Étape précédente
Ils reprirent leur route.
Grognar avait renoncé à enfiler sa lourde armure et voyageait en tunique légère et braies de toile.
La chèvre n’était plus tout à fait la même. Son expérience lui avait fait appréhender le monde d’une autre manière. Sa transformation en boule qui tourne l’avait tourneboulée. Elle se comportait comme un chien , les suivant partout sans être attachée, courant derrière eux, se couchant à leur pieds, sa tête sur ses pattes et les yeux implorants.
Ils marchèrent toute la journée pour arriver à un relais de poste à la tombée de la nuit. Ici, ils auraient pu changer leurs chevaux s’ils en avaient eu. Mais l’endroit était aussi une auberge et cela raviva leur bonne humeur.
L’Ardonien commanda deux chambres et deux tonneaux de bière.
- Ca m’étonnerait que t’arrive à boire tout ça ! Je t’aiderai à finir si tu veux, proposa Grognar avec abnégation.
Encore une fois, le géant avait refusé de pénétrer dans le bâtiment. Tout ici était trop petit pour lui et il choisit de préserver sa dignité en dormant dehors. L’Ardonien n’envisagea pas une seconde de profiter du confort d’un bon lit quand son compagnon goûterait à la dureté du sol caillouteux. Aussi, par solidarité, il installa sa natte près de Grognar.
Ils payèrent donc une chambre pour dormir tous les deux à la belle étoile.
C’est ainsi qu’au lever du jour, les premiers clients levés, qui reprenaient déjà la route, purent voir un géant, un homme au chapeau posé sur le visage et une chèvre folle qui dormaient par terre, appuyés contre le mur d’une auberge douillette.
La soirée fort arrosée, leurs péripéties à Bacre suivies d’une grande journée de marche les avaient plongés dans un sommeil profond dont rien ne semblait vouloir les tirer. Les allées et venues finirent cependant par réveiller les deux compères, là où le soleil n’y était pas parvenu.
Ou plutôt, finirent par agacer la chèvre qui, au passage des premiers voyageurs se contenta de grogner, de plus en plus fort, pour finalement pousser des bêlements qu’elle prenait avec conviction pour des aboiements.
Un dernier homme sortit du relais pour rejoindre sa charrette. Le capriné se jeta en avant, montrant les dents et poussant des grognements. Elle n’eut pas le temps de saisir la jambe de son pantalon, il avait déjà sauté sur le siège de sa carriole.
Grognar ouvrit un œil et, avisant la situation, se leva en s’écriant :
- Ici, biquette ! Aux pieds !
Penaude, l’animale rejoint son maître et s’assit à ses pieds, regardant avec un air mauvais celui qu’elle prenait pour un intrus.
L’Ardonien s’était levé à son tour et tout en vissant son éternel chapeau présenta ses excuses à l’inconnu. C’est que, malin, il avait constaté que sa charrette était vide et il espérait que ce type pourrait les conduire jusqu’à la prochaine ville. Ou au moins, les rapprocher.
Le rythme qu’imposaient les grandes pattes de son compagnon épuisait l’Ardonien et il ne serait pas contre l’idée de faire une partie du voyage assis sur ses fesses.
- Vous allez à Basalte ? dit goguenard leur interlocuteur ? Ah, ben ça ! Ca tombe bien parce que c’est là que je vais ! Je vais prendre une cargaison de bois et je suis vide. Montez-là dedans, ma charrette est bien assez grande pour votre copain.
Les deux hommes s’installèrent à bord, Grognar souleva la chèvre et se chercha une position confortable. Mais rien à faire, ses jambes dépassaient de moitié dans n’importe quelle position.
Leur chauffeur était un petit homme à la face rougeaude, dont on devinait qu’il était d’une bonne humeur constante. Un brave type serviable et surtout sociable. Il était heureux de voyager avec un peu de compagnie et tout le long du chemin, il les abreuva de ses histoires personnelles, de ses bavardages incessants.
Rien de ce qu’il racontait n’intéressait aucun des deux compagnons et à aucun moment, ils n’éprouvèrent le besoin de lui répondre. Ca n’avait que peu d’importance parce qu’ils n’auraient pas pu placer une parole. Son flot volubile fut incessant et, soûlés par ce ronron continuel, Grognar et l’Ardonien s’endormirent.
