Le Monde de Kalamaï
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descriptionSatania, Comtesse de la Rose Noire EmptySatania, Comtesse de la Rose Noire

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Je me présente : Satania, Comtesse de la Rose Noire. Mon histoire débute alors que je n’étais qu’une enfant. Vampire, certes, mais si innocente – à l’époque – et fort raisonnable… Mes parents étaient également deux Vampires, mon père un Assassin et ma mère une Démonologiste. Malheureusement pour moi, ils ne me laissaient guère assister aux combats et autres bains de sang… A l’âge de huit ans, âge auquel nos pouvoirs commencent à se faire ressentir, j’allais à l’école de Naxos, province où l’on habitait. J’avais plusieurs bonnes amies, notamment Ivaldea-Rose, une connaissance de longue date.
Elle était comme moi ; plutôt grande, aux cheveux longs et bruns, un air assuré, sans même parler de notre charme irrésistible… Nous nous sommes trouvées relativement vite et avons passé le plus clair de notre temps ensemble, nous partagions tout et il ne semblait pas y avoir de limite à notre complicité. Notre sixième année d’école nous sépara, malheureusement, mais Rose (je l’appelais ainsi la plupart du temps) et moi-même sommes restées très proches. Elle m’avait promis de ne jamais m’abandonner, d’être toujours présente pour moi ; et elle a très bien tenu parole. Lorsqu’elle découvrit son pouvoir, nous étions toutes les deux dans la seconde demeure de ses parents. C’était notre endroit favori pour bavarder, de tout et de rien. Assises sur le sofa dans la salle de réception, elle ne voulait pas se lever pour attraper son carnet de poche (elle y inscrivait ses pensées du jour et y annotait le nom de plantes trouvées…).
- Tu vas tomber, fais attention, la prévins-je.
- Ne t’inquiètes pas ! rétorqua-t-elle.
Mais elle n’y arriva pas, et abandonna avant de se retrouver à terre. Elle me considéra, déçue, et me dit :
- Ce serait tellement simple si…
Puis elle claqua des doigts, et miraculeusement son verre atterri entre ses mains. Evidemment, la surprise lui fit renverser la moitié du verre, mais elle n’étouffa pas sa joie ! Ainsi Rose était Sorcière… Elle était si ravie de savoir cela qu’elle recommença à plusieurs reprises, évitant toute fois de laisser glisser d’autres verres… Depuis ce jour, je m’impatientai ; je souhaitais réellement savoir moi aussi ce que les dieux m’avaient destiné…
- Cela va venir, ils ne t’ont pas oubliée, rassures toi… me disait Rose.
- Je le sais bien, mais l’attente est si longue…
Je dû attendre quelques mois avant de comprendre que mon pouvoir me jouait des tours, ou plus précisément, me faisait jouer des tours… Etonnamment, je ne me suis pas rendu compte tout de suite de mon don. D’ailleurs, ce n’est qu’après l’avoir découvert que je su pourquoi chaque demande de sortie à mes parents était acceptée… Rose me le fit comprendre en quelques instants :
- Imagine que le fils de Madame Polvatski vienne te voir.
- Tu as mélangé le sang avec quel hydromel ? Il ne viendra jamais me voir.
- Imagine ! Allez ! Penses-y, concentre-toi.
Je l’écoutai, perplexe et en même temps soucieuse de son état de santé… Fermant les yeux, j’essayai de voir la scène, lui s’avançant vers nous, souriant, avec son charme naturel… Son regard ravageur me regar…
- Aïe !
J’ouvris les yeux sous la douleur du pincement et vis une Rose surexcitée, je ne l’avais d’ailleurs jamais vu en un tel état ! Le sourire jusque derrière les oreilles, les joues rouges, elle me fit signe de tourner la tête. Lui obéissant à nouveau, je vis l’un des plus beaux garçons de mon âge s’avancer vers moi. Mes yeux s’écarquillèrent et je dû me retenir à Rose pour ne pas tomber.
- Salut !
- Salut…
- Je t’ai remarqué tout à l’heure, ma mère est ta professeur il me semble.
- Ta mère ? Ah oui, ta mère… Oui, en effet, je suis son élève…
- Ça te dirait qu’on se voit après les cours ?
- Ou… Oui, pas de problème !
- Bien, je viendrais te chercher, à plus tard alors !
Et il s’éloigna. Me tournant vers Rose, elle me sourit et me dit avec regret :
- Ne rêves pas, il était sous ton contrôle, il aura tout oublié avant ce soir…
- Sous mon contrôle ? Que cela veut-il dire ?
- Tu es Psioniste Satania !
- Psioniste ? Moi ?
- Tu as bien vu ! Il te suffit d’y penser pour contrôler n’importe qui ! Nous allons nous entraider toutes les deux, tu pourras m’aider à bloquer mon esprit des Psionistes et moi à te faire utiliser les pouvoirs des Sorciers !
Un sourire illumina mon visage, Psioniste… J’avais peine à le croire… Mes parents qui se demandaient depuis ma plus tendre enfance de qui avais-je hériter le pouvoir ne s’attendaient certainement pas à cela ! J’étais si fière d’être différente, personne ne pouvait m’apprendre les techniques les plus avancées, mais ce n’était pas grave, j’avais le temps de me trouver un maître…
Lorsque je l’ai annoncé à mes parents, ils étaient tous deux dans la salle à manger, avec les parents de Rose. Tous me félicitèrent, mes parents étaient ravis. Après dîner (un très bon rôti…), mon amie m’emmena dans ma chambre et me demanda, toujours aussi euphorique, d’essayer de lui faire faire quelque chose.
- Mais quoi ? demandai-je.
- Je ne sais pas, m’asseoir sur le lit par exemple !
Prenant un grand bol d’air, je refermai les yeux et me concentrai. Rose m’apparu comme si mes yeux étaient ouverts. Je visualisais tous les objets présents dans la pièce ; le meuble de bois qui me servait de table de jour était là, mon armoire de collection également, ainsi que mon bureau de travail. Les murs de chêne se dessinèrent peu à peu, ainsi que la petite fenêtre au coin de ma chambre, qui laisse passer la douce pâleur de la lune… Enfin, j’aperçu très nettement mon lit, recouvert de mes habituels draps rouge sang. Rose que je fixais s’assit lentement sur la mer de soie vermeille. Lorsque je fus certaine qu’elle le soit, au moins dans mes pensées, j’ouvris délicatement les yeux pour découvrir mon amie parfaitement debout devant moi. Je cherchai autour de moi une explication quelconque, et finis par regarder Rose d’un œil suspect.
