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Ces événements ont eu lieu il y a quelques temps déjà, avant la signature du traité entre Zakinthe et Thassopole. Texte écrit en partenariat avec Aquilodon.
Ayant prouvé son identité aux yeux d’Heklar, Aquilodon fut mené devant la grande Assemblée anarchiste, la plus grande ayant jamais eu lieu depuis la création du repaire. Un peu plus de 15 000 personnes y étaient réunis. Une véritable marée humaine dont l’écho devait s’entendre par delà le désert. Soldats, femmes, enfants et vieillards voulaient prendre par a la discussion concernant le contrôle de la frontière est entre le désert et Zakinthe. Pour beaucoup, il s’agissait de la fierté anarchiste. Leur victoire contre l’ancien Palatinat dans la bataille frontalière leur avait permis de prendre le contrôle de la région avant un traité de paix. Il n’était pas question de rendre cette partie libre à un nouveau tyran ! La foule, compacte, eut bien du mal à calmer son effervescence pour laisser le prophète prendre la parole.
Je vous souhaite le bonjour à tous, bien que vous me soyez plutôt hostiles. Je suis ici, comme vous devez le savoir, pour récupérer la frontière, qui appartient à Zakinthe. Et dont vous vous êtes sans raison emparés. Je désapprouve vos méthodes qui laissent de côté la négociation, aussi suis-je ici pour... rectifier le tir, et mettre les choses au clair. Vous n'avez le droit d'exister que parce que nous vous laissons ce droit. La zone que vous convoitez est à la province de Brak, à son Palatinat et à ses habitants, pas à une armée, bien plus grande que ce à quoi je m'attendais, je dois l'avouer, de va-nu-pieds. Veuillez m'excuser cette expression quasiment insultante, mais c'est la triste vérité.
Une légère vague de désapprobation se répandit au sein de la populace. Rien de surprenant après tout, cette homme enviait le pouvoir comme tout autre et voulait l’étendre. Les anarchistes connaissaient cela, puisqu’il reniait et honnissait cette philosophie. Pour eux, la frontière de Zakinthe avait été libérée du joug des oppresseurs et le reste de Prévèze suivrait, puis Zakinthe, puis tout l’Empire ! Quelques insultes fusèrent des badauds, quelques rires gras mais l’Assemblée, relativement atone, attendait l’intervention d’Heklar, qui curieusement avait le rôle de rapporteur sans qu’une élection n’ait lieu. L’importance de la situation l’aurait pourtant exigée mais personne ne s’aperçu de cette entorse.
Vous dites vouloir reprendre la frontière, et par cette voie pacifique, vous espérer nous faire accepter un acte de despotisme. La frontière n’est plus un enjeu. Elle ne vous appartient plus ! Le fleuve et tout ce qui l’entour sont désormais des terres libres, affranchies de tout pouvoir et de toutes lois.
Des applaudissements accueillir l’allocution du shaman. L’orque n’était pas si bon qu’Anar pour dialoguer, mais il ne s’en était pas si mal sorti. En même temps, il était en terrain favorable. Aquilodon, pendant ce temps, ne semblait pas avoir perdu de sa prestance et son charisme se révélait bien plus élevé que celui d’Heklar. Cependant, il était a craindre qu’il ne s’attire les foudres de l’Assemblée si il persistait dans la même direction.
Dois-je vous rappeler qu'à tout moment, je peux ordonner aux forces armées de Zakinthe de marcher sur ce minuscule espace que vous avez "libéré" ? Ne vous attaquez pas à plus fort que vous, vous n'êtes pas prêt. La seule chose que vous puissiez faire, d'après ce que j'ai vu ici, c'est marcher sur les terres prospères de Prévèze. Voudriez-vous que j'aille pactiser avec la dame Héléna pour vous exterminer dans votre propre désert ? Ce serait "libérer" des terres pour ensuite toutes les reperdre au profit de notre prétendu despotisme. Vous sentez-vous réellement de taille à affronter l'armée de l'Empire ? Si oui, non n'avons plus rien à nous dire, et vous serez vaincu par la coalition que j'organiserai contre vous. En entrant ici, j'ai acquis plus d'informations sur vos intentions et vos effectifs que je n'aurais pu en avoir autrement. Maintenant, choisissez : soit vous conservez cette frontière et j'allie les forces de Zakinthe à celles de Prévèze pour vous écraser ici même, bien que je ne connaisse la situation exacte de ce campement, soit vous rendez à qui de droit les terres que vous avez volé à notre Province et je garderais le silence sur vos intentions, vous permettant de libérer plus de terres en Prévèze.
