Un petit groupe de quatre hommes entra dans l'auberge.
Maëlle, qui venait de finir son plat de résistance et avait reprit sa contemplation distraite de la salle, les observa un moment.
Trois d'entre eux étaient des soldats, à n'en point douter. Leurs armes et leurs uniformes le confirmait. La centauresse distingua deux types d'uniformes différents.
L'un était de même facture que ceux portés par les gardes de la porte qui l'avaient arrêtée tout à l'heure.
L'autre ne ressemblait pas du tout au premier. L'armure paraissait légère et souple, parée de couleurs jaunâtres permettant de se fondre dans le paysage aride de Prévèze. Il n'évoquait pas grand chose à l'Ald'Rhunaise, si ce n'est un léger sentiment de familiarité.
Les deux soldats portant les couleurs de la ville se tenaient autour du quatrième homme, qui semblait être accompagné par l'homme à l'armure couleur sable.
Maëlle concentra son observation sur le quatrième homme. Il était richement habillé et savait choisir ses vêtements, apparemment. Quant à son visage, il était presque juvénile, trahissant un âge relativement jeune, encadré par les bouclettes noires de ses cheveux coupé mi-long. 25 ans, aurait dit la centauresse.
Lui et l'homme à l'armure "sable" semblaient chercher quelqu'un dans la salle.
L'un des soldats d'escorte glissa quelques mots à l'oreille du guerrier à l'armure "sable" en pointant la table qu'occupait la centauresse. Il en fit part à son compagnon qui hocha la tête en souriant et le petit groupe prit la direction de la table de l'Ald'Rhunaise.
L'homme aux riches habits arborait un sourire amical qui la rassura un peu. Les autres gardaient une expression faciale neutre.
Ils atteignirent enfin la table. Le jeune hommes aux bouclettes noires s'inclina et pratiqua un baise-main à l'Ald'Rhunaise, sidérée. Ses trois compagnons l'imitèrent, sauf pour la dernière phase, au grand bonheur de la centauresse, un peu gênée.
-Mademoiselle Maëlle d'Ald'Rhune, je présume?
-C'est bien moi, en effet.
-Enchanté de vous faire votre connaissance.Les quatre hommes se saisirent chacun d'une chaise et s'assirent l'un après l'autre à la table de l'Ald'Rhunaise.
-Je me nomme Kaleb Al Hassann, je suis l'intendant de son excellence la Comtesse Hélèna Ianoss d'Ald'Rhune, Palatine de Prévèze.
-Très heureuse, monsieur Al Hassann.
-Si vous voulez bien m'appeler Kaleb, vous ferez de moi un homme heureux. Répondit Kaleb en souriant.
Puis-je voir vos papiers, s'il vous plait? C'est surtout l'ordre de mission qui m'intéresse, en fait.Maëlle s'exécuta: elle se tourna pour retirer le petit carnet de cuir, dans lequel se trouvait les papiers que lui avait confié le Basileus, d'une des petites sacoches accrochées à son harnais.
Se retournant, elle le tendit à Kaleb:
-Les voila.
-Merci.L'intendant les étudia un moment, avant de les lui rendre, son sourire déconcertant toujours posé sur ses lèvres:
-Bienvenue à Méthone, mademoiselle. Je suis à vos ordres.
-Merci beauc...Pardon?! A mes ordres? Comment ça?
-Vos papiers spécifient que vous êtes la collaboratrice de son excellence Hélèna. Vous êtes donc ma supérieure.
-Tout comme vous êtes la mienne, j'imagine. La voix grave du guerrier à l'armure couleur de sable retentit à côté de celle légère de Kaleb.
-Mademoiselle, je vous présente l'officier Jacques De Prémont, chef de l'escouade Ceta des Sabres d'Ald'Rhune. Son escouade a été envoyée ici afin de vous aider dans votre tâche, vous et son excellence Hélèna.Le soldat inclina la tête sans mot dire.
Un déclic se produisit dans l'esprit de Maëlle:
Voila où j'ai déjà vu cette armure! Dans le palais du Basileus, avant mon départ! Ce sont les mêmes, hormis la couleur. Il devait s'agir de Sabres, là-bas aussi...C'est ce moment que choisit la serveuse pour revenir avec le dessert.
Et tout en déposant l'assiette devant la centauresse qui se léchait les babines:
-Bonsoir, messieurs, que puis-je vous servir?Kaleb regardait avec envie les pommes au miel qui dégageaient une odeur extrêmement appétissante, avant de se tourner vers la jeune femme:
-Bonsoir, j'aimerais la même chose que mademoiselle. Se penchant vers Maëlle:
Puis-je?-Pourquoi me le demandez-vous? Répondit la centauresse, étonnée.
-Vous êtes ma supérieur, mademoiselle.
-Ah. Oui, bien sur. Il faudra que je m'y fasse. Faites donc, alors. Ce disant, l'Ald'rhunaise humait ses pommes au miel avec délice.
-C'est noté, messire. Et portant son attention aux trois hommes restés silencieux:
Et pour vous, messires, qu'est-ce que ce sera?C'est De Prémont qui répondit au nom de ses camarades:
-Rien, merci. Nous sommes en service.-Veuillez me pardonner, en ce cas. Je vous apporte votre commande de suite, messire. La serveuse partit en faisant un clin d'œil à Kaleb qui lui répondit d'un sourire avant de se retourner vers la centauresse:
-Bien, maintenant, parlons peu, mais parlons bien. Savez-vous où coucher cette nuit?
-...Et bien j'ai prit une chambre ici même. Maëlle venait d'avaler une portion de pommes au miel. Si elle avait pu, elle en aurait ronronné de plaisir.
-C'est inutile. Vos appartements vous attendent au Palais du Peuple.
-...Ah...Ah bon!? Mais, ce n'est pas le palais du palatin, normalement?
-Si. Mais les papiers que vous avez font de vous la palatine en cas d'absence de son excellence Hélèna. Donc, vous y avez votre place.Maëlle n'en revenait pas. Il y a deux jours encore, elle n'était qu'une centauresse banale parmi les siens. Inconnue, vivant une vie paisible. Maintenant, on lui ouvrait les portes du Palais des palatins de Prévèze.
Et ces pommes au miel qui fondaient dans sa bouche...
Dernière édition par Hélèna le Jeu 27 Jan 2011 - 23:16, édité 3 fois