Manoir de la Confrérie des Saigneurs

Shanaria ouvrit les yeux rapidement avant de lancer un « entres ! » en direction de la porte. Evidemment, elle songeait plus à Neliloth qu’à la femme qui entra... Déposant un verre de sang près de la Vampire, elle quitta la pièce après s’être inclinée. Se redressant, elle en but une gorgée, puis s’habilla. Cela fait, elle prit le verre et sortit de la chambre. Descendant les escaliers à pas de loup, elle se demanda quelle attitude adopter... Avait-elle agit sous l’impulsion ? Elle doutait d’elle, de sa conduite, et de la suite logique des choses. Elle était presque adulte, et venait de se comporter comme telle.
Arrivant au bas des marches, elle aperçu Neliloth dans le salon, s’en approcha et s’assit à ses côtés, sans le regarder. Fixant le breuvage entre ses mains, elle déclara tout de même, hésitante :

- Bonsoir...

Craignant la réaction comme l’indifférence, elle ne bougea pas... Elle leva tout de même le verre à ses lèvres pour en boire une seconde gorgée, mais ne lui accorda pas un regard, ayant peur de lire quelque chose de négatif dans ses yeux.

Shanaria s’assit à côté de lui, il ne la regarda pas. Il se leva et se dirigea vers le bar pour se servir un verre de whisky. Il but une gorgée en se dirigeant vers la fenêtre, regardant si les renforts n’arrivaient toujours pas. Ceux-ci étaient à une heure de marche de là, Neliloth allait donc devoir rester encore une heure avec Shanaria. Il devait paraître pour une personne dure, ce qui était à moitié le cas, il ne voulait surtout pas que la Vampire s’attache à lui. Il l’évitait donc le plus possible. Par politesse il lui parla quand même.

- Bonsoir, bien dormit ?

Le voyant dos à elle, Shanaria l’observa un moment. Pensive, elle dit simplement :

- Comme un bébé... Elle n’avait, contrairement à lui en fait, pas envie de l’ignorer. Se levant, elle s’approcha de lui et lui souffla à l’oreille : Je ne compte pas faire comme s’il ne s’était rien passé...

Puis, s’éloignant, elle lui tourna le dos pour fixer, comme la veille, le miroir. Ils étaient seuls dans la pièce, et l’atmosphère était aussi froide que la glace. Des pensées revinrent dans son esprit : sa sœur, Adalemos... Le fait qu’elle n’ait pas passé la journée au Royaume avait dû provoquer des rumeurs, surtout en n’ayant pas prévenu Vengrahim... Pour une première sortie, la jeune Vampire n’était pas déçue, mais anxieuse de la réaction de Satania... Il est possible qu’elle soit rentrée, et qu’elle ait lancé des hommes à sa recherche ! Malgré cela, la Psioniste resta immobile, debout face au reflet du salon.

Quand elle lui souffla dans l’oreille, il baissa le regard. Il se sentait fautif de ne pas pouvoir lui offrir ce qu’elle voulait, mais ne regrettait pas cette nuit.

Il l’entendit s’éloigner, quand le bruit de ses pas cessèrent, il se retourna vers elle.

- Je suis désolé, il n’y aurait jamais du se passer quelque chose entre nous… Je préfère être sincère avec toi, le fait que nous ayons passé cette nuit ensemble ne changera rien.

Tout à coup une flèche traversa la fenêtre et fini dans l’épaule de Neliloth ce qui le fit tomber à terre. Il se releva et se cacha sur le bord de la fenêtre afin qu’on ne le voit pas. Il vit une dizaine d’hommes s’avancer vers le manoir, il s’agissait d’hommes des Seigneurs d’Outre-mer. Ils revenaient sans doute tuer le reste des personnes présentes ou récupérer le manoir. Ils devaient sortir d’ici le plus rapidement possible.

