Recrutement Corporation de L'Ombre

Dorunn avait mis plusieurs semaines pour rejoindre la Cité Impériale, confiant son jeune fief d'Edhesse à un jeune lieutenant humain. Arrivé devant l'échoppe d'Ethard, Dorunn hésita un instant. Peut-être valait-il mieux qu'il se débrouille seul. Mais le voyage harassant et le nombre de coupe-jarrets qu'il avait croisé le décidèrent à entrer ; il n'était pas là pour tuer des bandits.

Plus d'un mois de recherche avait été nécessaire pour lui donner une idée exacte de la manière d'entrer en contact avec l'Ombre. Le jeune comte ne voulait rien laisser au hasard. La lumière vacillante des bougies posées sur le comptoir du borgne faisait ressortir la barbe de trois jours de l'assassin tandis qu'il pénétrait dans 'atmosphère sombre et étouffante de l'échoppe.Dorunn s'approcha de l'homme et lui dit dans un murmure :

"L'Ombre m'appelle et j'appelle l'Ombre."

Il n'était pas sûr que la formule consacrée soit toujours la même, puisqu'il la tenait d'un ermite vampire d'un certain âge, mais qu'elle ait encore cours ou non, nul doute qu'elle suffira à attirer l'attention du Spadassin ou d'un de ses lieutenants. Il se redressa, planta son regard de jais dans l’œil unique du marchand et attendit...

Dorunn dévisagea lentement le drow. Il se déplaçait avec la fluidité caractéristiques des assassins. Sans doute les longs moments passés à feutrer leurs pas les empêchaient-ils de se mouvoir différemment. En plus de cela, il avait aussi les manies propres aux personnes que la mort menaçait à chaque instant. Le vampire s'installa face à l'émissaire de l'Ombre après un instant d'hésitation. Il n'étais pas très rassuré à l'idée de rester à découvert au milieu de tous ces assassins. Mais il devait pour une fois accepter d'accorder sa confiance.
"Je pense à rejoindre l'Ombre depuis quelques temps déjà, mais quelques... différents avec les clans vampires m'empêchaient de le faire. A présent, ces problèmes sont réglés et je peux me concentrer sur mes objectifs premiers. Je suppose que la Corporation laisse une certaine liberté à ses membres, je me trompe?
- C'est vrai. Dans une certaine mesure.
- J'ai entendu parler de cette règle concernant les citoyens de Kalamaï, et je puis vous assurer qu'ils ne font pas partie de ceux que je projette de supprimer. De plus, j'ai en quelque sorte une dette envers l'empire et sa noblesse : je leur doit une vie; et je compte bien m'acquitter de cette dette.
Dorunn se pencha un peu plus vers l'elfe noir :
- Les innocents de Kalamaï n'ont rien à craindre de ma lame, tant qu'ils restent innocents. "

Dorunn scrutait l’elfe dans l’ombre de son capuchon. La corporation de l’Ombre ne plaisantait visiblement pas avec ses membres. Mais peu importait au jeune vampire : cette décision avait été mûrement réfléchie, et plus rien ne pourrait l’en dissuader à présent.

« Seigneur de l’Ombre, ma décision de vous rejoindre a été prise il y a plusieurs semaine maintenant, avant même que je ne quitte mon domaine en Edhesse. J’ai eu suffisamment de temps pour y réfléchir et suis à présent sûr du bien fondé de mon choix. Je rejoindrai l’Ombre si elle consent à m’accueillir en son sein. Ma lame est vôtre, acheva-t-il en plaçant un poignard sur la table, entre le drow et lui.

L’elfe noir observa un moment la lame d’argent avant de sortir un vieux registre d’un pli de sa cape. Il l’ouvrit à la dernière page et me le tendit, ainsi qu’une longue plume en me demandant d’y inscrire mon nom et ce lui de mon fief.

Nom : Dorunn
Domaine : Ombresang

Je repoussais le registre vers lui et attendait un instant une autre réaction de sa part.

Dorunn rangea le poignard dont il venait de vérifier le tranchant avant de lever les yeux vers Armori :
« Mésologion est une terre de magie, et j’avoue ne pas avoir beaucoup d’expérience dans ce domaine. Mais oui, ma décision est prise : nous partons dès ce soir, si cela vous convient ma dame, lâcha-t-il en se tournant vers Freyja. Je préfère voyager de nuit, vous devez vous en douter. Cela m’évite de porter un lourd et ample manteau pour me protéger du soleil.

Je suis descendu à l’auberge de Korim, non loin d’ici, et l’un de mes lieutenants m’a accompagné. Le temps de lui confier quelques ordres pour le comté d’Ombresang et je serais prêt à chevaucher dans une petite heure. Cependant, si vous désirer vous reposer un peu après votre périple, ça me permettra de m’équiper plus spécifiquement pour affronter des zombies et de régler quelques affaires en suspend dans la Cité. Je pars sur l’heure pour faire mon paquetage. Si vous préférez attendre un peu avant de reprendre la route, faites-moi parvenir un message à l’auberge de Korim. »
Le jeune vampire salua les deux Ombres et quitta promptement l’échoppe sous l’œil torve d’Ethard le Borgne.