- Tu t’es relevée ou ça n’a pas marché ?
- Je ne crois pas m’être levée… m’avoua-t-elle, désolée.
- Donc ça n’a pas marché ! Mais pourquoi cela ?
Elle haussa les épaules et s’assit sur mon lit. Je la considérai, j’étais déçue et interloquée à la fois. Je m’installai à ses côtés en fixant un point invisible devant moi. Après quelques secondes d’un silence pesant, je pris enfin la parole.
- Peut-être t’es-tu trompée.
- Aucune chance, tu es Psioniste ! Tu as dû te déconcentrer, ou penser à autre chose… Ou…
Elle arrêta son discours un moment, puis m’annonça avec une mine victorieuse :
- Je suis trop grande !
- Je te demande pardon ?
- Oui ! Tu dois t’entraîner sur des choses plus petites, dont l’esprit et le corps sont moins importants.
- Mais le fils de notre professeur !
- C’est certainement un simple d’esprit…
Je dû m’empêcher de sourire en la voyant si sérieuse. Elle se creusa la tête une seconde fois, et se laissa tomber en arrière sur ma couchette, perdue dans ses pensées. Alors que j’étais plutôt intéressée par les garçons de l’école, Rose aimait beaucoup lire ; je supposais donc qu’elle recherchait dans sa mémoire l’un ou l’autre ouvrage sur les débuts du Psionisme. Je la contemplais, perplexe, et me mis à imaginer toutes sortes de choses que mon pouvoir me permettrait de faire…

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Rose me fit apprendre un tas de choses en dehors des cours. Elle me prêta quelques bouquins que je lu attentivement ; ils me donnaient des techniques de concentration, des listes d’animaux sur lesquels je pouvais m’entraîner, etc… Les demi-nuits de libre, nous les passions soit chez ses parents, soit dans ma chambre. Elle aimait me montrer les tours que ses parents lui avaient appris, et j’étais fière d’elle…
Malheureusement, les cours nous prenaient de plus en plus d’heures, sachant que l’apprentissage de la chasse était très rigoureux. Parfois, nos professeurs nous confiaient à nos parents, ce qui était assez impressionnant pour moi lorsque mon père m’assistait. Sa façon d’opérer – aussi « atroce » soit-elle – était fine, noble et certaine. Je l’épiais donc, sans relâche, chaque nuit. Il m’apprenait à me déplacer pour paraître invisible, à détecter le moindre bruit pour être prête à bondir, et à sentir la proie de plus en plus loin… Notre initiation à nos sorties nocturnes fut relativement courte, nous eûmes encore quelques nuits de cours avant de pouvoir passer à la pratique. En effet, l’été devenant difficile, nos professeurs acceptèrent de nous libérer quelques temps. Je me rendis chez Rose pour notre première aventure et nous nous rendîmes toutes deux dans la forêt. Le jeu dura toute la nuit et nous fûmes quelque peu déçues de devoir rentrer. Notre festin avait été composé de plusieurs animaux ; le lièvre étant le principal invité. Cependant, comme l’envie de mourir sous les lumières de l’aube ne m’attirait point, je me dépêchai de saluer Rose et rentrai, presque triste, à la hâte.
Je passe très vite la première nuit car, en toute honnêteté (du moins, autant que je puisse en faire preuve), celle-ci n’était de loin pas la plus exaltante. Rose et moi faisions de ces rendez-vous des habitudes. Chaque nuit nous nous retrouvions dans le bois, sous le chêne. La clairière était plus loin, et nous permettait d’être à la fois en sécurité et tranquilles. La forêt était une véritable profusion de créatures – et donc de nourriture – étranges et de toutes sortes, mais l’aventure qui nous intéresse à présent me révéla que je ne connaissais pas tous les secrets de mon habitât de nuit. Vers l’année de mes quinze ans, je me rendis, comme à mon habitude, à l’arbre centenaire. Le chemin m’y menant était comme toujours très bien éclairé par la lune. Mon amie m’attendait patiemment et après un rapide « bonne nuit » nous entamâmes silencieusement notre route vers notre observatoire. La densité de végétation n’était pas impressionnante à l’Est, et les bruits de craquement de branche n’étaient pas rares. Cependant, celui-ci attira mon attention et je m’arrêtai net. Sentant mon corps se figer, Rose se tourna vers moi et me regarda avec les yeux les plus intéressés que je lui connaissais. Je pris alors un grand bol d’air et souris malicieusement. Le regard suppliant que me lança Rose me fit avouer :
- Un homme…
Elle faillit hurler de joie mais se retint. Je m’approchai lentement de la silhouette que je voyais assez distinctement après quelques pas. Un peu plus grand que moi, le visage caché sous une capuche, il avançait à pas lents, mais ne semblait absolument pas craintif. Je pensais que Rose voulait s’en charger ; mais un signe de tête me fit comprendre « c’est toi qui l’a trouvé, à toi l’honneur ». C’était ma première victime humaine, je pris donc grand soin d’appliquer à la lettre les moindres consignes données par mon père. L’excitation me gagna et je me senti d’un seul coup prête à me battre avec trois ou quatre hommes comme lui… Tout d’abord je me plaçai le plus discrètement possible derrière lui. Puis, je sortis ma lame de ma cape, lorsque subitement l’inconnu se retourna, et dans un mouvement très rapide m’immobilisa, ma propre lame sous la gorge. Avalant avec difficulté, j’essayai de dégager mes mains de son emprise, mais il était plus fort que moi. Il se trouvait derrière moi, et son souffle chaud caressait mon cou…
- Qui es-tu ? me demanda-t-il.
- Quelle importance ? répliquai-je.
- Cela dépend… Pour moi c’est important de savoir qui je tue.
Sa voix était sûre, je savais que je devais le craindre. Pourtant mon orgueil me poussait à le défier… Je ne savais quoi répondre, j’avais simplement l’envie d’inverser les rôles…
- Si tu me lâches je te le dirais…
Je m’attendais à ce qu’il se moque, et je fus déçue de sentir à nouveau mes mains libres. Me tournant vers lui, j’aperçue sa main me tendant ma dague. Je la pris vivement et retirai sa capuche. C’était en fait un beau garçon ; les cheveux noirs, les yeux perçants. Je le contemplai un moment avec une curiosité qui m’était propre. Il était plus musclé que je ne l’aurais cru, et ceci me fit sourire.