Entendant le brisement du verre, Shanaria se retourna face à Neliloth, à terre. Elle vit successivement sa blessure et les soldats avant de tourner son regard vers la porte. Le cœur battant, elle resta de glace malgré les yeux du Vampire braqués sur elle. La Psioniste pénétra son esprit pour lui demander de lui faire confiance, et en sortit avant qu’il ne réplique. La porte s’ouvrit alors à la volée, pour laisser place à trois hommes. De fortes carrures, la jeune femme ne pouvait se battre seule contre eux, mais elle n’en avait pas l’intention. Elle sentit le regard appuyé de Neliloth mais ne fit rien. Un homme s’approcha d’elle avec méfiance avant de lui maintenir ses mains dans son dos. Baissant le regard, elle rencontra celui du Vampire. Se laissant entraîner au-dehors par les soldats d’Outre-Mer, elle ne s’était jamais sentit aussi sûre de ses actes, alors qu’ils pouvaient la tuer d’un moment à l’autre. Pleine d’espoir, elle priait son dieu pour qu’ils les mènent à Adalemos...

Pendant que les soldats amenèrent Neliloth et Shanaria près de leur chef, les servants du manoir montèrent en haut, afin d’aller chercher Alucardz pour ensuite s’enfuir par le passage secret menant un peu plus loin dans la forêt.

- Nous avons trouvé ces deux là dans le manoir.
- Bien emmenez-les là où a été enfermer leur chef. Vous autres, dit-il en montrant du doigt cinq soldats, retournez à l’intérieur et assurez-vous qu’il ne reste personne, ensuite restez ici.

Les cinq exécutèrent les ordres mais ne trouvèrent plus personnes, ils avaient tous réussis à s’enfuir. Les autres soldats retournèrent à leur camp à une heure de là, où était détenu Adalemos, bientôt il n’allait plus être seul.

Neliloth et Shanaria, ainsi que les renforts avaient du se séparer d’Adalemos, il avait d’après lui une chose importante à faire mais n’en avait pas dit plus, il leur avait juste interdit de le suivre. Ils ne le revirent donc pas depuis ce moment. Les deux Vampires apprirent par des voyageurs que la guerre était finie, ils pouvaient donc retourner en Argostole et retrouver Adalemos et Satania. Arrivés au manoir ils n’y virent plus les corbeaux, il avait l’air en bon état en tout cas vu de l’extérieur. Parvenus devant la porte, Neliloth l’ouvrit, ils allèrent tout les deux dans le salon, contrairement à l’extérieur, l’intérieur n’était plus en très bon état. La plupart des meubles étaient détruits ou renversés, seuls les murs étaient intacts. Dans la cuisine une servante nettoyait, Neliloth lui demanda où étaient passé les autres ainsi qu’Alucardz, elle lui répondit qu’aucun n’avait survécu appart elle qui avait réussi se cacher. Neliloth s’apprêtait à monter à l’étage mais elle lui dit que tout était en bon état là haut. Il se retourna alors vers Shanaria.

- Voilà, nous sommes enfin revenus, si tu veux tu peux aller te reposer, en tout cas moi j’en ai grandement besoin. Et si tu as faim demande à la servante qu’elle te prépare quelque chose.

Le regard vague, Shanaria, songeant à sa sœur, acquiesça à Neliloth sans vraiment savoir pour quelle raison. Elle regarda la fenêtre. L’aube était proche, et le seul sentiment de fatigue rendait la jeune Vampire totalement incapable d’effectuer le moindre mouvement. Elle repensait à la nuit de fuite qu’ils avaient dû surmonter. Le fait que son pouvoir lui ait servit la fit sourire, elle espérait que Satania serait fière d’elle. Son regard se tourna vers les escaliers. Il fallait surmonter cette épreuve à présent. Elle pensa même à se coucher sur un canapé pour éviter cela. Elle prit cependant son courage à deux mains, mais ses pas furent lents et irréguliers jusqu’aux marches. Se soutenant grâce au mur, elle réussit à en monter une, mais pas davantage. Son esprit ne réussi point à empêcher sa chute...

Cela faisait longtemps que Neliloth n’était plus sortit du manoir, il attendait toujours l’arrivée de son frère qui était prévu depuis longtemps d’après une lettre qu’il lui avait envoyée. Où pouvait-il bien être maintenant ? En tout cas il n’est pas mort, Neliloth l’aurait su d’une façon ou d’une autre. Neliloth avait faim, il se dirigea alors vers la cuisine. Il passa devant la chambre de Shanaria, cela faisait au moins un mois qu’elle n’était pas sortie de là, une servante allait voir tout les jours si elle allait bien et lui apportait de la nourriture. D’après elle, elle ne voulait pas sortir tant que sa sœur n’était pas revenue. Mais il n'y croyait pas trop… D'après Neliloth, cela avait peut-être un rapport avec lui. Quand le Comte descendit l’escalier il entendit frapper à la porte, la plus jeune des servantes alla ouvrir la porte mais Neliloth l’ouvrit avant elle. Derrière la porte, il vit un Vampire, inconnu à première vue.

