Le Monde de Kalamaï
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Sur la route de Bacre à Corrosa

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Étape précédente


Ils reprirent leur route.

Grognar avait renoncé à enfiler sa lourde armure et voyageait en tunique légère et braies de toile.

La chèvre n’était plus tout à fait la même. Son expérience lui avait fait appréhender le monde d’une autre manière. Sa transformation en boule qui tourne l’avait tourneboulée. Elle se comportait comme un chien , les suivant partout sans être attachée, courant derrière eux, se couchant à leur pieds, sa tête sur ses pattes et les yeux implorants.

Ils marchèrent toute la journée pour arriver à un relais de poste à la tombée de la nuit. Ici, ils auraient pu changer leurs chevaux s’ils en avaient eu. Mais l’endroit était aussi une auberge et cela raviva leur bonne humeur.

L’Ardonien commanda deux chambres et deux tonneaux de bière.

- Ca m’étonnerait que t’arrive à boire tout ça ! Je t’aiderai à finir si tu veux, proposa Grognar avec abnégation.

Encore une fois, le géant avait refusé de pénétrer dans le bâtiment. Tout ici était trop petit pour lui et il choisit de préserver sa dignité en dormant dehors. L’Ardonien n’envisagea pas une seconde de profiter du confort d’un bon lit quand son compagnon goûterait à la dureté du sol caillouteux. Aussi, par solidarité, il installa sa natte près de Grognar.

Ils payèrent donc une chambre pour dormir tous les deux à la belle étoile.

C’est ainsi qu’au lever du jour, les premiers clients levés, qui reprenaient déjà la route, purent voir un géant, un homme au chapeau posé sur le visage et une chèvre folle qui dormaient par terre, appuyés contre le mur d’une auberge douillette.
La soirée fort arrosée, leurs péripéties à Bacre suivies d’une grande journée de marche les avaient plongés dans un sommeil profond dont rien ne semblait vouloir les tirer. Les allées et venues finirent cependant par réveiller les deux compères, là où le soleil n’y était pas parvenu.

Ou plutôt, finirent par agacer la chèvre qui, au passage des premiers voyageurs se contenta de grogner, de plus en plus fort, pour finalement pousser des bêlements qu’elle prenait avec conviction pour des aboiements.

Un dernier homme sortit du relais pour rejoindre sa charrette. Le capriné se jeta en avant, montrant les dents et poussant des grognements. Elle n’eut pas le temps de saisir la jambe de son pantalon, il avait déjà sauté sur le siège de sa carriole.

Grognar ouvrit un œil et, avisant la situation, se leva en s’écriant :

- Ici, biquette ! Aux pieds !

Penaude, l’animale rejoint son maître et s’assit à ses pieds, regardant avec un air mauvais celui qu’elle prenait pour un intrus.

L’Ardonien s’était levé à son tour et tout en vissant son éternel chapeau présenta ses excuses à l’inconnu. C’est que, malin, il avait constaté que sa charrette était vide et il espérait que ce type pourrait les conduire jusqu’à la prochaine ville. Ou au moins, les rapprocher.

Le rythme qu’imposaient les grandes pattes de son compagnon épuisait l’Ardonien et il ne serait pas contre l’idée de faire une partie du voyage assis sur ses fesses.

- Vous allez à Basalte ? dit goguenard leur interlocuteur ? Ah, ben ça ! Ca tombe bien parce que c’est là que je vais ! Je vais prendre une cargaison de bois et je suis vide. Montez-là dedans, ma charrette est bien assez grande pour votre copain.

Les deux hommes s’installèrent à bord, Grognar souleva la chèvre et se chercha une position confortable. Mais rien à faire, ses jambes dépassaient de moitié dans n’importe quelle position.

Leur chauffeur était un petit homme à la face rougeaude, dont on devinait qu’il était d’une bonne humeur constante. Un brave type serviable et surtout sociable. Il était heureux de voyager avec un peu de compagnie et tout le long du chemin, il les abreuva de ses histoires personnelles, de ses bavardages incessants.

Rien de ce qu’il racontait n’intéressait aucun des deux compagnons et à aucun moment, ils n’éprouvèrent le besoin de lui répondre. Ca n’avait que peu d’importance parce qu’ils n’auraient pas pu placer une parole. Son flot volubile fut incessant et, soûlés par ce ronron continuel, Grognar et l’Ardonien s’endormirent.

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On pourrait facilement penser que le flot incessant des paroles du petit homme, associé à la fatigue des deux voyageurs, était la raison du sommeil qui prit Grognar et L'Ardonien. Un doute s'immisçait cependant quand, après avoir vérifié du coin de l'oeil ce que faisaient ses deux carriole-stoppeurs, le conducteur eu un sourire en coin.

Il n'était pas le pauvre marchand ambulant qu'il semblait être. Il avait, il n'y a pas si longtemps encore, exercé la profession de barde. Après un long entrainement, il avait donné à sa voix un caractère hypnotique, plongeant quiconque l'écoutait trop longtemps dans un profond sommeil.

Il arrêta le chariot. Des fourrés alentours sortir ses complices, malandrins de tous horizons, portant avec eux des sacs et des chaines, certaines si lourdes qu'ils se mettaient à plusieurs pour les porter, si lourdes qu'un géant n'aurait pu s'en défaire. C'est qu'ils ne se contentaient pas de délester leurs proies. Quand ils tombaient sur des combattants, ils les ramenaient à des trafiquants d'esclaves. Un guerrier et un géant se vendaient très bien. Comme beaucoup d'autres avant eux, ses deux là finiraient sans rien, à fond de cale d'un navire filant vers un continent lointain.

Tous riaient de leur bonne fortune et de ce que Orphange leur apportait. Comment cela pourrait-il mal tourner?

Et pourtant, il restait un espoir pour nos deux compagnons. L'esprit d'un humain et celui d'un géant étaient suffisamment similaires pour succomber à la voix du petit homme. Par contre, l'esprit d'une chèvre se prenant pour un chien sortait complètement de son champ d'action.

Et la chèvre justement, comprenant le danger tapait dans Grognar pour le réveiller. Rien n'y faisait, le géant n'avait aucune réaction, et pour cause, la chèvre était trop petite pour faire autre chose que légèrement vibrer le ventre du géant. En désespoir de cause, elle fonça vers l'avant et beuta dans le dos L'Ardonien endormi . Le chapeau du guerrier bascula, rebondit deux fois et fini dans la poussière.
Cette manoeuvre attira l'attention du conducteur sur son petit manège, et il lâcha un coup de pied à la chèvre, lui intimant de dégager de là. Tout semblait perdu pour cette pauvre biquette qui allait sans doute finir à la rôtissoire.

L'Ardonien ouvrit un oeil, analysa la situation, et planta jusqu'à la garde l'une des dagues qu'il avait dans le dos dans l'oeil du conducteur qui mourut instantanément le cerveau transpercé.

Dans un tintement métallique, il tira sa grande épée, finit de se redresser et poussa Grognar de la botte, joignant ce geste à la parole.



Grognar, debout, au nom de Brak que tu chéris, réveille-toi! Un combat nous attend!



Mais rien n'y faisait, la voix de L'Ardonien ne passait pas les brumes du sommeil qui tenait encore fermement l'esprit du géant.
Autour, les bandits commençaient à poser leurs chaines et à dégainer leurs armes, couteaux, épées courtes et quelques épées plus longues.
L'Ardonien envisagea de hurler bière comme dans les théâtres comiques, en se disant que Grognar ne raterait sans doute pas une tournée.
Finalement, il resta sérieux, l'heure n'était pas à la rigolade! Grognar était un guerrier, alors, s'il ne pouvait appeler le géant, il appellerait le combattant!

Au rythme d'un tambour de guerre, il frappa le chariot avec son épée, dévisageant tour à tour de son regard délavé chacun de ses opposants. Il lui semblait que le son du métal contre le bois sonnait bien fort, et cela donnait à la scène une atmosphère plus lourde. Dans l'air planait la mort...

Et pour les bandits encerclant le chariot habitués à dévaliser des voyageurs endormit, voir ce sombre guerrier sans une once de peur tapant le sol tel un soldat inconnu avait quelque chose d'effrayant. Se jetant des regards, ils finirent par se ressaisir et avancèrent pour la curée.


BOUM BOUM BOUM BOUM

Au rythme de ses battements de coeur, L'Ardonien continuait de taper le chariot, puis, empoignant son épée, il sauta à terre en poussant un ancien cri de guerre, qui, là aussi, sembla résonner d'une façon anormale et dont les échos allèrent chatouiller les oreilles de Grognar, et chargea les plus proches adversaires.

Un oeil, grand comme la main d'un homme, s'ouvrit...



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BOUM BOUM BOUM BOUM

Le doux tamtam de son cœur éveillait doucement Grognar.

BOUM BOUM BOUM BOUM


Il ouvrit un œil.

BOUM BOUM BOUM BOUM

En bas du chariot, l’ Ardonien, l’épée en main, s’avançait vers une troupe guenilleuse de brigands des chemins. Il s’élançait comme un beau diable au devant d’une échauffourée périlleuse.

- Beau programme, cette nuit !
pensa le géant.

Presque à chaque fois qu’il s’endormait, Grognar se mettait à rêver. Et ses rêves en technicolor le remplissaient d’un ravissement béat. Il y voyait tout ce qui lui faisait défaut sur son Mont Roc-Pointe où jamais personne ne vient.
Il y voyait des bribes de son ancienne vie, des espoirs pour sa future vie et des histoires toutes entières inventées, parfaitement dans son goût.

Chaque fois que Grognar s’endormait, il vivait par procuration d’intenses et épiques batailles. Il voyait se dérouler le film de combats acharnés, où lui ou son héros gagnait toujours à la fin.

Cette fois, il rêvait de son copain "l’Air-de-Rien" aux prises avec quelques clampins mal habillés, mal équipés, mal dégrossis…

Il n’allait en faire qu’une bouchée, et Grognar salivait déjà d’assister à une bonne raclée.

