Un soir pluvieux, un homme dans la fin vingtaine entra dans l'échoppe. L'homme était habillé de vêtements extrêmement couteux, mais dans un état lamentables. Il avançait avec un lourd bâton de marche en fer finement ouvragé, mais rouillé en grande partie. Il était accompagné d'une femme très mince aux cheveux noirs emmêlés, trop maquillées de noir et habillé aussi d'une robe splendide mais presque en lambeaux. Presque jolie, elle suivait docilement le personnage avec un regard vide de toute expression.

-J'ai dû vendre trois vierges pour le prix d'un vieillard pour trouver cet endroit! J'espère que je suis bien à l'échoppe du borgne. Je suis Ilgansil, Seigneur de Cynderdel et je veux rejoindre cette corporation.

Suite à ce discours prononcé volontairement trop fort pour attirer l'attention, Ilgansil prit une chaise à une table et s'assit en plein milieu de l'échoppe en tapant du pied. La femme se déplaça tranquillement a ses côtés, restant debout et fixant le sol.

Ilgansil suivit l'homme dans le coin de la pièce. Laisser son épouse à plus de dix mètres de lui le rendait visiblement mal à l'aise. Il vérifiait constamment du coin de l’œil ses moindres faits et gestes, ce qui se résumait à attendre debout en silence.


-Je ne suis pas idiot, il n'est pas difficile de comprendre que les gens de l'ombre ne sont pas reconnu pour être... reconnu.

Il se mit à ricaner de sa plaisanterie.

-Plus sérieusement, la richesse, je m'en occupe déjà à ma façon, toutefois, l'arme la plus dangereuse n'est pas la lame ou le vil sortilège, mais l'ombre, cet inconnu qui vous permet de savoir, de tricher et de contrôler. Je désire vous rejoindre, car vous êtes les plus efficaces. Nul talent n'est nécessaire pour commander à des troupes déjà disciplinées et fanatisée par l’entrainement, croyez-moi! Mais exercer un contrôle sur
le crime, la où la foi et la loi n'existe pas, il faut tout de même un sacré talent. Je veux être parmi cette élite, me faire des contacts et participer à une collaboration entre membres. Voilà ce qui me motive, l'ami. De plus, les esclavagistes n'étant pas légion, je peux apporter de nouvelles visions commerciales et diplomatiques à la corporation.

Ilgansil était en effet étonné que ce qu'il venait d'entendre. Par contre, malgré lui, il trouva que l'offre de l'homme devant lui avait une certaine noblesse et structure. Une nostalgie s'empara de lui. Il se rappela des souvenirs presque bannis de son esprit. Cet homme lui rappelait un peu son père, qui offrait n'importe quoi avec le sérieux d'une décision de vie ou de mort, même offrir un verre de bière semblait être une décision capitale. Ilgansil avait toujours regretté le soir ou il dû tuer son père, mais sa vie était en danger. Servir Kalamaï? Pourquoi pas, tant qu'il pourrait continuer son métier. Il se savait capable d'affronter de nouveaux défis. Il faut dire qu'une telle excitation ne s'était pas emparé de lui depuis plusieurs années. De plus, il pourrais progresser dans l'art de l'ombre, le plus bel art.

-Je désire toujours rejoindre la Corporation, décida Ilgansil après plusieurs secondes de réflexions.

-Je me plierai aux codes de conduites, et pour ce qui est des questions, si vous m'acceptez, se résumeront à savoir où se trouve les lieux de réunions, les endroits où les missions sont discutées, soit la base pour tout nouveaux.

Anxieux de la réponse malgré lui, il attendit ce que l'homme avait à lui répondre.

L’homme sembla hésitant durant un court laps de temps. Ce n’est pas ce à quoi il s’attendait initialement. Notre cause était plus grande que notre simple être.

Bien alors, il ne vous reste plus qu’une formalité.

De ma cape je sortie un antique livre, il s’agissait du répertoire de l’Ombre. Chaque recrue y avait inscrit son nom avant d’y rentrer.