Le fidèle acolyte de Dorgo pénétra dans ce lieu étrange, dont on disait que c'était là qu'on pouvait entrer en communication avec la mystérieuse Corporation de l'Ombre. Ne sachant où se rendre, il s'assit sur un des tabourets près du comptoir. Le gérant, un grand homme borgne, lui demanda :

- Qu'est ce que je vous sers, l'ami ?
- J'ai un contrat.

Le borgne continua de le fixer d'un air inquisiteur. Calme, le bâtard attendait qu'un assassin se manifeste à lui.

Un homme vint finalement à sa rencontre, assez rapidement. Mais tout en discrétion. L'humain était relativement âgé mais Fenrir sentait quelque chose de fort émanant de sa personne, qui imposait le respect.

- J'aurai effectivement besoin de vos talents, ou de ceux d'un autre, pourvu que l'assassinat soit fait par qui de droit.

En effet, Dorgo n'avait pas voulu que Fenrir s'en charge. Il préférait que cela soit fait 'légalement'.

- Il y a un Elfe noir qui travaille au marché. Il m'a vendu un artefact qui devait me garantir une immunité face aux flammes. Il me l'a vendu cher.

Fenrir tendit l'acte de vente, sur lequel figurait cette preuve. Il releva aussi sa manche, sur laquelle figurait une cicatrice ancienne de blessure.

- Par chance, je m'en suis sorti. Mais j'aurai pu y mourir. Cet homme m'a escroqué en me vendant une fortune un objet totalement inutile. Et ce n'est pas la première fois.

Il remit à l'homme d'autres actes de ventes, accompagné d'acte de décès, de témoignages, etc... Rassembler des preuves est facile quand on a les pouvoirs et les privilèges d'un Thaumaturge.

- J'ai mené ma propre enquête, depuis quelques mois. Voici ce que j'ai recueilli. Je veux voir cet homme mort, mais j'ajouterai une condition. Je veux récupérer son cadavre.

Voici tout les informations dont vous pourriez avoir besoin : il se nomme Rasful Jord, c'est un Elfe noir, mais sa peau tire plus vers le gris. Il est assez grand, mais mince. Vous le trouvez sur le marché.

J'attends votre offre.

Il s’agissait d’un contrat pour éliminer physiquement une cible. Cela était direct, habituellement les personnes commandant un meurtre tournaient autour du pot.
Il s’agissait d’un marchand d’article de magie qui escroquait ses clients. Certains étaient morts.
Là encore ce qui faisait réfléchir le vieil homme était que dans des cas similaires les personnes saisissaient la justice ou se chargeaient eux même de leur vengeance.

Et pourquoi vous ne faites pas appel à la justice ?
Ça ne nous fait rien de répondre à la demande, je suis simplement curieux.

Pour répondre à votre dernière question, étant donné qu’il s’agit d’un simple escroc et que la seule contrainte est de ramener à un point de livraison le cadavre le prix commence à 7000 pièces d’or.
Je dis commence car cela dépendra si vous avez un souhait particulier sur la manière de le faire trépasser alors cela peut varier en fonction de la complexité.

L’Ombre avait des informations permettant de localiser la cible rapidement et ainsi traiter la demande si le contrat était validé.

Le serpent pénétra dans l’échoppe du Borgne. Il avait suivi scrupuleusement les ordres de Dorunn et traversé la moitié de la Cité Impériale pour accomplir sa mission. Sorliss se hissa difficilement sur une table inoccupé dans un coin de la salle et se mit à clamer le message de son maître vampire, attendant que quelqu'un connaissant son langage remarque sa présence...



"Dorunn... danger... barreaux... froid... traître... aide... urgent..."

- Pourquoi je ne fais pas appel au Tribunal ? Je veux m'assurer de sa mort, ne lui laisser aucune chance de s'en tirer. Et récupérer son corps, chose qu'on ne m'autoriserait pas dans un jugement normal.

Il fit une pause, et posa une bourse et un bout de papier sur la table.

- Je n'ai aucune condition particulière, je souhaiterai juste qu'il ne soit pas trop abîmé. Ramenez-le dans trois jours, à l'adresse indiquée sur le papier, dans le Quartier Malfamé. Vu le délai court qui vous ait imposé, la bourse contient 10000 pièces d'or. Maintenant, si nous avons fini, je vous souhaite bon courage. Et je vous remercie par avance de votre discrétion la plus totale.

Et le bâtard sortit de la taverne.

Un soir pluvieux, un homme dans la fin vingtaine entra dans l'échoppe. L'homme était habillé de vêtements extrêmement couteux, mais dans un état lamentables. Il avançait avec un lourd bâton de marche en fer finement ouvragé, mais rouillé en grande partie. Il était accompagné d'une femme très mince aux cheveux noirs emmêlés, trop maquillées de noir et habillé aussi d'une robe splendide mais presque en lambeaux. Presque jolie, elle suivait docilement le personnage avec un regard vide de toute expression.