BOUM BOUM BOUM BOUM

Le tam-tam cessa soudain et un cri guerrier résonna dans ses oreilles. Une lourde pression se fit sur son ventre !

La chèvre, toujours fidèle, se jetait à l’assaut avec son petit maître et pour cela, elle piétina le ventre de son grand maître pour sauter du chariot. En poussant des grognements sauvages, elle s’élança au milieu des hommes, mordant tout ce qui passait à sa portée.

- Par les écarlates gonades de Brak ! Me saute pas sur le ventre quand je pionce, biquette ! tonna le géant, en se redressant, assis dans la carriole.

Face à la charge d’une chèvre furieuse et au tonnerre qu’évoquait la voix de Grognar, les bandits eurent un moment de stupeur et de flottement.

Grognar, lui, n’en avait aucun. Immédiatement, son instinct de combat lui fit entrevoir la situation et le réveilla complètement.

Avec un calme olympien, il saisit sa masse et descendit lentement du chariot.

Pendant ce temps, l’Ardonien, figé l’espace d’une seconde, reprit son élan et enfonça la première ligne. Coupant, tailladant, estoquant, tranchant, il se frayait un passage parmi les malfaiteurs, laissant derrière lui membres coupés et arrachés, corps sanguinolents ou mortels blessés hurlant leur douleur à la mort.

Grognar avait rejoint le guerrier et faisait tournoyer sa masse dans sa main. Au passage, elle écrasait mâchoires et crânes, dans des grands "splorch !" , au son mouillé de longs filets sanglants.

La panique s’empara du camp adverse et les premières défections ne mirent pas longtemps à survenir. Les yeux hagards, les bandits comprenaient seulement, un peu trop tard, qu’ils n’avaient pas à faire à leurs victimes habituelles.

Les hommes encore hors d’atteinte coururent sous le couvert des bois avec la rapidité des désespérés. Les autres ne purent échapper à l’étau qui se refermait sur eux et se virent broyés par la boule hérissée de pointes du géant, ou dentelés par la large lame effilée de l’Ardonien.

La chèvre, quant à elle, courait après les fuyards, saisissant leurs mollets dans sa gueule aux dents pas du tout pointues. Mais cela suffisait à les effrayer davantage.
Autour des deux compagnons, un cercle de cadavres mutilés dessinait une jolie marguerite aux multiples pétales ensanglantés dont ils étaient le cœur.

Grognar émit un sifflement aigu et la chèvre cessa sa poursuite pour revenir à ses pieds.

Il se tourna vers l’Ardonien et le regarda avec cet air paternaliste qu’il savait prendre parfois :

- C’est incroyable ! La dernière fois avec le moine… Là, quand je pique un petit roupillon… Dès que je tourne le dos cinq minutes, il faut que tu nous attires des ennuis !

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L'Ardonien était rarement surpris, mais la remarque de Grognar lui fit lever les yeux au ciel. Pourtant, il fallait bien reconnaitre que ses derniers temps, il avait déclenché quelques bagarres. Il failli répondre, mais, secouant la tête, il repartit en souriant.

Ils firent le tour des corps pour récupérer quelques piécettes bien gagnées à la sueur de leur front, et même des vivres... dans les sacoches de leurs défunts adversaires bien entendu!
Il y avait quelques mets un peu plus cuisinés et exotiques, ce qui améliorerait leur ordinaire.

Ils inspectèrent ensuite la carriole. Intacte, c'était une prise précieuse pour les deux voyageurs, au moins jusqu'à Basalte. La traversée des marécages ne pouvant pas être effectuée avec. Pragmatiques, ils décidèrent de l'utiliser pour le moment, et de la vendre à Basalte.

L'Ardonien monata à l'avant, prenant la place du mort, mort qui fut d'ailleurs balancé sans ménagement dès que L'Ardonien eu récupéré sa dague.



Bordel de Brak "l'Air-de-rien, t'as tout dégueulassé!



L'Ardonien ne pu qu'opiner et tenta de nettoyer un peu tout ce sang. Qu'est ce que ça saignait un crâne! Soupirant, il s'installa dans un coin propre.



Réjouis toi mon gros, au moins biquette et toi n'êtes pas tenu de venir là.


*****



Le trajet jusqu'à Basalte n'était pas vraiment plus rapide en cariole qu'à pied, surtout au rythme de course privilégié par les deux voyageurs, mais, les 5 jours qu'il dura passèrent à un rythme de vacances. Ce fut une atmosphère paisible et les langues se délièrent.
Pour la première fois depuis leur rencontre, ils prirent le temps de se connaitre un peu mieux.
Le fait était là, ces deux solitaires s'entendaient bien.

L'Ardonien n'avait pas non plus oublié le phénomène d'amplification des sons qu'il avait subi, et il y réfléchit profondément.
Après quelques essais et beaucoup de réflexions, il en déduit que c'était là l'oeuvre du curieux médaillon représentant un soleil noir, avec sa couronne de flammes courbes.
Mais jamais il ne pu réellement reproduire ce qu'il avait ressenti à ce moment là.

Et comme Grognar commençait à trouver embêtant que son ami encapé cri son nom en tenant son médaillon dès qu'il s'éloignait , il finit par cesser.
La conclusion qu'il tira de tout ça, c'est que lorsqu'il combattait, sa concentration devait approcher celle d'un moine en pleine méditation, ce qui actionnait le pendentif. Mais à quoi pouvait servir un tel objet? Hormis à appeler Grognar à l'autre bout du champ de bataille?

Ce sujet sérieux excepté, ils n'eurent que du beau soleil, peu de vent, et des nuits douces pendant lesquelles le feu crépitait vigoureusement.
Bien reposés, voilà comment ils atteignirent Basalte, et, L'Ardonien eu cette remarque énigmatique, lui même se trouva ensuite bien incapable de l'expliquer à son compagnon, ce qui ne dérangea absolument pas ce dernier:



Ah Ah, si nous étions en Mésomnom, nos corps bouilliraient tellement de mana que nous pourrions incanter tout la sainte journée!


Après donc une vaine tentative d'explication en réponse au regard sceptique de Grognar, le géant reformula et résuma comme seul il savait le faire.

T'es en forme quoi. Moi aussi.


PAN! ça c'était du concis! Et pourtant qu'elle justesse!

Et donc, voici les deux voyageurs face à Basalte, découvrant cette nouvelle étape de leur périple.
Basalte était une grande ville active, étape de nombre de marchands, itinérants, ou simplement des voyageurs comme eux. La ville était en effet située sur l'une des seules routes contournant les marécages, et servait de lien entre plusieurs grandes villes et provinces du continent.

On pouvait donc y trouver nombres d'auberges, des plus dépravées au plus luxueuses, et toutes sortes d'individus, des plus nobles aux plus patibulaires.
Et il y avait aussi quelques groupes d'aventuriers, qui, comme eux, tenteraient sans doute un voyage au coeur des marécages, pour l'aventure ou la traversée.

D'un commun accord, ils décidèrent d'aller du coté chic. Leurs finances le leur permettaient, ils ne ferait que réinvestir l'or trouvé sur les brigands, et ils pourraient ainsi probablement éviter une nouvelle bagarre, même si Grognar émis des doutes sur ce point.

Ils en trouvèrent une bien ,avec une grande écurie apte à accueillir à la fois la carriole et le géant. L'Ardonien, lui, avait bien envie d'un bain, un moins habillé que le dernier fit-il d'ailleurs remarquer à son compagnon, et donc, pour cette fois, il paya une chambre pour quelque chose.

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Pendant que "l’Air-de-Rien" va faire trempette, moi, j’ai décidé de faire un peu de "tourimse". M’a l’air plutôt cossue cette bourgade !

En tout cas, le quartier que nous a choisi l’encapé, c’est rupins et compagnie. Des bagouzes à tous les doigts, des étoffes soyeuses, des pièces plein les poches…

Rien à voir avec mon décor habituel. Moi, mon décor, c’est un ramassis de crétins, avec pas un rond, et d’ailleurs, je vois pas comment ils le dépenseraient… C’est qu’ils me manquent un peu tout de même tous ces cons !

Sur le marché, j’ai acheté deux trois poulets pour me caler une dent creuse. J’ai donné les nonosses à Biquette qu’en pouvait plus de joie. Elle sautillait partout et elle s’est rongée les carcasses comme une affamée. Maintenant, elle marche à mes pieds, le reste d’une patte de poule dans la gueule.

C’que j’aimerais bien trouver, c’est un guide pour nous faire traverser les marais. Parce que la patouille croupie et les algues vertes, c’est pas mon domaine. Moi, je suis un gars de la montagne, des vertes prairies et des forêts en bois…

Je sais même pas ce qui rôde dans un marigot… Des sangsues, ça oui, je connais. Mais en plus gros ? Y’a sûrement de la bébête à croiser et m’est avis qui voudrait mieux avoir un gars qui s’y connaît.

Et ce genre de type louche, qui écume les marécages pour des affaires louches, c’est pas à rupinville que je vais le trouver.

Ni une, ni deux, j’ai pris sur moi de redescendre dans le quartier mal "femmé". "L’Air-de-Rien" m’a bien dit : "Tu bouges pas de là !", mais d’une, c’est pas ma mère, et de deuzio, pendant qu’y fait son débarbouillage, j’ai bien le droit de me rendre utile.

Alors, je traîne en zyeutant les bobines de toutes ces p’tites têtes, jusqu’à trouver celle qui va m’inspirer.

Et je mets pas longtemps à aviser l’échoppe d’un gars en train de tanner des peaux sur le pas de sa porte. Des peaux de serpents, de lézards, de crapauds et toutes ces sortes de trucs gluants qu’on trouve, si "jeune ma buse", dans la flotte stagnante.

Je vais "l’astropopher" sur un ton aimable comme Elune et l’encapé m’ont appris. Parce que, d’après eux, paraît que j’ai pas l’abord facile…

- Bonjour, mon bon monsieur, qu’j’y dit ! Sauriez-vous, si c’est pas trop abuser de votre bonté, où que j’peux trouver un guide pour m’emmener dans les marais ?

