Le monde change, évolue, il ne reste jamais figé pour le meilleur ou pour le pire... Mais au bout du compte c'est toujours le même tracé dans les lignes écrites, intangibles, de sa voie, de sa destinée. Et les plus forts sont et seront toujours ceux qui les écrivent : A chaque temps, à chaque période, à chaque moment clé de notre histoire, vient l'ascendance des vainqueurs auréolés d'une nouvelle puissance et s'offrant à eux de nouvelles opportunités, puis la disparition des vaincus en tant qu'entité.
Aujourd'hui c'est notre tour, vient notre redoutable ascension et l'anéantissement délectable de nos ennemis. Une nouvelle ère débute par la force de nos actes, qui changera à jamais la face du monde et sa manière de tourner. Plus rien ne sera jamais comme avant. Ni pour eux, ni pour nous. Car ce n'est pas seulement l'avènement de notre légende ou l'installation d'un nouveau pouvoir qui s'instaure à présent ici sur ce continent. C'est aussi le crépuscule d'Outre-Mer tel que l'on a connu jusqu'à aujourd'hui, la soumission de toute une civilisation...
Laquelle deviendra bientôt notre arme principale de destruction massive, servant notre ambition ultime : La conquête du monde.
La fin commence aujourd'hui pour tous ces êtres insignifiants.
*********
Des voiles blanches affalées par la brise, frappées de blasons commerciales, étrangement des dizaines... et des dizaines... et des dizaines, encore et encore sans fin ni cesse, apparaissant incroyablement nombreux et soudain à l'horizon. Spectaculaire évènement, riche sensation procurée, alarme des intuitions les plus acérées, toutes tendaient comme un seul être, manoeuvant ainsi que dans le cadre d'un bal dansant naval d'entraînement militaire vers un seul point : Roc-Le Chastel. Elles devinrent bientôt... légion. De l'eau scintillante, se détacha alors une gigantesque flotte noir au vent, des nuées de dromons, de vaisseaux requins grouillant de partout sur la rive ouest, qui assiégeaient la mer en balayant furieusement les flots droit sur Roc-le Chastel avec une effrayante fulgurance. Puis la stupeur, ensuite la consternation devinrent terreur quand ces dites voiles blanches disparurent... remplacées à l'unisson par une bannière bien connue, celle à l'origine des attaques sanglantes et récentes sur les villages rasés. La bannière de meurtriers, d'assassins inhumains et prêt à tout pour arriver à leur fins. Une véritable armada fondant sur eux, une flotte d'invasion contenant des dizaines de milliers de ces monstres prêt de nouveau à frapper et surtout cibler une plus grosse proie que de simples villages, la Capitale, le coeur de la Nation.
" Awooooooooooooooooooooooooooooooooooooo " beuglèrent les cors guerriers.
Tous à vos postes ! " Allure de combat ! " Armez les balistes ! " cria t-on au même instant de toute part. " Sud est ", "cible à bâbord, virage à tribord," lançait les mêmes ordres. Les tambours se mirent à battre un rythme déchaîné qu'adoptèrent instantanément, puis baissé les rames, et les milliers de vaisseaux menés par la Botha noire et le Fureur ne firent qu'un bond.
" Ennemi en vue, droit sur nous ! Soldats en position sur les ponts, espadon prêt à fondre sur les coques ennemies "
Que tous les navires de combats anéantissent les obstacles mobiles sur les flots, ciblent les vaisseaux de guerre amarrées sur les quais et la caserne en priorité. Le port doit rester intact, nul besoin de l'égratigner. Nous le sécuriserons à terre. avait ordonné Delylia Paloria à ses vassaux et capitaines sur le navire Amirale. Tous avaient regagnés leur postes et leur navires à présent.
