Les dragons d’os remontaient rapidement vers le site de la bataille, leur mage sur le dos. Ils seraient bientôt aptes à lancer leur sort destructeur sur les troupes coalisées. Erwin ne voulait absolument pas que cela fut possible. Et pourtant, les succubes bloquaient ses troupes. Que faire ?
C’est à ce moment là que de petites formations se détachèrent des bataillons de tête pour se jeter sur les créatures démoniaques. Délaissant en arrière une masse hébétée par les envoutantes créatures du Sanglant, les petites formations chargèrent.
Reprenant son sang-froid à la vitesse de l’éclair, le Renard du Désert prit sa longue-vue et la braqua sur les formations continuant le combat. Il s’agissait des combattantes féminines formant ses rangs. L’une d’entre elle, gradée, avait du prendre l’initiative face à une situation désespérée. Etouffant un soupir, Erwin émit un remerciement silencieux à l’encontre de celui ou ceux qui avaient autorisés la mixité des troupes Prévèziennes.
-Donnez l’ordre aux formations encore actives d’éliminer complètement les succubes !-B-bien, monsieur !Les soldates des bataillons I, IV, III et V s’étaient regroupées et avaient formées, I et IV d’une part, III et V d’autre part, deux formations homogènes. Sous l’impulsion de deux gradées habile au commandement, elles avaient entreprises de réduire à néant les succubes. Ces dernières ayant réduits au silence les soldats masculins, virent avec stupeur la présence de femmes dans les rangs coalisés…
Les dragons d’or avaient aussi à faire avec les leurs, de succubes. La quinzaine qui leur chatouillait agréablement les narines n’allaient pas tarder à se voir décimées. Les trois dragons du flanc gauche avaient hérités du « gros » des assaillants : 8 succubes rien que pour eux. Ceux du flanc droit n’en avaient que 7… Mais les trois dragons couvrant le camp, au centre, ne comptaient aucuns adversaires. Erwin s’en rendit rapidement compte et saisit là une opportunité pour mettre à mal les dragons d’os en approche.
-Dîtes à Fernn de foncer vers les dragons d’os coute que coute et de les réduire en poussière.Le soldat de l’escouade Mu s’exécuta. Et une poignée de secondes plus tard, les trois énormes créatures dorées virèrent en direction des lourds squelettes volants.
Le général Laynn ne vit pas les forces naines arriver de l’autre côté du camp. Il s’était focalisé sur la bataille et en suivait la progression minutes après minutes, espérant voir ses troupes vaincre sur ses ordres qu’il espérait encore avisés. C’est une voix un peu rugueuse qui le tira de ses observations à la longue-vue :
-Nains ! Hommes ! Elfes !
Moi Thangorthorim du Nibin'bar prend la relève de vos forces affaiblies.
Que votre responsable s'avance et m'informe de la situation.
Pour l'Empire, justes guerriers, soyez-sûrs que Brak vous sourit depuis le ciel !Entendant cette déclaration bien présomptueuse, le général ne put réprimer une grimace et un soupir. Les dieux n’avaient rien eus à voir là-dedans. De l’avis d’Erwin, s’ils existaient vraiment, ils auraient empêchés ces morts inutiles depuis longtemps.
Quant aux « forces affaiblies », elles étaient suffisamment nombreuses pour conserver tout leur potentiel militaire. Mais le général n’avait pas de temps à consacrer pour une explication complète et détaillée de la situation. Encore moins pour laisser sa place à quelqu’un d’autre en plein cœur d’une bataille. Il devait la remporter, d’ailleurs. De toute façon, seul lui et Rudnik avaient autorité sur les troupes coalisées. Il envoya toutefois l’un de ses lieutenants à la rencontre du roi nain.
Rudnik, toujours à la tête de ses cavaliers, fondit sur les ténébreux dans un vacarme de sabots et de métal cliquetant. A la tête de la colonne, encadré par les membres de l’escouade Nu des Sabres, le capitaine Maonnais ouvrait le bal la lame au clair.