Le type a regardé Biquette avec un drôle d’air. J’ai serré ma baguette à pointes dans ma main. Il va quand même pas me la tanner ma Biquette, cet empailleur…

- Qu’est-ce que vous voulez faire dans les marais ? Promener votre chèvre ?

J’aime pas trop son petit ton à cézigue, va falloir qu’il en change avant que ça me braque.

- Je veux rien faire dans les marais, je veux juste les traverser… Pour aller de l’autre côté… Mais vu que je connais pas le coin, j’ai pas envie de tournicoter pendant des jours. Donc, soit tu connais quelqu’un qui peut me rendre service, soit tu m’oublies et tu retournes à ta fabrication de sacs à main…

La parlote, c’est pas mon truc ! Il va pas m’amuser comme ça pendant des plombes, bordel de Brak ! C’est quand même pas croyable que les gens soient pas foutus de répondre à une question facile facilement.

- Vous êtes combien ? Juste vous et la chèvre ?

- Non, j’ai aussi un copain qui traîne ses guêtres avec moi. Il est pas là parce qu’y se lave ! Il est un peu précieux… Et on a une carriole !


- La carriole, vous oubliez ! Les marais, on peut les traverser qu’à pied ! Si vous avez de quoi payer, je connais votre homme. Soyez-là à la tombée de la nuit, je vous le présenterai !


A la tombée de la nuit ! Pour quoi faire ? Faut pas me prendre pour un lapin de six semaines, si son guignol veut pas se montrer de jour, c’est sûrement pas le cousin de l’empereur ! On va encore se traîner un mec à attirer les problèmes, genre contrebandier ou "anarchite" !

C’est comme une fatalité, on dirait ! Peu importe ! J’ai pas le temps de faire la fine bouche, le temps tourne, la Tour se casse la gueule, il faut que je trouve ma nouvelle patronne…

Et pis, les problèmes, si on les rencontre, on pourra toujours s’occuper des les émietter.

J’ai dit Banco et j’ai rebroussé mon chemin pour voir si "l’Air-de-Rien" serait d’accord et s’il sentait bon.

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L'Ardonien se sentait totalement détendu, frais, dispo, et même de bonne humeur. On pouvait qualifier cet état de sérénité. Il descendit au comptoir, commanda un petit plateau à grignoter et une choppe d'une bonne petite bière légère, qui faisait une mousse assez appétissante, et sorti en profiter dans l'écurie où logeait Grognar...

... qui était absent, de même que la chèvre-chien.
Dire que L'Ardonien était surpris aurait été insulter son intelligence. Il envisagea sérieusement d'aller à la recherche de son compère, même si c'était très certainement le meilleur moyen de ne pas le retrouver.

Finalement, il haussa les épaules et entreprit de se mettre à l'aise. Il attrapa une table, une chaise à bascule qui trainait là, un tabouret main droite, un tabouret à main gauche, et hop, il s'installa. Les bottes, sur la table, L'ardonien, sur la chaise, la chope, sur le tabouret de droite, le plateau, sur le tabouret de gauche et le chapeau, rabattu sur le nez.
Voilà, ainsi, on pouvait vraiment penser que l'on vivait dans un monde paisible, et il oublia tous les problèmes, profitant du moment présent comme seuls le peuvent ceux qui savent que demain peut être constitué de n'importe quoi.

Grognar et la chèvre rentrèrent un peu plus tard. La chope était vide depuis longtemps, le plateau presque, et le guerrier somnolait sous son vieux chapeau, se balançant doucement au rythme de sa respiration.


Alors, pendant qu'avec biquette on travaille, toi, tu lambines!

L'Ardonien releva son chapeau, se passa la main sur le visage pour se réveiller, s'étira un bon coup en tendant la main vers le plateau, qu'il n'atteignit jamais, le géant le devançant et le finissant d'une bouchée.


Allez mon gros, ne fais pas ton cachottier et dis moi donc en quoi a consisté ton... votre travail, à toi et à biquette.
...
Oui biquette, moi aussi je suis content de te revoir. *gratte derrière les oreilles* Allez, couche toi biquette, va tapis.



Grognar lui résuma la situation, et, leur complicité allant en s'améliorant, L'Ardonien compris du premier coup. Les deux guerriers étaient des pros, et ils sentaient bien que leur rendez-vous pouvait mal tourner, et qu'il leur faudrait être prudents. Mais, parce que c'étaient des pros, ils savaient parfaitement qu'ils pouvaient s'en sortir.

Ils utilisèrent le temps jusqu'à la tombée de la nuit pour se préparer, puis se mirent en route, en silence, même biquette se mit au ton et suivi cachée dans l'ombre.

Devant l'échoppe du marchand, ils sentirent plusieurs présences qui sortirent de l'ombre petit à petit. L'Ardonien les repérait en silence, alors que Grognar avait une méthode plus bruyante.


Hey, vous z'êtes combien leszigs, vous croyez qu'on veut financer une copaingnie de vacances?

L'Ardonien comprit quelque chose. Il voyageait avec un géant, et une chèvre aussi. En fait, tout était fait pour que les ennemis potentiels soient l'oubli soit ne le prennent pas au sérieux. Il choisi de profiter de cette situation et de laisser faire Grognar, même si cela pouvait présenter quelques risques supplémentaires (comme voyager avec une chèvre), et recula donc d'un pas.
Que Grognar comprit ou non, il se retrouva au centre des types qui les entouraient et c'est à lui que s'adressa l'homme en noir, aux yeux en amandes, portant une moustache remontée en boucle et un bouc en pointe, le tout d'un noir de jais, qui se présenta comme le chef.


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Grognar s’était avancé d’un pas tranquille et d’un air pas du tout impressionné. Il tenait son heaume sous son bras et son visage affichait son apparence pas aimable normale, qui différait très légèrement pour qui le connaissait de son apparence pas aimable en colère.

La dizaine de types, patibulaires, sortaient lentement de l’ombre pour former dans le reflet orangé des torches un cercle qui entourait Grognar, l’Ardonien et leur chèvre de compagnie.

L’homme en noir s’inclina profondément devant le géant.

- Lé bonyour à veus, nobles signors ! Zé souis Alcantarara ! Lé chef de cé pitit greupe dé travaillors !

- Z’ont des drôles de bobines tes travailleurs, barbichu ! Mais peu n’importe ! On est ici pour traverser les marais jusqu’à Corrosa… Tu nous emmènes ou pas ?

- Zé sais peurquoi veus êtes vénous ! Et zé souis prêt à veus offrir la traversé gratitément, en échonge d’oune pitit service qué veus peuvez mé rendre !

Grognar eut un coup d’œil vers l’Ardonien. Cette histoire ne sentait pas bon, pas bon du tout… Pourquoi ces types louches pourraient avoir besoin d’eux si ce n’est pour une affaire assurément malhonnête ?

L’Ardonien eut un petit geste, comme pour dire : "écoutons-le !" et le géant se tourna donc vers l’homme en noir.

- Mes amis et moi avons oune pitite entréprise dans les marais ! Oune sorte dé ferme… Où neus élevons des crapauds… Des clients très importanssss attendent oune dé nos livraisons à Corrosa… Hélas, peur dé sombres histoires qué zé ne préfère pas développer, aucun de neus ne peurrait mettre les piessss dans cetté ville sans que la Garde Impériale neus tombe sur le dossss. Veus avez l’air d’être des hommes dé confiance. Si veus acceptez de livrer notre marchandise, zé veux guide.

- Attends une seconde, barbichu ! Faut que je fasse un "concile de bulles" avec mon pote l’encapé !

Grognar partit s’agenouiller à proximité de son compagnon et ils échangèrent de brèves paroles à voix basses.

Puis, le géant se redressa :

- On la livre comment ta came ? Sur notre dos ?

- Zé m’en veudrais de veux imposer céla, chers amis ! Zé veus feurnirai une carriole à la sortie des marais avec laquelle veus peurrez terminer votre voyage confortablement.

- Alors, ça marche ! dit Grognar avec un sourire en administrant à l’homme en noir une magistrale gifle dans le dos en signe de conclusion de leur marché.

L’homme fut projeté quelques mètres en avant et parvint à maintenir son équilibre avec difficulté. Ses sbires s’avancèrent d’un pas, main sur leur épée, certains avaient déjà tiré la lame à demi, mais il leur fit signe de se tenir tranquille.

C’est ainsi, accompagnés de cette association de malfaiteurs, que Grognar, l’Ardonien et leur chèvre quittèrent Basalte au cœur de la nuit pour s’enfoncer dans la profondeur noire et humide des marécages.

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Le voyage à travers les marais devait durer une quinzaine de jours. Déjà 4 s'étaient écoulés, ou plutôt seulement 4, car les deux aventuriers en avait déjà plein le dos, des marais.

L'Ardonien avait fréquemment de l'eau saumatre jusqu'à mi-cuisse. Grognar, bien sûr, immergeait beaucoup plus sauf que, il s'enfonçait aussi bien plus profondément. Leur avancé s'accompagnait donc de SPLOCH SPLOCH monumentaux.
Et encore, la journée, ça allait encore. Leurs guides parlaient bas et inspectaient les alentours, mais ils n'avaient pas aperçu de prédateurs de grande taille. Seul parfois un cri lointain attestait de leurs existences.

La nuit, ils pouvaient se sécher autour de grands feux, dressés dans des endroits secs.
Mais là, déjà, ils commençaient à se faire bouffer par tout ce qui était minuscule et plein de dents ou de pompes à sang, et ensuite, leurs joyeux drilles se mettaient à chanter relativement faux des chansons diverses et le plus souvent incompréhensibles. Mais, à quelques reprises, et malgré la fatigue et la moiteur ambiante, les deux compères se joignirent à eux pour des refrains cocasses:
La pou pou, la pou pou, la pouuutin dou maraiiiiis, yé vé la voir aprèssss!!!
Après ma journéééé, pour loui donner un baiseerrrr!
Ah la pou pou, la pou pou, la poutin dou maraiissss...


