Le gnome se sentait tout étourdi, bousculé par les évènements qui trébuchaient dans le Chaos la Maison. Il laissa l'humain et avança lentement vers le minautore qui venait comme le tonnerre dans une place remplie de malades.
La toute petite main résonna sur la cuisse plus grosse que le gnome. Sirop n'était pas sûr que le truc gigantesque qu'il venait de gifler avait ressentit quoi que ce soit (il avait la main engourdit), mais au moins le bruit semblait avoir attiré quelques regards.
Toi la vache sur deux pattes ! lança Sirop d'une voix aigue mais petite, l'index secoué vers la face du minotaure. Tu ferais mieux de surveiller la façon dont ta langue bouge ! Ta race n'est peut-être pas reconnue pour son charisme élevé, mais je ne vous connaissais pas une telle quantité de bon sens ! Casser l'embrasure de ma porte... Jurer et sacrer devant des hommes sur leur lit, de mort ou de sommeil...
Quant à vous tous. Il marqua une pause et avec son regard engloba le minotaure, l'humain associé au minotaure, et l'elfe qui avait encore la capacité de se tenir debout. Laissez moi vous expliquer quelques rudiments de décorum lorsqu’on entre dans un lieu de soins. Un, on maintient le volume au strict minimum. Deux, on essaie de se calmer; je ne veux avoir à traiter de l’hypertension en plus de toutes les raisons pour lesquelles on vient me voir. Trois, on démontre du respect envers mes patients, mon personnel et ma personne.
Quatre ! On n’entre pas en réclamant Enguerrand au plus rapidement !
Cette dernière phrase fut dite un peu plus fortement que le minimum. Le délégué dirigeant de la Maison de guérison prit une grande inspiration qui bomba sa petite poitrine. D’un signe de main, il renvoya les quelques guérisseurs qui avaient détourné leur attention de leur travail à leurs affaires, puis il continua son explication.
Si on a un malade ou on est malade, on mentionne tout d’abord l’affliction à un guérisseur. Grishka lui a le bon décorum. Sirop pointa le balafré à côté du premier palatin. Et si on est venu voir un de mes patients. Il marqua une pause, le temps de revoir si toute l’attention des nouveaux venus était encore sur lui. Satisfait, il continua. On demande calmement ET poliment « Serait-il possible de voir Enguerrand s’il-vous plaît ? » ou bien encore « Pourrais je voir le Seigneur Enguerrand s’il vous plaît ? » ou même « Je désire voir le deuxième palatin messire le gnome, pourriez-vous me diriger vers lui ? »
Cinq, on écoute les explications du petit gnome, et s’il dit que la personne concernée n’est pas disponible en ce moment, on lui laisse un message après qu’il ait fini de parler. Ou on attend et on réessaie plus tard. »
Sirop laissa le fan-club du palatin d’Igoumen là à ruminer ses mots, sans se ficher de leur réaction, et se dirigea vers les deux humains qui avaient besoin de ses guérisseurs. Il se pencha par respect et parla d’une voix douce.
Je suis vraiment désolé pour tout ceci et de tout ceci… Je vais voir sur le champ si le Seigneur Enguerrand est encore assommé. Nous lui avons donné quelque chose pour aider son sommeil et le renforcer à un point qui rendrait les Drows fiers et envieux. Grishka, si vous désirez rester aux côtés de votre ami, j’enverrai quelqu’un à la Guilde du Mana quérant des services de téléportation pour vous amener les Seigneurs Thirias et Fardall d’Argostole.
Il se leva solennellement et quitta la salle, non sans marmonner Peut-être réussiront-ils si j’échoue avec le troisième palatin… avant. Le côté pratique et ingénieux de sa nature gnome mit de côté les usages du poison qu’il venait d’apprendre.