Ils étaient assurés de posséder quatre fois plus de vaisseaux, la surprise étranglait en plus leur ennemi dispersé, déboussolé par la soudaineté d'une attaque de si grande ampleur pas même anticipée. Il était donc inutile de jouer de prudence. Ce n'était pas leur maigre flotte qui pourrait les arrêter de toute façon. Delylia avec la première flotte qu'elle menait et commandait, avait organisé ses forces en dix vagues successives, chacune d'une quarantaine de bâtiments. Les deux premières balaieraient la rive, fondraient sur la flottille d'Outre-Mer à portée, " leur joujous pitoyables " comme elle les daubait, et l'anéantir. Une partie ciblerait les vaisseaux amarrées et aussi quelques bâtiments pour ajouter à la confusion. Les vagues suivantes ne rejoindraient la lutte qu'après avoir débarqué les hordes démoniaque et ses légions de pirates sur les rives de la ville. Les démons seraient à l'avant-garde, comme prévu, ils sèmeraient immédiatement l'effroi et la terreur chez l'ennemi, plus qu'elle ne seraient déjà présentes, désorganisant plus outre encore les forces adverses qui allaient devoir gérer également des mouvements paniquées, incontrôlées, furieux d'une population terrifiée. Quant aux innombrables bateaux plus petits de l'arrière garde, navires d'invasion contenant des dizaines de milliers d'âmes en effervescence, ils serviraient à transférer la majeure partie de l'armée sur la rive gauche et la rive droite de Roc le Chastel, tandis que le gros de l'armée serait directement lâché sur le port, au centre de la cité, qui s'empresserait par un mouvement de tenaille d'encercler la capitale, d'en prendre rapidement le contrôle et d'y emprisonner tous ceux qui s'y trouvaient.
Alors que la Botha Noire, Vaisseau-Amirale de la flotte pirate sur lequel dirigeait Delylia, approchait à une vitesse prodigieuse., la capitale dont elle deviendrait le maître, avait pris soudain des proportions gigantesques. Masse bientôt sanglante de plus en plus éclatante avec ses foyers innombrables blanc reflétant les rayons du soleil, ses rues grouillantes de points noirs assimilables à des fourmis agitées devant la menace d'une ombre écrasante sur leur fourmillière. La première ligne de navires pirates se trouvait désormais dans les eaux d'Outre-Mer, et la confrontation inéluctable eut violemment lieu, des premiers vaisseaux natifs réduits avec leur équipages, un par un en épaves, impuissants devant une telle masse, une telle puissance de feu réunie. Le plus dur pour eux, serait sûrement le temps extraordinairement rapide, quelques secondes tout au plus quant à leur destruction, si l'on pensait aux nombreux jours, aux nombreuses semaines qui avaient été nécessaire à leur construction, à leur assemblage. Ils furent impitoyablement anéantis, les derniers restants, certains manoeuvrant, d'autres fuyant la tempête, immédiatement traqués. La flotte dès le début devant la défaite certaine, s'était disloquée. Pendant ce temps on s'en prenait également à la cité, certains projectiles de poix enflammées étaient hasardeusement lancées sur des grands bâtiments à intervalle régulier, ceci afin d'intensifier le vacarme et la peur. A bord les pirates goguenards, et les démons restants devenus presque enragés trépignaient sur les ponts et déjà des nuées de flèches, de avant même que les premiers vaisseaux d'invasion ne touchent le sable, s'envolaient sur des points noirs mobiles.
" Terre en vue, préparez à débarquer pourriture de pirates ! " répéta t-on inlassablement, vague après vague. Rien, aucune armée pour les repousser, les refouler tandis que leur masse grondante se noircissait de monde. La surprise était totale, l'attaque éclair un fulgurant succès. Les archers débarqués des vaisseaux après les Démons infernaux, s'élancèrent à leur suite, brandissant leur arcs par dessus leur têtes afin de n'en pas tremper les cordes, finissant par barboter dans l'eau, puis par aborder la tête de pont sur le bout de plage qui leur était acquise. Alors que les premiers navires qui avaient déjà emplies leur office repartaient en sens inverses vers la mer et l'horizon pour rejoindre la lutte contre les bâtiments navales ennemis, d'autres obliquèrent à leur tour vers la terre ferme pour se débarrasser de leur passagers devenus incommodes dans leur d'impatience, ayant déjà tirés leur armes, prêt à déchiqueté la chair tendre qu'ils sentaient toutes proches.
