La salle de réunion de l'Ombre

La jeune gnome fut ravie d'apprendre que son amie était encore montée en grade. Elle lui sourit gentiment alors que la vampire acceptait sa nouvelle insigne.

Adola se tourna alors vers elle et la stupeur la frappa: elle aussi était montée d'un rang. Samia se leva donc et prit l'insigne qu'Adora lui tendait. Puis, il lui fit une accolade et elle se rassit. La voleuse se sentait bizarre: à la fois heureuse d'être devenue Maîtresse de l'Ombre et triste car elle n'était plus tenue de suivre son amie.

Puis Eolia prit la parole. Elle assura à Adola qu'elle serait une bonne Conseillère et félicita la gnome.

Samia se leva à son tour et, d'une voix émue, déclara:

Je suis très touchée d'être devenue Maîtresse de l'Ombre et je vous promets de faire tout mon possible pour être digne de mon nouveau rang.

Puis, elle se tourna vers la vampire, elle continua:

Eolia, merci pour tes enseignements. C'est grâce à toi que j'ai tant progressé. Et... , la voleuse marqua un temps d'arrêt, hésita, mais poursuivit tout de même. Et si tu as été une bonne maîtresse pour moi, tu es surtout un bonne amie, alors je te souhaites bonne chance.

La gnome regarda à nouveau Adola et ajouta:

Et maintenant ? Quelle nouvelle mission est au programme ?

Dorunn était encore une fois arrivé à la capitale sous un pluie torrentielle. Les éclairs zébraient les ciel, donnant aux hautes tours de la cité impériale un air menaçant. Mais la tempête eut au moins l'avantage de lui éviter une quelconque mauvaise rencontre en passant dans le quartier des docks. Il parvint bientôt en vue de la taverne d'Ethard qui lui parut comme la lumière vacillante d'un phare dans la tourmente. Le vampire poussa la porte de bois et pénétra dans l'atmosphère enfumé du bouge. Le borgne sourit en voyant l'assassin détrempé et le salua d'un clignement d'œil qui se voulait ironique.

Dorunn descendit directement dans le quartier général de l'Ombre et fit un détour par ses quartiers pour se changer avant de se rendre à la salle de réunion. Il frappa à la porte et pénétra dans la vaste salle.

Les deux Ombres arrivèrent enfin à destination. Samia sauta en bas de sa monture et la laissa dans la rue. Puis Eolia et elle entrèrent dans le repère de leur corporation. D'un pas soutenu, elles traversèrent les longs couloirs et les quelques pièces qui les séparaient encore de leur but, jusqu'à atteindre, enfin, la salle de réunion. Samia poussa la lourde porte de bois, salua respectueusement l'assemblée déjà présente, déposa ses armes et prit place.

Eolia était assise aux côtés d'Adola, elle scruta tous les membres présents, tous de bons guerriers de l'ombre, le nombre était peut être restreint mais la qualité était, à n'en point douter, supérieure à n'importe qu'elle autre guilde.

Elle écouta le maître faire le rapport de la situation de l'empire. Une longue nuit s’annonçait pour le monde libre. Des forces obscures allait déverser leurs cruautés sur des peuples innocents. Malgré tout, la conseillère était confiante, la guerre ne l'effrayait pas, au contraire.

Adola demanda alors aux autres membres si l'ombre devait prendre part ou non au conflit, et comment.
Eolia attendit que les autres membres répondent avant de donner son avis.

Samia écouta attentivement le discours d'Adola. Ainsi donc la guerre se préparait et l'Ombre devait choisir si elle y participerait ou non.
La voleuse jeta un coup d'oeil à son amie pour essayer de percevoir ce qu'elle en pensait, mais celle-ci resta de marbre.

C'est alors qu'un adepte prit la parole et exposa son point de vu. La jeune gnome se rendit compte de son manque d'informations sur le sujet. Cet adepte, grâce à sa mission de filature, bien que brève, en savait beaucoup plus long qu'elle.
Comment pouvait-elle se prononcer sur un sujet qu'elle ne maîtrisait pas vraiment ? La voleuse baissa les yeux, dépitée. Mais choisir de protéger un peuple ne devait pas être une question à se poser mais plutôt une évidence, non ?

Toutes ces questions se bousculaient dans sa tête et, ne sachant que répondre à Adola, la gnome choisit d'écouter d'abord l'avis de Dorunn avant de se prononcer. Elle se tourna donc vers lui et attendit patiemment qu'il prenne la parole.