L'Ardonien sentait que le voyage allait être long. Seule biquette semblait réussir à s'en sortir plus ou moins bien. Le guerrier se demanda même si elle n'avait pas du sang de chamois dans les veines pour bondir de zones sèches en zones sèches.

En ce milieu de 5eme jour, où ils arriveraient peut être au repaire des leurs fermiers suspects, leurs guides parurent, sans raison particulière, plus nerveux.

Ils parlaient entre eux de certains bruits, s'éloignaient petit à petit pour couvrir une zone plus vaste... ou se préparaient-ils à décamper....

On entendit tout d'un coup un bruit de course fonçant droit vers le groupe, qui perdit encore 3/4 membres. A travers les branchages, on distinguait un homme, qui, se rapprochant, s'adressa au moustachu dirigeant, tout en continuant à venir à sa rencontre.


Jeffe!!!! Jeffe!!!!Faites attencìon jeffe, la grandé mama carpotita se escapa!
Jeffe, yé crois qué elle mé souis.



Et il partit en trombe vers un point lointain (et hors de vue) vers lequel l'avait devancé tous les autres hommes de la troupe du Jeffe, lequel d'ailleurs, semblait avoir très chaud et armer un mouvement de retraite.

L'Ardonien fixait les alentours, car il lui semblait distinguer des mouvements. Grognar lui, questionna le Jeffe sur ce qu'était le truc qui causait la panique.
Celui-ci répondit, non sans reculer en se tordant les mains l'air gêné.


Bha, sé que es la mama de nos crapauds. Et, yé crois que la mama, elle aime pas boucou qué l'on vende ses ninos, alors, on la garde dans oun grandé casa. Pero, des fois, elle se sauve.

Et comme une mama crapaud, il se sauva aussi à l'instant où retentit un monumental

PLOUF

ça me rappelle quelque chose soupira L'Ardonien à l'instant où un mur d'eau (oui, et un gros mur, puisqu'il était plus haut que Grognar lui même) s'abattit sur les 3 seuls êtres encore présents, à savoir la chèvre, Grognar et L'Ardonien, les trempa intégralement d'une eau croupie pleine de boue.

L'Ardonien se retrouva avec son chapeau complètement gorgé d'eau lui tombant devant les yeux. ça lui donnait un air presque malheureux.

Poussant un soupir long comme un jour sans pain, il retira son chapeau...


Tiens moi ça biquette.

...et le posa sur la tête de la chèvre. Levant les yeux, il se retrouva face à dame crapaud et ce qu'il vit ne l'étonna même plus. Simplement il dégaina son épée, fit un pas de coté tout en comprenant la fuite de leur escorte, et taillada la langue qui passa à proximité.

L'entaille fine, arracha néanmoins un cri à madame crapaud qui ramena sa langue dans sa bouche monstrueuse. La bête était énorme. Assit comme un crapaud normal, elle devait arriver à hauteur du menton de Grognar, tout en était 1 fois et demie plus large.



Et bien mon gros, on en a trouvé une à ta taille finalement, et en plus, c'est une mère en colère. Je sais pas trop par où l'attaquer, mais je suggère de faire gaffe aux pustules sur son dos, c'est peut être du poison.

....

Biquette, tu devrais mettre mon chapeau à l'abri, on dirait que maman va charger là.






Dernière édition par L'Ardonien le Dim 4 Juil 2010 - 14:55, édité 1 fois

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Nom de Brak de bordel de Brak !

Jamais vu une crapaude de cette taille. Plutôt mafflue la bestiole ! J’y mettrais bien un coup de baguette à pointes sur la tronche, mais sûr que les autres zigotos vont me le reprocher.

"Il a touyé la mama ! Il a touyé la mama !"

Je les entends bramer d’ici !

Drôlement courageux en tout cas les gugusses… Ils se sont éparpillés comme une volée de moineaux en nous laissant, l’Air-de- Rien, biquette et mézigue barboter les genoux dans la gouillasse.

Prendre la poudre d’"escopette" juste parce qu’on a les flubes d’une grosse grenouille… Ça me les classe tout de suite en haut du tableau sur mon échelle de couilles-molles !

Laissez faire les professionnels, bande de poltrons ! Je suis un "spécialisse" de la pêche à la grenouille.

Pendant que mamie crapaud se rentre la langue, pleine de sang, que l’encapé vient de lui hachouiller, je fais le tour discrètement pour la surprendre par derrière.

Là, je fais ni une, ni deux, ni trois, ni quatre… Je lui saute sur le dos et la ceinture avant qu’elle ait le temps de coasser ouf !

Elle se débat, agite les papattes, se secoue et finit par nous retourner tous les deux dans la patouille saumâtre.

"Plouf!", les deux maousses qui s’étalent dans les algues vertes et la mousse flottante… N’empêche, la crapaude, je l’ai pas lâchée ! Et elle piaffe, les pattes en l’air en essayant de se dégager. J’ai la tronche collée sur son dos et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça sent pas la rose.

"Fais gaffe aux pustules", qui m’avait dit l’encapé !

Et ben, j’ai pas fait gaffe et là, j’ai le minois qui se tartine d’un liquide gluant et collant.

En voyant que j’avais maîtrisé leur pondeuse, les guignolos se radinent avec des cordes solides, l’entourent et la ficellent. Et pis, en la faisant flotter sur le dos, ils la tirent pour la ramener au bercail.

Moi, je me relève, avec un drôle de goût dans la bouche. Sûr que j’en ai avalé du sirop de crapaud ! Et ça vaut pas un bon vin !

Barbichu s’élance vers moi, les deux bras tendus comme pour me caliner…

- Esssstraordinaire ! Zé yamais vou personne capable d’attrapper la mama aussi facilément qué veus ! Veus êtes oun grondé chassor dé mama ! Si yamais veus chercher dou travail, zé peurrais veus proposer dé vénir vivre à la ferme.

Du travail ?! D’abord, c’est un gros mot et pis, j’en ai déjà un de travail, moi : c’est piler les nonosses des contrariants !

En plus, je comprends pas pourquoi il a pris le temps de se déguiser comme ça… Enfiler une jupe à volants sur ses sabots de vache, se teindre la barbiche en violet et se poser un escargot sur la tête en guise de chapeau…

Qu’est-ce que c’est que ce gugusse ?

Déjà que je me fais bouffer le sang par des "chevals" volants, et que j’ai des crocodiles nains qui courent entre mes jambes…

Et pis, j’ai dû choper un truc, moi, dans leur marais "un sale d’ubre" parce que j’ai la tête qui tourne… Oh, la, la que ça tourne !

Par les monumentales bourses de Brak, v’là que je m’envole et que mon corps quitte mon corps…

Il fait tout noir !

Je bascule, bordel, je sens que je bascule !

"Plouf, replouf et pataplouf !" Je m’enfonce tout doucement au fond de l’eau, le ventre en l’air. Pas une bonne idée d’avoir gardé mon armure. Elle est belle, elle rutile, elle impressionne, mais bon pour flotter, c’est pas aussi efficace qu’une barque…

Je pourrais essayer de nager, de me relever, mais non, je suis bien là, dans le noir, dans le silence, sous la flotte.

Je suis bien, mais bien…

Tellement bien !

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L'Ardonien avait assisté au combat des deux titans, à la grosse empoignade dans la boue, et au triomphe de Grognar, puis au départ de la mama trainée par de nombreuses cordes.

Le moustachu avait rappliqué et sauté partout devant l'exploit. L'Ardonien trouva soudain à Grognar un drôle d'air, et boum, retour à l'eau!



Oh Grognar, tu fais quoi? Alcantarara, tu sais ce qu'il se passe?

Le fermier avait en effet blêmi en marmonant quelque chose, et L'Ardonien entreprit de le secouer jusqu'à ce qu'il lui réponde

Zé la mama, zé la mama....

Quoi la mama? Ta mama, elle est partie sur le dos à travers les bois ta mama, alors tu t'expliques tout de suite où je t'ouvres en deux et je me sers de tes bouts comme flotteurs pour le géant!

Zé le corpss de la mama, les poustoules...elles congtiennent oun hallussinogesne très pouiiiiisant, fait zolis rèves avec, mass des coulours, boucoup de bonheur. Mais, faut pas toucher à la mama sinor, pas la mama, trop puiisssante la mama, et trop trop trop. Si toucher mama, ounicoument des petites dosses. Loui plou savoir où il est, pas savoir que loui se noyer


Bordel de bordel....Va chercher tes potes, ramènes des cordes comme si c'était la plus grosse mama que tu aies jamais vu, et reviens. Et dépêche toi, t'as intérêt à avoir l'air fatigué à ton retour.


Mais yé n'ai pas le temps, il va sé noyer...


L'Ardonien attrapa son chapeau sur la tête de la chèvre qui regardait l'eau sous laquelle se trouvait Grognar. De temps en temps, un bras crevait la surface, prouvant la vie du géant et ne témoignant aucun signe de panique. Se le vissant sur le crâne, il commença à s'enfoncer dans l'eau


Il ne va pas se noyer, je vais lui sortir sa sale tronche de cette boue.

Et il plongea. Putain Grognar, t'a intérêt à pas me mettre des beignes pendant ton délire, car sinon, on risque de finir en engrais à Mama!
Il comprit tout de suite le problème. Il n'y avait pas beaucoup d'eau, mais l'armure faisait que le géant s'enfonçait lentement dans le limon. Retenant un juron sous marin il s'enfonça sous l'eau, exactement à la perpendiculaire de son chapeau qui s'était détaché de son crâne à sa première accélération. Grognar commença à riposter quand il se mit à détacher l'armure du géant, à moins qu'il ne délire et que ses mouvements ne soient dûs au hasard. L'humain réussi à esquiver, mais fut touché alors qu'il dévissait enfin l'armure. Le coup lui coupa le souffle et le ramena à la surface.



hhhhhhhh("h" très inspiré)a!!!!
pfiouuuuuu....
On y retourne, et toi, ce coup-ci tu restes avec moi!