Sifflante, hurlante, vociférante, la horde de démons inarrêtable avançait déjà à grands pas en direction du port de la capitale que les pirates devaient sécuriser et s'en assurer le contrôle, ou les attendait de pieds ferme certains gardes courageux, les autres devant un tel flot de haine et de désespoir ayant pris leur jambes à leur cou. Les démons fondirent comme des loups vers le port, détruisant, arrachant la vie à tout ce qui leur faisait obstacle, les hommes d'armes gardant l'édifice se précipitant pour le défendre à la pique, mais en tropis clin d'oeil l'échaffourée tourna au chaos sanglant, aucun ne survécut, les démons pour les achever leur arrachant le coeur puis les dévorant. Les flèches tirés de plus loin par les archers, fusèrent et la grêle de trait acheva de terminer le travail pour les quelques survivants qui espéraient être épargnés. Le port de Roc le Chastel appartenait désormais aux pirates.
Les monstres ! Les pirates, ils sont sur nous !
Des femmes et des hommes fuyaient en travers de leur chemin en poussant des cris qui n'avaient rien d'humain, et la ville vomissait en nombre ses premiers morts. Les armées de Delylia établirent une ligne de front compacte, disciplinée et manoeuvrant aussi rapidement qu'habilement à ses saillants déjà en route, avec des objectifs de missions fixés avec précision. Une fois le port sécurisé, les troupes se dispersèrent impeccablement en plusieurs corps et se dispersèrent dans les rues de la cité, nonobstant les foyers ou s'étaient terrés les citoyens, ne se concentrant seulement que sur les casernes, et les bâtiments importants mais surtout les quelques et maigres garnisons ennemis en travers de leur chemin. La bataille au centre de Roc-le Chastel fut aussi courte que stupéfiante, qui se résolut en un massacre rapide, impitoyable de natifs. Malgré l'intensité des combats les hommes d'armes d'Outre-Mer en sous nombre, dispersés, sans ordres et impuissants face à de tels monstres et guerriers entraînés avaient été annihilés, impuissants. La terre paraissant trembler sous leur pieds, une centaine de démons avait chargé furieusement une des garnisons en position de défense pour assurer et protéger le repli de leur population au péril de leur vie, leur lignes rapidement enfoncées à coups de lacérations et de morsures, massacrés jusqu'au dernier. Les hordes furent également sous un feu nourri de flèches, mais la peau des infernaux était trop épaisse pour de simple flèches conventionnelles, seules des épées avaient la profondeur nécessaire pour les entamer véritablement et les transpercer. Les archers durent alors battre en retraite, tandis que pleuvait une pluie de sang sur bon nombre de leur compatriotes, à présent eux aussi sous le feu des tirs croisés des pirates.
La confusion et la peur avaient définitivement emporté les esprits de leur ennemis vaincus. Il n'y avait plus de défense cohérente à même de les menacer à Roc-le Chastel, à vrai dire plus même de se confronter à eux. L'effondrement d'Outre-Mer était total. Les pirates, innombrables dans la ville avaient déjà fait entendre leur clameur, effrayante et paralysante, dans toute la ville, l'attention de tous captivés par leur sauvage entreprise. Ils avançaient, brutaux et sûrs d'eux, les milliers de combattants se déversant dans la partie de capitale contrôlée et de ses environs, faisant le ménage de tout ce qui rôdait alentour. Aucune place à l'hésitation pour ceux qui leur résistait, les cadavres s'empilaient après chaque charge contre ces inconscients. La surprise totale avait étranglé ses défenseurs peu préparés à une telle invasion. Devant ce raz de marée mortel, l'armée ennemi renonça, se disloqua et prit la fuite. Les premiers résistants d'Outre-Mer eurent beau lutter, ils étaient exterminés avec énergie, et leur accès de courage ou de folie rayer nonchalamment d'un trait dans les esprits.
