Ekiel se présenta devant le nouveau bâtiment. L’enseigne tout juste apposée indiquait le nom de la nouvelle taverne d’Outre Mer, mais dans la nuit, celui-ci n’était pas visible. Se faufilant discrètement dans l’auberge, Ekiel découvrit avec stupeur, mais surtout satisfaction que presque personne n’y s’y trouvait. La propreté et la fraîcheur du lieu appuyaient son idée que le nouveau tenancier venait d’ouvrir son commerce. Ici et là, des stocks de boissons importés de toutes les provinces attendaient impatiemment d’être mis en réserve, à la cave.
Soulagé de ne plus avoir à rester aux aguets, le premier objectif qu’il s’était fixé était de sympathiser avec le tavernier ; Ekiel avait beaucoup à faire en Outre Mer, il réserverait donc une chambre pour une durée indéterminée, certes, mais il était évident que cela ne se finirait pas en quelques jours.
De plus, les activités illicites que l’on lui demandait d’effectuer nécessiteraient une couverture fiable, il espérait pouvoir avoir l’appui de l’aubergiste, si l’on en venait à le traquer.
Soit, il commencerait à tisser ce lien prometteur dès ce soir. Seule dans la pièce, il entendait les jurons du propriétaire amis depuis l’arrière cuisine.
Il imaginait déjà l’homme, un peu bourru, mais avec un fond gentil et attaché à ses fidèles clients.
Dans une vivacité accrue, un jeune enfant déboula des escaliers, en poussant un cri de guerre. Il sauta les deux dernières marches, fit une roulade au sol, et se saisit du bout de bois qui gisait non loin.
Dans une satisfaction évidente, il prononça son dialecte, que l’on sentait finement préparé et travaillé.
- Haha ! En garde malfrat ! Tu vas affronter la terreur de Kalamaï, celui que l’on appelle communément " L’éclair vif " !
Il resta en garde, tenant fermement son bout de bois, un regard convaincant et déterminé pointé sur la porte. Il agita son bout de bois ici et là, comme s’il se battait contre un homme imaginaire, puis, une fois totalement épuisé, il posa ce qui lui servait d’arme et exprima sa joie et ses propres félicitations.
- Yeah ! J’y arrive ! Bien joué mon vieux, la capitale est en sûreté avec toi dans ses rangs !
Laissant au néant toute concentration, il aperçut enfin l’homme encapuchonné, qui semblait le regarder de ses yeux incrédules, bien qu’ils ne soient que peu visibles. Il releva ce tissu qui masquait son visage, afin que le garçon ne prenne pas peur face à cette présence qui lui semblait inattendue.
Découvrant son jeune visage, le garçon émit un hoquet de surprise et de confusion. La salle vide depuis l’aube abritait désormais un client, malgré l’heure tardive. Hésitant mais poli, il s’excusa des fictions guerroyantes qu’il se faisait sans cesse.
- Oh … Je suis désolé, je croyais qu’il n’y avait personne alors … je …
Quittant sa mine ébahie, le mercenaire contint l’idée d’un rire qui vexerait l’enfant, il se contenta donc d’un sourire et d’un ton amical.
- Ne t’en fais pas, va ! Tous les héros ont besoin de s’entraîner un jour ou l’autre …
L’enfant se défit de sa moue complexée, heureux de voir que son point de vue était partagé, même si l’on voyait dans les traits du visage de l’homme qu’il était amusé par ce jeu de scène. Soulagé, il se précipita dans l’arrière salle, contournant le comptoir à grande foulée, afin d’aller prévenir le tenancier.
- Papa, Papa ! Y’a un client qui attend dans la salle !
Son père et lui sortirent sur le même pas décidé, et allèrent à l’encontre du client, assis sur une chaise de la table du coin.
Le grand homme était comme il l’avait imaginé ; bourru, mais la mine amicale. Traînant ses pieds, sûrement fatigué, il respectait scrupuleusement le protocole de politesse envers les nouveaux clients. Seul son absence de cheveux et sa barbe rousse le distinguaient des taverniers habituels.
Géné des actions fictives de son fils en présence d’autrui, et également de n’être là pour accueillir le mercenaire, il s’approcha de lui jusqu’à entreprendre la conversation.
- Toutes mes excuses Seigneur, je viens d’emménager et tout n’est pas encore prêt, je dois donc m’adonner à des taches de première nécessité comme le rangement ou l’inventaire …
- Ce n’est rien voyons, je comprends parfaitement vos occupations. Vous tenez seul cette taverne ?
- J’en suis le gérant principal, mais ma fille Lisa et mon fils Fynch, avec qui vous avez fait connaissance, m’aident du mieux qu’ils peuvent.
- Hm … Je vois. Ah tiens, Fynch, voilà pour toi.