Ils reprirent leur route.
Grognar avait renoncé à enfiler sa lourde armure et voyageait en tunique légère et braies de toile.
La chèvre n’était plus tout à fait la même. Son expérience lui avait fait appréhender le monde d’une autre manière. Sa transformation en boule qui tourne l’avait tourneboulée. Elle se comportait comme un chien , les suivant partout sans être attachée, courant derrière eux, se couchant à leur pieds, sa tête sur ses pattes et les yeux implorants.
Ils marchèrent toute la journée pour arriver à un relais de poste à la tombée de la nuit. Ici, ils auraient pu changer leurs chevaux s’ils en avaient eu. Mais l’endroit était aussi une auberge et cela raviva leur bonne humeur.
L’Ardonien commanda deux chambres et deux tonneaux de bière.
- Ca m’étonnerait que t’arrive à boire tout ça ! Je t’aiderai à finir si tu veux, proposa Grognar avec abnégation.
Encore une fois, le géant avait refusé de pénétrer dans le bâtiment. Tout ici était trop petit pour lui et il choisit de préserver sa dignité en dormant dehors. L’Ardonien n’envisagea pas une seconde de profiter du confort d’un bon lit quand son compagnon goûterait à la dureté du sol caillouteux. Aussi, par solidarité, il installa sa natte près de Grognar.
Ils payèrent donc une chambre pour dormir tous les deux à la belle étoile.
C’est ainsi qu’au lever du jour, les premiers clients levés, qui reprenaient déjà la route, purent voir un géant, un homme au chapeau posé sur le visage et une chèvre folle qui dormaient par terre, appuyés contre le mur d’une auberge douillette.
La soirée fort arrosée, leurs péripéties à Bacre suivies d’une grande journée de marche les avaient plongés dans un sommeil profond dont rien ne semblait vouloir les tirer. Les allées et venues finirent cependant par réveiller les deux compères, là où le soleil n’y était pas parvenu.
Ou plutôt, finirent par agacer la chèvre qui, au passage des premiers voyageurs se contenta de grogner, de plus en plus fort, pour finalement pousser des bêlements qu’elle prenait avec conviction pour des aboiements.
Un dernier homme sortit du relais pour rejoindre sa charrette. Le capriné se jeta en avant, montrant les dents et poussant des grognements. Elle n’eut pas le temps de saisir la jambe de son pantalon, il avait déjà sauté sur le siège de sa carriole.
Grognar ouvrit un œil et, avisant la situation, se leva en s’écriant :
- Ici, biquette ! Aux pieds !
Penaude, l’animale rejoint son maître et s’assit à ses pieds, regardant avec un air mauvais celui qu’elle prenait pour un intrus.
L’Ardonien s’était levé à son tour et tout en vissant son éternel chapeau présenta ses excuses à l’inconnu. C’est que, malin, il avait constaté que sa charrette était vide et il espérait que ce type pourrait les conduire jusqu’à la prochaine ville. Ou au moins, les rapprocher.
Le rythme qu’imposaient les grandes pattes de son compagnon épuisait l’Ardonien et il ne serait pas contre l’idée de faire une partie du voyage assis sur ses fesses.
- Vous allez à Basalte ? dit goguenard leur interlocuteur ? Ah, ben ça ! Ca tombe bien parce que c’est là que je vais ! Je vais prendre une cargaison de bois et je suis vide. Montez-là dedans, ma charrette est bien assez grande pour votre copain.
Les deux hommes s’installèrent à bord, Grognar souleva la chèvre et se chercha une position confortable. Mais rien à faire, ses jambes dépassaient de moitié dans n’importe quelle position.
Leur chauffeur était un petit homme à la face rougeaude, dont on devinait qu’il était d’une bonne humeur constante. Un brave type serviable et surtout sociable. Il était heureux de voyager avec un peu de compagnie et tout le long du chemin, il les abreuva de ses histoires personnelles, de ses bavardages incessants.
Rien de ce qu’il racontait n’intéressait aucun des deux compagnons et à aucun moment, ils n’éprouvèrent le besoin de lui répondre. Ca n’avait que peu d’importance parce qu’ils n’auraient pas pu placer une parole. Son flot volubile fut incessant et, soûlés par ce ronron continuel, Grognar et l’Ardonien s’endormirent.