*****
La Botha noire s'amarrait enfin au port de Roc-Le Chastel, suivi de près par le Fureur ou se trouvait Kennit Hardawit. Pour la première fois après avoir débarqué, Delylia Paloria foulait le sol riche d' outre-Mer, son territoire. Elle avait tant attendu ce moment, elle y arrivait enfin. La terrible Delylia sauta de son navire sur la rive, et traversa les eaux peu profondes de la basse marée effleurant de ses caresses de plus en plus entreprenantes la plage de sable fin et raffiné. Et pleinement l'Elfe noir embrassait cette île, ce continent, sa nouvelle possession, son nouveau jouet qu'elle foulait à présent avec indolence. Elle arpenta les rues toujours conflictuelles et terrorisée de Roc-le Chastel, son aura noire empêtrée dans les vapes ténébreuses de son manteau, sillonnant les flancs de la cité, appréciant chaque pirate à sa vue, chaque regard endurci. Comme une vipère se glissait insidieusement dans le nid de l' oiseau, l'Elfe s'élançait et dérivait, assumant véritablement la confiance d'un chasseur sur son territoire, piétinant aux milieu des bêtes hostiles mais soumises qu'étaient déjà devenus les Outre-Merriens. Elle en vit certain, crachant du sang, et prisonniers de ses hommes. Les regards effrayés et haineux, lui donnant une véritable consistance. Delylia s'imaginait déjà pouvoir troubler leurs rêves et participer aux plus vils tourments de leur cauchemars. Une fois maître, elle transformerait pour certains leur cauchemar en terrible réalité s'il lui en prenait soudain le désir et l'envie égoïste. Face à tant de peur, ses muscles faciales subtilement réagirent, se transformèrent en un sourire fielleux, figé et hypocrite, son souffle expirant imperceptiblement l'once d'un soupir brûlant, impatient.
Mon heure a sonné, LONGUE VIE A LA REINE ! cria t-elle. Des hommes l'acclamèrent de toute part et répétèrent en coeur "longue vie à la Reine. ". Delylia Paloria, maîtresse des dizaines de milliers d'âmes sur lesquelles elle a tout pouvoir. HAHAHAHAHA ! Elle rit à gorge déployée devant ces mots devenus vérités, comme un être ayant perdu la tête, levant les bras au ciel pour clamer haut et fort sa victoire et la saveur qu'elle lui procurait. Un de ses vassaux, ses plaques d'armure entâchés de sang, de toute évidence qui n'était pas le sien, vint s'incliner devant elle et lui faire son rapport de la situation.
Cap'tain la flottille d'Outre-Mer a été mise en déroute, mais certains bâtiments ont réussi à prendre la fuite, certains de nos navires les prennent encore en chasse mais s'ils s'éloignent trop du périmètre de la capitale, nous ne pourrons rien faire. De toute façon, isolés, ils ne sont plus ni menace, ni un problème. Sur terre, nous avons pris le contrôle total du port et du centre de Roc-le Chastel. Les troupes débarqués sur la rive gauche et sur la rive droite de la capitale ont entamé leur vaste mouvement de tenaille, ce n'est plus qu'une question de temps avant que la ville ne soit encerclée. D'ici à demain nos troupes auront fait leur jonction
Bien, mon beau fidèle, bien, bien... Je veux maintenant des prisonniers ! Arrangez-vous pour attraper un maximum de personnes influentes ou hauts gradés. Amenez les aux nombreux cachots dont nous allons nous emparer. Faîtes torturer puis exécuter tous ceux qui ont ordonné de prêt ou de loin de résister initialement à notre invasion, pour l'exemple. Maintenant surtout, il faut neutraliser le maître d'Outre-Mer et ses sbires. Vois ceux qui sont prêt à s'affranchir et à servir le nouveau pouvoir pour nous aider. Dès lors qu'ils auront tous été mis hors d'état de nuire, le reste du continent suivra sans rechigner.
Nous ne savons pas encore ou ils se terraient avant notre invasion, ni ce qu'ils sont devenus mais nous allons très vite le découvrir en torturant quelques soldats prisonniers. Cependant il est à supposer que bon nombre se trouvent quelque part dans la capitale, pas vrai cap'tain ?
Ne supposez rien... menaça Delylia d'un regard froid, calculateur qui promettait la mort. Cette femme n'attendait seulement que des résultats et jamais de conjonctions hasardeuses. Le pirate hocha la tête en déglutissant sous le regard fixe de sa redoutable capt'ain qui reprenait intransigeante. Trouvez les seigneurs d'Outre-Mer et son dirigeant, Harald. Trouvez les.