- Un « merci » ne serait pas de refus…
- Merci de quoi ?! m’indignai-je.
- De t’avoir laissée en vie !
- Tu me tutoie ?
- Toi aussi…
Je restais interdite devant son audace. Il me regardait, souriant, et je me doutais que c’était de la moquerie… Tournant autour de moi tel un vautour, il semblait très amusé de la situation. Quelques secondes de silence s’écoulèrent lorsqu’un mal de tête me saisit… La douleur se dissipa cependant après un effort de concentration de ma part. Un peu sonnée, j’étais toujours autant désireuse de vengeance. Ma dague toujours en main, je réussis sans mal à me placer rapidement derrière lui pour le propulser à terre. A plat ventre, il gémit, amusé :
- Qu’est-ce qui te prend ?
Il essaya de se relever, mais n’arriva qu’à se retourner car je lui plaquai la lame sous la gorge. Essoufflée, je m’assis au-dessus de lui et je pris le temps de reprendre ma respiration avant de déclarer :
- Ne te moque pas de moi…
- J’ai peur… osa-t-il, tout sourire…
- Tu devrais. Je ne crois pas que tu es en position de…
Je n’eu pas le temps de finir ma phrase qu’il avait déjà inversé la situation, à l’exception de la dague qu’il abandonna à terre. Il me dévisageait avec une expression étrange, entre la ruse et l’étonnement. Il ricana et me dit :
- Tu es une Vampire !
Je ne voyais pas en quoi cela le faisait rire, il a d’ailleurs dû le voir car il ajouta :
- Moi aussi.
Ne sachant que dire, j’attendis simplement qu’il me lâche, ce qu’il fit.
- Au passage, n’essaie pas à nouveau, ça ne servirait à rien.
- Dit-il avec modestie…
Il me regarda en plissant les yeux, et je lui rendais mon regard de tueuse. Il était toujours au-dessus de moi, et je commençais à me demander pourquoi Rose n’était pas intervenue. L’inconnu avait tout de même des yeux splendides mais il ne se levait pas. Après un peu moins d’une minute, il finit par s’exécuter, et je pu enfin me redresser… Me tenant face à lui, j’attendais un mouvement, n’importe quoi. Mais il ne fit rien et me regarda de haut en bas.
- Si cela t’intéresse toujours, je m’appelle Satania…
- Cela m’intéresse toujours.
- Bien.
Il me sourit et remit son capuchon d’un geste familier.
- Et bien, adieu très chère. Bonne nuit.
Je voulu répondre mais il me fit un baisemain et aucun son ne sortit de ma bouche. Je le vis s’éloigner rapidement et très vite il disparût. Je songeai à cette rencontre lorsque l’image de Rose m’apparut et mes pas me conduirent à elle. Elle n’avait pas bougé, si ce n’est qu’elle tenait un animal entre ses mains et qu’elle rigolait silencieusement. Je la fixai un moment et elle m’avoua :
- Je commençai à désespérer…
- Pourquoi ne m’as-tu pas aidée ? lui demandai-je.
- Tu t’en es bien sortie je trouve… Beau garçon en plus…
- Peut-être mais j’ai faim, et ce n’est rien d’autre qu’un échec !
- Il était plus fort que toi… Tiens. dit-elle en me tendant un morceau de chair.
Nous passâmes le reste de la nuit à chasser et l’inconnu ne réapparut pas…

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Les nuits se succédèrent les unes après les autres. L’été fut chaud, et la rentrée fut pénible pour tous. Je voulu apprendre à me battre pour être tout à fait prête. Pourquoi ? Et bien pour une nouvelle rencontre… Je n’arrivais pas à l’oublier, cette défaite était si… Si humiliante ! Je ne l’admettais pas, et je m’entraînai à partir de là, espérant de tout mon être recroiser ce misérable qui avait osé… qui avait eu l’arrogance de me défier ! Cette année-là, je fis de nombreuses victimes, mais chacune des fois où je me sentais prête à me battre, mon père me donnait ma dague et me provoquait en duel.
- Si tu es prête, je le saurais vite. me disait-il.
Bien évidemment, je perdais toujours le combat… Malgré ma jeunesse et ma rapidité, mon père avait appris à se battre bien avant moi, et de ce fait, il anticipait toujours mes offensives. Il me décourageait, et me disait que c’était pour mon bien… C’était certainement vrai, et après tout, devant les échecs on ne devient que plus fort.
Mon adolescence fut une période trouble dans ma vie ; Rose et ses parents s’en allèrent pour Vénopole, et mon seul moyen de communication avec elle devint les messagers de ma mère. Mes parents me donnèrent également plus de liberté, et je fis plusieurs voyages seule pour voir mon amie. Les projets que nous avions toutes les deux devinrent impossibles à réaliser, notamment celui de se retrouver chaque pleine lune... Malgré tout nous étions heureuses l’une pour l’autre, nous surmontâmes bien des caprices de petites filles. Elle s’était épanouît dans sa nouvelle demeure, où elle apprenait plus qu’assidûment ses cours avec son nouveau Professeur particulier... Très régulièrement, elle m’envoyait les anecdotes de leurs cours, assez spéciaux dois-je dire... Et cela me contentait.
Puis je finis par entrer dans l’école supérieure, où je me fis une nouvelle amie, une Drow. J’appris beaucoup sur cette civilisation et son mode de vie... Son prénom était Mayda, ce qui signifie la « Beauté Illusionniste ». Bien évidemment, elle était vouée à Damien, le Dieu des Légendes, et de la séduction... Elle attira mon attention entre autre grâce à cela par ailleurs, ses techniques très élaborées titillèrent ma curiosité. Mes premiers jours dans l’école furent très calmes, seuls les élèves de première année circulaient afin de prendre leurs marques dans l’établissement. Beaucoup de changements s’effectuèrent, notamment dans les différentes façons d’étudier, les professeurs, etc. Mayda n’était pas très réservée, avide de savoir, elle posait sans gène toute sorte de questions, et en cela elle me rappelait Rose. Puisque nous ne connaissions personne, nous restâmes souvent ensemble, ce qui faisait sourire nos camarades à cause de notre différence de teint. En effet, je commençai à pâlir pour trouver la couleur de peau de mes parents. Lorsque je partais chasser, mon amie m’attendait, le nez dans un grimoire. Mon agilité augmentait, mes pouvoirs psioniques également, je parvenais même à ramener le dîner à mes parents sans l’avoir tué. Ma mère, que je surprenais toujours donnant un ordre à quelque démon, m’autorisa à m’entraîner sur l’une ou l’autre de ses créatures, ce que je fis pendant plusieurs semaines, jusqu’à trouver une victime plus amusante...