Il lui tendit le commun bout de bois que le garçon agitait dans tous les sens, fendant l’air du bois irrégulier et difficilement maniable. Il était désormais taillé en pointe, mais le bout avait été arrondi par les soins du mercenaire, persuadé qu’une pointe tranchante aurait fait des malheurs. Au manche étaient visibles des petites entailles, elles aussi arrondies, de façon à ce que les doigts de l’enfant puissent s’y loger et offrir une meilleure dextérité. Le bâton était également plus léger. Fynch le prit, étonné que le mercenaire ait touché son arme de prédilection, mais lorsqu’il y plaça sa main et se mit en garde, il perçut vite les modifications apportés, et dans un élan de bonne surprise, il s’empressa de remercier le nouveau client avant de repartir dans sa lutte et son entraînement.
- Ouaah, Merci Sir !
Tout ceux qu’il ne devait pas tuer avaient l’honneur de recevoir la nature sympathique d’Ekiel. Il lui aurait bien détacher sa ceinture, avant de le charrier un petit peu, mais cela lui semblait un tant soit peu prématuré pour cette première rencontre.
- Excusez le, il n’a que dix ans …
- Ne vous en faîtes pas, il est plein d’avenir, sa détermination, bien que juvénile est intouchable.
- Certes, mais ce n’est encore qu’un enfant … Je vous sers quelque chose ? Choisissez, c’est la maison qui paye ce soir !
- Volontiers, je prendrai un hydromel, si vous avez …
- Bien sur. Lisa, rapporte deux choppes d’Hydromel !
Une jeune femme poussa la porte de sa hanche, faute d’avoir les mains tenant chacune une des boissons. Boissons qu’elle déposa peu après à la table du client et de son père. Dans une courte révérence, elle entendit son paternel la présenter.
- Voilà Lisa, ma fille.
- Enchanté
- Moi de même, dit elle en relevant la tête à travers ses longues mèches tombantes.
Elle retourna à ses occupations dans une démarche gracieuse et plaisante bien que son visage laissait découvrir une once de mélancolie.
- Et bien, buvons en votre honneur, vous êtes mon premier client !
- Je suis ravi de votre accueil, il est possible que je demeure ici plusieurs lunes …
Après plus d’une heure de discussion de plus en plus familière avec le tenancier, Ekiel jugea bon de demander sa chambre à présent. L’ivresse et le fait que ce fut le premier client de sa propriété avait rendu l’homme bourru très familier et sympathique, les plans du mercenaire ne seraient donc pas entravés …
Une fois la clé de sa chambre obtenu, il se laissa tranquillement reposé sur son lit …
Un tel voyage jusqu’ici l’avait plus épuisé qu’il ne pensait, et ses ésotériques missions n’aidaient pas sa clarté d’esprit, bien qu’il savait de quoi son employeur retournait.
L’aube ne tarderait pas à se lever, il devait dormir. Il se lèverait demain matin, afin de se laver et d’être le plus présentable possible pour la tâche qu’on lui avait confié …
Dans un sommeil léger, ses paupières se refermèrent doucement, laissant le mercenaire accéder doucement, au pays des songes …
Soulagé de ne plus avoir à rester aux aguets, le premier objectif qu’il s’était fixé était de sympathiser avec le tavernier ; Ekiel avait beaucoup à faire en Outre Mer, il réserverait donc une chambre pour une durée indéterminée, certes, mais il était évident que cela ne se finirait pas en quelques jours.
De plus, les activités illicites que l’on lui demandait d’effectuer nécessiteraient une couverture fiable, il espérait pouvoir avoir l’appui de l’aubergiste, si l’on en venait à le traquer.
Soit, il commencerait à tisser ce lien prometteur dès ce soir. Seule dans la pièce, il entendait les jurons du propriétaire amis depuis l’arrière cuisine.
Il imaginait déjà l’homme, un peu bourru, mais avec un fond gentil et attaché à ses fidèles clients.
Dans une vivacité accrue, un jeune enfant déboula des escaliers, en poussant un cri de guerre. Il sauta les deux dernières marches, fit une roulade au sol, et se saisit du bout de bois qui gisait non loin.
Dans une satisfaction évidente, il prononça son dialecte, que l’on sentait finement préparé et travaillé.
- Haha ! En garde malfrat ! Tu vas affronter la terreur de Kalamaï, celui que l’on appelle communément " L’éclair vif " !
Il resta en garde, tenant fermement son bout de bois, un regard convaincant et déterminé pointé sur la porte. Il agita son bout de bois ici et là, comme s’il se battait contre un homme imaginaire, puis, une fois totalement épuisé, il posa ce qui lui servait d’arme et exprima sa joie et ses propres félicitations.
- Yeah ! J’y arrive ! Bien joué mon vieux, la capitale est en sûreté avec toi dans ses rangs !
Laissant au néant toute concentration, il aperçut enfin l’homme encapuchonné, qui semblait le regarder de ses yeux incrédules, bien qu’ils ne soient que peu visibles. Il releva ce tissu qui masquait son visage, afin que le garçon ne prenne pas peur face à cette présence qui lui semblait inattendue.
Découvrant son jeune visage, le garçon émit un hoquet de surprise et de confusion. La salle vide depuis l’aube abritait désormais un client, malgré l’heure tardive. Hésitant mais poli, il s’excusa des fictions guerroyantes qu’il se faisait sans cesse.