C'est à son chapeau qu'il s'adressait, se le vissant profondément sur la tête avant de replonger. Ce coup-ci, rien ne remonta...




Flassshhhh


Et puis il y eu la tête de Grognar, suivit de celle de L'Ardonien, dont on ne devinait que le nez et la bouche, et qui prennait de précieuses goulées d'air. Le géant ne bougeait plus, mais, au grand réconfort de la chèvre-chien, il se mit à respirer, marmonner, et ronfler.

L'Ardonien avait pris des coups, L'Ardonien avait imposé à son corps un effort colossal pour simplement redresser le géant et à présent, L'Ardonien peinait. Tout son corps lui hurlait de cesser le combat, de se laisser glisser dans la douce torpeur de l'inconscience et d'oublier la douleur.




Hey Grognar, jamais j'ai perdu un combat tu m'entends? Jamais, et ça ne va pas commencer face à un foutu drogué de géant!


yé souis là. C'est oun grandé miracle, yé né zamais vou ça! vite vite vou z'autres, sortez le de là!


Le poids s'allégea au fur et à mesure que Grognar était tiré hors de l'eau. Il avait réussi.


Votre main messieur, dounnez moi voutre main, qué yé vouss sorte de là.

File moi une corde, solide.

Merci. quand je tire, tu tires.



Alcantarara attendit sans comprendre, puis, ça tira, et il tira. Sauf que, c'était trop lourd.
A grand renfort de cris, il demanda de l'aide, et alors ils tirèrent, tirèrent, pour enfin sortir d'abord un Ardonien quasiment écartelé, puis une lourde, très lourde armure.
Le guerrier, toujours chapotté et encapé se redressa avec un faible sourire.



Si je ne l'avais pas récupérée, je suis sûr que ce lourdeau aurait boudé.



Et alors que Grognar était trainé vers la ferme, L'Ardonien tomba dans les bras du moustachu, il pouvait enfin se reposer.



Dernière édition par L'Ardonien le Dim 4 Juil 2010 - 15:17, édité 1 fois

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Ils avaient installé Grognar le plus confortablement possible et ils avaient laissé passer la nuit.

A aucun moment, il n’avait fait le moindre geste, immobile comme le gisant de marbre d’un tombeau royal. Au grand étonnement de l’Ardonien, il avait même dormi toute la nuit sans émettre un seul de ses tonitruants ronflements habituels.

Au matin, la situation restait figée. Grognar était un bloc inerte et silencieux, comme changé en statue.

Les trafiquants s’affairaient à regrouper des centaines de crapauds dans des caisses trouées pour laisser passer l’air, tandis que l’Ardonien, légèrement inquiet, veillait son camarade couché.

L’incident lui avait permis de comprendre ce que serait la vraie nature de leur cargaison : des crapauds hallucinogènes, que de pauvres hères misérables et dépendants allaient s’empresser de lécher avidement pour retrouver l’état de demi-conscience qu’ils affectionnaient tant.

Une saloperie qui enrichirait certainement leurs guides et quelques intermédiaires en ville, en apportant la mort au bout de l’extase à des victimes inconséquentes.

Mais l’Ardonien n’était pas moralisateur et pas le genre à se soucier des malheurs du monde. La seule chose qui le préoccupait, c’est qu’il leur faudrait faire la route discrètement pour entrer dans Corrosa et éviter de tomber sur des représentants de la loi.

En cas de coup dur, le géant ne lui serait guère utile tant il était diminué.

Quand le chef des trafiquants annonça qu’ils étaient prêts, ils chargèrent tous ensemble le corps pesant de Grognar sur un petit traîneau de bois muni de roulettes qu’ils avaient bricolé pour la circonstance.

Dans les passages immergés, le traîneau flotterait et se transformerait en radeau, et lors des passages à secs, les roulettes aideraient à alléger l’effort des tracteurs.

Au moment où ils le déposèrent sur les planches reliées, l’Ardonien eut un espoir de voir son gros sortir de sa torpeur. Grognar ouvrit des yeux larges comme une roue de charrette et poussa un grognement suivi d’un éclat de rire qui fit trembler toute la mangrove.

Et ce fut tout !

Son visage s’illumina d’un sourire béat qu’il ne quitta plus, ses yeux fixes se posaient sur le monde sans ciller ni jamais bouger, et il resta immobile.

Chargés de leurs caisses et d’un colis insolite mais volumineux, les bandits rejoignirent la sortie des marais avec de grandes difficultés.

Comme promis, une carriole attendait les deux compères. Elle fut chargée rapidement, à la nuit tombée et à la lueur des torches. Personne visiblement ne souhaitait s’attarder trop longtemps vers cette livraison source d’ennuis.

Dans un dernier effort, les trafiquants installèrent Grognar à l’arrière, au milieu des caisses. Biquette sauta dans le chariot et se coucha contre son grand maître, sa tête tristement posée sur ses jambes, attendant patiemment et avec mélancolie son réveil improbable.
Tout le monde s’égaya à nouveau dans l’abri moite et sombre des palétuviers et de l’épaisse flore marécageuse et l’Ardonien resta seul.

Il prit les rênes et commença d’avancer pour rejoindre la route.

Il chemina toute la nuit et au lever du jour, comme Corrosa n’était plus qu’à quelques lieues, il prit conscience que la situation n’allait pas être simple.

Guidés par leur instinct, les crapauds ressentirent la montée de l’astre solaire dans le ciel et pour fêter ce nouveau jour, ils se mirent tous ensemble à coasser bruyamment. Des centaines de coassements, répercutés en écho dans le volume des caisses s’élevèrent en même temps, assurant un concert cacophonique et assourdissant dans le sillage du chariot.

Et comme si cela ne suffisait pas, Grognar, dont seul un orteil se mit en mouvement pour battre la cadence, ajouta sa voix mélodieuse à celles des batraciens.

Avec le même sourire benoît sur le visage, la même fixité du regard, il se mit à entonner, en chantant fort et faux évidemment, une ritournelle improvisée :

- De Bacre à Corrosa, la digue, la digue…
De Bacre à Corrosa, la digue du (…)

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COA COA COA COA

De Bacre à corrosa, la digue, la digue

COA COA COA COA


L'Ardonien arrêta le chariot pour faire le point sur la situation.



Je possède donc une cargaison illicite qui nécessite une arrivée en ville discrète.
Je sors des marais avec une cariole contenant un géant via une route déserte où il n'y a que moi à voir, surtout à cette heure-ci.

Ledit géant massacre tous les répertoires paillards de sa connaissance, accompagné par la cargaison dans un joyeux bordel qui ferait tendre l'oreille au dernier des sourds...


Bêêêêeeeeee!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! êêêê!!!


Interrompant ses réflexions, L'Ardonien se retourna. Biquette avait dû réussir à lécher un crapaud par l'une des ouvertures, à moins que se soit l'atmosphère qui se chargeait en hallucinogène. Dans tous les cas, elle était stone, et se prenait donc pour ce qu'elle n'était pas, en l'occurrence, une chèvre...

Certains auraient peut être craqués à ce moment là. L'Ardonien lui, s'étendit au maximum, rabattit son chapeau sur son nez et piqua un somme. Il venait de passer une nuit blanche, il allait se reposer et tenter une entrée de nuit quand tout ce beau monde aurait fermé sa gueule.

Il fit des rêves colorés et quelque chose en lui lutta contre la folie se trouvant à l'arrière.


***


La nuit était tombée quand l'Ardonien arriva à proximité de Corrosa. Les crapauds s'étaient tus, Grognar aussi, et la chèvre semblait calmée pour le moment.
Concernant Grognar qui ne se réveillait toujours pas, le guerrier craignait que se soit dû au poison de la crapaude plus qu'à des conséquences de son combat puis de son séjour au fond de l'eau. Une overdose en quelque sorte, ou un effet de manque. Il décida qu'il chercherait un temple sitôt sa livraison terminée.

La ville intérieure possédait peut être des portes surveillées, mais les faubourgs où il devait rencontrer son contact était libre d'accès. C'était, à la réflexion, probablement un lieu à ne pas trop fréquenter la nuit.
Il entra dans un silence de cathédrale. Il sentait des yeux dans le noir, l'épiant, mais il ne fit pas de rencontre. Il se dirigeait à présent au travers de ruelles de plus en plus étroites, dans des quartiers très pauvres. A partir d'un moment, il fut pris en filature, par quelqu'un ne cherchant pas vraiment à se cacher. Deux ruelles plus tard, on surgit devant lui, l'inconnu lui fit un signe de reconnaissance, puis lui intima l'ordre de suivre. Il estima être escorté par environ 5 à 7 personnes, mais seul l'homme qu'il suivait se montrait, les autres restant dissimulés dans l'ombre.

Enfin, il arriva. Un groupe se présenta à lui, et, après les salutations d'usage, il commença à décharger les caisses vers une maison proche. Le paiement se ferait directement dans les marais avec les trafiquants.
Ni la chèvre ni Grognar ne se réveillèrent. L'Ardonien resta sur ses gardes, au cas où il y aurait une entourloupe quelque part, comme par exemple 15 centimètres d'acier entre les omoplates.

Puis, il y eu un coup de sifflet. Il restait encore 3 caisses dans le chariot. Pourtant, le groupe se dispersa sans un mot. L'Ardonien comprit très bien ce que cela signifiait. La patrouille arrivait. Il n'avait pas de chevaux de course, mais il les lança néanmoins à toute allure dans les ruelles, direction droit devant!!!

Après un virage serré, la chèvre se réveilla et commença à bêler. Les crapauds suivirent et Grognar, qui n'en loupait jamais une, en profita pour se remettre à brailler.

