Cela faisait maintenant quasiment deux jours que Geoffrey était dans le coma.
Le soigneur avait prédit un rétablissement rapide, et celui-ci était déjà en action.
Depuis déjà une dizaine d’heures, il avait commencé à retrouver la sensation des sens, laissant place à des douleurs atroces dus à ses blessures, mais aussi à un sentiment de bien être quand il sentit la main qui tenait la sienne, durant tout son rétablissement.
N’ayant pas retrouvé l’entièreté de ses sens, il ne pouvait voir de qui il s’agissait, mais il était persuadé qu’il s’agissait de Sanya …
Ainsi, elle était là à ses cotés, à souffrir de son état, à attendre son rétablissement, désespérément, alors que lui était là, sur ce lit, immobile, impuissant.
Cette pensée le faisait atrocement souffrir, il ne pouvait concevoir qu’à cause de lui, elle souffrait en quelque sorte.
A partir de ce moment, il prenait conscience qu’une lutte mentale et psychologique se livrait à lui. Les pensées péjoratives de culpabilité entravaient considérablement son retour à la vie.
Malgré cette obscure pensée, le fait de savoir celle qui occupait son cœur à coté de lui l’emplissait de bonne volonté, il voulait se rétablir au plus vite afin de la retrouver, de la contempler, de l’aimer, de la rendre heureuse …
De cette volonté de fer est né un rétablissement éclair.
En à peine deux jours, il commençait déjà à reprendre conscience, tentant de temps en temps de revoir la douce lumière du jour, caché en partie par le visage somptueux de la céléstiale.
Il sentait que celle-ci s’était endormie, il ne sentait pas d’activité corporelle chez elle.
Il profita de son sommeil afin de tenter une énième fois l’ouverture de ses yeux, le déplacement de son corps, la récupération de l’entièreté de ses sens …
Il voulut serrer son poing, avant de commencer cette tentative.
Il sentit le long de son bras un courant, la sensation d’un courant électrique, sans en être vraiment un …
Son bras se crispa, ses muscles se contractèrent.
La tentative semblait être un échec, à cette pensée, il relâcha la pression dès lors exercer sur son bras.
Quelques secondes plus tard, une autre sensation remonta son bras, puis, il sentit le repli de ses doigts sur le creux de la paume de sa main.
Le temps d’action était lent, mais il avait bougé !
Il répéta cette action plusieurs fois. A chaque essai, le mouvement intervenait plus vite.
Son bras ressentait de moins en moins les trajets des informations livrés aux muscles et au cerveau.
Au bout d’une dizaine d’essai, il avait retrouvé le mouvement instantané de la plupart de ses membres.
Son oreille siffla un cri strident et aigu pendant une vingtaine de secondes, puis l’autre lui fit le même effet, à quelques secondes d’intervalle.
Après cela, il commençait à percevoir les bruits que l’agitation de la maison des guérisseurs provoquait. La netteté des sons perçus se faisait grandissante, il entendait de mieux en mieux, malgré une petite douleur dans son oreille gauche interne.
La position couchée qu’il avait sur le lit l’empêchait d’essayer de recouvrir la totalité de son corps.
Il posa ses mains assez haut, de façon à pouvoir redresser le haut de son corps en poussant sur ceux-ci.
Il commença cette action, mais lorsque ses bras furent tendus, et que sa tête était rentré dans ses épaules, le violent coup reçu à la nuque le fit atrocement souffrir, si bien qu’il tressaillit, repliant ainsi ses bras, et retombant dans une position couchée.
Cet échec avait entraîné un effort plus intense qu’il n’y paraissait, provoquant une chaleur qui l’étreignait
Il attendit une dizaine de minutes avant de retenter ce déplacement.
Quand il recommença, la douleur fut moins intense, mais quand même présente.
Il n’abandonna pas et alla jusqu’au bout de son action.
Il put se redresser au bout de quelques secondes, reposant ainsi son dos sur l’oreiller maintenant relevé.
Il profita de cette position plus confortable pour récupérer.
Après une demi-heure, il tenta d’ouvrir ses yeux.
La séparation entre la paupière supérieure et la paupière inférieure fut douloureuse, les cils eurent du mal à se détacher les uns des autres, rendant l’action déjà douloureuse encore plus longue.
Une fois les paupières séparées, il releva celles-ci entièrement.
Il percevait la lumière, les couleurs, les formes, mais tout cela restait très flou.
Il cligna des yeux plusieurs fois, afin que ce flou disparaisse, puis, frotta légèrement ceux-ci de sa main droite, faisant ainsi disparaître totalement le flou qui entravait sa vue.
Il voyait désormais la pièce dans laquelle il était depuis maintenant presque deux jours.
La chambre était d’un blanc désespérant, mais il oublia les détails environnants afin de regarder celle qu’il pensait avoir veillé sur lui durant toute sa convalescence.
Elle dormait le long de ses jambes, reposant sa tête le long de son bras détendu.
Ses cheveux tombaient du coté où sa tête penchait, reposant ensuite ainsi sur les draps de la couche attribuée à Geoffrey.
Son visage était resplendissant, le sommeil lui donnait une pureté probablement inégalée …
Elle était si belle, quand il pensa qu’il aurait pu ne jamais la revoir, il s’en voulut …
Il était impatient qu’elle se réveille, il ne pouvait aller la quérir là où elle s’était endormie …
Il reposa sa tête contre le mur, afin de se reposer avant de la retrouver.