Dorunn consulta rapidement le rapport que lui tendait le Spadassin. Les informations qu'il contenait ne différaient que peu de celle qu'il avait obtenues par les services de renseignements d'Ombresang.
« Je pense avoir croisé certains de ces terroristes pendant mon voyage. Ils disaient appartenir à une armée de rebelles et leur cible semble être le palatinat de Perganon, puis l'Empire tout entier. Et certaines paroles de Beth-Aran lui-même me semblent étayer cette théorie.
Si Adola était surpris, il n'en laissait rien paraître.
- Un tel groupe possède nécessairement un ou plusieurs chefs qui le maintiennent soudé et c'est sans doute ce point-ci qu'il nous faudrait éclaircir. Pour ce qui est des mesures officielles, le palatinat d'Edhesse a pris des mesures quant à l'escorte des convois marchands et militaires. Je crois également savoir que les unités Maraudeurs créées par le nouveau palatin sont opérationnelles.
Dorunn réalisa alors qu'il n'avait pas l'air de laisser le choix à ses supérieurs et se reprit immédiatement en se morigénant.
- Ça serait un plaisir et un honneur de remplir cette mission à vos côtés, Dame Eolia. D'autant que même si peux rester dans la capitale quelques jours, j'ai un rendez-vous plutôt important à Perganon au début du mois prochain.
L'assassin sentit les muscles de son dos le lancer tandis qu'il s'inclinait. Une grosse journée de repos ainsi que quelques onguent ne lui feraient effectivement pas de mal...

La comtesse resta paresseusement sur son fauteuil, face à Adola. Plus que du repos, l'endroit lui conférait un bien être, une paix intérieure qu'elle ne trouvait nul part ailleurs.

Alors qu'elle discutait avec le spadassin, un membre de l'ordre fit irruption dans la pièce. Dorunn.
Eolia posa son regard dessus et le salua d'un signe de tête. Il était un membre émérite de l'ombre et Eolia l’appréciait.

Elle écouta attentivement ce que l'un et l'autre avait à dire, comme à son habitude la vampire était peu bavarde.
Ses sens étaient surtout focalisés sur son acolyte, Dorunn était vampire lui aussi et comme tout vampires il dégageait une odeur spéciale propre à son espèce.

Elle posa ses yeux clairs sur lui, puis se leva, une fois la conversation terminée.

-Le plaisir serait partagé, mais comme vous le conseil notre spadassin, reposez vous et guerrisez vos blessures. Elle s'inclina pour saluer, si vous avez besoin de moi, messieurs, je serais dans mes appartements.

Puis elle quitta la piece.

La vampire entra dans le bureau. Elle avait troquée sa robe contre son armure de cuire noire. Cette armure de cuir qu'elle avait depuis son entrée dans la corporation avait vu moult batailles et personnages importants de l'empire, une seconde peau pour la vampire des ombres.

Elle se tenait droite, la main posée sur la hanche. D'une voix calme elle s'adressa au maître des lieux.
- Je pars pour l'Edhesse , je pense que cela me mènera sur une piste plus mouvementée que celles que peut m'offrir la bibliothèque.
Un sourire naquit au coin de ses lèvres, le genre de sourire qui cache quelque chose.
- Je vais emmener Samia avec moi, je suis passée la voir et elle se languit des batailles et de l'action. Je vous enverrai une missive si quelque chose d'important venait à arriver.

Elle tourna les talons après s’être incliner devant Adola en signe de respect.

Dorunn frappa à la porte du bureau et entra. La pièce était vide et les affaires d'Adola soigneusement rangées. Il était clair que le Spadassin avait quitté le repère de l'Ombre pour quelques missions. Le vampire parcourut les couloirs et trouva finalement Armori qui lui indiqua que le Magistrat s'était absenté pour les affaires de l'Empire. Le drow l'informa également que la Conseillère Eolia avait quitté la Cité en compagnie de Samia une heure plus tôt, en direction d'Edhesse.

L'assassin remercia Armori et lui demanda de transmettre la nouvelle de son départ pour Perganon au Spadassin. Il fit ensuite un détour par la volière de l'Ombre afin d'envoyer un corbeau à Eolia et Samia. Lorsque ce fut fait, il prit le chemin des écuries après avoir salué Ethard et commença sa chevauchée vers l'est.

Je venais de regagner l’Ombre après avoir eu cette réunion au Palais sur l’avenir de Thassopole ainsi que celle de l’Empire. Cela allait très certainement entrainer une guerre fratricide qui amènerait de nombreux morts.
L’Empereur s’était rangé à la proposition de Babka à savoir engager des hostilités armées. L’armée Impériale allait être mobilisé très prochainement, les règles et lois de l’Empire allaient être momentanément durcit avec un couvre-feu, les frontières entre provinces contrôlés et celle de Thassopole fermé et étroitement surveillé.
J’avais apporté le soutien de mon royaume ainsi que de la Corporation de l’Ombre. Mais je ne pouvais que constater que bien peu d’adepte étaient présents. Pour mener à bien nos opérations secrètes j’avais également besoin de la Conseillère et de la Maitre.
Je pris donc des parchemins et me mis à écrire.