Dorunn écouta le discours d'Adola ainsi que la réponse d'Ancalimon avec grande attention. Il fut d'ailleurs surpris de savoir que ce dernier était il y a peu sur la trace du chef rebelle qu'il s'apprêtait lui-même à traquer lorsqu'il avait reçu la missive du Spadassin. La Maitresse et la Conseillère semblaient attendre son avis avant de prendre elles-même la parole et Adola avait évoqué l'implication certaine de Narsès dans la répression deu mouvement rebelle. Le vampire réfléchit donc un instant à la situation avant de répondre
« Narsès est un ami de longue date, et j'ai participé à son accession au trône d'Edhesse. Je suppose que l'Ombre en a eu vent, le gros des forces rebelles a pris la route de l'Est, certainement en direction d'Arthandre. Cependant, Narsès a lui-même envoyé un ost à la capitale de Zackinthe, afin de compenser le renfort rebelle. Pour ce qui est du chef, Les Maraudeurs parvenaient au dernières nouvelles à le suivre sans soucis puisqu'il ne semble pas particulièrement s'inquiéter des traces qu'il laisse sur son passage.
Dorunn marqua un temps d'arrêt.
- Narsès m'avais d'ailleurs demandé de le retrouver afin de connaître ses plans et le cas échéant le... neutraliser. Cela me paraît le moyen le plus efficace de mettre un terme à ce soulèvement; une rébellion sans chef ne saurait survivre bien longtemps...
Le vampire balaya ses compagnons du regard. Chacun d'eux savait comment une seule vie prise pouvait changer les choses.
- J'avais pensé à demander votre accord pour reprendre cette traque, reprit-il en se tournant vers Eolia et le Spadassin, mais je vous rejoins sur le besoin d'unité de l'Ombre. Nous devons frapper tous en un même point si nous voulons pouvoir frapper fort. Et pour vous répondre, seigneur Spadassin, je pense que l'Ombre devrait avoir son rôle à jouer dans cette guerre, et nos lames doivent être prêtes à faire couler le sang.
Adola semblait certain que tous les membres de l'Ombre approuveraient cette décision. Mais Dorunn ne comptait pas s'arrêter là.
- J'ai d'ailleurs une petite analyse dont je voudrais vous faire part, hasarda-t-il pensivement. Von Seviand règne sur Thassopole d'une main de fer, mais il s'appuie pour cela sur le Sénat de la République. D'après les rapports que j'ai lu, tous les Sénateurs ne sont pas de fervents partisans de sa politiques, notamment concernant le conflit avec Zackinthe, beaucoup s'en faut.
Le Spadassin hocha la tête, fronçant les sourcils en anticipant le raisonnement du vampire.
- Attaquer le Rouge directement me semble particulièrement risqué, au moins pour le moment. Mais sans le Sénat thassopolien derrière lui, Von Seviand n'est rien. C'est cette charnière fragile qu'il faut attaquer. J'avais pensé à éliminer certains partisans d'Aedric en faisant passer cela pour des luttes de pouvoir. Cela permettrait peut-être de déstabiliser suffisamment ses fidèles pour permettre à ses détracteurs de l'évincer. Ce n'est qu'une hypothèse bien sur... »
Dorunn attendait à présent les réactions des membres de l'Ombre, peu sûr du réalisme de son idée.

La vampire écoutait chacun exposer ses idées et ses plans et ce qu'elle entendait rejoignait ce qu'elle pensait.

Son acolyte vampire soulevait un point fort intéressant, aussi prit elle la parole.

D'accord avec Dorrun je suis. Priver Aedric de soutients politique est un moyen de l’affaiblir sans l'attaquer de front. Mais attention, tel la bête blessée et acculée , il montrera les crocs et cherchera à mordre sans faire de distinctions.

Je ne suis pas pour les guerres sur les champs de batailles, je préfére agir dans l'ombre, sinon j'aurai rejoins l'ordre des guerriers. Mais je sais aussi que cela est parfois inévitable.

Nous devrions trouver un autre parti, des mercenaires à notre solde. Pendant qu'ils occupent l'ennemi sur le terrain, nous , nous agissons dans l'ombre.

La comtesse se tut et attendit que les autres membres l'approuvent ou la contredisent.

Tout le monde avait parlé. Samia pensa donc que son tour était venu.

Pour ma part, commença-t-elle, il est inconcevable de laisser faire Aedric sans ciller. Nous devons prendre part à la guerre ! La proposition de Dorunn me semble être un bon stratagème pour faire plonger ce despote. Et Eolia à raison lorsqu'elle refuse une attaque de front. Nous sommes des Ombres, tout de même, et je suis voleuse pas guerrière bien que je ne me débrouille pas trop mal avec mes armes.

Samia fit une pose et en profita pour passer une regard circulaire sur l'assemblée.

