qui se jeta contre les soldats, en proie à une rage meurtrière. La jeune fille fut facilement maîtrisée par les hommes armés, puis punie du fouet devant toute la famille. Chancelante, Joséphine aurait tombé sans le support solide des soldats qui la retenaient. Ses forces la quittaient, son esprit complètement vaincu par la peur. Tout autour d’elle devenait flou. Elle n’entendait que les échos des voix, des cris et des pleurs des gens autour d’elle. La dernière image qu’elle aperçue avant de sombrer dans l’inconscience furent les yeux d’Arielle, inondés de larmes, qui ne pouvait détacher son regard du sien…
À leur retour à Samothrace, les collecteurs d’impôts vendirent Joséphine à un marchand d’esclaves répondant au nom de Krellan. Trois jours plus tard, Krellan organisa une grande vente d’esclaves sur la place publique de la cité. Joséphine se trouva en première loge pour assister à sa première vente d’esclaves. Le commerce humain n'avait rien de plaisant et les réactions du public la troublaient profondément. Plus dérangeant encore, elle n’oublierait jamais le regard de deux maigrichons petits garçons sur l'estrade, peut-être de son âge, lorsqu'un gros homme barbu offrit la meilleure enchère. Le plus jeune ferma les yeux, une larme naissant dans ses yeux et qui vint mourir sur ses lèvres, tandis que l'aîné l’enlaça de ses bras pour le réconforter, cherchant à rester aussi forts qu'unis. Tout deux savaient qu'en plus d'avoir probablement perdu leur famille, on leur enlevait ce qu'ils possédaient de plus cher: la liberté. Le tour de la jeune fille vint alors.
Elle fut vendue en lot, avec un garçon et une fille, tous les deux sensiblement de son âge. L’acheteur se présenta à eux comme le maître d’une organisation secrète et qu’à partir de maintenant, ils seraient tous les trois entraînés à travailler pour lui. Voile Tranchant, tel était son nom.
* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *
Nous formons les assassins les plus compétents de Naxopole et peut-être même de Kalamaï. « Silence de mort » est notre devise, autant en raison du silence que nous apportons à nos proies une fois le travail effectué que par notre capacité à demeurer silencieux. Nous agissons dans l’ombre et avec discrétion. Nous tâchons d’éviter à tout prix d’ébruiter notre secret ou mentionner le nom de notre organisation. Car oui, c’est bel et bien un secret et nous devons le conserver par tous les moyens à notre disposition. Très peu sont au courant de notre existence. Moins il y en aura, mieux ce sera.
- Voile Tranchant
* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *
La Main de la Mort
Joséphine rejoignit la Main de la Mort, un clan secret dont les membres étaient formés à devenir de spectaculaires assassins. Le maître se faisait appeler Voile Tranchant, un individu aussi mystérieux que sa propre organisation. Sévissant dans tout Naxopole, la Main de la Mort recrutait ses membres chez les jeunes enfants, parfois en les achetant comme esclave, parfois en les kidnappant. La nouvelle recrue était emmenée au repaire du clan, situé dans l’une des nombreuses catacombes de Samothrace, et n’en ressortait pas avant d’avoir complété sa formation de base. Il s’agissait d’un entraînement rigoureux et extrêmement sévère où la recrue apprenait toutes les facettes du métier d’assassin : furtivité et discrétion, acrobaties et exercices physiques, maniement des armes de corps à corps, maniement des armes de tirs et de lancers, divers arts martiaux dont l’origine restent inconnus, la lecture et l’écriture, la collecte de renseignements, etc. Lorsqu’elle maîtrise tous ces aspects, la recrue peut quitter le repaire et se voit attribuer le titre d’assassin. Une mission épreuve lui est confiée et si elle réussit, elle devient membre officiel de la Main de la Mort. Plusieurs recrues, tout âge confondu, meurent au cours de leur formation, parfois à cause d’un accident lors d’un entraînement ou en raison des mauvais traitements infligés par un maître.