Le choc de la charge de cavalerie fut sévère : les ténébreux furent balayés. Mais les cavaliers furent quasiment stoppés malgré leur nombre et l’inertie qu’ils pouvaient avoir sur la formation. Il restait bien 50 ténébreux lorsque la charge fut complètement bloquée. Cavaliers, centaures et créatures infernales continuèrent le combat au corps à corps. Les lames s’entrechoquèrent, le sang, provenant des deux groupes de combattants, se répandit à terre…
-Monseigneur, je suis le lieutenant Dante, de l’État-major du général Laynn. Le général ne peut actuellement vous accueillir de lui-même. La bataille fait rage et il préfère la surveiller avec attention au poste qui est le sien. Vous le trouverez à côté de la tente de commandement, près de la palissade. Si vous le désirez, je peux vous y conduire…Erwin n’avait pas envoyé Dante par hasard. Cet officier était très certainement le plus docile -limite lèche-cul- qu’il pouvait compter dans son armée. Mais le roi nain, qui ne le connaissait pas et n’aurait sûrement jamais l’occasion de le faire, ne s’en rendrait pas comptait. Tout au plus passerait-il pour un personnage diligent…
Laynn, quant à lui, allait de la carte à sa longue-vue, déplaçant par moment les petites pièces représentants les forces en présence sur la représentation du champ de bataille au grès de ses observations. Les officiers de son Etat-major s’affairaient à transmettre ses ordres, recueillir les informations envoyées par les officiers sur le terrain ou encore s’assurer du bon approvisionnement en munition des archers. Malgré l’occupation apparente de tous, une tension pesante les tenait. Vaincre ou être défait ne tiendrait qu’à quelques minutes, dorénavant…
Alors qu’il venait d’abattre l’un des ténébreux d’un coup d’épée bien placé, Rudnik reçu un violent coup dans le flanc droit. Il écarta son agresseur d’un coup d’épée avant de sentir réellement sa blessure. Il se pencha pour voir ce qu’il en était. La stupeur le saisit lorsqu’il constata une grande déchirure de son armure. Son sang coulait, rouge, le long des écailles d’acier éventrées.
Les soldats de l’escouade Nu n’avaient pu qu’assister à la scène : ils se démenaient déjà chacun de leur côté contre des ennemis en grand nombre. Leur science et leur connaissance du combat, bien qu’un avantage inestimable, ne leur permettait pas de dépasser leurs propres limites. Sans leur présence, le capitaine Maonnais aurait déjà sans doute péri un certain nombre de fois. Le chef d’escouade mis pied à terre sous la protection de ses compagnons et rejoignit la capitaine Maonnais au moment où il s’effondra au sol. Il atterrit dans les bras de l’Ald’Rhunais, évitant le dur contact avec la terre imbibée de sang.
-Capitaine ? On va vous emmener hors des combats pour vous soigner, capitaine Rudnik.-Me…soigner ? On en est…plus là… Un sourire traversa le visage du soldat Maonnais avant de s’évanouir, aussitôt remplacé par une crispation de douleur.
Les soldats Prévéziens et les Sabres avaient prit le dessus sur les ténébreux au prix de pertes significatives : sur les 400 cavaliers, il devait en rester un peu moins de 150 encore debout. Mais les ténébreux étaient passés du nombre de 60 à celui d’une petite dizaine. Et ce nombre s’amenuisait encore de façon exponentielle.
Tandis que les cavaliers encore en selle pourchassaient les créatures du Sanglant encore en déroute, les Sabres rejoignirent leur chef et le capitaine mourant.
-Merci de…votre aide. Mais…je n’en aurais pl-us…besoin. Di-ites au général…que je le…salue.Rudnik mourut quelques instants plus tard, dans les bras du chef de l’escouade Mu. Ses traits se détendirent alors qu’il quittait Kalamaï pour rejoindre ses ancêtres.
-Qu’est-ce qu’on fait, chef ?-Remettez le commandement de l’unité de cavalerie au plus haut gradé. Nous rentrons au camp avec le capitaine.-Bien, chef.Fernn volait en tête de sa formation. Les trois dragons d’or d’Ald’Rhune fonçaient sur leur cible. Quelques succubes avaient bien tentées de les distraire, mais leur objectif avait été clair. Les dragons d’os et leurs passagers respectifs. Si possible, avant qu’ils ne fassent usage de la magie. Ils allaient devoir faire usage de toute leur maitrise du vol de combat dans cet assaut. Les dragons d’os seraient sûrement de puissants adversaires.