Le chantage opéré semblait avoir pris une tournure dramatique. Le peuple commençait à lyncher le géant en lui envoyant des pierres et autres ustensiles à leur portée. Pour eux, de tels propos étaient tout simplement inacceptable dans cette enceinte. Heklar et les quelques compteurs présents tentaient tant bien que mal de contenir la foule, qui menaçait à tout moment d’envahir l’estrade ou se trouvait Aquilodon.
Allons camarades du calme ! Du calme ! En avez-vous oublié l’hospitalité légendaire des hommes du désert. Laisser le s’exprimer, il est lui aussi en terre libre, ses droits ont les mêmes que les notre !
Malheureusement, les paroles de l’orque se perdaient dans le grondement excité de la populace. Exaspéré, le shaman dut faire appel, pour la première fois, à ses dons shamaniques. Il le regrettait presque, car il ne souhaitait effrayer aucun de ses camarades. Une puissante bourrasque fit reculer violemment la foule, les premiers tombants rudement sur le sol. Désorientés, les anarchistes crurent d’abord à un tour du prophète avant de se rendre compte que l’œuvre provenait de leur propre shaman. Réalisant leur attitude quasi bestiale, beaucoup en concevaient un certain gène.
Veuillez nous excuser Aquilodon, mais vos paroles sont choquantes. Croyez-vous réellement obtenir quelque chose par ce chantage. C’est mal connaitre les libres anarchistes que nous sommes. Rien, je dis bien rien, ne nous retirera les terres que nous avons libéré. La seule concession acceptable serait la promesse que nous ne nous étendrons pas au delà, ce qui est déjà une belle offre.
Laissant l’atmosphère reprendre plus de sérénité, Aquilodon repris.
Je ne veux pas de votre offre. Vous n'êtes pas digne de confiance. Vous ne vénérez pas les dieux tout-puissants. Qui me dit que le fait de violer un serment vous accablera de quelque remord ? J'exige que vous rendiez à Zakinthe ce qui lui appartient, puis je vous laisserai tranquille. J'irai même peut-être jusqu'à vous protéger des armées prévèziennes, en prenant votre parti, du moins diplomatiquement, si vous obtempérez rapidement. Qu'une pierre vole encore vers moi et les tribus de Zakinthe vous trouverons et vous massacrerons. J'ai donné les ordres nécessaires, croyez-moi. Si je ne suis pas de retour bientôt, les orques de Zakinthe qui sont, dois-je vous le rappeller, particulièrement endurant dans le désert se lanceront en campagnes contre ceux que l'on appelle les parias, autrement dit, vous. Ceci est votre dernière chance, anarchistes ! Cette frontière est à Zakinthe. Il n'y a pas de liberté sans loi. Il n'y a que la sauvagerie.
Tant de prétention et d’arrogance commençait à agacer Heklar lui-même. Il s’agissait plus d’un dialogue de sourds que de vraies négociations. Chacun restait sur ses positions. Le population du Repaire commençait de nouveau a s’agiter et a huer le prophète. Heklar du prendre la seule décision qui s’imposait : stopper la session. Aquilodon fut « évacuer » sous le mécontentement des anarchistes. En charge de la rapatrier a la frontière, Odra ne put cacher sa déception quant a l’issue de la séance. Par sécurité, Aquilodon fut escorté les yeux bandés par quatre autres anarchistes. Il y retrouva ses deux compères et s’en retourna à son royaume. Désormais, un état d’hostilité régnait entre les anarchistes et les servants de l’Equilibre.