Devant l’arrivée d’un nouvel elfe, dont Elrebrias semblait avoir peur, Geoffrey resta indifférent.
Il se contenta de petits hochements de tête lorsqu’il s’agissait des présentations.
Devant la demande de l’elfe afin de les accompagner, il ne répondit pas ; devant le caractère entêté dont avait fait preuve celui-ci jusque là, il était évident qu’il les accompagnerait coûte que coûte.
Remettant son nez dans ses papiers, il n’entendait pas Elrebrias répondre à la faveur de son pseudo ami.
Ne souhaitant ignorer ceci et laisser Alkimen sans réponse, il releva la tête afin de lui parler.
Mais il ne prit le temps de prononcer quelques mots ; il repéra bien assez vite par dessus l’épaule de son interlocuteur l’enseigne accrochée sur la façade du bâtiment derrière lui.
Il écarta légèrement celui-ci du bras tout en avançant vers sa découverte, le nez dans ses papiers.
C’était cela ! Dans un sourire plus que satisfait, il accéléra sa marche avant de s’arrêter au pied de ce qui semblait être une demeure.
Il relu ses papiers une dernière fois, puis, d’un pas assuré, se dirigea vers la petite ruelle là plus proche vers sa droite.
Il s’engagea dans cette dernière, puis, comme prévu, vira ensuite à gauche.
Cela amenait à une large rue horizontale dans laquelle logeaient toutes sortes d’individus.
Ne prenant pas le soin d’attendre ses camarades, il rejoignit au plus vite le bout de la rue, là ou était aménagé un comptoir surmonté d’une fourrure de bête tenant sur deux bâtons, tout deux décorés de tous les gri-gri se rapportant à la magie.
S’approchant du comptoir miteux, il frappa quelques coups pour en avertir les propriétaires.
A sa grande satisfaction, un gnome apparut. Devant l’œil surpris du gnome, il mit fin à ses doutes. Il l’avait reconnu. Le gnome, d’ordinaire très bavard engagea la conversation.
- Ca alors ! Cela faisait un bail, est-ce toi …
Geoffrey avait deviné ses paroles et le coupa avant qu’il le finisse.
- Geoffrey. Je te conseille d’oublier le surnom que tu allais prononcé. Tu sais bien qu’il ne m’a jamais plu.
Son ton était froid, mais il ne s’en apercevait à peine, la situation le lui masquait.
Le gnome, intarissable, oubliait en Geoffrey un potentiel client pour ne le considérer que comme un ami.
- Hé bien, Je ne pensais pas te revoir un jour, toi, le plus talentueux de la promotion, tu reviens vers tes vieux amis ! Quand est-il de ton projet ? Dans tes yeux je vois que tu n’as pas soufflé ces dernières années ! Ca change de certain … Depuis que nous nous sommes installés ici, aucune action n’anime nos journées ! Seuls quelques gardes nous servent d’amuse-gueule lorsqu’ils viennent pour nous déloger. Celui sur qui l’ennui est le plus nocif, c’est certainement Ifust. Il s’ennuie à en crever. Kiña semble t’avoir oublié, ce n’est pas plus mal Moi je m’occupe comme je peux, ruminant mes aventures de ma morne vie. Ne t’ai-je pas raconté ? Bien sur que non, tu n’es pas venu depuis 8 ans, il s’est passé quelque chose d’extraordinaire, tout commença lorsqu’en me levant je vis à la fenêtre un oiseau. Celui-ci volait …
- Cesse de tergiverser dans le vide, tu n’as pas changé, toi et ta petite voix aigu mais surtout infatigable. Passons, j’aurai un petit service à te – ou plutôt à vous – demander. Je viens plus en tant que client.
Il déposa une bourse extraordinairement bien pleine sur le comptoir. Le gnome l’évalua
- Hé bien … C’est plus qu’un petit service à en juger la somme contenue dans cette bourse. Que veux-tu donc ?
Si le gnome était très bavard pour les choses anodines, il l’était beaucoup moins pour les affaires. Amis, pas amis, les affaires étaient des affaires à ses yeux.
- Une détection d’individu, accompagné si possible d’un déplacement.
Il leur en demandait peut-être un peu trop. Vu leur état actuel, il était possible qu’ils ne puissent pas recourir à sa demande. Ses doutes furent vite mis à nus.
- Pas de problème … Mais amis ou pas, tu payes avec des vrais pièces d’or, je ne veux pas de l’argent éphémère qui se transforment en grotesques cailloux deux heures plus tard.
Un sourire se dessina sur le visage du gnome, on ne l’arnaque pas si facilement !
Le même sourire apparut aux lèvres de Geoffrey, après tout, lui aussi avait fait l’école de magie, pas étonnant qu’il découvre aisément le subterfuge illusionniste qui planait sur les piécettes.
Dès lors, il laissa tomber cette bourse pour en sortir une bien plus majestueuse dans laquelle il y avait environ la même quantité de matière, si ce n’est plus.
- Voilà qui est mieux ! Voyons donc, de qui veux-tu savoir l’emplacement ?
- Tss, ne t’occupes pas de moi, contente toi donc de me louer tes pouvoirs.
Le gnome monta sur le comptoir, et plaça ses mains à l’effleurement du front du magicien.
Ce dernier sentit d’un coup une énorme vague de pouvoir déferler en lui. Le gnome ne s’était pas relâché ! Il n’avait perdu aucun pouvoir, cependant, le contrôle de cette puissance semblait plus hasardeuse, sans doute que sa condition physique ne lui permettait mieux.
Geoffrey canalisa ce pouvoir afin de le maîtriser. Une fois cela effectué, il se sentit planer au dessus des terres de Kalamaï. Le gnome lui transmit ses pensées. « Penses très fort à cette personne et tu ressentiras son aura à travers le monde ! «
Cela n’était pas dur pour Geoffrey, rarement il n’avait cessé de penser à elle.
Très vite, il sentit sa présence, sur le chemin entre Mésologion et la cité impériale.
Il repéra l’endroit et le nom de la ville dans laquelle elle et l’homme se trouvaient.
Il rapprocha son esprit de ce lieu, et put y voir quelques images saccadées.
Les lieux se présentèrent à lui, mais il les oublia rapidement, il ne s’inquiétait que d’une personne. Alors celle-ci lui apparut. Elle semblait blessée, mais tenait encore debout. Il ne pensait pas l’homme qui l’accompagnait capable de lui faire ceci. Mais alors, cela signifiait qu’il était possible qu’ils soient en danger.
La perte de temps due à ses pensées prolongées l’empêcha d’en savoir plus.
Il rompu le contact avec le gnome qui perlait de sueur.
Satisfait, il l’interrogea.
- Une téléportation, il me faudrait une téléportation, Ifust est-il encore opérationnel ?
Il regarda le gnome fatigué et le laissa souffler. Il avait bien travaillé.
Dans cette attente, il crut sentir des pas sur le dallage irrégulier de la rue.
Ses compagnons étaient-ils revenus jusqu’à lui ?