-J'ai dû vendre trois vierges pour le prix d'un vieillard pour trouver cet endroit! J'espère que je suis bien à l'échoppe du borgne. Je suis Ilgansil, Seigneur de Cynderdel et je veux rejoindre cette corporation.

Suite à ce discours prononcé volontairement trop fort pour attirer l'attention, Ilgansil prit une chaise à une table et s'assit en plein milieu de l'échoppe en tapant du pied. La femme se déplaça tranquillement a ses côtés, restant debout et fixant le sol.

Ilgansil suivit l'homme dans le coin de la pièce. Laisser son épouse à plus de dix mètres de lui le rendait visiblement mal à l'aise. Il vérifiait constamment du coin de l’œil ses moindres faits et gestes, ce qui se résumait à attendre debout en silence.


-Je ne suis pas idiot, il n'est pas difficile de comprendre que les gens de l'ombre ne sont pas reconnu pour être... reconnu.

Il se mit à ricaner de sa plaisanterie.

-Plus sérieusement, la richesse, je m'en occupe déjà à ma façon, toutefois, l'arme la plus dangereuse n'est pas la lame ou le vil sortilège, mais l'ombre, cet inconnu qui vous permet de savoir, de tricher et de contrôler. Je désire vous rejoindre, car vous êtes les plus efficaces. Nul talent n'est nécessaire pour commander à des troupes déjà disciplinées et fanatisée par l’entrainement, croyez-moi! Mais exercer un contrôle sur
le crime, la où la foi et la loi n'existe pas, il faut tout de même un sacré talent. Je veux être parmi cette élite, me faire des contacts et participer à une collaboration entre membres. Voilà ce qui me motive, l'ami. De plus, les esclavagistes n'étant pas légion, je peux apporter de nouvelles visions commerciales et diplomatiques à la corporation.

Ilgansil était en effet étonné que ce qu'il venait d'entendre. Par contre, malgré lui, il trouva que l'offre de l'homme devant lui avait une certaine noblesse et structure. Une nostalgie s'empara de lui. Il se rappela des souvenirs presque bannis de son esprit. Cet homme lui rappelait un peu son père, qui offrait n'importe quoi avec le sérieux d'une décision de vie ou de mort, même offrir un verre de bière semblait être une décision capitale. Ilgansil avait toujours regretté le soir ou il dû tuer son père, mais sa vie était en danger. Servir Kalamaï? Pourquoi pas, tant qu'il pourrait continuer son métier. Il se savait capable d'affronter de nouveaux défis. Il faut dire qu'une telle excitation ne s'était pas emparé de lui depuis plusieurs années. De plus, il pourrais progresser dans l'art de l'ombre, le plus bel art.

-Je désire toujours rejoindre la Corporation, décida Ilgansil après plusieurs secondes de réflexions.

-Je me plierai aux codes de conduites, et pour ce qui est des questions, si vous m'acceptez, se résumeront à savoir où se trouve les lieux de réunions, les endroits où les missions sont discutées, soit la base pour tout nouveaux.

Anxieux de la réponse malgré lui, il attendit ce que l'homme avait à lui répondre.

L’homme sembla hésitant durant un court laps de temps. Ce n’est pas ce à quoi il s’attendait initialement. Notre cause était plus grande que notre simple être.

Bien alors, il ne vous reste plus qu’une formalité.

De ma cape je sortie un antique livre, il s’agissait du répertoire de l’Ombre. Chaque recrue y avait inscrit son nom avant d’y rentrer.

Je vous demande de mettre sur cette page blanche votre nom et nom de royaume. Ainsi vous signerez votre engagement auprès des services de l’Ombre.
Par la suite vous aurez accès à certaines de nos bases ainsi qu’à notre antre qui se trouve ici même dans la Capitale.
Bien évidement étant donné que vous commencerez au rang de prétendant tout ne vous sera pas permis. Il faut savoir gravir les échelons, par exemple certaines salles seront interdites ou à accès limité tel que la bibliothèque et la salle de réunion. Par contre vous aurez accès à la salle commune pour vous restaurer et rencontrer vos pairs. Une salle d’arme ainsi qu’une écurie sont mi à votre disposition tout comme une chambre, même si son confort est sommaire, elle sera vous être d’une grande utilité.
Par contre la personne qui vous accompagne ne pourra pas rentrer dans nos lieux.

Je tendis le registre à mon interlocuteur.

Le seigneur signa donc d'une écriture malhabile son statut: Ilgansil, Seigneur de Cynderdel. Ce registre dégageait une aura de secret et d'Histoire et presque instinctivement, il se demanda quel prix pouvait valoir ce livre presque sacré sur le marché. Évidemment, il ne tenterait jamais rien de tel. Il faisait donc parti de la Corporation.

-Comment serais-je informé des règles, des procédures et des évènements? C'est toutefois un plaisir de rejoindre ce groupe. Par contre, pour ce qui est de ma femme, elle ne m'a jamais quitté un instant depuis trois ans. Si je n'ai d'autres choix, je la ferai surveiller par mon vassal le plus fidèle, mais il m'indispose grandement de m'en séparer. Il n'y a pas plus discrète qu'elle. Évidemment les lois sont les lois, mais c'est un souhait que j'ai.