La flotte aérienne avait effrayé les occupants de bien des villages durant la traversé de Mésolongion.
Ceux-ci criaient et courraient en tous sens, se ruant dans les bois, fonçant dans une maison, derrière les murs d'une quelconque cité pour dans le temple d'un quelconque dieu.
Le voyage avait été d'une tranquillité ennuyeuse. Le changement de position cyclique entre les différents escadrons afin que chacun aie un temps de relatif repos dans les airs se faisait sur les derniers temps machinalement, avec juste assez de concentration pour ne pas percuter le voisin.
Le nuage de créatures était assez important, réparti sur plusieurs "étages" pour cacher la vue du soleil aux habitants pendant quelques instants.
Leur peur était la cause d'un pincement au coeur de Judith, mais il ne leur serait fait aucun mal. Bien au contraire.
Le temps les avait, comme prévu, laissé tranquilles, ne les assaillant ni par la chaleur ou le froid, ni par le vent ou la pluie.
Néanmoins les premiers signes de fatigue commençaient à se faire sentir parmi les créatures les moins endurantes et les civils montés sur cockatrices se tortillaient dangereusement sur leurs selles en quête d'une position propice à soulager leurs muscles endoloris par de profondes crampes.
Aussi, lorsque le Général de Campagne Delhorn eut repéré un espace assez grand pour pouvoir poser toute son armée, à savoir deux clairières contiguës entourées d'un mur d'arbre d'une centaine de mètres, elle fit un signe à l'officier à sa droite qui communiqua l'ordre au reste de la troupe par deux longs souffles dans un cor.
Quatre sous officiers lui répondirent par d'aigus sifflements émis par un brin d'herbe grasse vibrant dans un petit rectangle de bois dont on pouvait coulisser les bords les plus longs pour protéger le brin d'herbe et l'empêcher de sécher.
La formation se rompit rapidement, les escadrons se mettant en place dans l'ordre d'atterrissage, les créatures les plus fatiguées et les chargées en premier. Le premier escadron au sol se déploya pour sécuriser la zone et le sous-officier se saisit de drapeaux portés par sa cockatrice afin de réguler les approches. Lorsqu'un escadron avait mit pied à terre et avait évacué la clairière nord vers celle du sud, il agitait un drapeau orangé pour signifier le début de l'approche au groupe suivant.
Une fois toutes les forces au sol, Les officiers firent un grand feu, lui faisant produire un maximum de fumée pour qu'ils puissent être repérés de loin. En effet, un éclaireur était partit reconnaître Etimnon deux jours plus tôt et il était convenu qu'ils se rencontreraient le jour de l'attaque au moment de la halte. Il avait assuré que ce signal lui suffirait pour les repérer.
Et en effet, deux heures plus tard il fut amené à Judith, encadré par trois méphytes. Il fit rapidement son rapport et Delhorn en retint quelques points importants :
- aucune défense structurée n'était organisée et aucun seigneur digne de ce nom ne pouvait prétendre à la succession.
- de graves maladies sévissaient dans la tour et faisaient bien des morts...
- les réserves de nourriture et d'eau potable étaient très basses depuis quelques saisons, ils se nourrissaient et buvaient ce qu'ils trouvaient.
Une rapide réflexion conduisit Judith à supposer que le troisième point était la cause du second. L'espion lui apprit également que des tunnels et étaient creusés dans la montagne sous la tour. Il ne savait pas où cela menait mais un garde affirmait qu'ils descendaient jusque sous le niveau de la mer.
Elle porta ces informations aux ingénieurs et architectes, leur demandant de trouver une solution pour l'eau si c'était possible. Heureux d'enfin être utiles à quelque chose, ils se mirent à la tâche.
Ils n'utilisèrent que deux des cinq heures de la pause avant de venir lui remettre un plan de l'installation à prévoir en sous-sols pour l'eau :
"L'eau salée entrera à marée haute dans une cuve d'acier. Une fois la mer retirée, la cuve sera pleine d'eau salée.
Un tuyau descendra dans la cuve, la reliant à cinq autres cuves munies de pompes géantes activées par des criminels surveillés par des soldats. En activant ces pompes, l'eau salée remontera le tuyau jusque dans les cinq petites cuves. Une fois celles-ci remplies, d'autres criminels alimenteront un foyer sous chaque cuve afin de chauffer celle-ci à très haute température, faisant s'évaporer l'eau.
L'eau ira se condenser dans un autre conduit incliné vers l'extérieur et au bout duquel l'eau coulera dans un récipient contenant de l'eau douce et bien plus saine que l'eau qu'ils utilisent actuellement.
Il suffira alors de nettoyer toutes les deux semaines le sel encombrant les zones transitoires et l'eau potable pourra être acheminée vers la surface par des monte-charges dont on mettra les plans sur pied une fois sur place.
Naturellement, les valves anti-reflux et en grande partie hermétiques permettront aux pompes d'attirer l'eau sans qu'elle ne puisse faire le chemin inverse. La cuve à eau salée sera nettoyée avant chaque marée haute par une tuyau spécialement prévu afin que le liquide ne stagne pas."
Stupéfaite par le plan mais ne voyant aucune objection, elle se contenta de hocher la tête sous les éclats de rire de son Etat-Major.
Dernière édition par Xanis le Lun 8 Mar 2010 - 16:07, édité 1 fois