Prenant des cours très élémentaires, dès les premiers jours j’apprenais le duel et parfois même le combat contre plusieurs. Mon Professeur de maniement d’armes, Monsieur Boisier, était un Homme aux cheveux longs et bruns, les gardant toujours attachés en queue-de-cheval. Il devait être assez jeune, les humains ne conservent pas un tel corps bien longtemps... Au premier abord, il avait l’air plutôt sévère, mais s’est révélé charmant par la suite. Dans son cours, nous avions deux lois ; le respect de l’autre et la maîtrise de soi. Peut-être pensait-il que les femmes ne pouvaient les respecter, car il insista, lors de son premier cours, pour faire une démonstration. Son regard se posa uniquement sur deux de notre classe ; Mayda, et moi. Il nous désigna de la tête, nous jetant un bâton de bois à chacune. Nous ne nous connaissions pas encore, mais nous nous regardâmes une seconde avant le combat. C’est alors que nous vîmes notre Professeur s’armer lui aussi de l’arme, nous devions nous battre contre lui.
- Ce n’est pas équitable, Professeur. lui dis-je en m’avançant.
- Ne vous en faîtes pas, je ne frapperais pas trop fort. me répondit-t-il.
Nous rapprochant du centre du terrain où notre adversaire nous attendait, nos camarades restant derrière pour ne rien louper de la scène, Mayda sourit et commença à jouer avec son arme.
- Deux contre un, vous l’aurez souhaité ! lui lança-t-elle.
Je souris tandis que l’Homme chargea, agacé. Il dû se rendre compte assez tôt de l’erreur qu’il avait commise, nous choisir nous... Il avançait avec rapidité et minutie, nous attaquant chacune notre tour. Mais nous étions rusées et agiles, à chaque coup paré par l’une, l’autre en profitait pour en infliger un à l’adversaire. Nous nous battions sans relâche, esquivant les coups, escaladant le peu de rochers du terrain pour prendre de la hauteur. Mayda était très impressionnante, elle bondissait avec une facilité extrême, déjouant chaque piège de notre Professeur. Au bout d’un certain moment, nous avions pris le dessus ; nous l’obligions à reculer à son tour... Victorieuses, nous réussîmes à le mettre à terre sans qu’il ne puisse plus bouger. Tout sourire, nous le fixâmes un moment, puis nous le laissâmes se relever. Essoufflé, il prit la parole :
- J’admire votre duo, mais séparées, vous ne valez plus grand-chose.
Mayda rit de bon cœur et lui demanda :
- Peut-être souhaitez-vous une autre démonstration ?
- Non, je vous estimerais contre vos camarades... lui répondit-il.
Je souris à Mayda et nous tournâmes les tallons, lorsque Monsieur Boisier nous lança :
- Règle numéro 3 ; ne jamais tourner le dos à votre adversaire !
Nous nous retournâmes à la hâte, prêtes à esquiver une nouvelle attaque, lorsqu’il ajouta :
- A titre d’information...
Et il passa devant nous pour rejoindre la classe. Alors nous commençâmes à discuter, avec ma partenaire, de nos différentes techniques et des armes fréquemment utilisées. Voilà comment s’est déroulée ma rencontre avec Mayda...
Le second jour de reprise, je fis la connaissance de mon Professeur d’Histoire de Kalamaï, qui n’était autre qu’une Gnomette. Nous avions une salle dédiée à la culture de nos ancêtres, décorée de cartes de voyages, d’objets des quatre coins de l’Empire et une petite bibliothèque emplie de récit de saltimbanques et marchands. Madame Missaris, qui était notre enseignante, nous expliqua le déroulement de son cours, ainsi que les différentes sorties organisées dans les provinces avoisinantes. Elle nous confia également qu’elle comptait nous faire découvrir le marché central, ainsi que, si les moyens nous le permettaient, la Ville Impériale. Ce simple fait fit courir un bruit de murmures dans toute la pièce. C’était vraiment le lieu le plus attirant pour les jeunes. Mes parents y étaient allés une fois mais ils ne m’en ont jamais parlé... Rose et moi projetions d’y aller ensemble, mais notre destinée nous sépara avant... Je me disais qu’il n’était peut-être pas trop tard, ou que quelques années plus tard nous nous croiserons là-bas.
L’après-minuit, Madame d’Ereldriira nous convia dans une partie de son domaine. Elle nous enseignerait les bases de la Magie, les bases car un Illusionniste et un Druide ne peuvent avoir la même éducation... Notre professeur devait être une Magicienne, car je sentis en passant sa porte une forte activité magique. Evidemment, je n’en étais pas certaine, avec cette seule raison elle aurait pu être Sorcière... Mais disons que mon intuition me l’assurait. La salle dans laquelle nous travaillions était vaste, plutôt sombre car seules les bougies nous éclairaient et elle sentait l’encens. Rose m’en avait montré l’utilité, cela la relaxait avant ses escapades nocturnes avec moi. Après nous être assis, Madame d’Ereldriira nous expliqua ce qu’elle comptait nous enseigner ; la défense, le contrôle, et l’attaque. A première vue, cette femme était très élégante et prenait soin d’elle. Assez grande et fine, c’était une humaine plus que gentille et polie. Elle nous fit une démonstration de magie impressionnante, faisant léviter une boule de feu entre ses mains et la transformant en une fée dansante. Je fus à la fois surprise et envieuse, car mes pouvoirs ne pourraient jamais me permettre de faire un tel spectacle. Lorsque la fée s’évanouit en fumée, quelques uns applaudirent. La professeur sourit, puis nous raconta quelques unes de ses aventures. Avec du recul, je me dis que nous devions avoir l’air d’enfants devant une conteuse d’histoires extraordinaires. Le visage serein, la tête pleine de rêves, j’entamais mon année avec une folle envie de découvertes...

