Capitale de l'Empire. De retour de son exploration depuis peu... Et déjà le soufle court à préparer le retour des rescapés. Heureusement, quelques jours seulement lui fut suffisant pour récupérer..
Un corps d'élite de soldats accompagné de troubadours déambulait dans les rues. Un flôt croissant d'habitants se joignaient à eux, curieux ou enthousiasmés. Tous n'étaient cependant dupe sur la coïncidence d'un tel évènement dans les rues impeccables et si souvent sereines de la capitale impériale. La traversée qui avait pris naissance à partir d'un centre de la ville très fréquenté, achevait sa course vers la grande place, ou étaient censé être rassembler les héros ou les martyrs ( selon ce que chacun préférait interpréter à ses visions poétiques ) de la grande expédition nordique.
Les trompettes sonnaient, les triangles tintaient, chargé de la force des roulements de tambours et soutenu par l'harmonie des battements de pieds. Arrivés à la grande place, l'on entama un salut, l'on hissa les étendards de l'Empereur, et de kalamaï sur les mâts attitrés, d'un seul et même mouvement.
Parfait. Tout était absolument parfait. Syv, le nouveau Grand Gestionnaire, qui avait tout orchestré, tout beau dans ses vêtements d'appârats, en frissonnerait presque d'admiration. Son visage montrait un visage avenant et rayonnant se déshabillant pour une fois de son regard ironique, froid et calculateur qu'il avait l'habitude de porter; Il aimait à jouer son rôle avec une précision et un zêle sans limites.
Il détacha son attention sur les revenants, de toute évidence épuisés, presque abattus. Leur blessures renforçaient le côté mythique de tous ce qu'ils avaient dû endurés. Il savait qui était le Prince, l'homme qu'on prétendait - mais que lui savait - à l'origine de la victoire désespérée sur un vil démon.
L'Empereur était là, non loin, protégé seulement par cinq gardes du corps. Syv fit en sorte que ces yeux ne s'assimilent à des blocs de glace, véillant dans son comportement à évacuer toute pensée négative, à faire en sorte de le considérer avec bienveillance et admiration.
Syv s'était empressé d'aller à son encontre, un curieux mais sincère sentiment de savoir quel était cet homme qui régnait sur des millions d'âmes et qui avait toute autorité pour agir sur elle. Converser. Quelle perspective intéressante. Mais à peine avait-il fait quelques pas dans sa direction qu'il changea d'avis. Celui-ci semblait dans une sérieuse discussion avec les rescapés, entouré des agents de la corporation. Il crut apercevoir Adola, celui qui avait pris la direction des opérations. Un homme de valeur sans aucun doute, et qu'il serait injuste de punir au vu de ce qu'on lui avait appris. Néanmoins il n'était pour tous qu'un gestionnaire A qui pouvait donc importer son avis.
L'Empereur avait finement joué la carte du recueillement, de la compassion et de l'empathie en s'humanisant, se faisant proche de leur douleurs. Les héros qui avaient tant souffert en avaient besoin. Et l'homme tout vêtu de noir, celui censé régir leur vies avec une bonté divine, incarnait la libération de leur âmes. Ce dont leur consciences mises à l'épreuve devant tant de sang, tant des leurs tombés, tant de souffrances subites avaient besoin pour se dédouaner, se repentir, et finalement se remettre des atrocités vécues.
Mais il y avait la touche glorieuse que nul n'aurait pensé à négliger.
Quoi qu'ils en pensent, que ce soit juste ou non, aucun évènement à si grande échelle, ne pouvait simplement s'achever tel un détail de la vie quotidienne, et finalement disparaître de l'histoire. Beaucoup ne s'en satisferaient pas. Ainsi intervenait-il, avec une mission bien spécifiée, confiée par l'Empereur lui-même et qu'il s'empresserait d'accomplir. Le gestionnaire représenterait ainsi le remerciement, la gratitude et l'admiration, les sentiments que souhaitaient voir au nom de l'Empereur et de l'Empire, exprimer le peuple. Ce dernier ressentant à chaque fois qu'il en a la possiblité la nécessité de se créer de nouveaux héros.
Considérant la situation, et le possible renfrognement des deux hauts personnages dans l'interruption de leur discussion intense. Il resta silencieux et discret, attendant simplement. Son heure arriverait bien assez tôt. Syv jetant finalement un regard au groupe, se décida à venir jouer d'affinités à leur côtés.
Mes seigneurs, bien qu' héros malgré vous, considérez vous fièrement. Puissiez vous reconnaître mon grand salut, et mon profond respect.
Je tenais à m'excuser de me présenter ainsi devant vous, en cette tenue si richissime qui ne vous mérite pas. J'espère que vous me pardonnerez simplement de tenir avec la plus sévère discipline le statut de noble gestionnaire , rôle qui me fus dévolu il y a peu.
Je lis dans vos regards une démangéaisante et légitime curiosité. Se tient scéant Syv, Chef de la Corporation des Itinérants, accompagné du meilleur corps d'élite de bardes et de troubadours de Kalamaï. Avant que ne se déroule la suite, je tenais à vous souhaiter sincèrement bon retour à la capitale, et ne doute pas que vous profiterez de chaque instant, quels qu'en soient la nature de vos sentiments, dans cette ville.
Rétablissez vous vite, et je prie pour que les efforts communs des habitants à vous soulager de vos maux puisse avoir un quelconque effet positif sur votre morale.
L'Empereur est certainement fier de vous.
Sur ces derniers mots, Syv se recula, et s'éloigna quelques peu. En attendant l'empereur, il se devait de procéder à des vérifications. Rien ne devait manquer, aucune erreur ne devait être permise. Il en valait de sa crédiblité aux yeux de l'Empereur. Il fit appel à des soldats et ceux-ci portant un coffre l'ouvrirent devant ses yeux, à l'abri des regards indiscrets. Tout y était.