L'Ardonien augmenta l'allure. Les virages défilaient. Jeune, il avait assisté à une course de chars, et il entreprit de mettre en pratique tout ce qu'il pensait avoir deviné de la conduite à grande vitesse.

Et il commença donc par se manger un mur opposé après un sous-virage non contrôlé. La chèvre finit la tête contre une caisse, Grognar eu une note juste... et la cavalcade continua. Il réussi à dépasser plusieurs miliciens, qui lui courrirent après. C'était vraiment une opération de grande envergure qu'avait lancée les forces de l'ordre. Un cavalier se porta à sa hauteur, il le coinça contre un mur avec le chariot et lui envoya un coup de poing chargé de toute sa frustration envers le boucan que faisait ses passagers.

Puis il plongea au milieu des deux chevaux tracteurs pour récupérer les rennes.

Une flèche siffla à proximité et il fut soulagé de passer un nouveau virage, fracassant au passage l'enseigne d'un magasin.

A l'arrière, le bruit ne faisait qu'augmenter, comme si la vitesse et les chocs les grisaient. Les crapauds répondaient à Grognar, la chèvre faisait les choeurs, à moins que se ne soit l'inverse. Le chariot avait au moins 2 roues voilées, ce que n'arrangea en rien le décollage qu'il subit suite à une bosse.

Trouvant enfin une échappatoire, L'Ardonien fonçant dans le bâtiment, traversa les portes du temple (car c'était bien un temple) au terme d'un court escalier et foutu en l'air une statue. Sur le dallage, le chariot finit de se déséquilibrer, parti en tête à queue, puis en cul par dessus tête. Tout s'envola dans tous les sens, et le véhicule tomba en morceaux après un choc final contre le mur du fond.

L'Ardonien se releva alors que des prêtres arrivaient en courant.



Mon ami est souffrant, pouvez vous l'aider?


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Tout avait volé à travers la cour du Temple.

Les caisses s’étaient fracassées contre les murs, explosant en feu d’artifice de crapauds, qui volèrent en mitraille, en grenaille, multiples projectiles libérés dans les airs à une vitesse folle.

Parmi les prêtres qui accouraient, certains furent fauchés en pleine course, criblés de batraciens…D’autres furent atteints en plein visage et chutèrent à plat dos, bras en croix, fusillés par les balles à pattes…

Grognar fut éjecté de la carriole et roula, roula, roula, raide et fixe comme le tronc coupé d’un arbre centenaire. Entraîné jusqu’au portique du fond, il abattit deux colonnes à la fois, coupant net la première de ses épaules, et faisant un croche-piédestal à la seconde…

L’entablement et le toit du péristyle se fendillèrent dans un craquement de mauvais augure, mais par miracle et par l’habileté des architectes du Temple, l’ensemble tien bon et ne s’écroula pas.

Le géant pétrifié avait fini sa course contre le mur, le nez collé au stuc veiné de rouge qui l’ornait.

Biquette, de son côté, avait fait l’expérience du vol sans ailes et de l’atterrissage sans train d’atterrissage… Suivant son grand maître de près mais un peu plus haut, elle vint s’encastrer dans une fenêtre qui s’ouvrait sous le portique. Ses pattes arrière et sa croupe dépassaient du cadre de bois et sa petite queue remuante indiquait qu’elle avait encaissé le choc sans trop de dommages.

Plus loin, l’Ardonien ramassait son chapeau, le vissait sur son front en s’écriant aux rares survivants de l’explosion des grenades à fragmentation crapaudines :

- Mon ami est souffrant, pouvez-vous l’aider ?

L’affolement était général et les prêtres n’entendirent même pas la question, occupés qu’ils étaient à relever leurs blessés, ou à courir après les crapauds qui sautillaient tout autour d’eux, pour tenter de les capturer et de les empêcher de nuire.

L’Ardonien considérait tous ces hommes de foi, d’habitude si dignes, avec perplexité.

Ceux qui étaient au sol se relevaient, dans un état second, les autres semblaient faire un concours de sauts avec les crapauds, se jetant d’un bond en avant pour les saisir, et s’écroulant le museau sur les dalles de marbre, car à cette compétition de saut, les batraciens gagnaient à chaque fois.

L’Ardonien agrippa un prêtre par les épaules, le secoua un peu pour le ramener à la raison, et réitéra sa question :

- Mon ami est souffrant, pouvez-vous l’aider ?

Là-bas, sous l’ombre du péristyle vacillant, Grognar se relevait, souriant comme il ne l’était jamais, prenant soin de s’épousseter avec coquetterie.

- Non, non, non… T’inquiètes pas l’Air-de-Rien, je me sens très bien. J’avais juste besoin d’un petit roupillon.

En entendant la voix à nouveau retentissante du géant, le derrière de Biquette frétilla de bonheur.

Mais au-dessus de Grognar, des craquements inquiétants résonnèrent et d’où il était, l’Ardonien put très bien voir que l’entablement, amputé de deux de ses piliers, ployait dangereusement et menaçait de s’écrouler d’un instant à l’autre.

- Sors de là, mon gros ! cria-t-il à son camarade.

Grognar leva la tête et prit immédiatement la mesure du danger. Se plaçant sous la bordure du toit, il leva les bras à l’endroit de la lézarde, pour l’empêcher de s’ouvrir et d’entraîner sur lui des tonnes de marbre et de pierre.

- Je le retiens ! Sortez Biquette de là pendant ce temps !

Puis soudain, il se figea. Ses yeux restèrent ouverts, son sourire béat lui revint et il se paralysa à nouveau.

Il remplaçait les colonnes effondrées dont il faisait presque la hauteur et en l’espace d’un instant, il venait de se transformer en pilastre sculpté.

Comme statufié, il était devenu une improbable cariatide patibulaire.

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Et voilà qu'elle est dure au sens propre maintenant cette grosse andouille...
Il s'est vraiment calcifié? Et ouais, on dirait bien. Bon, au moins, le plafond ne va pas me tomber sur la gueule.

Et les autres, ils font quoi? Rien, et tout, c'est des moines ça?
Bon bon, ils finiront bien par se calmer.


Et L'Ardonien alla chercher une chaise miraculeusement épargnée par leur arrivée pétaradante, alla s'appuyer contre une des jambes de son compagnon, vérifiant au passage la dureté de son corps, rabaissa son chapeau et somnola le temps que toute cette agitation se tasse.

***

Et ça se tassa tellement vite qu'il finit par s'endormir complètement, bercé par le vacarme ambiant. Bien sûr, il ne savait pas ce qu'avait Grognar, bien sûr la chèvre-chien ne profitait pas de la position la plus confortable, mais punaise de bordel d'un crapaud des marais, il en avait plus que soupé de leurs anneries et n'allait pas dépenser en plus de l'énergie en inquiètude, car il n'aurait pu rien faire d'autre... Sauf escalader Grogner pour tirer la chèvre... de la fenêtre vers l'intérieur bande de petits vicelards attardés!!!!!!

Bref, le calme finit par revenir et un barbu en robe rouge, bien que sa barbe fut grise, grand et dans la force de l'âge, autour de la quarantaine peut-être, vint s'enquérir de la présence du guerrier au chapeau.



Salutations visiteur. Il me semble que votre arrivée ait causé bien du tracas à notre petite communauté. Puis-je connaitre la raison de votre présence? Votre... ami... vous a appelé l'air-de-rien, c'est bien ça? Si vous n'êtes que de vulgaires trafiquants de crapauds, je vous demanderai de bien vouloir quitter ce lieu au plus vite, et nous
alerterons les autorités.



Confiant le gus, très confiant. Je sais pas il est prêtre de quoi, mais sûr qu'il sait se défendre et qu'il se sait épaulé, là, sur son territoire.


Le guerrier leva le pouce vers ses deux compagnons, cessa sa bascule et se releva, remettant du même coup son chapeau en place.



On m'appele L'Ardonien prêtre. Ce fichu géant n'a jamais été capable de le prononcer correctement. Dites, vous auriez pas une échelle histoire de descendre la chèvre? Bon, ce géant, bien qu'il attire les ennuis comme un hôtel sordide les catins, est un bon compagnon. Dans les marais, il a combattu une crapaude géante, celle qui pond tous les petits que vous avez croisé, et il a ingurgité une grosse quantité de poison. Il a déliré pas mal depuis lors et ensuite...



L'Ardonien tapa sur la jambe de Grognar, qui sonna comme un mur de pierre. Le prêtre ordonna à l'un de ses acolytes d'aller chercher une échelle pendant qu'il réfléchissait.


***


Presqu'une journée s'était écoulée depuis la conversation pendant laquelle le prêtre avait fini par accepter de les aider. La chèvre avait été descendue, et s'était couchée aux pieds de Grognar.
Les prêtres s'étaient alors attelés à redresser les colonnes. L'Ardonien devait admettre que c'était impressionnant.
Ils avait redressées les deux tombées, et ensuite, les renforçaient et les rebatissaient par leurs prières. Ils avaient été chercher des matériaux, mais ce dernier était intégré à la colonne par des chants.
Incantation ou prière, l'effet était indéniable.

Puis, ils avaient lentement déplacé Grognar, et l'avait étendu dans la même position qu'il occupait, figé les bras dressés.

Le prêtre confirma au guerrier que l'état du géant venait du poison des crapauds, et que l'on retrouvait régulièrement des adeptes sous cette forme. Le plus souvent fatale, voire post-mortem dans le cas d'overdose, le prêtre assura pouvoir redonner un corps de chair à son ami.
L'Ardonien assista alors à une cérémonie, faites de prières et de philtres, et Grognar redevient Grognar, à la grande joie de la chèvre qui poussa des japements. (L'Ardonien avait d'ailleurs refusé que l'on ausculte l'animal pour ses troubles de la personnalité, il était sûr que ça aurait attristé Grognar).