- Bonsoir, vous désirez ?

Shanaria était assise sur son lit, le regard vague, lorsqu’elle entendit qu’on frappait aux portes du Manoir. Elle se retourna, les yeux rivés sur la porte de sa chambre, comme si elle espérait qu’elle s’ouvre pour laisser paraître sa sœur. Reprenant ses esprits, elle se demanda si Satania ne l’aurait pas contactée si elle revenait. Gardant espoir, elle se leva précipitamment et se dirigea vers l’entrée de la pièce. Elle sortit et resta immobile un instant, mais n’entendant rien, elle descendit les marches de l’escalier quatre à quatre pour arriver face à la porte massive, ouverte, et à deux Vampires, dont un qu’elle connaissait bien... Elle se figea, la déception montant en elle, et fut incapable de faire le moindre geste.

- Je croyais la Confrérie des Saigneurs oubliée, je vois que ce n’est pas complètement le cas. Entrez.

Valarik entra et Neliloth referma la porte derrière lui. Neliloth allait accompagner le visiteur au salon mais il vit Shanaria au pied des escaliers. Après une hésitation il dit à Valarik de se rendre au salon, puis alla près de Shanaria. Il était temps d’arrêter de l’ignorer et de lui parler après cette longue absence.

- Shanaria…, comment vas-tu ? Je t’inviterais bien dans le salon mais comme tu l’as vu, j’ai un invité. Ne me demande pas qui c’est je n’en ai aucune idée, je connais seulement son nom.

Totalement stupéfiée, la Vampire regarda tour à tour l’inconnu et Neliloth, sans vraiment les voir. L’idée de répondre à ce dernier ne lui avait d’ailleurs pas même effleuré l’esprit, qui vagabondait entre diverses pensées, telles que « Satania n’est pas rentrée... » et « ...elle ne rentrera peut-être jamais ». Sa raison lui ordonnant de dire quelque chose ou d’effectuer un geste, elle regarda à nouveau le Vampire qui se présentait. Ne voulant pas montrer son manque de sommeil, elle répondit, la tête haute :

- Je serais en effet ravie de vous accompagner Messieurs...

Puis regardant le Comte dans les yeux, elle montra la direction du salon d’un geste de la main.

- Après vous, Seigneur…

Un messager impérial à la houppelande rouge, blanche et noir frappé d'un imposant aigle noir. Il remit une missive cachetée en demandant de la remettre au Seigneur Palatin Adalemos.

Conseiller Adalemos, mon fidéle ami,
Je t'invite à me rejoindre en conciliabule le 25e jour d'automne (16/11/07) pour le déjeuner. Comme habituellement la réunion se fera au Palais Impérial en présence du Seigneur Elfe Oengus.
Je vous attend à l'heure prévu. Que Folaniss vous protége sur la route.
Enguerrand,
Protecteur de Kalamaï,
Lieutenant des Dieux.

Le messager attendit la réponse au parchemin impérial.

Les trois Vampires étaient installés dans le salon quand un garde vint les déranger.

- Excusez-moi monsieur une missive pour votre frère.
- Excusez-moi à mon tour, je reviens le plus vite possible, en attendant vous n’avez qu’à faire plus ample connaissance.

Après ces quelques paroles, il sortit rapidement du salon en compagnie du garde et dit en chemin à une servante d’offrir à boire à son invité et à Shanaria, ainsi que de les surveiller et de le prévenir en cas de problème.

- Alors tu disais, une missive pour mon frère, montres-là moi.
- Tenez monsieur, dit le garde en donnant la lettre à Neliloth.
- A ce que je vois, il est devenu conseiller Impérial, je me demande bien ce qu’il a pu faire pour le nouvel Empereur pour obtenir ce poste.

En un instant son visage changea, on voyait dans son regard qu’il était inquiet et c’était le cas. Il n’avait toujours pas eu de nouvelle de son frère depuis la fin de la guerre.

