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La colonne s'était arrêtée car il n'était pas sérieux d'avancer quand le soleil était si haut. De plus, leur plus précieux chargement, la belle Fyruül, tenait en horreur le soleil de midi. Le temps de retrouver des forces, une clairière avait été choisie pour camper. Il serait bientôt nécessaire de reprendre la route et de forcer l'allure. Le temps jouait contre eux et en toute guerre la maîtrise du terrain était un avantage primordiale.

Le capitaine Raek, dernier d'une longue lignée d'orques au service de Granroc, achevait son repas lorsqu'il vit revenir les trois gobelins envoyés en éclaireurs.

- L'empiiiire... l'empiiire est là !

Raek posa de côté sa gamelle en s'essuyant rapidement d'un revers de main.

- Triples crétins, sa voix tonnante fit s'aplatir les gobelins, nous sommes aussi l'empire !
- Ouiii, gémit le premier.
- C'est siii nouveau, notre seigneur doit nous excuser ! Ouii, nous excuser...
- Passons, soupira Raek, combien, quelles armoiries ?
- Ih ih ih.. un petiiit groupe, capitaine. Quelques soldats, des femmes, même des fées !

Le capitaine orque grimaça une mine songeuse et se rendit à grands pas vers la roulotte où se reposait sa maîtresse. Il frappa un coup et n'eut pas le temps pour un second que déjà la porte s'ouvrait avec léger grincement. Ce qui ressemblait à des volutes d'ombres s'échappèrent de l'intérieur masqué par un lourd rideau de velours cramoisi.

Raek poussa un pan. Il était difficile de voir quoi que ce soit, et seule une jambe alanguie s'offrait à son regard.

- Que veux-tu, Raek ? Je n'ai pas encore terminé, tu sais combien je peux être de mauvaise humeur lorsqu'on m'interrompt.
- Je vous prie de me pardonner, noble maîtresse. Nos éclaireurs ont rapporté l'approche d'un convoi. Quelles sont vos ordres ?
- HumMm... un pillage pourrait être agréable, remarqua langoureusement la dame. Hélas, nous devons garder nos forces. Nos devoirs passent avant nos plaisirs.
- Dois-je préparer un nouvel itinéraire ?
- Non, nous resterons ici jusqu'au crépuscule. Fais en sorte que les soldats se tiennent prêts, mais ne me dérange plus pour rien.

Une ombre repoussa l'orque qui n'eut d'autre choix que reculer tandis que la porte se refermait aussitôt. Il se sentait un peu frustré, si cela ne tenait qu'à lui, l'affaire aurait été entendue. Un affrontement ne se refuse pas. Empire ou non. Après tout, s'ils ne laissent aucun témoin, ce sont des gains sans ennuis tout en rajoutant de la viande au repas du soir.

Mais puisque sa maîtresse avait d'autres plans...