Fernn fit un signe de la tête à son ailier droit qui lui répondit par l’affirmative. Il venait de lui envoyer un plan d’action contre les deux cibles se rapprochant à haute vitesse. Il fit de même à son ailier gauche qui répondit de manière identique.
Les mages, sur les dragons ennemis, commencèrent à concentrer leur énergie magique en vu de l’incantation. Il ne restait dès lors plus qu’une minute pour anéantir les cibles…
Alors qu’ils arrivaient à portée de flèches des dragons d’os, Fernn plongea en se mettant à portée de flamme, tandis que ses deux ailiers redressèrent leurs vols et effectuèrent un renversement les plaçant au dessus de leurs adversaires. Ces derniers dégagèrent à la vue de cette manœuvre en plongeant sur les côtés. Fernn effectua un demi-tour en profitant de sa vitesse, ce qui le plaça juste derrière l’un des squelettes volant. Son ailier gauche surgit à ses côtés, plus haut que lui. Profitant de son altitude, il plongea sur la queue du dragon d’os, la saisit dans sa puissante mâchoire et la broya. Un hurlement de douleur retentit, suivit d’une brusque ruade désarçonnant le dragon d’or, le blessant au passage.
La manœuvre n’eut pour seul effet que de ralentir le squelette volant. Suffisamment pour que Fernn put le survoler en crachant un torrent de flamme sur lui et son cavalier.
Le mage, occupé à se concentrer pour ne pas chuter et réussir en même temps l’exploit de lancer de concert avec son collègue un sort de haute puissance, ne put rien faire face au jet de flammes. Ses vêtements, ses cheveux, sa peau s’embrasèrent en un instant. Un cri de surprise mêlé de douleur sortit de sa bouche avant de mourir en même temps que lui.
Le dragon d’os n’eut pas un sort plus enviable : la fine membrane composant ses ailes s’enflamma, faisant disparaitre sa surface allaire. Il partit en vrille à plat, avant de chuter comme une pierre vers le sol. Le squelette s’éparpilla au sol durant le choc, dégageant un relent de chairs nécrosées.
L’ailier de gauche planait difficilement en laissant s’échapper des gouttes de sang par son poitrail.
¤Va au campement, frère¤¤Bonne chasse¤ Acquiesça-t-il avant de planer tant bien que mal vers le campement et leurs soigneurs humains et elfes.
L’ailier de droite avait engagé le combat contre le dragon d’os adverse, mais n’avait pas encore pu porter de coup fatal. Les manœuvres évasives de la créature du Sanglant obligeaient le dragon d’Ald’Rhune à user de mille ruses pour réussir à rester dans son sillage. De temps à autre, un jet de flammes venait lécher l’extrémité de la queue du squelette volant, sans l’atteindre. Les passes se succédèrent au passes, déroutantes de virtuosité. Pourtant jeune –pour un dragon-, l’ailier de Fernn déployait une maitrise du vol impressionnante.
Alors qu’il était dans la ligne de mire de son poursuivant, le dragon d’os plongea soudain vers le sol.
Fernn effectua un demi-tonneau et plongea en rabattant ses ailes contre son corps. La tête vers le bas, il gagna mètre sur mètre sur sa cible. Son ailier avait suivit son exemple et foncer vers son adversaire.
A une dizaine de mètres du sol, le dragon d’os redéploya ses ailes pour se freiner et profiter de la vitesse liée à sa chute. Il survola le champ de bataille à moins d’un mètre. Fernn fit de même, espérant rejoindre son gibier squelettique. Mais son ailier exécuta la même manœuvre un peu tard : il eut beau redresser comme il le put, il s’abattit au sol, laissant une longue marque dans la terre humide de sang. Il se releva, poussa un puissant grognement et redécolla, furieux contre son adversaire et contre lui-même.
Fernn continuait de gagner du terrain, lorsqu’une boule de feu fusa dans sa direction, émanant du mage. Il esquiva habilement l’attaque par un plongeon. Mais la manœuvre lui fit perdre de sa vitesse et par la même occasion de son altitude. Et de chasseur, il devint chassé. Le dragon d’os effectua un looping destiné à permettre à son mage de l’abattre. Fernn vira sur la gauche, espérant s’arracher à son poursuivant. Reprenant de l’altitude, il essaya de maintenir une confortable avance sur son adversaire.