Les débuts de Joséphine au sein du clan furent éprouvants. Beaucoup de membres (et même des recrues) pariaient sur sa durée de vie. Son manque de confiance l’empêchait de performer et de réussir un exercice là où un minimum de persévérance lui aurait procuré la réussite. La première année fut certainement la plus difficile. Au moindre échec, les coups pleuvaient. Chaque nouvelle erreur se traduisait par une punition éreintante. La petite Joséphine ne montrait aucun talent pour exercer un tel métier et ses maîtres se faisaient un devoir de lui rappeler son incompétence. L’un d’eux se montrait particulièrement cruel envers elle. Il se nommait « Perce Cœur », autant pour son habileté à pourfendre le cœur de son ennemi avec une lame qu’avec les mots. Cet homme, s’il en était bien un, l’épouvantait autant qu’il la dégoûtait. Ses paroles injectaient une forte dose de venin chaque fois qu’il ouvrait la bouche et son visage était scindé en deux par une écoeurante cicatrice. Perce Cœur avait acquis une sombre renommée au sein du clan, détenteur du titre du plus grand nombre de décès chez les jeunes recrues….
Joséphine aurait pu y laisser la vie dès cette première année. Elle aurait dû y laisser la vie. Cependant, elle trouva un considérable support moral en Éloa et Aaron, les deux enfants avec qui elle fut vendue. Un fort lien d’amitié se tissa entre les trois enfants qui survécurent grâce au courage qu’ils s’insufflaient en tout temps. La relation que Joséphine partageait avec eux lui rappelait Arielle, sa grande sœur qui l'a toujours soutenue. En leur compagnie, la jeune fille se sentait prête à affronter les pires épreuves. Elle pouvait sentir leur sympathie à son égard et elle le leur rendit bien. Même Perce Cœur ne parvenait pas à percer cette carapace d’amitié. Ceci allait causer problème puisqu’une telle relation mettait en péril son travail véritable : créer une caste d’assassin psychologiquement inébranlable et sans aucune attache…
Au fil des ans, confinée à cet entraînement forcé et désormais soutenue par ses deux amis, Joséphine devint une combattante intelligente et talentueuse, doublée d’une discrétion remarquable. Dès qu’elle le pouvait, elle s’entraînait en compagnie d’Éloa et d'Aaron, qui eux aussi devenaient de redoutables assassins. Joséphine se démarquait particulièrement dans les combats à mains nues, où désormais plus personne ne se moquait d’elle. Elle alliait vitesse, souplesse et précision pour vaincre ses adversaires d’entraînement, souvent plus imposants qu’elle. Seule Éloa rivalisait avec elle dans ce domaine. D’ailleurs, une amicale rivalité ne tarda pas à se développer entre les deux filles. Au combat armé, elle parvenait également à s’imposer, bien qu’Éloa la surpassait et qu’il s’agissait du domaine de prédilection d'Aaron. À l’intérieur de l’étrange trio qu’ils formaient, chacun complétait magnifiquement les deux autres. Toutefois, la relation qu’ils entretenaient allait à l’encontre de l’idéologie individualiste du clan. Ceci ne devait pas durer…
Les débuts de Joséphine au sein du clan furent éprouvants. Beaucoup de membres (et même des recrues) pariaient sur sa durée de vie. Son manque de confiance l’empêchait de performer et de réussir un exercice là où un minimum de persévérance lui aurait procuré la réussite. La première année fut certainement la plus difficile. Au moindre échec, les coups pleuvaient. Chaque nouvelle erreur se traduisait par une punition éreintante. La petite Joséphine ne montrait aucun talent pour exercer un tel métier et ses maîtres se faisaient un devoir de lui rappeler son incompétence. L’un d’eux se montrait particulièrement cruel envers elle. Il se nommait « Perce Cœur », autant pour son habileté à pourfendre le cœur de son ennemi avec une lame qu’avec les mots. Cet homme, s’il en était bien un, l’épouvantait autant qu’il la dégoûtait. Ses paroles injectaient une forte dose de venin chaque fois qu’il ouvrait la bouche et son visage était scindé en deux par une écoeurante cicatrice. Perce Cœur avait acquis une sombre renommée au sein du clan, détenteur du titre du plus grand nombre de décès chez les jeunes recrues….