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Après une bonne journée de sommeil, je me réveillai et m’habillai pour le combat. En effet, cette nuit commençait notre programme. J’avais hâte de prouver à Monseigneur Boisier ce dont j’étais capable. Je revêtis mon pantalon noir de la veille ainsi que mon corset et ma cape de la même couleur. Un verre de sang, et me voilà en direction de mon école. Notre professeur nous ayant demandé d’emmener nos armes dont on se servait le plus, j’avais mis dans un sac l’arbalète de mon père, une épée et avais accroché ma dague à la ceinture. Marchant en lisière de forêt, je décidai d’emprunter le chemin le plus court. Concentrée, je me remémorais la séance du premier jour ; ma rencontre avec Mayda, le combat, etc... Lorsque maladroitement, en sortant de sous les arbres, quelqu’un qui ne m’avait pas vu me bouscula et me fit lâcher mon sac. Surprise, je fixais celui-ci, à terre, et ne bougeais pas. Le jeune homme souffla « excusez-moi » et s’accroupit pour remettre les flèches dans le sac. Reprenant mes esprits, je m’accroupis également pour l’aider et, soudainement, levai les yeux pour voir le visage de l’inconnu ; c’était lui. Sentant mon regard, il me regarda à son tour et sourit de stupéfaction.
- Toi ! s’exclama-t-il. Où vas-tu donc avec tout cela ?
- Cela ne te regarde absolument pas, lui répondis-je.
- Oh... Tu m’en veux toujours pour la dernière fois, je te comprend, moi aussi je ne serais pas ravi d’avoir échoué.
- Echoué ? Ha ! Ne cries pas victoire trop tôt, il se peut que tu aies des surprises ! lui dis-je en me relevant et le regardant de haut.
- J’en serais étonné, mais je veux bien que tu me montres tes... performances.
Comme il s’était levé à son tour, je m’aperçu qu’il était plus grand que moi. Il me regardait avec ses yeux rieurs, qui n’avaient, par ailleurs, pas perdu de leur beauté. Il était très séduisant, certes... Et je lui aurais prouvé qu’il avait tord si je n’avais pas dû aller en cours...
- Je vais en cours, si tu pouvais réparer les dégâts que tu as causé...
- Si tu vas en cours à l’école supérieure de Naxos, je peux t’accompagner, je m’y rend également.
Surprise de cette nouvelle, je ne lui répondis pas. Il me sourit encore une fois et ramassa mon sac. Je tendis les mains pour qu’il me le donne mais il le mit sur son dos et commença à marcher. Lui emboîtant le pas, je lui demandai :
- Ne me crois-tu pas capable de porter un sac ?
- N’es-tu donc jamais contente ? rétorqua-t-il.
- De t’avoir comme esclave ? J’avoue que cela ne me déplait guère...
Il rit et continua sa marche jusqu’à l’entrée de l’école. Il me demanda avec quel professeur je débutais la journée et m’emmena dans le terrain. Il déposa mon sac devant lui et attendit que le cours débute.
- Tu vas être en retard. lui chuchotai-je.
- Cela n’est pas possible, me dit-il.
C’est alors que des étudiants inconnus pour moi arrivèrent, saluèrent un certain Sotame et serrèrent la main de « l’inconnu » qui se trouvait à mes côtés.
- Eh oui, je m’appelle Sotame, ma belle.
- Tu n’as pas cours ici tout de même ?
- Hey, tu nous avais caché que tu connaissais une première année Sotame... déclara l’un de ses amis en me regardant.
- Je l’ignorais moi-même.
- J’admire la ponctualité de mes meilleurs élèves... intervint Monseigneur Boisier. Et... de la votre, damoiselle Satania.
- Elle est à l’heure grâce à moi ! s’exclama Sotame.
- Je te demande pardon ?! m’indignai-je. Tu voulais certainement dire que j’étais presque en retard par ta faute !
Il me regarda un instant, me fit un clin d’œil et rejoignit le professeur pour lui parler seul à seul. Mayda vint me saluer. Elle était d’excellente humeur et comptait, tout comme moi, prouver sa valeur. Nous rêvions toutes les deux de combattre contre le professeur, seulement il ne semblait pas prêt à un nouvel affront.
- Très bien, dit-il, tout le monde est présent. Vous avez pu le constater, j’ai fait venir quelques uns de mes meilleurs élèves de deuxième année pour que je puisse vous évaluer. Ils frapperont de plus en plus vite, et fort. Je forme les duos moi-même, alors commençons. Sotame, mon meilleur élément, avec Satania. Ensuite...
Le visage illuminé de son magnifique sourire, mon partenaire prit mon sac et je le suivis jusqu’au centre du terrain vague – que je connaissais bien suite à mon premier combat contre Monseigneur Boisier.
- Avant de combattre, nous devons faire connaissance, me déclara-t-il. Et après avoir entendu plusieurs coups d’épée, je lui répondis :
- Ils n’ont pas l’air de devoir faire quoique ce soit eux...
- C’est leur façon de faire connaissance...
- Et quelle est donc la tienne ?
- Nous déposons les armes, et nous nous observons quelques minutes, en silence.
- Je suis d’accord. Dépose tes armes. le défiai-je.
- Mais... je n’en ai pas. osa-t-il.
- Et la dague à ta ceinture ? Celle cachée sous ta chemise...
Il me regarda d’un air étonné et impressionné. Puis chercha la dague des mains, la pris et la lança à terre.
- Bien.
Je pris la mienne, fis comme lui et retira ma cape avec laquelle je ne me sentais guère à mon aise, dévoilant ainsi ma tenue. Levant les yeux vers Sotame, je constatais, amusée, qu’elle ne le laissait pas indifférent. Désormais sans armes, nous nous observâmes un moment lorsque Sotame commença à tourner autour de moi. Je souris et lui dis :
- Tu n’as pas changé, tu as toujours des airs de vautour...
- Je me demande si toi tu as changé, dans ta façon de te battre, pas physiquement puisque je vois que c’est le cas...
- Vraiment ? Il ne me semblait pas avoir changé.
- Si, mais en bien je te rassure... me chuchota-t-il.