Je vous demande de mettre sur cette page blanche votre nom et nom de royaume. Ainsi vous signerez votre engagement auprès des services de l’Ombre.
Par la suite vous aurez accès à certaines de nos bases ainsi qu’à notre antre qui se trouve ici même dans la Capitale.
Bien évidement étant donné que vous commencerez au rang de prétendant tout ne vous sera pas permis. Il faut savoir gravir les échelons, par exemple certaines salles seront interdites ou à accès limité tel que la bibliothèque et la salle de réunion. Par contre vous aurez accès à la salle commune pour vous restaurer et rencontrer vos pairs. Une salle d’arme ainsi qu’une écurie sont mi à votre disposition tout comme une chambre, même si son confort est sommaire, elle sera vous être d’une grande utilité.
Par contre la personne qui vous accompagne ne pourra pas rentrer dans nos lieux.

Je tendis le registre à mon interlocuteur.

Le seigneur signa donc d'une écriture malhabile son statut: Ilgansil, Seigneur de Cynderdel. Ce registre dégageait une aura de secret et d'Histoire et presque instinctivement, il se demanda quel prix pouvait valoir ce livre presque sacré sur le marché. Évidemment, il ne tenterait jamais rien de tel. Il faisait donc parti de la Corporation.

-Comment serais-je informé des règles, des procédures et des évènements? C'est toutefois un plaisir de rejoindre ce groupe. Par contre, pour ce qui est de ma femme, elle ne m'a jamais quitté un instant depuis trois ans. Si je n'ai d'autres choix, je la ferai surveiller par mon vassal le plus fidèle, mais il m'indispose grandement de m'en séparer. Il n'y a pas plus discrète qu'elle. Évidemment les lois sont les lois, mais c'est un souhait que j'ai.

L'elfe écouta chacune des paroles, tout autant d'information qu'il connaissait déjà par coeur depuis des années. Il eut un sourire en coin lorsqu'il indiqua que "Seul une poignée d’hommes et de femmes à travers Kalamaï connaissent l’existence de l’Ombre et sont encore moins nombreux ceux qui connaissent nos identités." Il regarda le registre et la page vierge qui lui était tendu, il leva les yeux vers le drow.

Quel plaisir de voir qu'il y ai de nombreuses pages ayant été signé depuis tout ce temps, n'est-ce pas... Armori ?

La "recrue" se mit à tourner les pages, revenant peu à peu vers le début du registre sous le regard surpris du fidèle bras droit d'Adola. Il s'arrêta sur une page, celle d'«Oengus, Seigneur des Terres d'Héraldie», plusieurs autres informations y était inscrite, tel les rangs que le membre avait atteint au fil du temps, on pouvait y lire : Spadassin. Juste en dessous, un mot un seul : Disparu.

L'elfe prit la plume, l'appuyant sur la page et rayant d'un trait le nom inscrit, suscitant un air plus que surpris du drow qui ne bougea pas. Possiblement encore perturbé du fait que le nouveau venue connaissait son nom sans qu'il ne ce soit présenter. La plume continua de gratter la page pour noter juste en dessous du trait : Sieur Oengus Ancalimon, Seigneur des Îles Mienetty.

Puis il descendit, biffant le "Disparu"

Voila, ce registre est à jour, il ne manque qu'à l'actuel Spadassin de me redonner un rang.

Il referma le registre, le poussant vers Armori.

Navré l'ami, je ne pouvais m'empêcher de jouer la recrue... je voulais voir si cela avait changé depuis le temps.

Sourire au lèvre, il se leva, fixant celui qui venait de sortir d'une porte au fond de l'établissement.

Ornek se déplaçais lentement dans les ruelles sombres qui menaient à l'échoppe d'Ethard. Son visage, dissimulé par un bandeau, était méconnaissable, et tant mieux pour lui, qui ne voulait pas être reconnu. Arrivé à l'échoppe en question, il regarda par-dessus son épaule. Le chemins était sombre et humide, mais personne ne s'y trouvait. Il entra donc à l'intérieur de l'échoppe. Il fixa le borgne du regard un moment et lui fit finalement un signe de la tête. Ornek s'approcha du comptoir.