Joséphine aurait pu y laisser la vie dès cette première année. Elle aurait dû y laisser la vie. Cependant, elle trouva un considérable support moral en Éloa et Aaron, les deux enfants avec qui elle fut vendue. Un fort lien d’amitié se tissa entre les trois enfants qui survécurent grâce au courage qu’ils s’insufflaient en tout temps. La relation que Joséphine partageait avec eux lui rappelait Arielle, sa grande sœur qui l'a toujours soutenue. En leur compagnie, la jeune fille se sentait prête à affronter les pires épreuves. Elle pouvait sentir leur sympathie à son égard et elle le leur rendit bien. Même Perce Cœur ne parvenait pas à percer cette carapace d’amitié. Ceci allait causer problème puisqu’une telle relation mettait en péril son travail véritable : créer une caste d’assassin psychologiquement inébranlable et sans aucune attache…
Au fil des ans, confinée à cet entraînement forcé et désormais soutenue par ses deux amis, Joséphine devint une combattante intelligente et talentueuse, doublée d’une discrétion remarquable. Dès qu’elle le pouvait, elle s’entraînait en compagnie d’Éloa et d'Aaron, qui eux aussi devenaient de redoutables assassins. Joséphine se démarquait particulièrement dans les combats à mains nues, où désormais plus personne ne se moquait d’elle. Elle alliait vitesse, souplesse et précision pour vaincre ses adversaires d’entraînement, souvent plus imposants qu’elle. Seule Éloa rivalisait avec elle dans ce domaine. D’ailleurs, une amicale rivalité ne tarda pas à se développer entre les deux filles. Au combat armé, elle parvenait également à s’imposer, bien qu’Éloa la surpassait et qu’il s’agissait du domaine de prédilection d'Aaron. À l’intérieur de l’étrange trio qu’ils formaient, chacun complétait magnifiquement les deux autres. Toutefois, la relation qu’ils entretenaient allait à l’encontre de l’idéologie individualiste du clan. Ceci ne devait pas durer…
La fuite
Âgée de 19 ans, Joséphine obtint le titre d’assassin de la Main de la Mort, un assassin confirmé. Elle reçut ce titre en même temps qu'Aaron et Éloa. On lui attribua le surnom « Danse Flamme », en raison de sa longue crinière rousse, toujours attachée en queue de cheval, qui tournoie comme une flamme lorsque la jeune femme combat. Toutefois, aux yeux du Conseil des Maîtres, quelque chose n’allait pas. Joséphine, malgré un douteux début, aurait dû incarner l’archétype de l’assassin : rapide, discrète, agile et guerrière. Cependant, d’un point de vue psychologique, elle ne semblait pas prête à endosser un tel rôle. Elle paraissait trop douce, voire trop sensible. En mission, elle pourrait représenter un danger pour le clan. Secrètement, le Conseil avait pris une décision la concernant. Elle devrait être cassée ou être éliminée.
Joséphine fut convoquée par le Conseil des Maîtres pour passer sa toute dernière épreuve qui lui permettrait de devenir membre officiel de la Main de la Mort. Voile Tranchant lui dévoila sa mission. Une fois de plus, le monde chavira autour d’elle lorsqu’elle entendit le nom de la cible. Tout son corps se mit à trembler et elle dût prendre un appui pour ne pas s’effondrer. Aaron était la cible à abattre… et elle devait procéder à son assassinat le soir même et emporter sa tête au Conseil, à minuit.