Le prêtre secoua la tête, et parlant avec une voix rauque:



Je suis désolé Guerrier. Oui, son corps est redevenu de chair, mais son esprit est toujours au fond, en train de jouer avec les fantasmes doux de la drogue. Il peut se réveiller, mais il risque de rester sourd à nos appels jusqu'à ce que son corps le lâche. C'est une fin difficile pour l'entourage. Vous pouvez rester ici le temps qu'il faudra.



Le prêtre se leva et s'éloigna.
L'Ardonien resta silencieux et immobille... Puis il serra le poing.

Viens par ici prêtre, je n'ai pas encore joué toutes mes cartes!

Le prêtre se rapprocha, visiblement circonspect. Parfois, l'entourage devenait un peu fou. Il vit alors le guerrier prendre un bijou qu'il portait autour du cou, et le plaquer contre la poitrine du géant.


Explique-moi comment ça marche, met ce fichu artefact en marche, et tu vas voir si je vais pas aller le chercher moi, ce géant! Il va se prendre un coup de pompe psychique comme la création n'en a pas vu souvent!



Le prêtre s'avança, curieux, et découvrit le bijou de plus près. Un soleil noir, entouré de flammes courbes, ponctué de quelques très fines pierres rouges en son sein.
Il écouta attentivement les explications du guerrier sur ses prétendus pouvoirs, et se mit aussitôt à méditer.
A son coté, le guerrier plongea dans une espèce de transe guerrière. Aux yeux du prêtre, le bijou semblait connecté à l'Ardonien, son rôle se résuma donc à harmoniser les deux auras et à guider la volonté de l'Ardonien vers le géant.
Le prêtre ne pu avoir aucune autre information, la transe du guerrier l'isolait complétement. Comme en combat, toute sa volonté était tournée vers un seul objectif. L'homme d'église pouvait seulement voir l'énergie qui se jetait à travers le canal qu'il avait créé.

Après un long moment, le guerrier quitta son état second, et s'assit sur une chaise amenée là par un aide. Au même moment, le géant ouvrait les yeux.



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Par les rutilantes couilles de Brak, ça fait vraiment du bien de roupiller cinq minutes !

Et pis, j’ai fait des jolis rêves en couleur, pleins de trucs rigolos…

En me relevant, je me dis que j’ai dû rater un truc parce que c’est pas du tout là que je me suis endormi. L’encapé est vautré sur une chaise, son galure ramené sur son blair, comme il fait toujours. Et autour de moi, y’a du marbre et des colonnes.

M’est avis qu’on est dans un temple et je me demande bien ce qu’on fout ici. Sûr que "l’Air-de-Rien" a encore fait des siennes. Un vrai gamin ! Il est "un-corps-rigide" ! Faut vraiment que j’arrête de le laisser tout seul, il va finir par nous mettre dans des situations difficiles.

Bordel de Brak, c’est pas facile quand on le seul à être raisonnable !

Un prêtre me regarde en souriant, comme si j’étais la Comtesse de Chépadou. Qu’est-ce qui me veut cézigue ? Il est amoureux de mon minois ou quoi ?


- Cher monsieur, on peut dire que vous revenez de loin !

Un peu que je viens de loin, papa. Et pis je suis pas arrivé ! D’ailleurs, il faudrait que je secoue un peu mon "con-paire", parce que c’est bien beau de se reposer mais on a encore de la route.

- Eh, "l’Air-de-Rien" ! J’ai rien contre une petite sieste de temps en temps, mais si tu pouvais t’activer… Et pis, qu’est-ce t’as fait de mon armure ? Là, je me sens tout nu !

Sans ouvrir le bec, il me fait un signe du pouce pour me désigner mon baluchon, un peu plus loin. Ses gestes sont lents et lourds, comme les fatigués.

Il glisse sur une pente "sablonneuse". Il faudra qu’il arrête de fréquenter des drogués, ça lui amenuise le "dymanisme", ça le rend tout mou…

Je fouille dans mon barda pour vérifier un par un que tous les petits bouts de ferraille sont là, et rassuré, je balance le sac sur mon épaule, je reprends ma besace avec la fiole de mon patron, j’empoigne ma baguette à pointes, et me voilà fin prêt.


Je mets un léger coup de l’orteil dans la chaise de l’encapé pour lui intimer l’ordre que il a qu’à se lever. Et le v’là qui valdingue cul par-dessus tête ! J’ai peut-être pas trop dosé la légèreté du coup d’orteil.

Pendant que Biquette lui lèche la tronche, il se relève, l’air franchement grognon. Pas toujours aimable, ce gaillard… Enfin, chacun a son petit caractère. Moi-même, il peut m’arriver d’être un peu bougon quand je me surveille pas.

Il remercie tous les prêtres présents, surtout celui à la robe rouge, - je sais pas trop pourquoi et pis en plus, je m’en fous – et on quitte le Temple, Biquette sautillant dans nos pattes.

Pendant qu’on marche dans les rues, je sens une présence qui nous reluque. On me la fait pas à moi. Pas question de me filer le train, même en se planquant, sans que je me gourre de quelque chose.


Je ferme ma gueule pour pas inquiéter mon "con-dit-slip" et je tolère pour un moment d’avoir un curieux accroché aux basques. Même Biquette à l’air de s’en apercevoir. Elle trainouille un peu derrière nous, en reniflant l’air comme pour chercher une odeur qu’elle connaît.

Pis au détour d’une rue, voilà-t-y pas qu’un type se colle devant nous, en plein milieu du passage. Et je le reconnais très bien, c’est "Alcantaratata", le gugusse du marais.


- Missious, missious, zé crois que neus avons oune problème ! qu’il nous balance comme ça, tranquille, en frisant sa moustache.

- Moi, Barbichu, j’en ai qu’un de problème… C’est que je veux aller exactement derrière toi et, comme son nom l’indique, t’es au milieu de mon chemin.

"L’Air-de-Rien" s’est porté à ma hauteur, le regard sombre. Et c’est à lui que le barbichu s’adresse. Comme si il était plus capable que moi d’avoir une "conservation" intelligente…

- Veus n’imaziniez pas qué z’allais veus laisser partir avec ma cargaison sans veus suivre peur m’assourer dé sa bonne livraison ? Zé veus avait confié vingt-quatré caisses et veus en avez livrées qué vingt et oune… Missious, zé crois que neus avons oune problème !

Ça me revient d’un coup son histoire de caisses… Je sais pas trop ce qui s’est passé, j’ai pas suivi le dossier, mais c’est pas une raison pour entraver la bonne marche de ma marche.

- Bon, vous en avez eu ou vous en avez pas eu des caisses ?

- Si, bien soûr, z’en ai eu mais seulément vingt-et-oune et…

Je le laisse pas finir sa phrase, il m’irrite déjà ! Je lui colle un gros coup de poing de haut en bas sur le crâne. Il se tasse comme si sa tête rentrait dans son corps et s’écroule sur la terre battue.

- Problème résolu !

Et juste quand j’allais repartir, une vingtaine de guignols surgit de derrière des coins que j’avais même pas vus qu’il y en avait, des petits couteaux à la main et de la colère dans les mirettes.

J’attrape les deux premiers à ma portée. J’en prends un, le plus gras, dans la main gauche, l’autre, le pas plus gras, dans la main… Dans l’autre main, et je m’en sers pour applaudir.
"Pafloch, pafloch, poum" ! ça fait quand ils se tamponnent ! Et quand je les lâche, ils se racornissent comme des fruits pourris…

Avant que les autres aient pu bouger, je pose ma baguette à pointes sur le sol :

- J’vais vous économiser les nonosses… J’vais me contenter de vous répandre à coups de taloches. Parce que vu que je suis bon !

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Il n'en avait peut être pas l'air, mais L'Ardonien commençait à en avoir plein le chapeau là. La belle au bois dormant se réveille comme une fleur, et ni une ni deux, pas de question, hop, il t'envoie tout le monde valdinguer et on se remet en route!

Et là dessus, le moustachu qui rapplique pour 3 caisses, et qui commence à faire le malin avec ses sbires. L'Ardonien avait besoin de se défouler sur quelqu'un, et il n'avait pas du tout envie de jouer au gentil comme Grognar. Ah, alors comme ça, ils voulaient de la bagarre?

Il tira son épée dans un tintement et dans le même geste coupa presqu'en deux le plus proche brigand d'un puissant coup de taille. Il associa ce geste d'un bon coup de pied dans le ventre de son ennemi pour dégager rapidement sa lame, pour pouvoir ainsi enchainer d'un revers qui décapita proprement le gus qui arrivait à toute allure.

Sans perdre une seconde, il réalisa une attaque sautée sur l'adversaire suivant, qui para le coup avec sa lame. Pendant que les épées étaient l'une contre l'autre, L'Ardonien attrapa l'une de ses dagues dans son dos avec sa main gauche et égorgea le trafiquant, qui s'écroula dans un flot jaillissant de sang.


Ce ne sont vraiment que des amateurs.


Il se dirigea vers les suivants, peu nombreux, Grognar faisant du ménage rapidement. En fait, tous se sauvaient à présent, au grand désappointement de Grognar. L'Ardonien étripa proprement un dernier brigand qui se relevait d'une baffe. Il aurait fuit, mais L'Ardonien, à ce moment précis, avait envie de beaucoup de choses mais certainement pas d'être clément.

Il rangea la dague et, son épée dégoulinante toujours en main droite, il se dirigea vers Grognar qui jetait un regard malheureux aux fuyards qu'il n'avait pu baffer. Le guerrier mis son doigt sur le ventre de son compagnon, leva la tête pour river un regard glacé sur son compère et entreprit de lui faire un résumé de ce qu'il avait manqué:



Bon, alors écoute moi bien mon gros! Tu ne vas pas nous faire le coup de la princesse qui se réveille encore bien longtemps, je vais te dire ce que tu as manqué fissa et comme ça, tu n'auras plus à taper à droite et à gauche en te demandant comment tu es sortie des marais!!!