Satisfaite de cet aveu, je lui adressai un sourire lorsqu’une douleur me saisit aux tempes. Je fermai les yeux et attendis quelques secondes, la douleur disparue. Ouvrant à nouveau les yeux, je me dis qu’il était temps de commencer le combat, même si l’envie de me battre contre lui avait presque totalement disparue. Il était derrière moi lorsque je saisi nos dagues. Me tournant face à lui, je lui tendis la sienne. Il l’attrapa et engagea le combat. Je le vis alors se battre, se battre réellement, et non au corps à corps. Rapidement je compris qu’il était plus agile qu’il avait bien voulu me montrer dans les bois. Je pensais qu’il était simplement plus fort, mais ses gestes se montraient calculés et contrôlés.
- Nous abandonnerons les armes après ! me lança-t-il.
- As-tu peur d’être blessé ?
Il ne me répondit pas, trop concentré pour cela. Il avait le dessus, mais j’esquivais toutes ses attaques. Je reculais toujours, et je commençais à être fatiguée. Seule la rage de perdre ne me faisait pas abandonner. Luttant désespérément, il réussi à m’égratigner le bras de sa lame. Nous nous arrêtâmes alors, au même instant, pour observer la blessure. Il s’approcha de moi, rangeant sa dague dans son fourreau et posa son index au dessus de la plaie.
- Elle n’est pas profonde, elle va se refermer bientôt. me dit-il.
Je le fixai un moment afin de voir sa réaction, et également pour contempler ses yeux de plus près... Il me regarda à son tour et chuchota doucement « Je suis désolé » à mon oreille. Soudain, notre professeur arriva en nous criant :
- Et bien, si j’avais su que mon meilleur élément ne combattrait pas jusqu’à la mort... M’enfin, prenez une pause et nous nous retrouverons ici !
Ma plaie qui s’était refermée ne me faisait plus souffrir, mais Sotame insista pour la voir encore une fois. Finalement, il reprit mes affaires et nous rejoignîmes les autres élèves pour la pause...

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La nuit était magnifique, la Lune était belle et ronde. Arrivée sur un coin d’herbe, et parmi le reste de mes camarades, je m’allongeai pour contempler les étoiles. Une brise légère soufflait et faisait danser la cime des arbres, à côté du lac. La Lune se reflétait dans celui-ci et l’ambiance était plutôt bonne. Au bout de quelques instants, je me tournai en direction du groupe et vis Sotame rire avec l’un de ses amis. Il avait vraiment un charme fou... Il dû capter mon regard car il me regarda un moment, en souriant. Une idée me traversa alors l’esprit ; pourrais-je essayer de contrôler son attitude envers moi ? Après tout, je m’étais entraînée... Je voulu tenter le coup. Je le fixai, avec un air aussi décontracté que possible, et me concentrais... J’essayai de l’attirer vers moi mais rien n’y fit ; une sorte de barrière invisible m’empêchait de pénétrer son esprit. Voilà le deuxième échec que je subis par sa faute. Quelque peu énervée, mon regard se perdit à nouveau dans les étoiles.
Alors un deuxième année s’assit à mes côtés. Il attendit un instant avant de me lancer :
- J’adore ta façon de te battre !
- Je l’aime également, lui répondis-je, ne lui accordant pas même un regard.
- ... Sotame aussi...
- Pourquoi me dis-tu cela ? demandai-je, quelque peu intriguée.
- A vrai dire, avant celui de tout à l’heure, il n’avait jamais cesser un combat si subitement.
- D’après toi il m’aurait tué sans remords si cela n’avait pas été... moi ?
- ... Ou si tu ne te battais pas comme cela...
- Je combats si spécialement ?
- Je ne peux t’assurer que cela n’a rien à voir avec ta tenue...
Après cette phrase, il repartit rejoindre ses amis et je me dis que finalement, si le fait que je sois Psioniste ne change rien à la situation, mon art de séduire restait toujours à portée...
Me mettant à genoux, je vis Mayda me rejoindre, le sourire aux lèvres. Elle s’assit à mes côtés et me dit simplement :
- Waouw !
- Quoi « waouw » ? lui demandai-je.
- Et bien... Autant vous aviez l’air de vous détester pendant le combat que, lorsqu’il t’a coupé...
- Et bien ?
- C’était terriblement mignon ! Tu aurais dû vous voir...
Je la considérai un moment, je comprenais que la différence entre les deux instants était flagrante, mais... Je ne trouvais rien de si attendrissant. Cependant, je continuai tout de même sur ce sujet, je voulais avoir son avis...
- Oui, hum, il est craquant... lui avouai-je en chuchotant. Mais, j’ignore si je lui plais.
- Tente le coup, tu n’as rien à perdre...
- Entièrement d’accord avec toi, mais s’il m’épuise comme il a failli le faire avant, je ne serais plus en état de tenter quoique ce soit...
- Charme-le, demande à faire un combat au corps à corps, et s’il t’épuise, il sera encore plus aux petits soins...
Elle repartit et Monseigneur Boisier nous appela pour reprendre l’entraînement. Je me levai à mon tour, enlevai la saleté recouvrant mon pantalon, et senti la main de Sotame attraper la mienne pour m’emmener au terrain.
- Tu pourrais agir avec un peu plus de douceur, ne croîs-tu pas ?
Je le vis sourire et il relâcha son étreinte.
- Pardon, je ne mesure pas ma force, me dit-il en s’arrêtant.
- Quels sont les ordres ?
- Nous devons faire un combat au corps à corps. affirma-t-il.
Un court instant plus tard, nous entendîmes à nouveau des coups d’épées et je ne pu m’empêcher de rire.
- Tu es réellement crédible, je t’assure ! dis-je en rigolant.
- Monsieur Boisier m’a demandé de te faire un cours particulier...
- ... Pourquoi cela ?
Il ne répondit pas mais, s’approchant de moi, il retira ma dague de ma ceinture et la planta à terre sans même quitter mon regard des yeux. Il était à nouveau très proche de moi, et je ne savais pas quoi faire. Restant de glace, il décida de se mettre derrière moi et de bloquer mes mains dans mon dos. Je su qu’il ne me tenait d’une seule main, car de l’autre, il dégagea mes cheveux de mon cou. Il approcha son visage du mien et chuchota :
- Défends-toi Satania...