« Un véritable assassin dissimule ses sentiments et n’a d’attaches que ses propres compétences. Sa loyauté ne va qu’à la Main de la Mort et elle doit être sans faille. Il doit être prêt à accepter de côtoyer la Mort d’aussi près qu’il le peut, car elle est son alliée. Seuls comptent l’individu, le Clan et la mission à accomplir. Le reste n’a pas d’importance. Fais ce qui doit être fait, Danse Flamme, et tu rejoindras ta famille. »
- Voile Tranchant
Pour elle, il était hors de question de tuer son ami, un garçon qui l’a épaulé depuis son tout premier jour au sein du clan. D’ailleurs, le simple fait de mettre un terme à la vie d’autrui l’effrayait. Ce moment, voilà longtemps qu’elle l’anticipait. Pourtant, maintenant qu’elle était entraînée et prête à accomplir ce pourquoi elle fut formée, Joséphine ne pouvait se résoudre à ôter la vie de sang-froid.
Elle chercha réconfort auprès d’Éloa. Celle-ci, depuis quelque temps, était devenue plus arrogante, plus agressive. En vérité, Joséphine le savait, Éloa acceptait son sort et le rôle qu’elle aurait à jouer dans le futur, contrairement à la première. Néanmoins, les deux amies continuaient de se tenir en haute estime et se considéraient, à juste titre, comme des sœurs. Cependant, la réponse d’Éloa la stupéfia, jetant du même coup une onde glaciale entre elles. « C’est malheureux, j’aimais bien Aaron. Mais un contrat reste un contrat, peu importe qui est la cible. Si les maîtres te l’ordonnent, c’est ton devoir d’accomplir cette mission. Il me manquera. »
Pour Joséphine, c’en était trop. Son ami ne mourrait pas. Pas de sa main, du moins. Elle choisit de ne pas exécuter la mission.
La nuit venue, alors qu’elle dormait, Perce Cœur pénétra dans sa chambre. Mais les sens surdéveloppés de Joséphine l’alertèrent du danger comme d’un sixième sens. La jeune femme affronta le maître qui ne laissait planer aucun doute quant à ses intentions : l’abattre. Telle était la punition lorsqu’un assassin désobéissait impunément aux ordres du Conseil. Telle était la punition lorsqu’un assassin faisait preuve d’empathie, de compassion. Un cours de ce duel sanglant, Joséphine prit le dessus et planta sa courte lame dans le cœur de Perce Cœur, désormais victime de son propre surnom. Le combat ne la laissa pas indemne, la jeune femme ayant été sévèrement blessée par son ennemi. Mais dans l’esprit tourmenté de Joséphine, les intentions de la Main de la Mort s’éclaircissaient. Ils avaient cherché à la tuer, alors ils recommenceraient…
Malgré ses blessures qui la faisaient souffrir, Joséphine quitta secrètement le repaire de la Main de la Mort, n’emportant avec elle que le strict nécessaire. Quelques rations séchées, ses armes (un katana, un wakisashi, une ceinture de dagues), sa combinaison d’assassin et une tunique plus « civile ». Fuir, tel était son objectif actuel. Peut-être se rendrait-elle à la masure où ses parents l’avaient élevé, il y avait maintenant si longtemps. Avec le recul, elle leur pardonna leur geste passé. Mais la reconnaîtraient-ils ? Accepteraient-ils de la revoir?
« La mort n’apporte que des souffrances inutiles. Qui sommes-nous pour prétendre assister la Mort dans son misérable travail ? Personne d’autre ne mourra de ma main. À moins que je n’en sois forcée. » - Danse Flamme
Elle s’en fit la promesse.
Joséphine fut convoquée par le Conseil des Maîtres pour passer sa toute dernière épreuve qui lui permettrait de devenir membre officiel de la Main de la Mort. Voile Tranchant lui dévoila sa mission. Une fois de plus, le monde chavira autour d’elle lorsqu’elle entendit le nom de la cible. Tout son corps se mit à trembler et elle dût prendre un appui pour ne pas s’effondrer. Aaron était la cible à abattre… et elle devait procéder à son assassinat le soir même et emporter sa tête au Conseil, à minuit.
