Précedemment
Lulyane avait rejoint la Tour dans une traînée de feu qui jaunissait le ciel perpétuellement bleu de la vallée de Roc-Pointe. Le convoi n’avait pas besoin de sa présence pour progresser dans la montagne. La Velue et les elfes s’acquitteraient de les mener à bon port.
La victoire avait galvanisé ses troupes qui ne se sentaient plus un escadron de mercenaires mal assortis mais l’embryon d’une véritable armée. Elle avait pris du temps pour remercier et féliciter chacun d’eux, puis pour rassurer et motiver chaque famille de paysans. Après sa visite, tous, civils et militaires, étaient tombés sous son charme et voyaient en elle leur souveraine légitime.
Magnus avait été repoussé et Lulyane avait eu la faiblesse de lui laisser la vie. Elle le connaissait trop bien pour ne pas savoir qu’il était encore plus fou de rage et qu’il n’abandonnerait pas son désir de vengeance. Sa priorité à présent, c’était de trouver le moyen de défendre sa Tour et ceux qui s’y abriteraient quand le siège, l’assaut peut-être, commencerait.
Et pour mettre au point un plan de défense, quoi de mieux que de s’adresser au gardien de l’Opaline ?
Dans un de ses déplacements invisibles, elle entra dans la Salle des Gardes en soulevant un tourbillon d’air. C’est ici qu’elle avait prié Grognar de prendre ses quartiers et le géant s’y était installé un nid confortable et douillet à son image. Pour quiconque, c’était un simple capharnaüm.
Malgré le désordre ambiant, il n’était pas difficile de voir que celui qu’elle cherchait ne se trouvait pas dans cette grande et haute salle. Un Grognar ne se rate pas ! Au milieu d’un désert, sa haute silhouette et sa large carrure se distinguait de loin.
Elle s’apprêtait à regagner ses appartements quand elle aperçut par la grande porte d’entrée restée ouverte une curieuse forme dans le ciel : une sorte de cube flottait dans l’air sous les silhouettes volantes de quelques gros oiseaux.
Elle sortit sur le parvis tandis que l’étrange attelage du ciel se rapprochait. Elle le distinguait maintenant parfaitement et fut obligée de croire à ce qu’elle avait soupçonné : Grognar, contre toute sa répulsion et sa phobie, avait utilisé de son plein gré le chariot volant qu’elle lui avait conçu.
Mais pour quoi faire ?
La réponse n’allait pas tarder puisque le cocher fit se poser le panier et son attelage à quelques dizaines de toises de la Tour.
Grognar était bien là, qui bondit du panier comme un diable sort de sa boîte, tellement il était heureux de retrouver la lourdeur de ses cailloux secs sous ses pieds longs comme des péniches. Deux autres statures impressionnantes s’extirpèrent de leur gangue d’osier avec bien plus de difficultés.
Ils semblaient coincés dans l’espace restreint que leur avait chichement concédé la masse et la mauvaise humeur du géant. Il s’agissait de deux minotaures dont les cornes s’étaient emmêlées entre elles et dans les cordes du harnachement et qui faisaient d’étranges mouvements de têtes pour se dégager, tout en soulevant les jambes à l’aveuglette pour enjamber le rebord d’osier.
Sur l’un des griffons, un gobelin sortait d'un long sommeil aérien qui le rendait d’un vert un peu plus pâle que sa verdeur naturelle, et sur un autre un humain.
Un humain à l’odeur appétissante, qui venait jusque dans son refuge dégager son fumet exquis. Ses dents se dégainèrent instinctivement, surgissant de derrière l’abri de ses lèvres, comme deux lames effilées prêtes à plonger dans le bouillon succulent du sang vif.
Un humain… Qu’elle avait déjà rencontré. Elle calma ses ardeurs bestiales et renonça encore une fois à un repas de roi. Sous sa cape et son chapeau, elle ne pouvait pas manquer de reconnaître les contours de l’Ardonien, qui descendait de griffon avec l’aisance d’un gardien de vaches.
Grognar s’avançait vers elle, le sourire aux lèvres, ce qui lui donnait une vilaine grimace à laquelle Lulyane avait du mal à s’habituer.
- Content de voir que vous êtes revenue "sur scène et chauve"! Je sais pas où vous en êtes avec l’olibrius Magnus mais je me suis dit que je pouvais inviter des copains pour la sauterie.
- Tu as probablement bien fait, Grognar ! dit-elle simplement en s’avançant lentement d’une démarche ondulante à la rencontre des autres passagers.
Elle échangea un regard avec l’Ardonien et lui sourit, en tâchant de rester maîtresse de son instinct prédateur et de ne pas laisser jaillir ses canines machinalement.
- Bienvenue chez moi, l’Ardonien ! Et bienvenue à vous aussi, messieurs !