Bonsoir l'ami. Je me demandais si nous pourrions partager quelque chose à boire en ce temps pluvieux.

Le borgne opta un expression dure et sérieuse.

Quel genre ?

Pourquoi pas du Rhum mon cher !

Ethard se déplaça rapidement vers l'entrée, jeta un coup d’œil à l'extérieur et ferma la porte qu'il verrouilla. Il revint derrière son comptoir et m'indiqua un coin de l'échoppe qui était plus sombre que les autres. Il y avait un homme qui y flanait. Ornek s'en approcha sans un mot.

Je n'aimais pas être dévisagé de la sorte, mais je savais très bien pourquoi cet l'Elfe noir était là. Avant d'entreprendre une discussion sérieuse, j'avais besoin d'un verre. Je me retournai vers le borgne..

Hé, Ethard ! Amène nous à boire, veux-tu ? Je paye la tournée.

Mon compagnon de table me dévisagea d'autant plus, mais nous gardâmes le silence jusqu'à ce que nos boissons soient servies. Je pris le miens, les sourires aux lèvres, et en prit un gorgée.

Bon, je doute que vous ayez envi de boire, alors allons au choses sérieuses. J'ai entendu parler de vous il y a un certain temps. Remontant à ma jeunesse, je faisais parti d'une de vos cellule. Quand le chef à perdu la vie, je me suis enfui car la faute de sa mort reposait sur mes épaules. Enfin, c'est ce que les autres disaient.

Je pris une autre gorgée de la boisson épicé.

Je suis venu ici pour réintégrer les rangs de la corporation de l'ombre comme je l'ai toujours voulu, seulement sans être l'esclave que j'étais.

Je savais qu'il ne comprenait rien de ce que je racontais. Il ne savais sûrement même pas de quelle cellule de la corporation je parlais et moi non plus. J'en avais déjà dit trop. Il ne me restais plus qu'à attendre ce que lui avait à répondre.

J'eus un sursaut de surprise. La corporation de l'ombre n'avait rien à voir avec l'esclavage selon son messager, alors comment avais-je pu être prit comme tel par une de leur cellule ? Était-ce vraiment un cellule de la corporation ou seulement une bande de brigand qui utilisait son nom ? C'était sans importance pour le moment, il fallait que j'adhère à l'organisation dés maintenant.

Bien, bien... Je ne crois pas avoir de question pour le moment, mais peut-être plus tard, pour le Spadassin. S'il désire me rencontrer bien sûr. Mais juste avant de me présenter ce registre, pourquoi ne pas boire votre vers de rhum et me dire votre nom, Elfe noir ? Peut-être ai-je déjà entendu parler de toi !

Je prenai mon verre en buvant un nouvelle gorgée, regardant le membre de l'ombre avec un sourire tracé dans le visage.

Allez discutons un peu, ayons du plaisir ! Sortez votre registre et buvez votre vers !

Je ne sais pas s'il va vraiment boire ce truc, mais je sentais qu'il était sur le point de me montrer ce fameux registre.

Je pris la plume et regardai bien le registre. Il avait l'air normale, nullement magique, et il n'avait rien à voir avec une quelconque réplique. J'apposai mon nom et celui de mon royaume sur les pages du vieux livre.

«Ornek, Rokmar.»

Maintenant que mon nom figurait dans le registre de la corporation des ombres, je savais que ma vie allait enfin changer. Un but était apparu à mes yeux, aussi clair que la fraîche pluie d'un matin de printemps. À partir de ce jour, je serai un membre de l'ombre. Je déposai la plume et fermai le registre avant de le pousser vers son détenteur.

C'est tout ? J'ai signé, et quoi ensuite ?

Je voyais dans le regard de ce «physionomiste» que ce n'était pas tout. Il avait une tâche à me faire accomplir...