Decret premier de la glorieuse Delylia Paloria.
Raclures d'Outre-Mer, vous n'êtes que de misérables cancrelats que nous pouvons écraser d'une pichenette si nous le voulons, et avec lesquels nos pieds condescendent seulement à cotoyer pour guider, insulter vos insignifiantes existences. Il semble que vous ayez oublié où se situait votre place, au bas de l'échelle de notre société. Vous n'êtes rien, moins que rien, simplement des objets dont nous usons et jetons à notre aise, pour notre aise.
Vous existez avec notre consentement, tout comme vous serez détruit par notre volonté si tel est notre désir.
Certains malfrats ont osé proféré injure à notre unité, invectiver la paix de la Reine et commettre des crimes d'une ignominie sans pareille en osant assassiner massivement certain des notre. Fous que vous êtes, vous avez cracher au visage de notre Reine, qui vous a pourtant tendu la main ! Vous paierez le prix lourd outremerses, vous paierez pour cette provocation de la part de vos compatriotes que vous protégez, avec lesquels vous faites acte de complicité ! Un prix infiniment plus grand que le notre.
Dorénavant pour chaque pirate assassiné, nous tuerons une soixantaine de civils. S'il en meurt régulièrement, nous triplerons le chiffre et plus si la situation l'exige. Assurément vos nuits ne seront plus aussi sûres que vous le pensiez.
Nous voulons vous voir trembler lorsque la nuit se pointe, vous savoir terrifié chez vous sous votre couette à chaque fois que le soleil se couche à l'horizon ! Un crépuscule nimbée de sang.
Mieux encore, pour chaque gradé et haut capitaine assassiné, ce sera tout un quartier qui sera rasé, les hommes jetés dans les prisons de tortures, les femmes violées.
Ainsi donc, douze capitaines sont morts, c'est tout le faubourg où ont eu lieu les massacres qui subira notre terrible colère. Tous les occupants seront éliminés, les foyers incendiés... ! Vous chanterez Delylia maudits, vous chanterez tous ! Votre destin est déjà scellé, seul le temps que vous mettre à vous plier à nos règles différera !
Voici la justice de la Reine, sa première condamnation juste et implacable !
Lorsque vous lirez ces mots à la matinée, vous en constaterez la puissance et la portée.
L'incendie faisait rage et inondait le ciel noir d'éclats de couleur de sang. Le faubourg tout entier était en feu, d'épais nuages de fumée noires montaient des mare de sang et des bâtiments enflammés, calcinés, s'effondrant tour à tour après avoir été léchés lascivement de fond en comble.
Et les cris sauvages, impitoyables s'arrachaient dans la nuit, éveillant toute la capitale, dans l'effroi d'abord, puis les larmes. Les pirates passèrent à l'action sans attendre ! Des centaines, ils se dispersèrent au au milieu des natifs et des faubourgs et firent fouetter leur armes de métal en courts mouvements arqués et violents avec les rebords tranchants. Et ils tranchèrent, tranchèrent d'une folie rageuse !
Les plats des épées découpèrent des têtes, des membres, provoquant des crissements à faire grincer les dents. Ils entamèrent la chair, produisant des sons humides et grinçants. Des nuages écarlates filaient dans le sillage des armes comme des trainées de fumée, des citoyens étaient coupés en deux.
Les femmes et des hommes en haillon qui tentaient de leur mieux d'échapper à la folie meurtrière de leur bourreau, sillonnèrent en désordre dans les rues plus qu'animées, malgré la mort qui frappait, chacun tentant de se vautrer dans la plus ludique des cachettes. Ils furent presque tous retrouvés, puis massacrés sans pitié. Bien peu en réchappèrent, pour la chasse, les pirates étaient des professionnels, ils avaient même cultivé ce passe-temps.
Un groupe d'une centaine de citoyens outremerses se dessinait dans les flammes à proximité d'un temps de Synodar, impuissant à les protéger contre la vindicte ennemie. Ils étaient agenouillés, les doigts croisés derrière leur têtes, les yeux fermés face à toute cette horreur. Ils imploraient la pitié de leur persécuteurs couverts de sang et branlant de rire. Ces derniers levèrent leur lames comme un seul au dessus de leur têtes, poussant un cri d'exultation sinistre, puis plongèrent leur lames vers les nuques sans défense. Un vrai carnage sur le pavé divin de l'Unique.
Une après une, on brisait les portes d'un coups de hache bien placé, les corsaires s'imposant avec force. Une fois ressortis, il ne restait plus derrière eux que des dizaines de corps étendus au sol, les vêtements froissés, tachés, les torses imprégnés d'un liquide noir et visqueux. Poignardés, défigurés, souillés pour certains. Quelque part une femme était coincé dans sa chambre sous un gros balourd de pirate, sa famille éradiquée sous ses yeux témoin de la scène, leur yeux grand ouvert de terreur et de stupeur, vides de vie. La native portait déjà les marques de la souillure sur son visage mortifiée. Un autre pirate déboula dans la chambre avec un grand sourire salace !
Tu l'as eu maintenant c'est mon tour de 'm'la faire !
As tu crois ça ? répondit son confrère d'une moue ennuyée comme s'il se trouvait dérangée par cet imbécile. Il sortit un couteau et l'enfonça entre les côtes de la femme nue. La lame s'empara cruellement de la vie de la victime. Personne passe après celles que j'baise.
Enfoiré d'ta soeur ! J'touvrirai volontiers les viscères pour ce manque de respect flagrant envers un pirate. T'as d'la chance, y en a plein d'autres d'accessibles !
Ouais ça c'est bien vrai ! Alors va voir ailleurs, mêle toi d'tes affaires et vient pas dans mes pattes ! On peut vraiment remercier ces rats qui s'en prennent à nous, Delylia nous avait un peu relevé la bride pour ces moins que rien qui ne le méritait pas. Maintenant elle nous autorise à prendre du bon temps grâce à eux
Deux autres mâles en bas de la maisonnée se disputaient une femelle, en un éclair ils avaient dégainé leur armes, mi-épées-mi faux, tranchant comme des rasoirs. Alors débuta un ballet de mort au cours duquel les adversaires tournaient, feraillaient, bondissaient, l'un sur l'autre, proférant injure sur injure. Le différent s'acheva aussi vite qu'il avait éclaté. Tandis qu'agonisait le vaincu, le vainqueur agrippa la femme native et la renversa au sol d'une brutalité plus que violente. Après quelques mandales pour la faire taire, il la força à écarter les jambes et lui cria en réponse à ses hurlements :
Tagueule, t'es à moi maintenant ! Tagueule j'dis ! J'vais te faire passer l'envie toi et tes copains de t'en prendre à nous ! Tu vas l'sentir passer ma jolie !
Lorsque la matinée se pointa enfin, le spectacle s'acheva. Il ne restait plus que des cadavres, et de la fumée dans un faubourg entièrement déserté et silencieux. Les survivants comme les pirates étaient repartis, les premiers désespérés, les seconds repus d'un belle soirée !