Je n’eu aucun mal à me dégager pour me retrouver face à lui. Commença alors un jeu entre nous, il m’attaquait, je me défendais, lui répondais, etc. J’étais plus efficace à l’attaque, la sienne étant difficile à déjouer. Nous combattîmes plus longtemps qu’avec les armes, peut-être à cause de l’entraînement. Parant les coups, je commençai de nouveau à sentir la fatigue. Profitant d’un moment d’inattention, mon adversaire me poussa à terre et je n’eu pas la force de me relever. Respirant plus vite, je demeurai sur le dos, en regardant Sotame s’asseyant au-dessus de moi, comme il l’avait fait dans la forêt. Il me regarda dans les yeux, un léger sourire aux lèvres, lorsque d’un coup mon regard se voila. Je nous vis alors, tous deux, échangeant un baiser, dans une petite pièce sombre que je n’avais jamais vu auparavant. L’image s’envola et comme je rouvrais les yeux, il me sourit. Le souffle court, une série de questions me traversant l’esprit, je le vis se mettre debout et partir en direction de Monseigneur Boisier. J’observai les étoiles et essayai de rassembler le peu de forces qui me restaient pour me lever. Je failli retomber mais je fis un effort de concentration.
Plusieurs élèves continuaient de se battre, le reste étant installé au bord du lac, pour certains soignant leurs blessures. Je voulus rejoindre Mayda mais je l’aperçu dans une conversation passionnante avec un deuxième année. Je la laissai donc et m’asseyait face au lac. Les genoux pliés, les coudes dans l’herbe et la tête en arrière, la brise rafraîchit mon cou et l’espace d’un instant je me perdis dans l’abîme de mes pensées. Sentant une présence à mes côtés, je tournai la tête sur ma gauche et le vis lui, évidemment, regardant l’éclat de la Lune à la surface de l’eau. Détournant mon attention, je me redressais et entourai mes genoux de mes bras. Je l’entendis me dire :
- La nuit est magnifique, idéale pour une baignade.
- Je n’en ai ni l’humeur ni la force... répondis-je.
- Tu es en colère parce que tu as perdu ? me lança-t-il.
- Je suis fatiguée...
- Vraiment...
Une même douleur que plus tôt dans la nuit m’ôta toutes pensées de fatigue. Je fermai les yeux et serrai les dents. Le mal cessa et je pris une bonne inspiration pour me calmer. Sotame posa une main sur mon épaule et je tournai la tête pour le voir.
- Tu ne veux pas venir alors ? me demanda-t-il.
Je fis non de la tête et le vis partir. Plusieurs élèves y allèrent, plus enthousiastes les uns que les autres. Je fus étonnée de voir Mayda s’installer à côté de moi, elle non plus n’avait pas la tête à ça. Elle me reprocha de ne pas y être allée, mais je me sentais physiquement fragile et n’avais pas l’intention de risquer une noyade pour lui plaire... Elle sourit à cette expression et me fit remarquer que la moitié de la journée était passée. Déjà ? Eh oui, les cours de Monseigneur Boisier n’étaient finalement pas aussi pénibles que cela... Même si ma tête rétorquait le contraire.
Mon regard se posa sur le groupe d’élèves, nageant ou s’éclaboussant. J’observais tout le monde, les gestes, les attitudes, les attentions... Quatre garçons firent un concours de vitesse dans l’eau, et cinq filles les encourageaient. Un autre attirait les curieux – ou curieuses – en s’amusant à faire voler des boules de feu dans l’air, et deux couples se tenaient à l’écart. Mais Sotame ? Je dus regarder à nouveau le petit monde avant de l’apercevoir. Une fille de ma classe lui faisait les yeux doux, et je me permis un soupir. Regards de braise, sourires flatteurs, décidément, cette fille me faisait horreur. Il ne pouvait pas l’apprécier, lui. Lui, le garçon aux cheveux mouillés, aux yeux de loup et dont le torse n’était caché qu’à moitié par le lac. Je ne sais comment, il capta à nouveau mon regard. Un sourire en coin, il attira la fille vers lui et lui dit quelque chose à l’oreille. Elle parût étonnée mais passa ses bras autour de son cou. Jetant un regard vers moi, je détournai le mien et me couchait sur le ventre. Fermant les yeux, je repassai dans ma tête la fin de la soirée, et replongeai dans mes pensées...

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Un moment plus tard, alors que je m’étais assoupie, je sentis la main de quelqu’un me faire « rouler sur le dos » et je n’eu que le temps d’ouvrir les yeux que Sotame me souleva de terre pour me porter je ne sais où. Il était toujours torse nu et je sentis l’eau étant restée sur sa peau pénétrer mes vêtements.
- Reposes-moi tout de suite ! Tu es trempé ! m’exclamai-je.
- Ne fais pas la gamine, tu m’as dit que tu es fatiguée, mais tu ne manges pas. Je t’emmène donc manger, mais tu n’es pas contente parce que je te porte...
- Ton geste est complètement déplacé !
- Allons, calmes-toi... Ce n’est pas comme si je te portais à la manière qu’on porte un cadavre, tu sais, sur l’épaule... Non, alors que je le pourrais et verrais donc ton... postérieur. Là, oui, ce serait déplacé, mais là...
C’est avec le flanc gauche trempé, les nerfs à bout et la tête sur le point d’exploser qu’il me posa à terre, devant la sortie du terrain. A ce moment il comprit (et moi également) que le combat m’avait vraiment exténuée, car ne tenant plus sur mes jambes, il dut me soutenir. Il voulu me reprendre mais je protestai et partais comme je le pu. Il fallait que je reprenne des forces, il avait raison... Mais je n’étais pas d’humeur à chasser. J’allai donc à la Taverne de Naxos, lieu de tous les dangers si l’on ne s’y prend pas comme il faut...
Poussant les portes, j’essayai de me diriger vers le comptoir la tête haute et sans trop tituber. Je me penchai afin de demander un verre de sang à l’Homme qui se tenait derrière le bar. Il était jeune, peut-être vingt-cinq ans. Il me regarda dans les yeux tandis que je lui passais commande, et après m’avoir examiné, il fit « non » de la tête. Je glissai alors les quelques pièces nécessaires dans l’une de ses poches, et résigné, il me servit mon breuvage. Je bu, jusqu’à la dernière goutte, puis reposait le verre devant moi et me retournai pour sortir de cet endroit sombre. Trop de regards étaient sur moi... Je voulu donc partir mais Sotame se tenait devant moi. Je fis un pas pour l’éviter mais il me retint par la taille. Son regard se plongea dans le mien et nous restâmes ainsi pendant quelques secondes, qui parurent une éternité... Lorsque je sentis qu’il relâchait son étreinte, je sortis de la Taverne. Il me suivit au-dehors et me rattrapa :
- Je suis déçu que tu ai refusé mon aide pour une chasse afin d’avoir du sang frais pour du vulgaire sang d’Elfe... me lança-t-il.