Alors j'approuve Eolia et je propose de demander de l'aide aux guerriers. Ainsi il occuperons toute l'attention d'Aedric et nous pourrons nous attaquer au sénat, ni vu ni connu.

Ancalimon soupira... passer pour un simple membre de cet ordre lui faisait un certain pincement... mais bon ...

Ce qui doit être fait le sera, nous devons êtres les ombres que nous sommes, répandre le chaos et la mort chez nos adversaire pour les déstabiliser. Je propose la conseillère et la maîtresse de l'ombre pour se rendre en Thassopole. Elles ont l'habitude de faire équipe et sont les plus haut gradés de cette corporation après Adola. Ce dernier se devant d'être sur le champs de bataille directement de par son statut de Magistrat et pour une fois diriger ses troupes sur le terrain.

Il regarda tout le monde, jaugeant les réactions puis continua.

Dorunn connait l'Édhesse et je connais notre cible rebelle, je ferais un très bel appât pour le piéger étant donné que je l'ai laissé en plan tout seul sur les routes alors qu'il était blessé. Certes il a dit qu'il irait bien mais il est en situation de faiblesse alors que les maraudeurs continuent de le traquer. Et ils ont disons... légèrement été frustré par ma présence lors de leur dernière tentative de le faire prisonnier. Je jugeait qu'il était mieux de le savoir dans nos cachots que ceux de la province si l'on considère qu'il base sa rébellion sur des oui-dire de la violence de l'armée impériale envers le peuple. À ce propos, il faudrait quand même une enquête pour vérifier cela...

Il fixa ensuite Adola.

Et vous devriez au moins dire la vérité à vos membres... je sais bien que mon retour et mes anciennes fonctions doivent rester secret au sein de l'empire mais au sein du corpus le plus influent, c'est limite un crime. Je suis incognito quand je circule en Kalamaï, je ne ressemble plus à l'homme que j'étais avant mon départ. Seul l'ombre, l'empereur et mon descendant savent que je suis de nouveau sur les terres impériales et cela est tout bénéfice pour l'ordre.

L'elfe se leva et regarda Dorunn.

Si tout ceci est approuvé, je te rejoins en Édhesse à la tombé de la nuit dans 3 jours. Nous travaillerons ensemble pour neutraliser Fenrir.

Il quitta la salle sans attendre de réponse, mine basse. Il rejoignit sa chambre pour y dormir, il en avait grand besoin.

Ancalimon avait fait une proposition des plus intéressante bien que dangereux pour lui, servir d’appât comportait toujours un risque. Il s’occuperait du problème en Edhesse avec Dorunn.
Pendant ce temps Eolia et Samia se rendraient en Thassopole pour commencer à régler le problème de l’Empire.

Bien si Dorunn vous êtes d’accord je ne m’oppose pas à la proposition d’Ancalimon. Ce dernier comme il vous l’a indiqué est un des anciens Spadassin de l’Ombre. C’est également un héros de Kalamaï qui a permit de mettre fin au règne despotique d’Enguerrand. Il a permit d’apporter la paixet la sécurité dans l’empire.

Pour vous mesdames si vous êtes d’accord, je vous propose de prendre des renseignements en Thassopole. Il vous faudra enquêter, récolter des informations sur des cibles potentielles : qui ils sont, leurs habitudes, points faibles ? où ils sont les plus vulnérables.
Cependant vous ne devrez pas éliminer vos cibles. Du moins pas pour l’instant, attendons d’avoir des informations et de voir l’avancer des choses. Cependant si vous voyez une opportunité Eolia alors il faudra peut être vous en saisir.

Si personne ne voit d’objection alors j’entérine ces choix.

Sur ces paroles je pris le marteau pour valider ces propositions.
Je me leva pour regagner mon bureau.

Je vous souhaite bonne chance.
Tenez-moi informé de l’évolution de la situation.

Je devais rapidement me rendre au Sénat car nous étions convoqué pour décider du sort à réserver au Rouge.

L'assemblée se dissout peu à peu. Samia reprit donc ses armes et sortit elle aussi de la salle.

Il était grand temps de partir. La voleuse réfléchissait à leur nouvelle mission. Elle n'avait jamais mis les pieds à Thassopole, ce qui ne leur faciliterait probablement pas la tâche mais qui avait néanmoins le mérite d'éveiller sa curiosité et sa soif d'aventures.

Il vaudrait mieux partir tout de suite. Tu ne crois pas, Eolia ?

En effet, le plus tôt serait le mieux: Si la guerre se préparait, il fallait récolter le plus d'informations, le plus rapidement possible.