A la suite d’une passe d’arme ratée –jet de flammes et boules de feu esquivés-, ils se retrouvèrent par le hasard de leurs évolutions face à face (
*), fonçant l’un vers l’autre. Transférant son poids d’une aile à l’autre, Fernn esquivait les boules de feu en se rapprochant de sa cible pour se mettre à portée de tir. Les boules de feu se rapprochèrent dangereusement des écailles dorées, au point où Fernn hésita à quitter la formation d’attaque. Au moment où il arrivait à portée de tir –toujours encadré des boules de feu ennemies-, une silhouette menaçante fondit sur le dragon d’os. Il s’agissait du second dragon. Ayant reprit de l’altitude, usant de sa rage pour décupler ses forces, il avait attendu le moment opportun pour fondre sur son gibier.
Une véritable marée de flammes, fruit de sa colère contenue trop longtemps, submergea le dragon d’os, embrasant instantanément son passager et ses ailes au passage. Les restes de peau en décomposition s’enflammèrent à leur suite. Planant encore un court instant, le dragon d’os finit sa chute comme son frère, dans un fracas d’os brisés et d’odeurs fétides.
¤Merci, frère¤¤Mon honneur, frère¤Spoiler :
(*) La « passe frontale » est une passe aérienne connue des chasseurs de la seconde guerre mondiale. Elle représentait une passe particulièrement dangereuse : face à face, la vitesse conjuguée des deux appareils atteignait facilement 1000km, rendant les manœuvres difficiles. De surcroit en fonçant l’un sur l’autre en tirant de leurs mitrailleuses. Celui qui rompait la passe en se défilant se retrouvait quasiment toujours dans le viseur de l’autre à une altitude moindre et se faisait souvent abattre dans ces conditions. Dès lors, il s’agissait d’une question de nerfs. Il est à noter qu’un certain nombre de pilotes se rentrèrent dedans pour ne pas avoir voulu céder à leur adversaire…
Les deux dragons reprirent une formation adéquate et s’éloignèrent de la zone des combats. En bas, des unités de cavalerie de Prévèze achevaient de combattre des ténébreux. Un nombre important de cadavres jonchaient le sol dans une marée rougeâtre… Plus proche du campement, les grands bataillons des flancs droit et gauche, momentanément stoppés par les succubes, avaient pu compter sur les formations de soldates pour retrouver leur mobilité. L’enchantement des créatures infernales avaient cessé dès la dernière d’entre elle tuée. Un dragon d’or resté au sol achevait de mâchouiller le corps de l’une d’entre elle…
Au sol, les soldats à terre se comptaient par centaines. C’était une victoire, probablement. Mais à quel prix ? Un nombre incalculable de bons et loyaux soldats gisaient à terre. Mais le pire avait été évité et de lourdes pertes infligées au Sanglant. Le corps expéditionnaire Maonno-Prévèzien avait accompli la mission pour lequel il avait été constitué.
Fernn amorça sa descente en compagnie de son ailier. Ils se posèrent sur l’aire dégagée leur étant destinée à proximité de la tente de commandement. Ils rejoignirent leurs frères, pour la plupart rentrés du combat. Seuls deux des leurs assuraient une surveillance aérienne au dessus des troupes coalisées en reformation.
L’un des officiers de l’escouade Mu s’avança vers lui :
¤Le général est fier du succès de ta mission. Ta bravoure restera dans l’Histoire¤¤Mon honneur, frère¤Le dragon et l’homme inclinèrent tous deux la tête en signe de respect. Fernn et ses deux ailiers avaient sans doute sauvés la 1ére Armée de Prévèze et ses alliés impériaux.
Erwin Laynn relâcha la pression qui l’accablait. Il observait toujours la reformation de ses bataillons, sur l’ancien champ de bataille. Le nombre de morts et de blessés augmentait à chaque nouveau rapport : il s’élevait dorénavant à un millier de morts et autant de blessés.
Les bataillons I et III ne comptaient plus qu’environ 400 soldats chacun. Et les bataillons IV et V devaient encore en compter pas loin de 600. Il fut convenu que les bataillons I et IV et III et V seraient fusionnés dans le but d’avoir deux bataillons opérationnels… Seul le bataillon II, resté en défense du campement et le bataillon VI, de réserve, n’avaient subis que peu –pour ne pas dire aucune- perte. Les hommes du VI venaient d’arriver dans le campement, apportant leur soutien aux deux nouveaux bataillons I et III, de retour du combat.