Citation :

Chères consœurs, cher confrères,

Les temps sont devenus de plus en plus troubles en Kalamaï et plus particulièrement dans certaines provinces.
Afin de remettre un peu d’ordre dans l’Empire, j’ai assuré les plus hautes responsabilités, que l’Ombre répondra présent comme toujours pour ramener la quiétude. Cette dernière nous est indispensable pour œuvrer. Mais quand le chaos règne nous sommes également les mieux placé pour le canaliser.
Je vous sollicite donc pour cesser toute affaire présente et vous présenter aussi vite que possible dans notre antre afin de pouvoir discuter de la suite à donner et la manière d’œuvrer.
Toutes les forces et intelligences présentes nous seront des plus utiles

Bien respectueusement

Adola, Spadassin de l’Ombre

Je cachetai les différents parchemins que je referma de mon sceau. Je glissai chaque parchemin dans un de nos tubes codés qui ne pouvaient s’ouvrir sans le mot de passe. L’usage de la brutalité casserait un tube de vinaigre détruisant le message. Ces tubes furent attachés à des oiseaux de proie qui partirent aussitôt en différentes direction.


Puis je décida de prendre un nouveau parchemin en direction de mon royaume et plus particulièrement de Shakmat l'intendant des Plaines Perdues.

Citation :

Mon cher ami Shakmat,

Ces temps sont de plus en plus troubles. Je ne me souviens pas d’en avoir tenu de tel depuis la chute d’Enguerrand.
La province d’Edhesse est menacée par des mercenaires. J’espère que nos terres n’ont pas subi leur outrage, je suis convaincu que vous veillez à la sécurité avec nos amis conseillers.
Le proche avenir risque d’être sombre et faire couler beaucoup de sang. Comme vous le savez je suis attaché à Kalamaï, son peuple et son Empire. Afin de leur prêter assistance j’ai assuré l’Empereur que les Plaines Perdues répondront à l’appel.
C’est pour cela je vous demande de bien vouloir prendre les mesures suivantes :
1) Mobiliser l’armée professionnelle et tenir prêt en une demi-journée la moitié de l’armée des différents corps pour prendre la route et rejoindre une zone de combat. Le reste devra être mobilisable dans les deux jours avec armes de siège.
2) Sonner le rappel des réservistes et les entrainer.
3) Renforcer les patrouilles en villes et en campagnes. Les frontières doivent être fermé et canaliser les entrées et sorties en trois points durement contrôlés.
4) Les Thassopoliens et surtout les partisans d’Aedric sont indésirables sur notre Royaumes. Ces derniers doivent être cantonnés dans des baraquements mais vous veillerais à ce qu’ils disposent de tout le confort nécessaire.
5) Des réserves doivent être effectuées et l’industrie doit être redirigée vers l’armement
6) Le rationnement des civils doit débuter et le couvre feu instaurés

Je sais que ces mesures sont particulièrement dures mais le mal gronde.
Je sais que vous saurez vous montrer digne et fort face à l’adversité.

Respectueusement

Adola, Patriarche des Plaines Perdues

J’attacha la missive scellé à un aigle qui s’envola aussitôt vers mon royaume.

La porte de l'échoppe s'ouvrit lentement, laissant entrer l'homme encapuchonné. Chacun de ses mouvements semblait lui coûter, et Ethard le suivit d'un regard méfiant tandis qu'il s'approchait du comptoir de bois. Ce n'est que lorsqu'il y fut parvenu que le borgne reconnut Dorunn sous sa capuche.
« Eh ben, l'ami, tu semble dans un sale état. J'espère bien qu'Oengus se porte mieux, lança-t-il avec un franc sourire, ou Adola aura de quoi rire.
Le vampire posa alors sur le bar un long paquet de tissu sans dire un mot.
- T'as même pensé à me ramener un petit cadeau, ria le tavernier en défaisant les nœuds qui maintenaient le tissu enroulé. C'était vraiment pas la peine, le bleu, je suis pas...
La voix d'Ethard mourut dans sa gorge en découvrant la lame bruni de sang séché. Il croisa le regard vide de l'assassin et son visage se durcit soudain.
- Tu ferais certainement mieux de descendre... »


Dorunn parcourut les longs couloir de la Corporation jusqu'à arriver devant la porte du bureau. Il prit une grande inspiration et frappa.

Dorunn entra lentement dans le bureau et referma la porte derrière lui, son paquet toujours à la main. Armori l'accueillit d'un sourire avant de froncer les sourcils en voyant le visage inexpressif du vampire.
« Salut l'ami! Tout va bien? Je sais qu'il est étrange de dire cela à quelqu'un comme vous, mais... vous être très pâle, dit-il avec un demi sourire.
L'assassin s'avança sans un mot et déroula la bande de tissu pour poser le poignard qu'elle protégeait sur le bureau.
- C'est l'arme du seigneur Oengus!, s'exclama Armori en relevant des yeux écarquillés vers Dorunn.
- Je suis désolé. Ancalimon et moi-même n'avons pu mener notre mission à bien.
Les derniers doutes du drow quant au destin de l'ancien Spadassin disparurent de son visage. Il resta silencieux quelques secondes avant de reporter son regard sur le vampire.
- Avons-nous à ce point sous-estimé ce Fenrir, pour qu'il puisse vaincre une Ombre en un contre deux avant de succomber?

- S'enfuir. Avant de s'enfuir. Nous n'avons pu l'éliminer. Et, pour être exact, c'est une wiverne qui a tué Oengus. Je suppose que j'ai un rapport plutôt important à vous faire...  »