Le chaos engendré par la charge des dragons avait pris de court le commandant, qui devait veiller à la sécurité du convoi. L’idée que le chef de l’expédition, le spadassin Adola, avait proposé pour éviter de se faire froidement éliminer lui avait paru excellente au début, car le passage était trop étroit pour que le dragon ne parvienne à les atteindre avec ses griffes et ses dents, mais il se ravisa au moment où celui-ci ouvra tout grand l’énorme gouffre qui lui servait de bouche et en fit jaillir des flammes. Le réflexe d’Ardent avait été de se protéger le visage avec ses bras, mais il était coincé par les gens qui étaient groupés autour de lui. La seule chose qu’il put faire, c’était de tourner son visage de coté avant que les ténèbres l’engloutissent.
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Une nouvelle recrue de la compagnie Ardente faisait partit des volontaires pour aller évaluer l’état des blessés, et d’achever rapidement ceux qui ne pouvaient que mourir lentement, car même des puissants guérisseurs n’aurait pu rien faire face à l’amas de chair à la fois noircies et sanguinolentes. Alors qu’il poussait le cadavre d’un de ses confrères, il fit une découverte qui le choqua profondément. Il ramassa le corps, puis le traîna vers ses supérieurs en espérant que son chef serait encore en vie…
Ardent se réveilla, et lorsqu’il voulut ouvrir les yeux, il ressentit une affreuse douleur sur le devant de son visage. Il réussit à ouvrir un œil, mais il lui semblait que le deuxième échappait à son contrôle. Il percevait des contours blancs dans le champ de vision de son œil valide, mais tout ce qu’il voyait était déformé, et ramené sur une surface en deux dimensions. Il tenta de parler, mais sa bouche était sèche, donc c’est d’une voix rauque et faible qu’il prononça :
De…. L’eau… S’il….
Un sergent non loin lui apporta de l’eau, utilisant une partie de la petite réserve d’eau qu’ils avaient. Il lui expliqua que la moitié du visage était couvert de brûlures, probablement au deuxième degré, et qu’il avait plusieurs autres brûlures superficielles au niveau du cou et des mains, car l’armure ainsi que les vêtements matelassés qu’ils portaient avaient absorbé la chaleur et l’avait protégé. Les bandelettes posées sur son visage protégeaient les plaies de la poussière et de l’air, qui pourraient engendrer une infection.
Le commandant demanda à se lever, et même si il n’était pas d’accord, le sergent était trop loyal pour désobéir à un ordre, même si cela pouvait nuire à la santé de son supérieur. Celui-ci ne revêtit pas son armure, la laissant au soin du sergent qui la plaça dans son sac, mais il garda le sabre. Il demanda une lance et une longue cape à capuchon, et s’adossant contre le bois il revêtit le vêtement qui cachaient ses bandages à la vue de tous.
Il suivait le reste du convoi en tentant de s’habituer à sa vue qu’il espérait temporaire, quand ils arrivèrent à la grande salle. Il se dirigea vers l’eau, et sous le couvert de l’anonymat, emmena de l’eau rafraîchir ses bandages de ses mains encore faibles, puis s’assit sur le sol près de la source. Il se doutait que l’on allait remarquer son absence d’un instant à l’autre, mais il était trop orgueilleux pour que les autres membres du convoi le voient comme d’un infirme et d’un poids ralentissant la progression du groupe. Il avait déjà confié la garde des civils aux lieutenants survivant de son groupe, qui gardaient maintenant férocement les civils et attendaient seulement qu’un adversaire se présente pour mettre leurs vies en jeu pour les protéger.
Ardent regardait les meneurs, notamment Adola lorsque celui-ci alla parler à sa conseillère, tous deux assassins, lorsque le sergent s’assit à son coté et commença à lui poser mille questions sur sa santé, ce qui lui fit sourire et par la conséquente souffrir, ce qui inquiéta davantage le sergent. Une fois que les doutes furent balayés par une réponse affirmative, il espérait que personne ne soit assez curieux pour venir le déranger et briser son déguisement.