- Vous pouvez vous retirer.
- Merci monsieur.

Sur ce le garde partit et Neliloth décida de se rendre sur les terres du Feu Ardent, plus précisément au château en espérant qu’Adalemos y était.

Arkannsis, désormais officiellement installé en Argostole avait étudier depuis quelques jours la possibilité de rejoindre l'armada démoniaque qu'était la confrérie des saigneurs. elle représentait tout d'abord toutes les ambitions en lui puis également le soutient de sa propre ligné. Le monde cruel et satanique dans lequel il vivait n'avait pas toujours été ainsi et il savait que grâce à des gens comme ceux de la confrérie il s'aurait garder ce climat tel qu'il doit être.

Les ambitions d'Arkannsis était très grand et il devait s'accouder d'être très dangereux et aussi ambitieux que lui même. Depuis certain temps, ses plans avaient considérablement changé et certain n'avait voulu adhérer à ceux-ci mais il ne s'en laissait pas moin découragé. De nouvelles idées emplissant ses pensées pour qu'elle deviennent réalité.

C'est donc dans cette décision décisive qu'il s'envola du campement provisoire pour se diriger vers la demeure lugubre du haut de la montagne. Il faisait jour mais l'endroit restait sinistre et sombre. Des corbeaux vautour volant au dessus des plus hautes tours de la maison cherchant impatiemment de la nourriture fraiche et sanglante.

Arkannsis arriva sur le porche de la maison, tappa deux coups à la porte et entra. Le hall d'entré était éclairé de torche vivante et tous les rideaux étaient fermés, la réputation de la demeure était donc vrai. Mais la peur ne l'envahit pas, il était habituer à ce genre d'endroit. Il s'avança vers ce qu'il croyait être le salon. Quelques personnes y discutait et ne remarquèrent pas ça présence. Il patienta un instant tentant de comprendre un peu leur conversation puis se présenta:

-Bonjour à tous, j'aimerais parlé au futur chef de cette armada. Voilà un bon moment que mes pensées s'orientent vers votre confrérie. Vos plans étant étroitement liés au mien j'aimerais rejoindre vos rangs dans l'unique but de répandre tout comme vous le satanisme que Kalamaï se doit d'avoir. Beaucoup d'idée germe dans ma tête et mes ailes noirs en frémisse déjà de bonheur. J'ai parcouru de longue route et jamais je n'ai été aussi sur de mes intentions. Je ne connais nis vos règles ni vos conditions d'admission à votre lignée, cependant tout celà m'est bien égal si je peux seulement avoir un soutient dans mes prochains plans.

Arkannsis s'assit s'attendant à un petit interrogatoire de certains.

Shanaria se leva rapidement en voyant l’inconnu entrer. Elle l’inspecta du regard quelques instants avant de regretter l’absence de Neliloth. Prenant un air sûre d’elle, elle regarda l’Infernal dans les yeux et parla d’un ton dégagé :

- Navrée, mais le Chef n’est pas encore ici, et nous ignorons quand il sera de retour.

Cachant au mieux son envie de faire revenir le frère du dit Seigneur, elle se tint droite pour continuer :

- Cependant peut-être puis-je demander un breuvage pour vous faire patienter ?

Elle n’alla pas plus loin, ne lui proposa pas de s’asseoir ni de s’installer dans une chambre, car après tout, elle n’était pas chez elle. Le visage de Satania revint dans son esprit alors que son regard s’égarait, mais chassant cette vision, elle reporta son attention sur le nouveau venu.

Arkannsis refusa l'offre de la ravissante femme qui l'inspectait d'un regard mi-incertain. Il se dit plutôt qu'il allait patienter un peu ici et tenter de faire connaissance.

-Quel est votre nom chère dame?

La jeune Vampire ne savait vraiment que faire, elle voulut sonder les pensées de cet Infernal, mais se retint par courtoisie. Elle répondit simplement à l’inconnu :

- Je me nomme Shanaria, sœur de la Comtesse de la Rose Noire.

Elle n’avait plus peur de le dire, plus peur de le cacher, étant même fière de l’affirmer tout haut... Tout lui était égal, ne sachant pas ce qu’il était advenu de son père et à présent, de sa sœur. Ignorant quoi ajouter, elle fixa Arkannsis dans les yeux.