Lulyane avait rejoint la Tour dans une traînée de feu qui jaunissait le ciel perpétuellement bleu de la vallée de Roc-Pointe. Le convoi n’avait pas besoin de sa présence pour progresser dans la montagne. La Velue et les elfes s’acquitteraient de les mener à bon port.
La victoire avait galvanisé ses troupes qui ne se sentaient plus un escadron de mercenaires mal assortis mais l’embryon d’une véritable armée. Elle avait pris du temps pour remercier et féliciter chacun d’eux, puis pour rassurer et motiver chaque famille de paysans. Après sa visite, tous, civils et militaires, étaient tombés sous son charme et voyaient en elle leur souveraine légitime.
Magnus avait été repoussé et Lulyane avait eu la faiblesse de lui laisser la vie. Elle le connaissait trop bien pour ne pas savoir qu’il était encore plus fou de rage et qu’il n’abandonnerait pas son désir de vengeance. Sa priorité à présent, c’était de trouver le moyen de défendre sa Tour et ceux qui s’y abriteraient quand le siège, l’assaut peut-être, commencerait.
Et pour mettre au point un plan de défense, quoi de mieux que de s’adresser au gardien de l’Opaline ?
Dans un de ses déplacements invisibles, elle entra dans la Salle des Gardes en soulevant un tourbillon d’air. C’est ici qu’elle avait prié Grognar de prendre ses quartiers et le géant s’y était installé un nid confortable et douillet à son image. Pour quiconque, c’était un simple capharnaüm.
Malgré le désordre ambiant, il n’était pas difficile de voir que celui qu’elle cherchait ne se trouvait pas dans cette grande et haute salle. Un Grognar ne se rate pas ! Au milieu d’un désert, sa haute silhouette et sa large carrure se distinguait de loin.
Elle s’apprêtait à regagner ses appartements quand elle aperçut par la grande porte d’entrée restée ouverte une curieuse forme dans le ciel : une sorte de cube flottait dans l’air sous les silhouettes volantes de quelques gros oiseaux.
Elle sortit sur le parvis tandis que l’étrange attelage du ciel se rapprochait. Elle le distinguait maintenant parfaitement et fut obligée de croire à ce qu’elle avait soupçonné : Grognar, contre toute sa répulsion et sa phobie, avait utilisé de son plein gré le chariot volant qu’elle lui avait conçu.
Mais pour quoi faire ?
La réponse n’allait pas tarder puisque le cocher fit se poser le panier et son attelage à quelques dizaines de toises de la Tour.
Grognar était bien là, qui bondit du panier comme un diable sort de sa boîte, tellement il était heureux de retrouver la lourdeur de ses cailloux secs sous ses pieds longs comme des péniches. Deux autres statures impressionnantes s’extirpèrent de leur gangue d’osier avec bien plus de difficultés.
Ils semblaient coincés dans l’espace restreint que leur avait chichement concédé la masse et la mauvaise humeur du géant. Il s’agissait de deux minotaures dont les cornes s’étaient emmêlées entre elles et dans les cordes du harnachement et qui faisaient d’étranges mouvements de têtes pour se dégager, tout en soulevant les jambes à l’aveuglette pour enjamber le rebord d’osier.
Sur l’un des griffons, un gobelin sortait d'un long sommeil aérien qui le rendait d’un vert un peu plus pâle que sa verdeur naturelle, et sur un autre un humain.
Un humain à l’odeur appétissante, qui venait jusque dans son refuge dégager son fumet exquis. Ses dents se dégainèrent instinctivement, surgissant de derrière l’abri de ses lèvres, comme deux lames effilées prêtes à plonger dans le bouillon succulent du sang vif.
Un humain… Qu’elle avait déjà rencontré. Elle calma ses ardeurs bestiales et renonça encore une fois à un repas de roi. Sous sa cape et son chapeau, elle ne pouvait pas manquer de reconnaître les contours de l’Ardonien, qui descendait de griffon avec l’aisance d’un gardien de vaches.
Grognar s’avançait vers elle, le sourire aux lèvres, ce qui lui donnait une vilaine grimace à laquelle Lulyane avait du mal à s’habituer.
- Content de voir que vous êtes revenue "sur scène et chauve"! Je sais pas où vous en êtes avec l’olibrius Magnus mais je me suis dit que je pouvais inviter des copains pour la sauterie.
- Tu as probablement bien fait, Grognar ! dit-elle simplement en s’avançant lentement d’une démarche ondulante à la rencontre des autres passagers.
Elle échangea un regard avec l’Ardonien et lui sourit, en tâchant de rester maîtresse de son instinct prédateur et de ne pas laisser jaillir ses canines machinalement.
- Bienvenue chez moi, l’Ardonien ! Et bienvenue à vous aussi, messieurs !