- Si cela est l’unique raison pour laquelle tu es déçu, ce n’est pas trop grave... lui répondai-je alors qu’il se postait devant moi pour me barrer la route.
- Pour quoi d’autre devrais-je être déçu ?
Ne voulant lui répondre, nous restâmes à nouveau un moment sans bouger.
- La baignade dans le lac était-elle agréable ? demandai-je.
Son regard changea, il parût amusé, et finalement il s’approcha lentement de moi en me fixant. Je soutins son regard et le vis sourire. J’allais lui dire une remarque, pour qu’il cesse de me regarder de la sorte -même si j’adorais cela...- quand mes maux de tête reprirent... Fermant les yeux, baissant la tête, je me rendis alors compte que quelque chose se trouvait dans mon esprit. Ce fut comme si je voyais les yeux clos, mais une pénombre régnait et seul un point blanc était visible. Je ne pus voir distinctement cette « chose ». Le mal partit, et, le souffle court, j’ouvrais les yeux. Sotame n’avait pas bougé, et même si la fatigue était revenue, je partis d’un pas rapide.
Après avoir mangé à ma faim, je me dis qu’il était l’heure pour moi de retourner en cours. Croisant Mayda au sortir de la forêt, nous fîmes le chemin ensemble jusqu’au terrain. Je lui parlai du mal qui me prenait ces temps-ci, elle me suggéra le repos. Cependant, notre Professeur n’étant pas de cet avis, j’allai le voir lorsqu’il me dit simplement :
- Tu es avec Sotame, comme tout à l’heure.
- Sir Boisier, je ne pense pas être en état de combattre... parvins-je à déclarer.
- Sachez, jeune fille, que si vous pouvez tenir debout, ce qui est apparemment le cas, vous êtes en état de combattre !
Il ne me laissa le temps de répliquer, partit, et me laissait seule. Je fis volte face et vis mon adversaire me fixer. Il s’approcha alors de moi et me dit d’une voix étrangement douce :
- Si tu ne peux te battre, nous ne le ferons pas...
Et il s’assit face au lac, non loin de là. Je lui en étais reconnaissante, cela me prouvait entre autre qu’il ne tenait pas à mettre fin à mes jours. Le rejoignant, je m’assis à ses côtés et sentis son regard se poser sur moi. Sans le regarder, je lui demandai :
- Notre professeur ne te dira rien ?
- Je sais être convainquant, moi... sourit-il.
- Cela dépend... Tu ne m’as pas convaincu de me baigner tout à l’heure.
- La compagnie de l’une de tes amies m’a suffit.
Je ne réagis pas comme il l’espérait, il aurait été trop heureux... Je lui dis en le regardant :
- Si elle t’intéresse, je peux lui parler de toi !
- Je n’ai pas besoin de ton aide pour la séduire... Toi en revanche...
- Oh, peut-être pourrais-tu me faire une démonstration ?
- Pourquoi cela ?
- Eh bien, si tu n’as pas besoin d’aide, j’aimerais te voir à l’œuvre, histoire d’apprendre...
Il me fixa un moment puis détourna son regard pour voir où elle se trouvait. Il la vit non loin puis prononça ceci :
- Non, je ne suis pas en forme non plus... Tu m’as épuisé...
- Moi ? Moi j’ai épuisé le protégé de monseigneur Boisier ??
Je souriais quand nos regards se rencontrèrent. Evidemment que je ne l’avais pas épuisé, c’était une excuse comme une autre pour ne pas y aller... Ses yeux me fixaient étrangement et je me dis que je m’y noierais volontiers.
Notre jeu de séduction continua plusieurs semaines, puisque chacun de nous était beaucoup trop fier pour faire le premier pas. Nous nous voyions régulièrement aux cours de combat, et nous croisions en dehors assez souvent. Le cours que j’aimais le plus était celui de Madame d’Ereldriira. Mis à part qu’elle m’apprenait à me concentrer pour mon art (qui me servirait peut-être à mettre un terme à la fierté de Sotame), c’était une femme plus qu’intéressante. Ses histoires nous passionnaient, chacun de ses cours était magique. « De manière générale, il n’est pas préférable pour un Psioniste d’avouer ce qu’il est. » m’apprit mon professeur. Ce don est rare, et le préserver, ou ne pas le divulguer, est plus sûr pour la personne en question. Madame d’Ereldriira me parlait donc après les cours, afin que mes camarades de classe ne sachent pas ce dont j’étais capable. Elle me confia quelques uns de ses ouvrages sur mon pouvoir, que je lisais à l’aube avant de m’endormir. Mon préféré était sans nul doute Psionistes et Victimes, témoignages. Un passage retint mon attention :

« … Commentaire d’une personne anonyme :

Les personnes qui ne sont pas préparées à cet art ne ressentent absolument rien lorsque le Psioniste passe à l’action. Il peut entrer dans son esprit et l’obliger à faire des choses sans qu’il ne s’en aperçoive !! Vous rendez-vous compte ?! Hem... Pardonnez-moi je m’emporte...
En revanche, il existe des êtres qui, consciemment ou inconsciemment, bloquent ces intrusions de façon spontanée. S’ils sont expérimentés, ils ne sentiront rien mais le Psioniste ne pourra pas percer cette défense. Cependant, s’ils débutent en la matière, une douleur aigue peut se faire ressentir au niveau de la tête. Cela arrive lorsque l’attaquant pense pouvoir franchir cette barrière de l’esprit. ... »


Mon sang se glaça un instant après la lecture de ceci. Je refermai le livre et le posai sur ma table de jour, songeuse. Mon esprit tourmenté, ma journée fut difficile... J’avais du mal à le croire, et pourtant, il n’y avait pas d’autre explication... Ceci me perturba toute la journée et m’empêcha de dormir une bonne partie de celle-ci... En effet, la seule personne qui était toujours présente lors de mes maux de tête était Sotame...

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