« Un véritable assassin dissimule ses sentiments et n’a d’attaches que ses propres compétences. Sa loyauté ne va qu’à la Main de la Mort et elle doit être sans faille. Il doit être prêt à accepter de côtoyer la Mort d’aussi près qu’il le peut, car elle est son alliée. Seuls comptent l’individu, le Clan et la mission à accomplir. Le reste n’a pas d’importance. Fais ce qui doit être fait, Danse Flamme, et tu rejoindras ta famille. »
- Voile Tranchant
Pour elle, il était hors de question de tuer son ami, un garçon qui l’a épaulé depuis son tout premier jour au sein du clan. D’ailleurs, le simple fait de mettre un terme à la vie d’autrui l’effrayait. Ce moment, voilà longtemps qu’elle l’anticipait. Pourtant, maintenant qu’elle était entraînée et prête à accomplir ce pourquoi elle fut formée, Joséphine ne pouvait se résoudre à ôter la vie de sang-froid.
Elle chercha réconfort auprès d’Éloa. Celle-ci, depuis quelque temps, était devenue plus arrogante, plus agressive. En vérité, Joséphine le savait, Éloa acceptait son sort et le rôle qu’elle aurait à jouer dans le futur, contrairement à la première. Néanmoins, les deux amies continuaient de se tenir en haute estime et se considéraient, à juste titre, comme des sœurs. Cependant, la réponse d’Éloa la stupéfia, jetant du même coup une onde glaciale entre elles. « C’est malheureux, j’aimais bien Aaron. Mais un contrat reste un contrat, peu importe qui est la cible. Si les maîtres te l’ordonnent, c’est ton devoir d’accomplir cette mission. Il me manquera. »
Pour Joséphine, c’en était trop. Son ami ne mourrait pas. Pas de sa main, du moins. Elle choisit de ne pas exécuter la mission.
La nuit venue, alors qu’elle dormait, Perce Cœur pénétra dans sa chambre. Mais les sens surdéveloppés de Joséphine l’alertèrent du danger comme d’un sixième sens. La jeune femme affronta le maître qui ne laissait planer aucun doute quant à ses intentions : l’abattre. Telle était la punition lorsqu’un assassin désobéissait impunément aux ordres du Conseil. Telle était la punition lorsqu’un assassin faisait preuve d’empathie, de compassion. Un cours de ce duel sanglant, Joséphine prit le dessus et planta sa courte lame dans le cœur de Perce Cœur, désormais victime de son propre surnom. Le combat ne la laissa pas indemne, la jeune femme ayant été sévèrement blessée par son ennemi. Mais dans l’esprit tourmenté de Joséphine, les intentions de la Main de la Mort s’éclaircissaient. Ils avaient cherché à la tuer, alors ils recommenceraient…
Malgré ses blessures qui la faisaient souffrir, Joséphine quitta secrètement le repaire de la Main de la Mort, n’emportant avec elle que le strict nécessaire. Quelques rations séchées, ses armes (un katana, un wakisashi, une ceinture de dagues), sa combinaison d’assassin et une tunique plus « civile ». Fuir, tel était son objectif actuel. Peut-être se rendrait-elle à la masure où ses parents l’avaient élevé, il y avait maintenant si longtemps. Avec le recul, elle leur pardonna leur geste passé. Mais la reconnaîtraient-ils ? Accepteraient-ils de la revoir?
« La mort n’apporte que des souffrances inutiles. Qui sommes-nous pour prétendre assister la Mort dans son misérable travail ? Personne d’autre ne mourra de ma main. À moins que je n’en sois forcée. » - Danse Flamme
Elle s’en fit la promesse.
RP terminés ou en cours
Non loin de Samothrace: la fuite de Danse Flamme (terminé) Ici !
Le voyage de Danse Flamme : vers Vénopole (terminé) Ici !
Les jumelles reprennent la route de l'aventure (en cours) Ici !
Dernière édition par Joséphine le Mar 13 Aoû 2013 - 4:45, édité 7 fois