Le Renard du Désert rejoignit ses troupes pour les féliciter. Elles venaient de connaitre la peur, la mort et maintenant, la tristesse. La moindre des choses était de les accompagner…
-SOLDATS ! AUJOURD’HUI, C’EST VOTRE COURAGE ET VOTRE DISCIPLINE QUI NOUS ONT PERMIS DE REMPORTER CETTE BATAILLE ! NOMBREUX SONT CEUX DES NOTRES TOMBES GLORIEUSEMENT AU COMBAT. NOMBREUX SONT CEUX TRISTES D’AVOIR PERDUS DES CAMARADES AUJOURD’HUI. MAIS JE N’AI JAMAIS ETE AUSSI FIER DE VOUS COMMANDER QU’EN CET INSTANT.
SOLDATS ! VOUS ÊTES LA FIERTE DE PREVEZE !Malgré leur fatigue, les soldats rentrant du combat acclamèrent leur général à la fin de son petit discours. Les officiers vérifièrent l’état de leurs hommes, les envoyant à l’infirmerie au besoin. La plupart partir soit se restaurer, soit se reposer après cette éprouvante bataille. D’autre, consciencieux, décidèrent de remettre en état leur équipement pour la prochaine bataille…
L’un des officiers de son Etat-major rejoignit Laynn alors qu’il regardait ses hommes quitter les rangs :
-Monsieur, l’escouade Nu est de retour. Le capitaine Rudnik est mort, monsieur.-Mort ?!-Oui, monsieur.-C’est pas vrai… Le général poussa un soupir.
Qu’on lui fasse les funérailles dues à un homme de son rang. C’était un bon soldat.-A vos ordres, monsieur.-J’aimerais aussi que vous retrouviez et me fassiez venir les deux personnes qui ont commandées les formations terrestres contre les succubes.-Bien, monsieur, ce sera fait.L’officier repartit en courant. Laynn, dans son armure, sentit soudain un vertige. La fatigue le rattrapait. Et pourtant, tant restait à faire…
Sur les dix dragons d’or d’Ald’Rhune, deux avaient été blessés au cours de la bataille. Si l’ailier de Fernn s’en remettrait rapidement, il n’en était pas de même pour le second, tombé face aux minions des enfers. Ses ailes nécessitraient du temps pour se rétablir. Il ne pourrait pas revoler avant plusieurs mois, malgré les soins prodigués. Fernn, toujours accompagné de son ami de l’escouade Mu, examinait les blessures de son congénère, impuissant face à elles.
-Mon général, voici les officiers Kalend et Deniss. Ce sont elles qui ont dirigées les formations contre les succubes sous vos ordres.Erwin sortit de ses pensées et se leva de sa chaise pliante pour saluer les deux officiers lui faisant face. Les deux jeunes femmes n’avaient pas eues le temps de se débarbouiller. Tout juste avaient-elles pu changer de vêtements et délaisser leurs armures. La première appartenait au corps des soldats polyvalents du IVème bataillon tandis que la seconde faisait partie des soldats lourds du IIIème.
-Mesdemoiselles, vous avez fait de l’excellent travail. Je salue votre esprit d’initiative qui nous a permis d’éviter des pertes inutiles. Soyez certaines que le palatinat sera avisé de votre valeureuse action durant cette bataille. J’adresserais personnellement une demande de décoration à votre encontre. Quels sont vos grades ?-Sergent, monsieur.-Caporale, monsieur.-Vous êtes désormais capitaine et sergent. Vous avez de l’avenir dans la 1ére Armée. J’ai besoin de soldats comme vous. Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, vous avez sans doute envie de vous reposer. Rompez, soldats.-A vos ordres, monsieur.Les deux officiers effectuèrent un salut militaire et quittèrent Laynn. Ce dernier se rassit et profita d’un court moment de répit pour boire un verre de thé en contemplant négligemment la carte des environs de l’Abysse. Ses bras droit faisaient bouger petit à petit les pièces représentant les troupes des deux bataillons en progression…
Bientôt il devrait affronter le roi nain Thangorthorim… La politique ferait donc place à la stratégie.
Aux latrines la politique, se dit-il. Il n’avait de compte à rendre qu’au palatinat. Et il le ferait dès son retour victorieux.