Figures-toi que quand tu as été faire mumuse avec la grosse crapaude, tu as rien trouvé de mieux à faire que de te de faire complètement shooter au poison de ses pustules et que tu as nagé comme un rocher dans le trou d'eau le plus proche, dont il a fallu que je te sorte toi, et ton armure, et laisse moi te dire que ça pèse une putain de bordel de masse!

Ensuite, plutôt que de te réveiller pour me dire: Merci l'ami, je t'offre un tonneau de bière, tu as roupillé tout ton saoul, te réveillant juste pour délirer! J'ai donc dû me farcir le moustachu et sa bande de bazanés à travers tous les marais en portant des caisses de crapauds et ta grosse carcasse! Puis, j'ai fait la livraison à une bande de truands locaux pendant que tu braillais des chansons d'ivrognes dans le concert animal que formait cette chèvre complètement allumée et ces punaises de crapauds aussi illicites que débiles!

La milice s'en est mélé, et , alors que je trainais notre fine équipe en sécurité dans un temple, tu as réussis le tour de force de te changer en statue! T'avais déjà la tête dure, mais là, c'était le pompom!

Les prêtres que tu as vu t'on donc tout ramolli, et sans doute un peu trop ton ciboulot! J'ai lors dû user du médaillon pour aller chercher ce qui te fait office d'esprit car MONSIEUR préférait encore rester dans des rêves de camés de dernière catégorie plutôt que de se réveiller, que ça aurait pas coûté cher, et que ça m'aurait fait plaisir! Et, après tout ça, tu ne trouves rien de mieux à faire que de décider tout seul comme un grand qu'il était temps de se remettre en route alors que je m'accordais une courte sieste sous mon chapeau! Et bien dans ce cas, en route, ta vampirette ne va pas attendre la fin de l'éternité que l'on arrive!


Son brusque éclat de voix, qui avait vite tourné à la franche engueulade l'avait plus ou moins calmé, et il radoucit le ton et y ajouta un franc sourire, car, il l'aimait bien, son géant. Et il ajouta alors qu'il repartait:


Ah oui, et donc, ici, c'est Corrosa! Tu possèdes à présent toutes les informations qu'il te manquait. Prochaine étape, Orchomède, via la frontière. On va la retrouver ta fille, et on va la sauver ta tour. Wink


Il essuya sa lame sur un proche cadavre et la rangea dans son fourreau. Puis, il se dirigea vers la sortie la plus proche, droit sur Mesomon.


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Pendant tout son long laïus, Grognar avait regardé l’Ardonien avec bienveillance. Quand il commença à partir, le géant le rattrapa en quelques pas rapides.

- Ah oui, mais j’ai jamais dit que ce serait facile, non plus !

Son compagnon avait l’air de s’être apaisé mais lui avoir mis les nerfs en boule peina un peu le géant. Il reconnut en lui-même qu’il n’avait peut-être pas pris toute la mesure de ce qu’il lui devait.

- Allez ! Fais pas la tronche ! On a bien rigolé quand même ! Et pis si tu veux vraiment que je te paye une bière, allons-y !

Il fouilla les poches vides de sa tunique et lâcha finalement :

- T’as combien sur toi ?

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L'Ardonien soupira pour la forme, puis secoua la tête en souriant.



Allez viens mon gros, je vais nous offrir à boire, histoire que l'on cause un peu tous les deux.

Que penses tu de la taverne là bas? Avec une terrasse, t'auras même pas besoin de te mettre à terre pour tenter d'aller à l'intérieur.


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Le visage goguenard, le géant dans son élan de satisfaction lança sa main en avant pour administrer dans le dos de l'Ardonien une grande claque de complicité.

Mais, étonnamment, faisant preuve de finesse pour une fois, il retint son geste au dernier moment, conscient qu'il enverrait son pote rouler jusqu'à la taverne.

Biquette avait senti que l'ambiance se réchauffait et frétillait, allant de l'un à l'autre en faisant de petits bonds et en se disant que si tout le monde était à nouveau de bonne humeur, elle aurait peut-être droit à une petite gâterie.

Grognar lui caressa doucement la tête.

- T'inquiète, ma Biquette ! Je vais commander un cochon rôti et je te filerai les nonosses. Ça nous fera un petit "En-cas-où" !

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Oui, bon chè-chèvre...

Hey mais, ah d'accord, en fin de compte, ça va me couter cher cette histoire.
Bon, alors, ce que l'on va faire, c'est que je paye le repas, et toi tu me parles un peu d'où tu viens, j'ai pas encore compris tout tout, non, je t'ai pas appelé biquette, mais oui, tiens voilà une papouille, tout compris sur ta tour qui va se casser la gueule.

Dans mon village, j'ai un gnome maçon qui te construit en 2 temps 3 mouvements un mur qui empêcherait même un gros dans ton genre de rentrer.

bounce

Garçon! Deux tonnelets de bière, deux menus du jour et un peu de cochon grillé en apéritif. Et vite, mon ami à faim, on a tous soif, et en plus, on n'est vachement-pas-de-bonne-humeur-que-l-on-peut-tout-casser-s-il-y-a-pas-assez-de-mousse!



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Grognar s'assit par terre, comme il faisait souvent, tandis que l'Ardonien s'installait confortablement sur un banc.

- D'où que je viens ? D'un coin paumé ! Un tas de caillou au milieu d'une "vallée luxe-et-riante". Un trou impossible à trouver où je m'économise les nerfs en évitant les cons. Quoique... J'suis pas complètement épargné parce que je me traîne un ramassis d'abrutis que c'est moi le chef. Sauf que pour eux, chef, ça veut dire que je trouve le casse-croûte. Mais bon, je les aime bien quand même, c'est un peu comme qui dirait ma famille. D'autant qu'y en a deux, trois, ça se pourrait bien que ce soit mes gamins...

Il y avait presque un brin de nostalgie dans la voix du géant, qui souffrait plus qu'il ne le laissait percevoir de l'éloignement de sa si chère terre et des ses quelques proches.

- En tout cas, ce tas de caillou, il est à moi, rien qu'à moi ! Le Mont Roc-Pointe que ça s'appelle ! C'est là-dessus qu'est construite la Tour de mon patron. Mon patron, c'est le type qu'est venu me chercher pour que j'empêche les fouineurs de coller leur nez dans les trous des fenêtres. Et le premier jour, il m'a dit: "Je suis le Maître de la Tour Opaline mais je te nomme chef de l'éminence sur laquelle elle repose !" Et voilà ! Je le dis jamais parce que j'aime pas frimer, mais tel que tu me vois, je suis pas n'importe qui ! Je suis Chef de l'Éminence !

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Le garçon revient prestement (et un peu fébrilement) faire le service pendant que Grognar parlait de son chez lui, laissant parfois trahir involontairement qu'il avait le mal du pays.



C'est un beau titre mon Grognon compagnon. Et c'est bon pour un homme d'avoir une famille et un territoire à diriger et protéger. C'est un beau cadeau que t'as fait ton patron.
Et il t'envoie chercher la vampirette c'est ça?

Allez, attrape ton tonnelet et trinquons!
Mais attention, vas y doucement, les tonnelets sont fragiles par ici, et je t'en voudrai si tu renversais ce divin liquide! Wink



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Ils trinquèrent !

Grognar laissa couler à flots une large lampée de bière moussue dans sa grande bouche, eut un air de ravissement quand la cascade gazeuse s'écoula dans le siphon de son gosier, et en se tapant sur le ventre, il lâcha un énorme rot dont le souffle fétide fit se soulever légèrement le chapeau de l'Ardonien.

- Mon vampire, il m'a envoyé une lettre pour m'expliquer un tas de trucs que j'ai pas tout compris. Mais, j'ai pigé "l'insentiel" ! Il allait mourir et il fallait que je ramène la perruche avant que la Tour me tombe sur le coin de la gueule. Me d'mande pas comment, me d'mande pas pourquoi, c'est de la magie, des trucs qui nous dépassent... Et toi sûrement encore plus que moi. Parce que moi, encore, j'arrive à comprendre des trucs si on m'explique pas trop vite et plusieurs fois. Mais toi, avec ton air con et ta vue basse, la magie, ça te passerait au-dessus du chapeau...

Grognar mordit à pleines dents dans le cochon rôti, entier, que le garçon avait déposé sur la table. Il entailla profondément le flanc grillé de l'animal et continua son récit, la bouche pleine, bien sûr.

- Mais figure-toi qu'en cherchant la donzelle, je l'ai retrouvé mon patron !

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Tiens donc? Et alors?

Il est vachement bon ce cochon dis donc! (miam gronch brouff)
Tu sais, mon air con et mon chapeau t'empapaoutent, et je ne suis pas si novice en magie. J'ai côtoyé quelques mages de guerre quand j'étais dans des compagnies de mercenaires. Et savoir comment fonctionne un mage est un très bon moyen de savoir comment les tuer... ou combattre à leurs cotés.




Il s'enfila une bonne rasade et dû reconnaitre que la bière valait le détour, même s'il le reconnu de façon moins bruyante que Grognar. Il refila quelques morceaux de lard à biquette qui n'en frétilla que d'avantage avant d'en reprendre un petit morceau bien tendre.



Allez, fait pas ta cachotière et continues ton histoire, tu l'as retrouvé où ton patron?


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- Bouge pas ! Je vais te le présenter !

Il sortit de la besace qui pendait à son côté un linge qui, à première vue, contenait un objet vaguement rond. Avec beaucoup de doigté et de douceur, Grognar déplia le tissu et, au milieu de la table, apparut la tête du vampire, aussi blanche et marmoréenne que quand il était vivant. Ses yeux étaient fermés, il paraissait dormir...

- Voilà ! "L'Air-de-Rien", mon patron ! Patron, "l'Air-de-Rien" ! Il est un peu raccourci du bas mais sinon, il est plutôt frais... Je l'ai retrouvé accroché au-dessus de la porte d'un chevalier. Et d'ailleurs, cui-là, j'ai promis de revenir l'éparpiller quand j'aurai cinq minutes... Après, je te passe les détails mais bon, bref, la suite tu la connais.

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