- Oh … Je suis désolé, je croyais qu’il n’y avait personne alors … je …
Quittant sa mine ébahie, le mercenaire contint l’idée d’un rire qui vexerait l’enfant, il se contenta donc d’un sourire et d’un ton amical.
- Ne t’en fais pas, va ! Tous les héros ont besoin de s’entraîner un jour ou l’autre …
L’enfant se défit de sa moue complexée, heureux de voir que son point de vue était partagé, même si l’on voyait dans les traits du visage de l’homme qu’il était amusé par ce jeu de scène. Soulagé, il se précipita dans l’arrière salle, contournant le comptoir à grande foulée, afin d’aller prévenir le tenancier.
- Papa, Papa ! Y’a un client qui attend dans la salle !
Son père et lui sortirent sur le même pas décidé, et allèrent à l’encontre du client, assis sur une chaise de la table du coin.
Le grand homme était comme il l’avait imaginé ; bourru, mais la mine amicale. Traînant ses pieds, sûrement fatigué, il respectait scrupuleusement le protocole de politesse envers les nouveaux clients. Seul son absence de cheveux et sa barbe rousse le distinguaient des taverniers habituels.
Géné des actions fictives de son fils en présence d’autrui, et également de n’être là pour accueillir le mercenaire, il s’approcha de lui jusqu’à entreprendre la conversation.
- Toutes mes excuses Seigneur, je viens d’emménager et tout n’est pas encore prêt, je dois donc m’adonner à des taches de première nécessité comme le rangement ou l’inventaire …
- Ce n’est rien voyons, je comprends parfaitement vos occupations. Vous tenez seul cette taverne ?
- J’en suis le gérant principal, mais ma fille Lisa et mon fils Fynch, avec qui vous avez fait connaissance, m’aident du mieux qu’ils peuvent.
- Hm … Je vois. Ah tiens, Fynch, voilà pour toi.
Il lui tendit le commun bout de bois que le garçon agitait dans tous les sens, fendant l’air du bois irrégulier et difficilement maniable. Il était désormais taillé en pointe, mais le bout avait été arrondi par les soins du mercenaire, persuadé qu’une pointe tranchante aurait fait des malheurs. Au manche étaient visibles des petites entailles, elles aussi arrondies, de façon à ce que les doigts de l’enfant puissent s’y loger et offrir une meilleure dextérité. Le bâton était également plus léger. Fynch le prit, étonné que le mercenaire ait touché son arme de prédilection, mais lorsqu’il y plaça sa main et se mit en garde, il perçut vite les modifications apportés, et dans un élan de bonne surprise, il s’empressa de remercier le nouveau client avant de repartir dans sa lutte et son entraînement.
- Ouaah, Merci Sir !
Tout ceux qu’il ne devait pas tuer avaient l’honneur de recevoir la nature sympathique d’Ekiel. Il lui aurait bien détacher sa ceinture, avant de le charrier un petit peu, mais cela lui semblait un tant soit peu prématuré pour cette première rencontre.
- Excusez le, il n’a que dix ans …
- Ne vous en faîtes pas, il est plein d’avenir, sa détermination, bien que juvénile est intouchable.
- Certes, mais ce n’est encore qu’un enfant … Je vous sers quelque chose ? Choisissez, c’est la maison qui paye ce soir !
- Volontiers, je prendrai un hydromel, si vous avez …
- Bien sur. Lisa, rapporte deux choppes d’Hydromel !
Une jeune femme poussa la porte de sa hanche, faute d’avoir les mains tenant chacune une des boissons. Boissons qu’elle déposa peu après à la table du client et de son père. Dans une courte révérence, elle entendit son paternel la présenter.
- Voilà Lisa, ma fille.
- Enchanté
- Moi de même, dit elle en relevant la tête à travers ses longues mèches tombantes.
Elle retourna à ses occupations dans une démarche gracieuse et plaisante bien que son visage laissait découvrir une once de mélancolie.
- Et bien, buvons en votre honneur, vous êtes mon premier client !
- Je suis ravi de votre accueil, il est possible que je demeure ici plusieurs lunes …
Après plus d’une heure de discussion de plus en plus familière avec le tenancier, Ekiel jugea bon de demander sa chambre à présent. L’ivresse et le fait que ce fut le premier client de sa propriété avait rendu l’homme bourru très familier et sympathique, les plans du mercenaire ne seraient donc pas entravés …
Une fois la clé de sa chambre obtenu, il se laissa tranquillement reposé sur son lit …
Un tel voyage jusqu’ici l’avait plus épuisé qu’il ne pensait, et ses ésotériques missions n’aidaient pas sa clarté d’esprit, bien qu’il savait de quoi son employeur retournait.
L’aube ne tarderait pas à se lever, il devait dormir. Il se lèverait demain matin, afin de se laver et d’être le plus présentable possible pour la tâche qu’on lui avait confié …
Dans un sommeil léger, ses paupières se refermèrent doucement, laissant le mercenaire accéder doucement, au pays des songes …